VOYAGE AU CAMBODGE 2016
Le pays du sourire
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2ème partie
Tonle Sap
Battambang
Phnom Penh
Sihanoukville
Kampot
Kep
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Informations générales
Visa
Le passeport doit avoir une validité de 6 mois après la date d'arrivée. Visa obligatoire. A une seule entrée, il permet un séjour de 30 jours.
Visa obtenu dans la journée à l'Ambassade du Cambodge à Vientiane au Laos. Coût 30$.
Question argent
Monnaie: le riel.
Taux au mois d'octobre 2016.
1 euro = 4.300 riels
1 dollar = 3.000 riels
Le dollar américain est accepté partout, la monnaie est rendue en riels.
Attention aux billets abimés lors du change ; non acceptés.
Question hébergement
Battambang
Royal Hôtel
Street 115.
Bon accueil. Bien situé près du marché. Chambre confortable. Bon wifi. 15$/n.
Phnom Penh
Skypark Guesthouse
78, Street 111.
Bon accueil. Eloigné du centre. Chambre confortable avec A/C et wifi. A recommander. 13$/n.
Sihanoukville - Otres 1
Lim Hour Guesthouse
Bord de la plage. Otres 1.
Accueil familial. Bungalow dans un jardin. Proche de la mer. Eau froide. wifi aléatoire à la chambre mais très bon à la réception. Moustiquaire et ventilateur. Restaurant. 12$/n.
Kampot
Sébana Guesthouse
39 Street 7.
Bon accueil. Propriétaire français. Bien situé. Chambre confortable avec ventilateur et wifi. Location de scooter. 7$/n.
A recommander.
Question transport
Siem Reap - Battambang
Bus et bateau. 80 kilomètres. Environ 8heures de trajet. 21$/p.
Battambang - Phnom Penh
Bus. 300 kilomètres. 5h de trajet. 6.25$/p.
Phnom Penh - Sihanoukville
Bus. 230 kilomètres. 4heures de trajet. 7$/p.
Sihanoukville - Kampot
Minibus. 100 kilomètres. 2heures de trajet. 5$/p.
Kampot - Chau Doc (Vietnam)
Minibus et bus. 20 kilomètres + 125 kilomètres. 4heures de trajet. 16$/p.
Question au quotidien
1 blle d'eau: 2.500r. 1 l d'essence moto: 3.000r. 1 gâteau: 2.000r.
1 pastèque: 3.000r. 1 capuccino: 8.000r. 1 glace: 8.000r.
1 kébab 4.000r. 1 carte postale+timbre: 6.500r. Coiffeur (homme): 8.000r.
Itinéraire Cambodge
En violet: bateau
En noir: bus
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Suite de la 1ère partie
Banlung
Kratie
Kampong Cham
Siem Reap
Site d'Angkor
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Lundi 14 novembre 2016
Le départ de Siem Reap est laborieux. Nous avions réservé hier à la Compagnie Sok Chamroeun deux billets (21$/p) pour Battambang, comprenant le trajet en bus jusqu'au débarcadère puis en bateau sur le Tonlé Sap.
Devant l'agence ce matin, le bus prévu est archi-plein. De nombreux touristes sont sur le trottoir, en attente d'une place.
Comme souvent en Asie le problème (surbooking) est vite résolu, dans le calme et avec le sourire... Quelques minutes d'attente et un bus supplémentaire arrive.
Nous laissons derrière nous Siem Reap, il faut seulement trente minutes au conducteur pour nous déposer au débarcadère.
Des bateaux en bois pouvant accueillir une quarantaine de passagers sont amarrés à un quai ou simplement adossés à la berge, dans une eau couleur caramel.
Le notre, à la proue posée sur le rivage. La plage avant est déjà encombrée, des sacs sont empilés dans l'ordre d'arrivée des passagers. Je place nos sacs sur le toit et je rejoins Denise sur un banc en bois à l'avant, au milieu d'une vingtaine de touristes étrangers. Nous prenons la précaution de nous installer le plus loin possible des moteurs.
Vers 9h, le ronron des moteurs change de régime, toute la structure du rafiot est pris d'un léger tremblement, enfin, le capitaine lève les amarres et met le cap en direction de la rivière Sangker et plus loin, le Tonlé Sap...
Descendre vers Battambang devrait durer environ 8heures. Suffisamment de temps pour ressentir et apprécier les paysages et la vie des habitants qui vivent sur le lac et ses nombreux affluents.
