Voyage au PEROU 2014. Chachapoyas. Site de Kuelap. Lagunas. Réserve Pacaya-Samiria. Lancha de Lagunas à Iquitos

30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 10:01

Voyage au PEROU 2014. Chachapoyas. Site de Kuelap. Lagunas. Réserve Pacaya-Samiria. Lancha de Lagunas à Iquitos

Voyage au Pérou en 2014

Chachapoyas

Site de Kuelap

Lagunas

Réserve Pacaya-Samiria

Lagunas à Iquitos

Lancha sur l'Amazone

Informations générales

Visa

Pas de visa, seulement validité du passeport 6 mois après le retour.

Vaccination

Pas de vaccination obligatoire, fièvre jaune conseillée pour l'Amazonie, obligatoire pour continuer vers d'autres pays d'Amérique latine, notamment le Chili.

Question argent

1 euro = 3,50 soles environ

Question hébergement

Lima excepté (réservation effectuée depuis la France) nous n'avons jamais réservé à l'avance durant tout notre séjour.

San Ignacio

Hôtel Posada

Impersonnel. Salle d'eau commune. 30 s/nuit sans p/d.

Chachapoyas

Hôtel Johumaji

Jiron Ayacucho 711.

Situé en plein centre-ville. Bon accueil. Chambre correcte avec salle d'eau. 30 s/nuit sans p/d.

Yurimaguas

Hôtel El Naranjo

Jiron Arica 318

Près de la Plaza de Armas. Bon accueil. Grande chambre avec ventilateur et salle d'eau. 45 s/nuit sans p/d.

Lagunas

Hospédaje Eco

Avenida Padre Lucero 1404.

Bon accueil. Chambre très propre. Agréable jardin (possibilité de faire sa lessive). Salle d'eau. 25 s/nuit sans p/d.

A recommander.

Question transport

Bus

Zumba (frontière avec l'Equateur)- San Ignacio

Taxi partagé. 75 kilomètres. 1h45 de trajet. 15 s/p.

San Ignacio - Jaen - Bagua Grande - Chachapoyas

Colectivo. 300 kilomètres. 5h50 de trajet. 37 s/p.

Chachapoyas - Tarapoto

Colectivo. Compagnie Turisma Selva. 11h30 de trajet. 370 kilomètres. 45 s/p.

Fluvial

Yurimaguas - Lagunas

Bateau rapide. 4h de trajet. 50 s/p.

Lagunas - Iquitos

Lancha (bateau lent). 40h de trajet. 150 s/p en cabine.

Air

Paris - Lima - Paris

1535 euros les 2 billets achetés en juillet.

Iquitos - Lima

Compagnie Star Peru. Escale à Puccalpa, réputée pas très fiable sur les horaires. (pour nous 5 heures de retard au décollage).

273 dollars les 2 billets, y compris la modification sur la destination de la veille.

Questions au quotidien

Avoir toujours de la petite monnaie, détailler les notes (restos, hôtels) connection wi-fi gratuite, bouteille d'eau bien souvent assez chère mais indispensable.

Quelques prix :

1litre d'eau : 3.5 s. 1 repas local : 5/20 s

1 thé : 2.5 s. 1 jus de fruit : 5 s

Itinéraire

Flèche violette: bus. Lima - Tumbes

Flèche noire: bus. Lima - Paracas

Flèche verte: bus. La Balsa - Yurimagas

Flèche bleue: bateau. Yurimagas - Iquitos

Flèche rouge: avion. Iquitos - Lima

Voyage au PEROU 2014. Chachapoyas. Site de Kuelap. Lagunas. Réserve Pacaya-Samiria. Lancha de Lagunas à Iquitos

Mercredi 5 novembre

Adios Ecuador

( adieu l'Equateur )

Hola Peru

( bonjour le Pérou )

Il est 16h, le conducteur de la ranchera (camionnette/bus en Equateur) nous dépose au poste frontière de La Balza.

Le pont sur le rio Canchis matérialise la frontière qui sépare l'Equateur du Pérou.

Perdu dans les montagnes, ce passage est oublié des touristes pressés préférant celui de Tumbes sur la côte pacifique.

Le contrôle est rapide dans la cabane de l'immigration côté équatorien.

Quelques mètres à pied plus loin, nous traversons le pont pour arriver sur le territoire péruvien. Le poste de contrôle est à l'entrée du village niché au fond d'un canyon.

Dans une petite cabane en dur, un douanier péruvien nous remplit, assez rapidement, les papiers d'entrée du territoire et nous envoie chez son voisin le policier.

Là, c'est plus compliqué, il est en pleine sieste !

On frappe directement dans sa chambre : pas de grands discours de sa part. Sans une parole, il valide nos passeports. L'ambiance est très cool et relax dans le coin. Nous sommes les seules personnes à occuper les "autorités" !

Pas de service de bus au départ de la frontière pour rejoindre, à 30 km, San Ignacio de la Frontera la ville péruvienne la plus proche.

Nous nous installons dans un taxi collectif en compagnie d'un couple de locaux. La route est excellente, le conducteur en profite : il a le pied lourd sur la pédale de l'accélérateur.

Les paysages sur les sommets sont spectaculaires. Malheureusement, nous retrouvons les mauvaises habitudes du pays : les bords de route sont parsemés de déchets (papiers et plastiques)

Arrivée à 17 h 30 au Terminal terrestre de San Ignacio, ville d'escale.

En moto-taxi, on rejoint le Posada hôtel.

Repas rapide au restaurant. Ici aussi, nous retrouvons les habitudes des serveurs péruviens les yeux collés à la télévision.

Une fois au lit, pas besoin de berceuse. La journée a été longue en transport.

Jeudi 6 novembre

Petit déjeuner bien copieux au restaurant de l'hôtel.

La météo est morose avec un gros orage. Les rues sont rapidement inondées.

Encore une fois, nous utilisons la moto-taxi pour rejoindre le terminal routier.

Le conducteur d'un colectivo nous demande 20 s/p pour nous conduire jusqu'à Jaen.

Malgré une belle route nous sommes souvent ralenti par des travaux, nécessaires pour collecter les eaux provenant des nombreuses cascades.

Après 3 h de transport, nous arrivons à Jaen.

Sans perdre un instant, nous changeons de colectivo pour rallier la ville de Bagua Grande (7s/p) en 1h.

Dans la vallée encadrée par les hautes montagnes, la culture du riz bat son plein sur les grandes zones plates. Les paysages ont des airs d'Asie.

Pour travailler et se déplacer dans ces immenses plantations, nous croisons souvent des gauchos à la fière allure.

A Bagua Grande, le conducteur nous dépose au Terminal de sa compagnie.

En attendant un nouveau colectivo pour Chachapoyas, on grignote des fruits et des petits gâteaux secs torsadés, une spécialité de la région.

Nous démarrons enfin pour Chachapoyas, le dénivelé de la route est plus important. Fini les grandes étendues et les rizières.

Après la traversée de la ville de Pédro Ruiz, à 2300 mètres d'altitude, nous arrivons dans le pays des cascades et des hauts sommets boisés.

Ouf ! nous terminons notre marathon routier à 15h, courbaturés et fatigués par ces longues heures passées dans les transports.

Malgré le gris du ciel qui donne des airs de carte postale en noir et blanc à la ville, nous tombons sous le charme de l'imposante Plaza de Armas de Chachapoyas,

Coeur de la ville, plusieurs bâtiments coloniaux agrémentés de jolis balcons en bois bordent cette jolie place.

A quelques mètres de là, on s'installe dans une chambre de l'Hostal Johumaji.

Dès les sacs déposés, dans les différents terminaux de colectivos, nous partons à la "pêche" aux renseignements sur des horaires possibles pour le site archéologique de Kuélap et pour, à la fin de notre séjour, rejoindre la ville de Tarapoto........ pour terminer en Amazonie.

Nous rencontrons une famille de la région de Toulouse, ils sont partis pour 6 mois, avec leur 3 enfants.

Avec eux, on visite l'Institut Nacional de la Cultura qui conserve 6 momies du peuple chachapoya, des céramiques et des artefacts préhispaniques (art textile) datant de diverses périodes précolombiennes.

C'est l'heure de la fermeture. Gentiment, la responsable nous laisse quelques minutes de plus pour découvrir les rituels funéraires amérindiens.

Les chachapoyas avaient leur manière à eux de conserver leurs défunts.

Ils vidaient le corps de ses organes pour éviter le pourrissement, puis obturaient les orifices.

Après une période de séchage, le corps était placé en position fœtale. Pour terminer, il était enouré de linges avant d'être placé dans un linceul.

Vendredi 7 novembre

Réveil à 4h45 ce matin pour notre balade sur le site de Kuélap. il est trop tôt pour prendre le petit déjeuner.

Au Terminal des colectivos, les passagers locaux sont ravis de nous voir arriver : deux personnes d'un coup permet de compléter le véhicule (7 s/p) qui démarre à 5h30, en direction du village de Tingo Viejo.

La route serpente au coeur des montagnes dans la vallée du fleuve Uctubamba. Les paysages sont magnifiques, la végétation est dense, déjà les prémices de la selva (forêt) haute.

Le conducteur nous dépose à Tingo Viejo.

A la sortie sud du village, près d'un pont, à droite de la route, des panneaux placés à l'entrée du chemin donnent des informations utiles concernant l'altitude, le balisage à suivre et le temps de marche : un dénivelé de 1200 mètres pour 9 kilomètres d'ascension.

Nous nous engageons dans le sentier pierreux, bien signalé, et sans difficulté sur les deux premiers kilomètres.

Le ciel est dégagé, mais là-haut, les nuages cachent les sommets des montagnes.

Nous sommes transportés au temps des Chachapoyas et leur surnom de Peuple des Nuages !

Au loin, face à nous, de superbes paysages se dévoilent

Sans répit, petites montées et faux-plats se succèdent. Puis "sans crier gare", ça devient raide. La chaleur est omniprésente, la tentation de vider nos bouteilles d'eau est grande.

Nous montons, chacun à son rythme. La moindre brise est appréciée. Nous croisons seulement une petite famille, un homme sur une mule et..... une grosse tarentule noire !

Le soleil est sans pitié, les flancs de la montagne sont dépouillés de végétation. Les quelques pauses que l'on s'octroient sont l'occasion d'admirer des paysages grandioses.

Le nord du Pérou est très ancré dans les traditions andines.

Devant de pauvres maisons en briques d'adobe (mélange d'argile et de paille), au toit de chaume et de tôle, des enfants, timides, nous font un bref signe de la main.

Rares sont les habitations avec l'électricité et l'eau courante.

Nous marchons lentement : l'altitude, l'effort et la chaleur ne font pas bon ménage. Sur le flanc de la montagne, à la sortie d'un virage en épingle, on aperçoit enfin les murailles de Kuélap, mais il faut encore gravir le sentier escarpé, avec un dénivelé important de 12 % , pendant 1 heure.

Enfin, nous passons devant un petit panneau qui signale à gauche le parking de Malca et tout droit notre direction finale.

La tête dans les nuages, après les 100 derniers mètres de montée, nous arrivons enfin. Notre virée montagneuse a duré près de 4h.

Là-haut, le coupe-vent est indispensable dès que le soleil est caché par le brouillard.

Achat des billets (15 s/p) dans une guérite placée sur un terre-plein.

Avant de pénétrer dans l'enceinte, installés sur un amas de rochers, on s'offre un pique-nique bien mérité.

La cité fortifiée, posée comme une couronne à 3100 mètres d'altitude sur la crête d'une montagne très difficile d'accès, offre une vue panoramique à 360° sur les environs.

D'une longueur de 585 m pour 110 m de large, les murs d'enceinte font de 10 à 20 mètres de haut. L'arrière de la citadelle donne sur un précipice vertigineux.

Deux entrées principales, en forme d'entonnoir pour ne permettre l'accès qu'à 1 seule personne à la fois, donnent vers l'Est.

L'emplacement stratégique par excellence !

Kuélap fut l'ancienne capitale des Chachapoyas, un peuple antérieur aux Incas. Elle reste un des plus beaux et mystérieux sites archéologiques des Andes, une des plus importantes constructions précolombiennes en pierre du continent.

Son édification est estimée entre 500 et 800 après J.C : bien avant le Machu Picchu bâti par les Incas.

Le site a été occupé jusqu'au XVIe siècle.

3 plates-formes empilées les unes sur les autres supportent près de 400 constructions de forme cylindrique, en pierres épaisses, avec un toit en chaume. Certaines, à la base, sont décorées de bas-reliefs de forme géométrique.

Sur le sol, un tas de pierres dont quatre principales marquent les quatre points cardinaux.

Les chachapoyas possédaient de bonnes connaissances scientifiques.

Une partie de la cité n'a pas été restaurée.

Dans cette ambiance humide en permanence, la végétation est très luxuriante et exubérante avec une diversité étonnante d'orchidées sauvages et de broméliacées qui donnent à l'ensemble un cachet nature sauvage, d'autant plus qu'il n'y a pratiquement personne.

Les spécialistes estiment que la construction de ce site a nécessité un volume de pierres trois fois plus important que la pyramide de Khéops.

Le brouillard est chassé par un soleil rayonnant et on profite pleinement du panorama sur le site et les montagnes environnantes

Les Tours opérateurs n'ont pas encore exploité tous les trésors du Nord du Pérou.

Kuélap, loin de la renommée du Machu Picchu, est isolé.

Il constitue, pourtant, un site majeur du Pérou !