A nous la découverte des paysages somptueux et sauvages. Quel bonheur d'embarquer sous les rayons du soleil, entre l'azur du ciel et les nuances de bleu de l'eau.
Les berges de la rivière Sangker sont d'une beauté époustouflante. Les crues et décrues successives génèrent une biodiversité sans égale. Pour apprécier au maximum ces instants, je grimpe sur le toit du bateau. Pas plus confortable que les bancs, mais quelle vue !
La mangrove abrite des centaines d'espèces de poissons. A notre passage, des colonies d'oiseaux s'envolent des arbres. Impossible de voir les reptiles, mais j'ai la chance de voir, furtivement, un groupe de singes dans les branchages.
Par sécurité, le capitaine fait dévier la direction bateau à l'approche des longues étendues verdoyantes de jacinthes d'eau. Parées d'un feuillage bien vert et de fleurs d'un bleu violacé, elles s'étalent et envahissent la surface d'eau, au risque de freiner et de bloquer l'hélice.
Sur le lac, les femmes, modestement, participent à préserver le milieu naturel. Après avoir coupé les tiges des plantes, elles les colorent puis les tissent pour en faire des paniers et des tapis...
Peu à peu, nous laissons derrière nous quelques maisons flottantes. La rivière se jette dans un immense bassin d'eau douce !
Le lac à des allures d'une mer intérieure. Sa surface est élastique, à l'époque de la saison sèche, il couvre environ 2.500 km2, pour arriver à plus de 15.000 km2 à la saison des pluies de mousson.
Nous sommes au tout début de ce phénomène, où les eaux recommencent à couler vers le sud.
A l'approche du premier village flottant, le pilote du bateau prend soin de ne pas perturber et gêner les habitants, prudemment, il réduit la vitesse et garde une certaine distance avec les frêles embarcations des pêcheurs.
Les enfants, toujours souriants, nous font de grands signes de la main, accompagnés des sonores "hello" !
Nous allons traverser une toute petite partie du lac, celle la plus au nord.
Les habitants ont choisi de construire des maisons flottantes sur des radeaux composés de bidons et de bambou. Bien adapté au milieu, tout cet habitat peut se déplacer en fonction du niveau de l'eau.
Les maisons sont grandes ouvertes. Elles assurent un confort limité et rudimentaire à leurs occupants. Construites en bois et feuilles de palmiers, la majorité ont un toit en tôle.
A notre passage, une grande activité règne sur les petites terrasses. Les pêcheurs sont sortis tôt ce matin dans les affluents pour poser les filets. A leur retour, les femmes assises ou accroupies, trient les poissons puis les préparent avec du sel et des aromates pour les transformer en pâte.
Certains poissons, de variétés plus réputées, représentant une valeur marchande importante, seront exportés.
L'eau du Tonlé Sap, sert à toute les activités. Les familles s'adonnent à leurs activités de tous les jours... L'eau du lac sert de bac à lessive, de salle de bain et de piscine pour les enfants...
J'apprécie le comportement du capitaine, toujours avec le souci de préserver l'intimité des villageois, il reste à une distance convenable des habitations. Nous ignorant pour la plupart, ils pratiquent leurs gestes du quotidien...
Voulu ou pas de sa part, sans le savoir, le pilote nous laisse dans les limites raisonnables entre la découverte d'un mode de vie local unique et le voyeurisme.
Les toits des maisons sont hérissés d'antennes de télévision, d'autres sont coiffés d'un panneau solaire !
A hauteur du village de Trek Toal, le capitaine réduis la vitesse. Le village est bien organisé. Nous avons le temps de reconnaitre tout ce qui participe à la vie sociale.
Les fidèles, qu'ils soient catholiques ou bouddhistes ont leur lieu de prières. On croise à tribord, une belle église de couleur bleue... Bleu ciel, bleu marine, bleu azur ?
A bâbord, le toit d'un temple bouddhiste s'élève majestueusement dans cet environnement "surnaturel". Les couleurs blanches et rouges des petits toits ouvragés partagent avec bonheur les couleurs bariolées des masures rudimentaires.
Une petite épicerie bien achalandée proposent des fruits, des légumes, des boissons et des ustensiles...
Au centre du village, on passe devant une école flottante. La classe se fait en plein air, une bâche protège les élèves des ardeurs des rayons du soleil. Encore et toujours des "hello" sonores qui fusent à notre passage.
Le bateau accoste au ponton d'un bar/épicerie. Escale alimentaire pour les uns... physiologique pour d'autres... Mais les toilettes sont dans un état déplorable de saleté.
La gendarmerie est facilement reconnaissable, de gigantesques antennes relais s'élèvent vers le ciel, près d'un mirador. Tout est "flottant" et vient enrichir ce décor inattendu, presque saugrenu !
Une grande majorité des maisons ont leur propre élevage de poissons, de poules ou de porcs.
Les plus riches élèvent des crocodiles dans de grandes cages flottantes. La peau sera vendue, la chair mangée par la communauté.
Au fil de la progression du bateau, changement d'habitat et de décor. Denise m'a rejoint, à l'avant, nous vivons des moments privilégiés. On se dit que le voyage a été fait pour vivre ces moments-là.
La traversée du Tonlé Sap a été brève, nous quittons le lac pour retrouver la Rivière Sangker.
Les villages et les maisons disséminés au bord des rives ne reposent plus sur l'assemblage de bidons et de bambous. Les logis sont perchés sur des pilotis en bois. Certains, atteignent une hauteur de 7 mètres de haut.
Les eaux du lac sont habitées par les communautés vietnamiennes, khmers et Cham.
Une mosquée sur pilotis, témoigne de la présence d'une importante communauté Cham. Cette minorité musulmane est parfaitement intégrée à la population khmère majoritaire.
Le bateau est vital pour les habitants. La région n'a pas d'infrastructure routière en bon état pour assurer le transport des marchandises. Fréquemment, des pirogues viennent s'accoupler sur un flanc de notre bateau, le capitaine fait ralentir la vitesse, si bien que la plupart des ressources locales (sacs de riz, pâte de poissons) passent d'une main à une autre pour être acheminées à Battambang.
Les commerçants, eux, viennent récupérer des produits frais (bananes, mangues et des légumes).
Dans cette partie de la rivière, à bâbord et tribord, les pêcheurs pratiquent leur activité depuis leurs pirogues à l'aide de longs filets, de nasses et d'éperviers (petits filets).
Sur les berges, on aperçoit de nombreux et grands supports en bambou, là, la pêche se pratique au carrelet.
La rivière change de couleur, du bleu intense, elle prend une couleur boueuse et limoneuse.
Nous ne voyons plus de villages, un passager cambodgien assis à côté de moi, me signale que ce sont des familles de vietnamiens qui logent dans des bateaux-maisons à l'aspect misérable... Mais l'antenne de télévision est toujours présente malgré tout !
Quand le fleuve nous laisse des épisodes de relâchement, nous regardons se dérouler des scènes d'une époque révolue, qui apparaît inacceptable de nos jours.
Des enfants nus, jouent dans l'eau limoneuse et attirent notre attention par des cris et de grands gestes, certains avec enthousiasme, d'autres avec un regard plein de mélancolie.
Nous nous posons bien des questions sur leur avenir...
Depuis ce matin nous n'avons pas quitté notre poste d'observation ! Il offre une vision privilégiée de la vie des habitants et de tout l'écosystème environnant.
Quelle heureuse idée de s'être installé sur le toit, sous nos pieds, nous entendons le bruit insupportable des moteurs. Par les côtés, les bâches de protection sont relevées, on sent la chaleur et l'odeur des gaz d'échappement.
On arrive au terme du voyage, les limites de la terre et de l'eau sont incertaines. Pendant la saison des pluies, les champs sont recouverts de sédiments riches en éléments nutritifs. La terre est propice à l'agriculture pour le reste de l'année.
Au rythme des crues et décrues du Mékong, les habitants des différentes communautés changent de métier : pêcheurs, riziculteurs ou agriculteurs, ils sont tous polyvalents.
Nous approchons des faubourgs de Battambang. L'activité fluviale s'intensifie. La navigation demande de l'attention, le pilote zigzague entre les filets qui sont tendus à la surface de la rivière.
Installés à l'arrière de leurs barques, les barreurs maintiennent leur cap avec une longue godille lors de notre passage.
Il faut ralentir au croisement d'un bac rudimentaire et ses passagers. Immuablement, il fait des allers-retours toute la journée entre les deux rives.
Dans quelques minutes, nous allons quitter cet espace qui ne connaît pas les routes à la circulation incessante, ni les nuisances sonores des villes...