Le manque d'infrastructures de qualité pour accueillir les touristes et la difficulté pour atteindre ce site font que cet endroit restera encore mystérieux pour quelques années......

On mesure la chance et le privilège de vivre ces instants.

La descente vers Tingo, plus facile pour le souffle, mais traumatisante pour les genoux et les orteils s'effectue en 2h30.

Un quart d'heure d'attente dans le village et un bus nous ramène à Chachapoyas vers 16h.

Petite récupération et une bonne douche à l'hôtel.

Avant la nuit, nous avons encore quelques instants pour flâner et profiter des charmes de la ville.

Avec ses 30000 habitants, la cité a conservé son passé colonial avec de grandes maisons aux façades blanches et des balcons de bois sculptés et ajourés.

On récupère nos vêtements donnés à laver à l'hôtel.

Poulet/frites au menu dans un restaurant qui borde la place centrale.

Autour des petits stands de restauration et de jus de fruits, la population se retrouve pour discuter sur les bancs.

Samedi 8 novembre

Restauration dans un café/panadéria (boulangerie) face à notre hôtel, puis balade rapide au marché.

Au terminal routier, achat de 2 billets de bus pour Yurimaguas (porte d'entrée de l'Amazonie), départ demain à 6h30.

A 10h, sur la Plaza de Armas, nous partons en colectivo pour Leymebamba, une petite ville à 40 km au sud.

Deux heures de route séparent les deux cités. Le conducteur nous dépose au centre de ce village isolé, loin du tourisme du sud du pays, dans la vallée de la rivière Utcubamba.

Nous nous attardons sur un banc, face à la jolie église en pierre.

Village agricole à 2200 mètres d'altitude, il possède un musée archéologique important qui abrite 260 momies et de nombreux objets funéraires.

Nous, on est venus pour admirer les colibris.

Une moto-taxi qui reviendra nous chercher ((5s A/R), nous amène au Kentikafé.

Dans les jardins fleuris de l'établissement, des mangeoires avec de l'eau sucrée sont installées pour attirer les colibris, dont les Loddigésies Admirables (une espèce endémique du Pérou) son aire de répartition fait quelques dizaines de kilomètres carrés.

Un sandwich à la main, l'appareil photo de l'autre, nous faisons l'apprentissage de la patience car les oiseaux sont très difficiles à prendre en vol.

Le lieu est silencieux, relaxant après les efforts de la veille, tout près du réputé Musée de la Momie et de la vue sur la vallée en contrebas.

Il faut revenir à la Plaza de Armas : le seul bus de la journée en provenance de Celendin pour rentrer à Chachapoyas passe à 15h.

L'après-midi la place est animée : les anciens se retrouvent et discutent sur les bancs en pierre.

Le village est un petit havre de paix.

Retour à Chachapoyas à 17h. Balade dans les rues et le marché.

Pour son attractivité naturelle et culturelle, nous n'avons pas été déçus par l'accueil des habitants et l'ambiance agréable de la ville.

Dimanche 9 novembre

Nous libérons la chambre à 6h. A pied, on rejoint le Terminal de la compagnie Turismo Selva. Le colectivo n'est pas complet lorsque l'on quitte la ville.

Le ciel est nuageux et la température fraîche.

A Pédro Ruiz, la grande ville suivante, plusieurs personnes montent avec nous pour rejoindre Tarapoto.

Au fil des kilomètres le soleil a percé les nuages, les montagnes offrent des paysages semi tropicaux.

Fruits, café et cacao sont les principales cultures de la région et ces tâches agricoles occupent une grande partie de la population rurale.

Nous passons devant d'immenses exploitations d'élevage bovin laitier et les paysages sont tout à fait différents.

A 800 m d'altitude, nous entrons dans la grande région de l'Amazonie, c'est la Selva Alta, la forêt amazonienne montagneuse.

La végétation est tropicale, avec des plantations de bananeraies et de cannes à sucre.

A Moyomamba, ville célèbre pour ses orchidées, subitement, une grosse averse noie les rues non goudronnées, ajoutant à la pagaille de la circulation constituée principalement de motos.

Au terminal des colectivos, l'attente est longue, la chaleur moite et étouffante : mais le conducteur veut absolument que son véhicule soit rempli.

Nous démarrons enfin vers 14h. Il fait excessivement chaud dans le véhicule, nous entrons dans la région de la Selva Basse.

Arrêt à Tarapoto à 15h. La grande ville est située à la lisière de la jungle péruvienne orientale. La chaleur est étouffante, avec un environnement bruyant causé par une multitude de motos.

On change de colectivo, de nombreux passagers prennent place dans le véhicule.

30mn plus tard, on démarre pour Yurimaguas, ville portuaire située sur le Rio Huallaga.

Seuls étrangers, des passagers sympas nous interpellent pour nous faire découvrir, au hasard de la route, des cascades ou de beaux points de vue.

Dans la Selva basse, à 100 m d'altitude, les plantations de palmiers à huile occupent les terres à perte de vue. Quel désastre !

A 18h, on pose nos sacs au El Naranjo, un petit hôtel dans une rue calme, près de la Plaza de Armas.

Sans perdre de temps, on va à "la pêche aux infos" sur les quais du rio, pour trouver un bateau pour accéder demain au Parc Pacaya-Samiria. En vain, tout est fermé.

Nous nous rabattons sur la nourriture en prenant le seul vrai repas de cette journée dédiée au transport. Au menu : pizzas et glaces.

Lundi 10 novembre

Il a fait très chaud cette nuit, le ventilateur a tourné à fond.

Chaleur et humidité dans le salon de l'hôtel ce matin lorsque l'on contacte nos enfants par skype.

A l'extérieur, une pluie diluvienne s'abat sur la ville, inondant les rues.

Nous prenons le petit-déjeuner, le son de la télévision (pourtant très fort) est couvert par le tonnerre et l'écoulement des eaux. C'est un déluge !

Sous une pluie torrentielle on rejoint, en moto-taxi, La Boca, le port principal sur le Rio Huallaga.

Fini le bitume, il n'y a pas de route pour aller à Iquitos, seule grande ville d'Amazonie accessible uniquement en bateau ou par avion.

Eloigné de l'activité touristique, c'est de ce petit port que les bateaux transportant des biens et des personnes ravitaillent les villages qui se trouvent le long du rivage du rio.

Deux choix sont possible pour rejoindre Lagunas ( à 200 km à vol d'oiseau) : petite ville isolée dans la Selva (forêt amazonienne), abordable uniquement par voie navigable.

* Le plus pittoresque, la lancha : un bateau de transport pour desservir les communautés et leur apporter marchandises et bétail, éventuellement des personne. Mais les horaires de départ sont très aléatoires.

* Un bateau rapide, 4 h pour effectuer le trajet.