Des maisons brinquebalantes, bâties sur pilotis, dominent les berges de boue ocre qui se dressent, telles des falaises vertigineuses... Le quotidien doit être bien difficile pour ces gens vivant dans l'insalubrité et la pauvreté.
Le trajet en bateau est à faire, si l'on veut avoir un aperçu de la vie quotidienne des communautés.
Une découverte humaine riche d'enseignements pour comprendre les difficultés de ces populations, des paysages fabuleux, mais aussi la misère... L'exode rural a provoqué une concentration de population autour de la grande ville.
Cette surpopulation rapide et désordonnée donne naissance à des bidonvilles. Le long des berges, les abris de fortune sont fait de bois, plastique et tôle... Insalubrité et misère, la débrouille semble être le mot d'ordre.
La population Cham à trouvé refuge au bas d'une mosquée. Parfois, au détour d'un méandre de la rivière, un havre de paix, une oasis de fraîcheur s'offre à notre regard comme les toits ouvragés d'un temple bouddhiste qui s'élèvent, au coeur d'une végétation luxuriante.
Il est 16 heures, on approche d'un modeste appontement, les hommes d'équipage amarrent le bateau. Les passagers se précipitent avec leurs sacs et ballots pour emprunter une rampe métallique.
Une nuée de conducteurs de tuk-tuks se ruent vers nous, dans une incroyable bousculade, criant des "tuk tuk cheap" pour les plus excités. Les engins sont garés dans une rue toute proche.
Pour 3$, on s'installe à l'arrière de l'engin du conducteur qui nous paraît le plus calme. Il nous dépose au Royal Hôtel.
Nous avons fait le bon choix, nous sommes à deux pas du Psar Nat, le marché central.
Dès notre installation terminée, nous allons faire un tour à pied dans le centre-ville. L'héritage architectural de Battambang est dominé par la présence de maisons coloniales françaises.
On va se dégourdir les jambes sur les berges de la rivière Sangker. Il y a du monde le long des espaces verts aménagés. Atmosphère calme et douce, les gens prennent leur temps, certains nous sourient en nous croisant.
Des échoppes de restauration rapide sont installées sur les quais. Depuis le départ ce matin, nous avons seulement grignoté des gâteaux achetés à l'escale, dans le village flottant.
On s'installe à une table. Du classique pour moi avec un plat de nouilles, pour Denise de la viande de boeuf en sauce.
On refuse poliment l'offre des sauterelles grillées !
Quelle journée ! Ce tronçon du voyage nous a permis de découvrir un autre Cambodge. Nous qui nous déplaçons toujours par la route, enfermés dans les bus locaux, quel sentiment de liberté...
Malgré le confort rudimentaire, nous avons bénéficié pendant les 7 heures de "croisière", d'un formidable écosystème et de tout un éventail de biodiversité. Une découverte extraordinaire...
Heureux d'avoir saisi cette opportunité d'avoir un aperçu des habitants qui vivent au rythme des variations de niveau du lac et de ses affluents toute l'année. Quelle leçon de vie...
Mardi 15 novembre 2016
A notre réveil, de gros nuages gris et noir filent bon train au-dessus de la ville, malgré le ciel couvert, la température est agréable.
En compagnie de quelques clients locaux, nous nous régalons de petits pains dans une pâtisserie.
A la réception de notre hôtel, nous louons un scooter (7$/j) pour aller au Prasat Banon, un temple khmer à 22 kilomètres au sud de Battambang.
La balade est belle le long de la petite route qui suit les méandres de la rivière.
Les abords de la chaussée sont en permanence bordés par des habitations et des échoppes.
Pour une somme dérisoire, nous laissons au parking notre scooter sous la surveillance d'un jeune garçon. Nous réglons le prix d'entrée (2$/p).
Sous la chaleur, nous progressons les 350 marches de pierre d'un escalier construit sur le flanc d'une colline. Le temple, perché à 400 mètres de hauteur, date de l'époque d'Angkor. Il est constitué de cinq petits palais (prasats) du XIIe siècle, rustiques, aux nuances de couleurs surprenantes.
Les structures s'effondrent, l'angle d'inclinaison de certains petits palais incitent à la prudence. Malheureusement, de nombreuses statues ont été victimes de pillage.
Les familles khmères profitent de ce cadre superbe pour pique-niquer.
Pour les futurs mariés, vêtus des vêtements traditionnels, c'est un décor unique pour les photos, au milieu des vieilles pierres et d'une végétation abondante.
La-haut, nous débouchons sur le bord abrupt de l'escarpement et le panorama à 360° sur la campagne. Immense, d'une beauté à couper le souffle. On se sent tout petit devant cette immensité verte, quadrillée et façonnée par de multiples parcelles de rizières.
La région de Battambang est la seule à produire du vin dans le pays. A proximité du Vat Banon, des panneaux de publicité signale une ferme productrice de fruits tropicaux ainsi que d'un vignoble.
Dans une haute serre, un membre du personnel nous indique qu'il n'est pas possible de voir les vignes (elles sont à plus de 40 kilomètres...). Dans un jardin pédagogique, au-dessus de notre tête, la vigne est palissée sur un treillage de câbles.
Une séance de dégustation est organisée. Pour 2$, j'ai droit à déguster 4 verres. Un verre de vin rouge, un de jus de raisin, un de jus de gingembre/miel et un verre de brandy.
La dégustation n'a que le nom :
Il fait très chaud, un glaçon baigne dans le "nectar". Vraiment atypique, pas très agréable. Le vin rouge est sucré, il a du "corps", mais en bouche, c'est assez surprenant. La dégustation est difficile, il faut laisser ses repères d'occidental pour profiter de la découverte.
Le jus de raisin est fortement sucré.
Le brandy est difficile à décrire, il dégage des arômes de fruits confits. Ill a le seul mérite d'être dégusté.
Seul le jus de gingembre/miel fait remonter la note !
Interdit de faire des comparaisons, mais il y a du travail avant de combler le palais d'un français, né dans les Graves du bordelais !
L'expérience reste très sympathique...
Je reprend le guidon du scooter pour prendre la direction de la ville de Pailin, sur la RN 57.
Le Phnom Sampeau est un temple au sommet d'une montagne. La longue route est pentue. Au bas de la montagne, on gare le scooter, puis on s'engage à pied dans un sentier pour atteindre le sommet.
L'entrée est presque symbolique, le prix dérisoire, nous payons 1$ chacun.
L'effort n'est pas terminé, il faut grimper encore les 700 marches d'un escalier. Mais le coup de chaleur vaut la peine !
Les temples... La vue... Les grottes... Voilà les trois raisons qui méritent l'effort physique.
C'est un lieu de pèlerinage bouddhique. Là-haut, il y a là une belle pagode envahie par des singes macaques. Ils sont malins et chapardeurs, mieux vaut avoir le sac bien fermé !
Dans des sanctuaires, des cavités abritent des petites statuettes représentant Bouddha.
Dans une grotte, la plus marquante des statues est celle d'un gigantesque bouddha doré en position couché.
Vers le sud, la plaine rizicole s'étend à perte de vue, ce qui fait de la région de Battambang le grenier à riz du Cambodge.
A nos pied, au bas de la colline, on repère un superbe temple, on se promet d'y passer tellement il semble majestueux.
Le tertre recèle de nombreuses cavités. La Grotte des singes, la Grotte des chauves-souris, d'autres sont appelées"killing caves" ou encore "Grottes de Tuerie".
Nous visitons la dernière, riche en histoire. Avec précaution, nous descendons des marches au milieu d'une végétation dense et des hordes de singes cherchant de la nourriture. Mieux vaut-être prudent.
Ici, les kmers rouges assassinèrent 10.000 personnes à coup de masses et de bêches avant de les précipiter dans un trou, du haut de la caverne.
Retour au bas de la colline, on flâne quelques minutes dans le parc du temple que nous avons aperçu de notre promontoire.
A l'entrée de Battambang, sur un rond-point, l'emblème de la ville accueille les visiteurs.
Appelée Ta Dumbong, cette immense statue à genoux, de peau noire, serait d'après une légende, à l'origine de l'implantation de la ville.
On délaisse le scooter pour flâner dans cette ville au charme suranné presque démodé.
Loin des grandes rues bruyantes, au petit bonheur, nous nous aventurons dans un labyrinthe de ruelles émaillé de maisons en bois, d'autres de style colonial.
La Maison du Gouverneur est emblématique du passé. Elle abrite maintenant le Musée Provincial.
Dans les bureaux de la compagnie de bus Sorya, nous achetons des tickets pour Phnom Penh, départ demain matin.