Nous choisissons la deuxième solution. On attend 9h30 l'heure du départ à l'embarcadère, protégés des éléments sous une baraque au toit en tôle .

Nous sommes les seuls occidentaux parmi la vingtaine de passagers à s'installer sur des chaises, pas très confortables, dans la longue pirogue étroite motorisée. A l'arrière de l'embarcation, des porteurs ont entassé de nombreux colis.

Avant d'appareiller, des femmes proposent toutes sortes d'en-cas pour les plus gourmands. La "croisière" devrait durer environ 5h.

Malheureusement la vue sur le rio est limité.

Pour nous protéger des conditions météorologiques, les membres de l'équipage déploient des bâches en plastique.

La largeur du Rio est importante, difficile d'admettre que nous sommes sur une rivière : il est trois fois plus large que nos fleuves français.

On voit s'éloigner les derniers reliefs montagneux. Devant nous un nouveau paysage se dessine, une immensité verte à perte de vue, le long des rives

En levant la bâche, nous avons un aperçu de l'activité humaine présente des deux côtés des rives, près des nombreuses habitations en bois qui surplombent l'eau : des pêcheurs accroupis dans des pirogues à moteur, des paysans dans des petites parcelles cultivées.

Nous effectuons trois arrêts rapides dans des hameaux avec des temps très courts pour les passagers qui montent ou qui descendent, les bras chargés de colis.

Nous croisons une lancha qui relie dans le sens inverse, Iquitos à Yurimagas, elle semble lourdement chargée...... A la limite de la flottabilité.

Pas d'espace toilettes sur la pirogue. Devant nous un homme se soulage : il jette par dessus bord son pipi. Il faut être attentif, le "danger" vient de partout !

La dernière heure est bien plus intéressante. Le matelot a levé les bâches, le ciel s'est bien éclairci, la chaleur se fait sentir.

Nous accostons au débarcadère de Lagunas, directement sur le terre-plein de la rive.

C'est un village de far-west. Une petite route en terre et en béton, bordée par des maisons en bois, mène à la place centrale.

Des pilotes de moto-taxi attendent les clients à la descente du bateau.

A 14h30, un moto-taxi nous dépose à l'hospéjade Eco. L'accueil du propriétaire est cordial, la chambre donne directement sur un joli jardin fleuri. Impeccable.

Les nouvelles vont vite à Lagunas, les sacs sont justes déposés qu'un guide vient nous faire une proposition pour aller visiter la Réserve Pacaya-Samiria, pendant 4 jours et 3 nuits, au prix de 1200 soles pour deux.

Le guide semble sûr de lui, trop sûr de lui, pas notre genre....

Nous ne sommes pas pressés. Avant de se décider, on va se renseigner auprès de la concurrence dans le village.

Le conducteur du moto-taxi rode dans les environs : il connait un guide référencé, lui aussi, dans le Lonely Planet. On se rend chez lui.

Pas du tout le même standing, mais Kléber Saldana, un monsieur de 70 ans, malicieux et sympathique, nous plait bien. Les écrits de témoignages de nombreux touristes accrochés sur les murs de sa maison attestent de sa qualité.

Sa proposition de quatre jours et trois nuits est de 800 soles. Les conditions sont beaucoup plus rudimentaires et sommaires (on ne sera pas déçus) à l'écart pour une partie de la réserve, mais avec plus de contact avec les villageois. Nous acceptons.

Rendez-vous pour le lendemain matin pour prendre le petit-déjeuner chez lui.

De retour à l'hôtel, nous préparons un petit sac. Nous laisserons les gros sacs, en consigne, à la réception.

L'électricité est produite par un gros générateur et disponible uniquement dans la ville, de 19h à 22h en soirée et de 5h à 9h le matin.

Dans le salon de l'hôtel, nous discutons avec deux français, membres d'ESF (Electricité sans Frontières). Ils effectuent une mission pour mettre en place des panneaux photovoltaïques avec l'objectif de permettre une plus grande autonomie à l'hôpital.

Même dans la jungle, ce soir au restaurant nous avons droit au menu traditionnel : poulet/frites !

Mardi 11 novembre

A 7 h ce matin, discussion avec les électriciens français à notre hôtel puis, en moto-taxi, on se rend chez Kléber.

Celui-ci a préparé un petit déjeuner (thé, sandwichs et fruits frais) : notre estomac est calé pour un bon moment. On lui verse 500 soles en acompte, on règlera le solde au retour.

En suivant, il nous fournit des bottes à notre pointure, on ne les quittera qu'à notre retour.

Nous préparons le matériel dans des bâches, que l'on charge ensuite dans une moto-taxi. Il semble qu'il y ait beaucoup d'improvisation chez Kléber !

En petit cortège motorisé, on se rend au port de Lagunas.

Pédro, (notre marinier, cuisinier et guide pour l'expédition) aussi taiseux que Kleber est bavard, s'affaire à démarrer le moteur.

Il a une tête bien sympathique, il est accompagné par sa femme et son fils venus lui dire au-revoir.

Kléber s'aperçoit qu'il a oublié chez lui les pièces les plus importantes du périple : les moustiquaires !

Le matériel installé dans la grande pirogue, nous prenons place sur le matelas qui a deux fonctions : (la nuit matelas au bivouac, la journée siège dans la pirogue). Nous quittons enfin Lagunas à 10h30.

Direction l'aval du fleuve, nous longeons la rive gauche, Kléber veut nous faire voir une lagune et des arbres millénaires.

Dès le départ, nous rencontrons nos premiers dauphins gris d'amazonie.

Une petite bande d'une dizaine d'individus, chassent quelques bancs de poissons, seule la nageoire dorsale émerge de l'eau.

La Réserve Pacaya-Samiria est une grande zone protégée de 20800 km2.

Les autorités péruviennes et la population locale font tout pour préserver, dans les meilleurs conditions, ce patrimoine.

On s'engage dans un petit rio perpendiculaire en s'arrêtant un instant pour regarder de petits singes, qui sautent d'une rive à l'autre dans une végétation luxuriante et dense et sont très difficiles à fixer sur l'objectif.

Hors de la réserve, quelques pêcheurs relèvent leur filet.

Nous amarrons le canot à un arbre, pour effectuer une balade dans la forêt.

Kléber nous fait une description des divers arbres avec explications sur les vertus médicinales des différentes résines et décoctions de plantes. Il n'est pas avare de nombreuses anecdotes (vraies ou fausses) : ça fait le charme du personnage.

Il est fier de nous montrer un Lupuna "Ceiba Entendra", un arbre sacré qui aurait 10000 ans. Les guérisseurs utilisent les pouvoirs de ce géant pour apporter : "l'harmonie spirituelle et sociale entre les hommes et la nature".

Vu sa circonférence et ses racines, pourquoi ne pas le croire ? Difficile de prendre la cime en photo, il faudrait énormément de recul !

La densité de la forêt est stupéfiante, le soleil peine à pénétrer l'épaisseur du feuillage .

Notre guide à l'oeil pour découvrir des insectes à l'allure intrigante.

A l'aide de sa machette, il ouvre le noyau d'un fruit qui contient 2 petits vers blancs appelés suris : ce sont des larves bien dodues de scarabée.

Ils font partie de la gastronomie du coin et Kléber savoure aussitôt cette "petite gourmandise".

Pour nous, l'épisode ne nous ouvre pas l'appétit....

Papillons, chenilles, escargots géants et libellules complètent la liste des petits insectes.

Heureusement, nous avons les bottes.

Parfois, le terrain très marécageux et les points d'appuis trompeurs nous précipitent dans la boue.

Kléber nous signale qu'à la saison humide (janvier-février-mars) le secteur est recouvert par 2 à 3 mètres d'eau.

Au retour de notre petite expédition, Pédro nous a préparé l'almuerzo : des galettes frites composées d'oeufs et de farine et une salade d'ananas/bananes/oranges.

Nous participons à la vaisselle en nettoyant les ustensiles dans l'eau marron du rio.

Ça nous rappelle que nous avons laissé notre petite pharmacie, y compris les cachets pour purifier l'eau, à l'hôtel.

On boira l'eau qu'il y aura.....

Le répulsif anti-moustiques acheté au Lima, en complément du spray français, n'a aucun effet sur les "mosquitos" péruviens.

Voraces et très très nombreux, nous sommes harcelés continuellement. (Mais nous constatons qu'ils attaquent aussi les Péruviens).

Nous remontons le Rio afin d'atteindre l'emplacement de notre campement pour la nuit et croisons encore quelques pêcheurs.

Notre bivouac est très rudimentaire.

Pédro dégage à la machette une zone pour installer nos matelas qui reposent sur des bâches.

A l'aide de 8 petits "piquets" en bois trouvés sur place et utilisés pour fixer les moustiquaires et 2 grands piquets pour attacher la grande bâche plastique qui sert de toit, voilà notre abri installé pour la nuit.

Pédro à toujours le sourire, c'est un expert pour allumer le feu et préparer le repas.

Au menu de ce soir, du riz, des oeufs et pour terminer des bananes frites.

Le repas terminé, Kléber nous donne des infos pour la journée de demain.

Excédés par les attaques répétitives des moustiques, on se réfugie sous notre abri. Nos guides (en grande discussion) s'installent plus tard, eux aussi, sous leurs moustiquaires.

On a droit à une superbe symphonie donnée par les oiseaux et insectes environnants et les lumières des lucioles dansants dans la nuit.

Réveil à 4h du matin. C'est pas plus mal car les moustiquaires ne sont pas des plus étanches !

Munis de lampes torches, on part à la découverte des tarentules et des caïmans. C'est gagné pour les grosses araignées poilues : sur le tronc d'un arbre, connu de Kléber, une famille est de sortie pour manger et se promener, (le papa noir, la maman a les pattes plus orangées).

Pour les caïmans : rien. Pas un oeil luisant au milieu des plantes d'eau douce, ni de près, ni de loin.

On regagne notre "lodge" pour le petit déjeuner.

Mercredi 12 novembre

Thé, fruits frais et galettes d'oeufs frits au petit-déjeuner.

On range le matériel dans notre barque pour rejoindre le rio Huallaga.

Notre périple dans la forêt doit nous mener aujourd'hui à la lagune Huaritari, un refuge naturel pour de nombreux oiseaux et caïmans.

On doit aussi pêcher des piranhas.

On espère aussi voir le paresseux, animal mythique de la forêt tropicale mais pour cela il faut débarquer sur la terre ferme et lever la tête vers la cime des arbres pour le surprendre, suspendu à une branche.

Mais aujourd'hui, grosse surprise, c'est lui qui va venir vers nous et notre mémoire sera marquée à jamais par cette rencontre :

devant notre barque, l'animal traverse le rio, à la nage, avec aisance, en faisant des mouvements très lents.

Kléber le prend dans ses mains, la morphologie de son visage donne l'impression qu'il nous sourit. Une petite photo et on le dépose sur la berge.

Arrivé sur le sol, lentement il grimpe sur un arbre à l'aide de ses trois doigts griffus.

Quelle émotion ! nous avons la tête dans les nuages.....

Après 2 heures de navigation, nous retrouvons le Rio Huallaga et ses eaux boueuses et accostons à un ponton rudimentaire : le frère de Pédro et sa famille nous reçoivent.

Ils font partie de la communauté Cocama-Cocamilla, vivant chichement de la pêche, de la cueillette, de la chasse et d'un peu d'agriculture.

Il habite là, avec sa femme et leurs 3 enfants parmi une quinzaine de familles.

Pas d'électricité ni d'école, c'est le dénuement complet.

Une discussion s'engage entre eux dans le dialecte local.

Pédro nous prépare une soupe dont il a le secret. Il est capable de beaucoup, avec peu de choses. La famille, elle, se contente d'épis de maïs grillés.

Sur notre insistance, la soupe est largement partagée avec tous les membres du foyer.

On décharge le matériel de notre barque. Une grande partie restera chez eux pour la nuit, nous portons le reste pendant une marche d'une heure, jusqu'à 2 canoës.

Pendant que Denise écope l'eau du canot où nous avons pris place avec Kleber, celui-ci imperturbable, me signale qu'il y a une fuite et que je dois la colmater avec un doigt. Avec lui, le confort et sécurité sont des notions inexistantes, par contre niveau aventure, nous sommes au bon endroit !

Nous accostons à l'endroit de notre campement pour la nuit.

La zone est parsemée de lacs d'eau douce recouvert de plantes aquatiques, de lagunes et de marais : des lieux parfaits pour observer les oiseaux.

La végétation est luxuriante. Autour de nous résonne la formidable cacophonie de la forêt avec les cris des oiseaux et singes (et d'autres que nous ne connaissons pas) qui composent une symphonie sauvage.

Comme la veille, on installe notre campement. La chaleur est intense, autour de 30°, avec un taux d'humidité de 80% à 90%.

Oui, nous sommes bien dans la jungle !

Nous commençons à sentir "fort" : la sueur, la fumée, les multiples couches de produit anti-moustiques et l'odeur des pieds dans les bottes. Nos petites lingettes imprégnées ne sont pas d'un grand secours.

En compagnie de notre guide on part pour une balade en canoë. Nous découvrons une faune et une flore extrêmement riches, la biodiversité est remarquable, le lac est magnifique.

Amoureux de la nature, nous sommes comblés. La jungle renferme de nombreuses espèces endémiques, dont des oiseaux aquatiques et de jolis papillons.

Kléber à l'oeil. Du doigt, il nous montre, perché sur un arbre, un camungo (anhima cornuta) avec, sur le haut de sa tête, une longue "corne" qui a donné son nom à l'espèce.