Retour dans le centre, le Marché Psar Nat est encore en "ébullition". Abrité dans un bâtiment Art déco, c'est un marché authentique, il n'y a pas d'étals de souvenirs, uniquement de la nourriture, des ingrédients et des ustensiles ménagers nécessaires à la population locale.
L'esthétisme et la symétrie est de règle sur les étals de fruits, on se balade le nez en éveil au milieu des épices, des fleurs et des fruits. L'agitation est permanente, les interpellations à gogo, des milliers d'odeurs champêtres viennent titiller nos narines.
Nous sommes pris dans une ambiance tumultueuse: piétons, scooters, tricycles, carrioles et vélos se mêlent allègrement dans le bruit et le désordre...
Impossible de résister aux effluves odorantes d'un poulet rôti sur le grill d'une échoppe. Plus tard, en se promenant le long des quais, le gâteau de riz fait "maison" est irrésistible aussi... Et la part généreuse !
Dans une rue, sous une halle couverte, des joueurs de pétanque, au style surprenant, jouent en toute convivialité... Ils ont leurs règles à eux !
Ce n'est pas un tournoi, mais chaque partie est l'occasion de gagner de l'argent... toujours.
Au fil des minutes et des boules jouées, l'ambiance devient de plus en plus animée... Ça parle fort un cambodgien, quand la bière ou l'alcool de riz fait effet !
Mercredi 16 novembre 2016
A 6 heures, à la pointe du jour, nous quittons l'hôtel à pied, le sac sur le dos. A la station routière des bus Sorya, nous achetons quelques gâteaux. Le conducteur nous précise qu'il va falloir à peu près 7heures de route pour rallier la capitale, distante de 300 kilomètres...
On comprend rapidement pourquoi le trajet va être long. Le chauffeur s'engage dans les rues, à la recherche d'éventuels clients. Il fait le tour de quelques points clés : le marché, les hôtels, les quais... Enfin, nous prenons la route en direction de la capitale à 8heures.
Lavé par les orages de la nuit, le ciel est bleu, le soleil brille, offrant de merveilleuses lumières dans la plaine. Le sol dans les grandes plaines est très fertile, les rizières s'étendent à perte de vue. La région mérite son surnom de "bol de riz du Cambodge".
Le bus à des années de service, pas de climatisation, mais nous avons la ventilation naturelle... Pour notre bonheur, les fenêtres sont bloquées en position ouverte !
Deux arrêts repas/toilettes plus tard, nous sommes au niveau de la région de Kompong Chhnang, au sud du Tonlé Sap.
La ville est réputée pour la création de poteries depuis des siècles. De nombreux stands d'exposition jalonnent la route.
La richesse de la région est tournée aussi vers l'agriculture et la pêche.
Le nez collé à la fenêtre, traverser des villages aux rues poussiéreuses, aux bâtiments défraichis et délabrés nous entrainent dans un voyage d'une autre époque.
Le centre-ouest du Cambodge abrite de nombreux villages flottants, les plus nombreux sont habités par l'ethnie Cham. Les fidèles sont surnommés "Khmers islam".
Notre avancée se poursuit dans un chapelet de rizières, de temples et de mosquées.
Il est 15 heures, le conducteur nous dépose dans une grande gare routière de Phnom Penh. "Maps Me" est un guide indispensable pour arriver facilement au Skypark Guesthouse.
Nous avons repéré l'hôtel dans les pages du Guide du Routard. Il est un peu excentré, mais le quartier est calme.
Relaxé par les effets d'une bonne douche, nous déambulons dans les rues étroites et tortueuses, parfois on s'y perd.
Rapidement, il faut utiliser le plan que nous a remis l'employé de la réception, sa lecture est obligatoire pour se déplacer dans le labyrinthe des petites rues.
La capitale offre de multiples visages. Dans les quartiers populaires, l'activité est incessante au milieu des échoppes exiguës, des logements précaires et des restaurants typiques.
Quel contraste avec les larges rues et avenues bruyantes, où la modernité occidentale s'est installée, les bars et des restaurants huppés se sont appropriés les trottoirs.
Le charme de l'héritage architectural du protectorat français et la tradition khmère opère partout dans le pays.
Phnom Penh, la rue n'est que bruit : le klaxon doit faire partie du patrimoine cambodgien, il est utilisé sans raison apparente. Les pilotes de scooters, sans casques pour un grand nombre, optimisent l'espace en roulant à trois, parfois à quatre... Des virtuoses de l'équilibre.