L'oiseau pousse, par intermittence, des cris puissants.

Au retour, j'aide Pédro à poser un filet de pêche dans les eaux du lac.

Quelle chance : en soirée, nous admirons un magnifique et merveilleux coucher de soleil. Le temps est comme suspendu.

Quelle sérénité !

Notre maître cuisinier nous prépare des tortillas aux oeufs et des frites.

La cuisine est goûteuse, mais les conditions d'hygiène beaucoup moins, surtout l'eau : et pourtant......nous n'aurons aucun désagrément durant cette petite incursion en Amazonie.

Nos estomacs sont surement blindés.

La bataille contre les moustiques, ajoutée à la fatigue provoquée par l'inconfort dans les embarcations, nous obligent à se mettre à l'abri sous notre "tente".

Au loin, l'orage gronde. On demande à Kléber d'annuler la sortie prévue ce soir pour voir les caïmans.

L'ambiance sonore de la jungle nous suffit.

Jeudi 13 novembre

Le secteur a été épargné par les orages cette nuit : pas une goutte de pluie.

A 6 h ce matin, petite sortie en canoë sur la lagune. Des dizaines de perroquets et de perruches font un bruit d'enfer lors de leur envol.

Petits et gros oiseaux se laissent plus ou moins (souvent moins) approcher : on est loin de la quiétude des Galapagos.

A notre retour, Pédro a retiré le filet de pêche : une dizaine de poissons au fond du canoë dont 3 piranhas.

Il s'empresse de les cuisiner pour le petit déjeuner.

Je ne suis pas fan de poisson d'eau douce. Je me contente de fruits : l'ananas est excellent.

Denise et nos deux amis se partagent les piranhas. Je goûte une très petite bouchée.

Nous ramènerons chez nous un souvenir de cette pêche : la mâchoire de ce carnassier.

La météo est clémente, nous revenons vers la maison du frère de Pédro. Les adieux, partagés avec les enfants, sont sincères.

Photos de groupe, on se promet de leur envoyer un exemplaire dès notre retour.

Chose promise, chose due. A notre retour, nous enverrons à Kléber des cadres avec plusieurs photos concernant les familles. Nous ne saurons jamais s'il les a bien reçus.

Quelques kilomètres vers l'aval, nous entrons dans le Rio Négro. Nous amarrons le bateau au ponton de la communauté indigène Muva Espéranza.

Le village est important : la population possède un générateur pour fournir de l'électricité à l'occasion des grandes occasions.

Nous déjeunons chez le chef du village (soupe préparée par Pédro).

Photos avec la famille, là aussi on promet d'envoyer un exemplaire.

Nous profitons des bienfaits de la vie moderne dans le village : utilisation des toilettes et de l'eau courante dans les locaux de l'école......

L'instituteur déjeune avec nous et nous explique le fonctionnement des programmes scolaires. Il est seul pour donner un enseignement à des élèves de 6 à 12 ans. Pas de secondaire ici.

Le village est géré par un comité de "sages" pour les problèmes de propreté, d'éducation, etc.... Pas d'élection : des habitants sont désignés pour discuter avec les responsables de la région.

Sur une place du village, un jeune homme nous montre un anaconda qui, il y a quelques jours, s'est attaqué à un enfant.

On quitte le village à regret. Toutes ces rencontres sont bien sympathiques et enrichissantes sur le plan humain.

Dès le départ on aperçoit quelques dauphins roses en train de jouer dans le rio. C'est le but de notre visite dans cette partie de la réserve.

Pédro stoppe le moteur de la pirogue dans un spot connu de Kléber.

Rencontre inattendue et extraordinaire, des dizaines de dauphins nous entourent.

On savoure l'instant présent.....Pour les photos c'est plus compliqué. Il est très difficile de fixer le dauphin sur l'objectif, il est très vif et agile : à part des ronds à la surface, parfois une nageoire dorsale.....

Nous sommes un peu déçus.

De gros nuages noirs s'accumulent au-dessus de nos têtes. Pédro met les gaz pour rejoindre un bras du rio Négro, nous devons y monter notre bivouac pour cette nuit.

Une petite pluie fine s'abat sur nous qui laisse présager rien de bon pour les heures à venir !

Ce soir, au menu, croquettes d'oeufs et farine et chips de bananes.

Avec le temps orageux et pluvieux, les moustiques sont énervés, agressifs. Nos vêtements ne font plus barrière.

Rapidement, nous nous abritons sous la moustiquaire.

Vendredi 14 novembre

A 3 h du matin, face à la violence de l'orage, il faut améliorer les écoulements entourant notre campement.

La dextérité et l'ingéniosité de Pédro sont primordiales : sous une pluie battante, tous les 4, nous creusons une rigole de drainage avec des cuillères.

Une heure plus tard, on peut se recoucher. Difficile malgré tout de trouver le sommeil.

Amateur de confort, passez votre chemin !

Et pour une sortie pleine de surprises, adressez-vous à Kléber.

On se lève vers 7h. La difficulté majeure pour Pédro ce matin est de démarrer le feu, tout est humide.

" MacGyver " réussi malgré tout et nous concocte un délicieux petit déjeuner.

On charge ensuite le matériel dans le bateau, notre aventure dans la forêt amazonienne se termine.

On a bien aimé les discussions avec notre guide, ses explications sur cette nature si sauvage et les rencontres durant ces 4 jours.

Mais le manque d'hygiène et les moustiques nous font, quand même, apprécier le retour.

Dans la matinée, alors que nous avons perdu tout espoir de voir un boto (dauphin rose), j'ai la chance d'en apercevoir un qui saute hors de l'eau. Merci le zoom du Sony !

Le cliché est superbe. Son long rostre étroit émerge au-dessus de l'eau. Un vrai bonheur de rencontrer ce mammifère si menacé.

Buenas suerte ! (Tu as de la chance) me crie Kléber

A hauteur du village de la communauté Muva Espéranza, on retrouve l'eau noire du rio Négro qui se mélange à l'eau boueuse du rio Huallaga.

Six heures de pirogue pour remonter celui-ci. Nous effectuons un arrêt "banos" (toilettes dans la nature) dans la famille de Pédro. Quel plaisir de retrouver les enfants.

Malgré le bruit lancinant du moteur, les rives du grand Rio regorgent de vie, tous nos sens sont en éveil !

On accoste à Lagunas à 14h.

Le bureau des compagnies des lanchas est situé au port, un agent nous confirme le passage d'un bateau pour la soirée....... ou plus sûrement demain.

On dépose le matériel chez Kléber, on lui verse les 300 soles restant. Il nous donnes rendez-vous à 17h pour prendre le thé en compagnie de Pédro.

Quel plaisir de retrouver l'hôtel Eco et son confort, simple il est vrai, mais pour nous 3 étoiles !!!!!!

Que c'est agréable une douche froide........ d'autant plus appréciée lorsqu'il fait 35°.

"Five o'clock" chez Kléber : apparemment, les deux compères ont bien apprécié notre compagnie.

Malgré les conditions rudimentaires, nous avons toujours participé à toutes les tâches (pas obligatoires).

Nous alignons quelques phrases sur son livre d'or. Discrètement on donne une propina (pourboire) bien méritée à Pédro.

Dernière photo en leur compagnie, on leur en fera parvenir un exemplaire, et ce sont les adieux.

Le petit-fils de Kléber nous amène à la bibliothèque municipale pour utiliser internet.

Problème de connection, impossible de donner des nouvelles aux enfants.

Sur la Place de Armas et sa petite église, on prend place dans un restaurant : poulet grillé/frites, avec une grande cusquenia (bière).

Ah ! que c'est bon les retrouvailles avec la cuisine péruvienne.

Sur le port, nouvelle information : l'arrivée du bateau est reportée d'un jour. Ce serait donc pour la nuit de samedi à dimanche....

Samedi 15 novembre

Lever tardif ce matin .....à 7h quand même.

Il a plu toute la nuit. Quel plaisir de passer une nuit dans un lit bien fait et sans Moustiques ! que du bonheur.

La chaleur est déjà bien présente. Denise profite d'un grand bac dans le jardin pour faire une lessive.

On déjeune avec un thé simplement : pas de gargotes proposant des p/dj continentaux.

Le riz/poissons, non ! pas tous les matins........

On se rend à pied au port pour réserver 2 billets de bateau pour Iquitos, à la compagnie Eduardo. Nous souhaitons avoir une cabine privée, mieux vaut s'y prendre à l'avance. La lancha est annoncée vers 5 ou 6h du matin.

On trouve de quoi grignoter dans une panadéria (boulangerie) avec des petits pains et des barres chocolatées et 1 ananas frais, juteux à souhait.

Dans la rue nous rencontrons Kléber, toujours aussi joyeux et volubile. On discute quelques minutes.

Lagunas est une ville dans la jungle. Des maisons en bois bordent la rue principale en ciment, toutes les autres sont en terre battue. Boueuses ou poussiéreuses suivant les conditions climatiques.

Située dans une zone oubliée des autorités, des habitants élèvent des animaux sauvages dans leur maison.

En cage ou en semi-liberté.

De nombreux animaux sont des espèces protégées : nous rencontrons des toucans, un tapir, des guacamayos aux couleurs chatoyantes (bleues turquoises et jaunes, etc....

On apprend qu'une réserve d'animaux existe à la lisière de la forêt. Ikamaperu est un centre de réhabilitation en semi-liberté pour les singes laineux et atèles.

Fondé par une ONG, elle accueille des étudiants qui participent à un programme de sensibilisation et d'éducation environnementale auprès des enfants du village.

Les habitants, à qui nous demandons la direction du parc, sont surpris de nous voir y aller à pied. Pour eux, 3 kilomètres, c'est très loin !

Nous ne croisons personne pendant la balade. L'entrée de la réserve n'est pas fermée, personne à l'accueil. Un panneau signale que l'entrée est interdite.

On distingue, au loin, des cages avec des perroquets.

Du côté gauche de la route, des grognements rauques retentissent. Ce sont des singes de la famille des Lagotriches, appelés aussi singes laineux.

Personne pour nous accueillir. On observe les primates en avançant prudemment.

Là aussi, il est interdit d'entrer. Nous les prenons en photo et nous quittons les lieux, mais les singes, descendus des arbres, sont maintenant au sol et avancent vers nous menaçants... On bat en retraite.

Retour à l'hôtel, on range le linge sec dans les sacs. Dans le salon, on sort le jeu de dominos. Programme de récupération !

Le soir, même repas que la veille à la polléria (rôtisserie) : l'endroit est sympa et le poulet bien grillé.

Le réveil est prévu à 3h cette nuit pour embarquer sur la lancha (bateau). On se couche de bonne heure.

A 22h, le propriétaire de l'hôtel vient nous signaler que le navire est retardé et sera à Lagunas demain vers 13h.

Toujours les imprévus d'un voyage en individuel, on adore !

Dimanche 16 novembre

Farniente ce matin, on file directement au petit marché couvert où on se régale, comme la veille, avec du pain, du chocolat et une salade de fruits frais.

Les commerces sont ouverts de 4h à 13h. Pas d'espace réfrigéré pour garder la viande et le poisson. Il n'y a pas foule.

Nous nous dirigeons vers le port pour prendre des nouvelles de la lancha : horaire confirmé, le bateau est parti cette nuit de Yurimagas. Il lui faut environ 12h pour effectuer le trajet. Il devrait être ici en début d'après-midi.

A l'hôtel, on discute avec un jeune français de Narbonne qui est arrivé hier soir. Lui aussi se dirige vers Iquitos, mais il a opté pour un bateau rapide avec un arrêt à Nauta, la ville où les Rios Maranon et Ucayali forment l'Amazone.

On ne risque pas de rater le départ de la lancha : à midi pile on est dans le bureau de la compagnie. On grignote un en-cas et du chocolat pour passer le temps.

A 14h, branle-bas de combat, la lancha est en vue. Grande animation sur la rive :

Impatience et hâte des passagers qui vont rejoindre leur famille dans les villages des communautés.

Va et vient incessant des porteurs aux conditions de vie difficiles : ils croulent sous le poids des marchandises.

Des femmes et des enfants se bousculent pour vendre des fruits, des gaséosas (boissons gazeuses), des pâtisseries et des poissons frits.......

Quelle effervescence et quelle agitation.

La lancha est un ferry à fond plat sur trois niveaux. Les conditions de la "croisière" sont spartiates. Pour un maximum de sécurité pour nos affaires et plus d'intimité, nous prenons possession de notre cabine.

Elle est située au 2ème et dernier niveau avec 2 petits lits superposés. La porte ferme avec un gros cadenas.

Il y a une douzaine de cabines en tout à l'avant.

Sur la partie centrale, les passagers accrochent leur hamac en quinconce.

A l'arrière, mais dans le même espace, les toilettes et les douches sont alimentées par l'eau du rio.

Au 1er niveau, encore des passagers et les fourneaux de la cuisine.

Trois fois par jour, le cuistot fait sonner la cloche qui signale l'heure des repas.

En bas, toutes les marchandises sont entassées pour ravitailler les communautés établies le long du fleuve.

Un mélange hétéroclite de denrées et objets divers : de l'électoménager, des animaux, des fruits et des légumes, de la ferraille........... un grand bric à brac indispensable pour cette population isolée.

Le fond plat de la lancha supporte les moteurs de propulsion. Bien calées, des cargaisons plus lourdes ou encombrantes sont solidement amarrées.