En voiture, tout le monde se faufile, se double, la plus grosse cylindrée à toujours la "priorité". Heureusement, la majorité des conducteurs roulent doucement.
Avec discrétion, à l'abri d'un chouette tuk-tuk, on regarde le manège d'une escouade de policiers qui ont installé une table et des chaises à un carrefour.
Un coup de sifflet retentit, un agent bloque le passage d'une moto, une discussion s'engage, le pilote sort de l'argent de sa poche et repart rapidement, sans exiger un reçu de la contravention.
D'autres conducteurs, responsables d'infractions plus importantes peut-être, reçoivent un récépissé. La scène est louche. Une partie des contraventions semble être partagée par les agents au maigre salaire !
Ce soir, nous dînons dans un resto de quartier, "Chez Mama". Le propriétaire a été archéologue pendant des années sur le site d'Angkor. Il vient s'assoir à notre table, parlant très bien notre langue, il nous raconte l'histoire sombre de son pays.
Victimes et agresseurs vivent encore ensemble, lui, a été témoin du génocide. Sans qu'on lui demande, il se livre un peu, mais très méfiant, alors que nous sommes les seuls clients, son regard se porte à droite et à gauche de peur d'être entendu.
Jeudi 17 novembre 2016
Contrairement à nos habitudes, pas de petit-déjeuner sucré ce matin. Pour le plus grand plaisir de nos papilles, on déjeune avec un bol de riz gluant et un bol de soupe de nouilles/boeuf. On laisse de côté la sauce piquante ! Seule la tasse de thé nous est familière.
Le temps est splendide, le ciel est d'un bleu intense, traversé par des nuages floconneux. Immersion totale dans la vie quotidienne des phnompenhois, on traverse l'ancien quartier chinois pour découvrir le Phsar Thmey (Marché Central), un des emblèmes de la ville.
Construit par les français dans les années 1930 dans un style Art-déco, il se distingue par sa couleur jaune qui habille quatre ailes en forme de croix. L'ensemble est dominé par un élégant dôme. On y trouve de tout, avec bien sûr, l'espace restauration.
De nombreuses hautes baies aménagées dans la coupole procurent un éclairage naturel et assurent une une circulation d'air qui favorise la fraîcheur.
Chaque aile abrite une activité de vente propre : souvenirs, bijouterie, électronique ou vêtements... Les produits frais, les légumes, les fruits et la restauration rapide sont en périphérie.
L'activité est grouillante dans ce temple du shopping, ce marché est le vrai centre de la vie Phnompenhoise.
Nous changeons totalement de direction, on se dirige vers le nord, toujours à pied.
Le Boulevard Monivong est la grande artère de la capitale. La mairie de la ville s'est installée dans une construction blanche remontant à l'époque du protectorat français.
Sur la seule colline de la capitale, le Wat Phnom est le plus grand sanctuaire religieux de Phnom Penh, mais aussi la plus ancienne pagode.
Au guichet de la billetterie, côté est, nous payons 1$ pour accéder à l'intérieur du Wat. On grimpe les marches d'un escalier sous le regard des nagas (demi dieu serpent) et des lions. Dressés devant nous, ils gardent l'espace sacré du temple.
Le sanctuaire principal est décoré par des peintures murales et sur le plafond. Les fidèles apportent des offrandes, des bougies et des fleurs. Plusieurs petits sanctuaires sont dédiés aux dieux et autres génies.
Le temple n'a rien d'exceptionnel, mais son implantation est remarquable au milieu de cette vaste étendue verdoyante, dominée par de vieux arbres centenaires.
Le plus volumineux, sert de repaire à une colonie de chauves souris, elles sont bruyantes mais immobiles. En début de soirée, elles s'envolent pour chasser les insectes.
Le jardin est doté d'une immense horloge. Les habitants viennent pour prier au temple, mais aussi se détendre et discuter dans le jardin.
Nous sommes au coeur de l'ancien quartier administratif français. Dans ce lieu chargé d'histoires, quelques bâtiments sont le témoignage du patrimoine architectural de l'époque, allant de 1863 à 1953.
La Poste Centrale située en plein coeur est habillée d'un jaune "pétant". Elle est la construction qui a bénéficié de rénovation et d'agrandissement au fil des décennies.