Nous quittons le village de Lagunas avec nostalgie.

Nous y avons vécu une expérience humaine unique, hors des sentiers battus.

Les journées dans la jungle avec Pédro et Kléber, la rencontre avec les habitants des communautés, accueillants et chaleureux. Une expérience inoubliable !

Le séjour dans la réserve reste un des moments forts parmi tous ceux que nous avons vécu au cours de nos nombreux voyages.

La "croisière" démarre. La longue attente du départ s'estompe pour laisser place à la contemplation des panoramas qui s'offrent à nous.

Sur les ponts, des discussions s'engagent avec d'autres passagers. Nous allons pouvoir enrichir notre vocabulaire tout au long de cette étape du voyage.

Nous sommes les seuls étrangers, l'équipage est aux petits soins.

Entre les villages et les cases dispersés sur les berges du Rio à la couleur limoneuse, il règne une extraordinaire animation.

Les repas sont compris dans le prix du billet.

A 17h, la sonnerie du dîner tinte l'heure du service. Un homme d'équipage, toujours avec le sourire, nous apporte des barquettes dans notre cabine.

Poulet/riz/haricots au menu : la nourriture est correcte et nous allons manger un plat chaud.

Les autres passagers se rendent aux cuisines, chacun avec un récipient personnel pour être servis.

Sur le rivage, les paysages sont superbes. La vitesse réduite du bateau nous permet de les apprécier.

Devant les villages, la lancha ralentie. Sur le pont avant, un homme d'équipage vérifie la profondeur de l'eau à l'aide d'un long bâton. La population attend avec impatience les marchandises.

L'accostage sur les rivages boueux effectué par le pilote met en valeur sa dextérité.

Sur l'eau, pour accélérer le temps de déchargement, des hommes amarrent à couple leur pirogue à la coque du ferry.

Pas de manuel pour effectuer la manoeuvre, seules quelques légères précautions sont prises pour effectuer le transbordement de marchandises.

En fin de journée on arrive au point de jonction où le Rio Huallaga se jette dans le Fleuve Marañon. Son lit est beaucoup plus large, d'autres affluents multiplient son débit.

On assiste à un superbe coucher de soleil sur le fleuve, immense et boueux. Le ciel et le rio prennent une teinte flamboyante orangée.

La nuit est une expérience originale sur le navire. La lancha entame les manoeuvres d'accostage sur le quai improvisé d'un petit village.

Je me lève pour profiter de cette scène de vie.

A la lueur d'un gros projecteur, j'aperçois sur la berge, la population qui s'est donnée rendez-vous.

Des cris, des invectives mais aussi beaucoup d'excitation et d'animation. C'est un véritable ballet de personnes qui s'affairent pour le déchargement et le chargement.... un travail à la chaine.

L'arrêt est bref, pas de temps à perdre.

Lundi 17 novembre

La nuit a été très correcte, bercé par le bruit sourd et continu des moteurs du bateau.

A 5h30, un coq insomniaque enfermé dans une cage sur le pont nous tire du sommeil.

Un membre de l'équipage nous porte le petit déjeuner à 6h30 : porridge morada (farine de maïs violet) et du pain avec mantequilla y jamon (beurre/jambon).

Le soleil se lève avec des couleurs éclatantes.

A cette heure matinale, c'est l'évènement dans le village de Santa Rita de Castilla : toute la communauté accourt sur la berge, seul lien avec l'extérieur. Le bateau est attendu avec fébrilité et empressement.

Pendant l'exécution de la manoeuvre d'approche, la lancha percute la barque d'un pêcheur, l'esquif disparait sous l'eau.

Pas de constat, la mésaventure se règle dans l'indifférence pour le malheureux propriétaire.

Pas de sentiment pour les plus faibles.

Nous croisons des embarcations surchargés, à la limite de la flottabilité, qui naviguent sur l'eau boueuse.

A 12h, repas (riz/porc), pas de poulet aujourd'hui : sûrement une erreur du chef !

En fin de journée, la lancha stoppe à Nauta, la grande ville portuaire de la région du Loreto. La cité est aussi reliée à Iquitos par une route.

L'escale est la plus importante et la plus longue du voyage. Sur le quai vétuste, détérioré par les éléments humains et climatiques, les porteurs, la charge sur le dos, enjambent avec facilité et justesse les planches branlantes qui font office d'escalier.

Dans le ciel, le coucher de soleil délivre une palette aux couleurs invraisemblables. C'est superbement beau.

La manutention des marchandises s'effectue juqu'à 20h, à la lueur des projecteurs de la lancha.

Les lucioles nous offrent un spectacle naturel étonnant, un véritable feu d'artifice se déroule autour des faibles points d'éclairage du bateau.

18h30, c'est l'heure du repas, sans surprise : poulet/riz et quelques frites, le chef n'est vraiment pas très inspiré.

Il faut un peu de courage pour entrer dans l'espace des toilettes/douches. Le tuyau de la douche déverse l'eau du fleuve sur la cuvette à la turque. Odeur et couleur.

De l'Asie du Sud-Est à l'Amérique du Sud, au cours de nos voyages, on a connu parfois pire !

La lancha reprend sa navigation vers Iquitos.

Rapidement, nous atteignons la convergence du Maranon et de l'Uyucali. Il fait un noir d'encre lorsqu'on entre sur le fleuve Amazone.

A ce niveau, il lui reste 3700 kilomètres pour se déverser à son embouchure sur les côtes de l'Océan Atlantique.

Nous avons un immense regret de ne pas avoir été des témoins visuels de ce phénomène.

Mardi 18 novembre

Au lever du jour, nouvel arrêt dans un village.

La berge inondée pendant plusieurs mois dans l'année s'effondre, victime de l'érosion.

Face à nous, quelques maisons sur pilotis, une jolie petite église et la communauté indigène entière qui participe à la manutention des denrées et marchandises.

Quel début de journée dépaysant !

Les grognements très aigus et désagréables d'un cochon se font entendre. Une poignée d'hommes tentent de l'immobiliser pour l'embarquer. Ils réussissent en l'isolant. Grand moment de fous rires de part et d'autre.

Voilà la fin du trajet, l'excitation est présente pour nos compagnons de voyage pressés de retrouver leur famille.

La lancha accoste au port de Masusa dans la capitale du Loreto à 7h. Une multitude de commerçants sur des barques viennent chercher les marchandises.

Des hommes et des enfants s'activent, chacun à leur tour, pour transporter des sacs de fruits : surtout l'aguaje.

C'et le fruit d'un palmier poussant dans la Réserve Pacaya-Samiria. Très nutritif, sa peau est d'un brun foncé, couverte d'écailles, elle protège une chair jaune vif.

Les sacs sont contrôlés, inspectés, humés par les commerçants puis finalement transférés dans des barques.