La façade imposante, s'étire sur deux ailes latérales. L'ensemble est de style néo-classique du début du XIXème siècle. Ses bureaux assurent toujours tous les services propres à une poste...
A deux pâtés de maisons, un panneau sur un ancien bâtiment, rappelle la présence du colonisateur français.
L'Hôtel Manolis est situé face à la poste. Pas de chance pour cet édifice, ce n'est pas la ville qui l'a pris en charge. La façade mérite un "coup de pinceau". Des familles habitent ou squattent les chambres du bâtiment.
Les singes sont nombreux dans le quartier. Ils escaladent les façades des immeubles et s'agrippent avec agilité au méli-mélo des fils électriques.
Une anecdote pas très glorieuse de cette époque révolue est liée à l'histoire de l'hôtel. En 1924, André Malraux y a passé 4 mois en résidence surveillée, accusé d'avoir dérobé des bas-reliefs au Temple de Bantheay Srei à Angkor.
Pause jus de fruit au Psar Kandal. C'est un marché local occupé par une clientèle du quartier, pas du tout dans les standards du Psar Thmei plus touristique.
A quelques pas, le Sorya Mall est un immense supermarché. Le premier que nous voyons au Cambodge.
Voyage culinaire, la gastronomie des provinces est rassemblée dans de nombreux restaurants. Un cinéma, des salles de jeux dans les étages, c'est un espace de shopping nouveau pour la population locale.
En cette fin de matinée, on se sent lassé et écrasé par la chaleur, le magasin climatisé est un havre de fraîcheur. On se délecte d'une bonne glace crémeuse et onctueuse...
Nous poursuivons la flânerie, à quelques rues, on découvre le Wat Ounalon, il est niché dans un jardin pittoresque, l'occasion est trop belle d'y faire une halte reposante. Le monument borde le boulevard Sothearos, face aux berges du Tonlé Sap.
Le temple est considéré comme le grand centre du bouddhisme cambodgien.
Il a subi la folie des khmers rouges. Sous les toits courbés colorés de rouge et des dômes dorés, des échafaudages sont installés pour effectuer des rénovations. De nombreux bâtiments ont été rasés pendant les heures sombres de Pol Pot.
Pas de touristes, l'espace est empli de sérénité et de quiétude. Le jardin est en harmonie avec la nature.
La température s'affole lorqu'on longe les quais du fleuve. On fait un passage éclair dans les jardins du National Museum. Le réceptionniste de la billetterie nous signale la fermeture prochaine des portes.
A l'abri du soleil, sous les arbres, on se contente de profiter de la superbe architecture extérieure. Ce petit arrêt vaut le détour !
Les espaces urbains sont des lieux de détente et de récréation. Les berges aménagées qui longent le fleuve Tonle Sap n'échappent pas à la règle. Ce sont des lieux de promenade, mais surtout des lieux de vie pour les phnomphenois.
Les habitants de la capitale pour échapper à la chaleur du centre-ville se retrouvent pour pratiquer des activités diverses.
Les plus gourmands se restaurent dans les échoppes des marchands ambulants. Le matin, les anciens pratiquent le "tai chi". Aux heures plus chaudes de la journée, d'autres animations prendrons le relais.
Les hommes, les enfants et les femmes jouent au "sepak takraw".
Proche du volley, ils tapent dans une balle en rotin tressé. Les joueurs utilisent les pieds, les genoux, la poitrine et la tête. Le jeu demande adresse et souplesse !
Nous sommes au niveau du Boulevard Sisowath, sur notre droite, les toits du Palais Royal dominent les plantes tropicales des jardins.
D'inspiration architecturale traditionnelle khmère, l'ensemble des bâtiments fait partie des incontournables pour les touristes.
Il est 15h, c'est la première fois que nous sommes confronté à la foule dans la capitale.
La palais a été construit au début du protectorat français en 1863 pour être inauguré en 1870. Nous n'effectuons pas la visite intérieure des édifices. L'accès de quelques salles est interdit, dans d'autres, ce sont les photos qui sont interdites. Entouré d'échafaudages, un pavillon est en restauration.
A l'abri des bruits de la rue, derrière de hauts murs, nous déambulons simplement dans les jardins qui entourent les trois éléments principaux.
La Pagode d'Argent abrite des trésors nationaux comme des statues de bouddha en or et en pierres précieuses. Le roi Sihanouk fit incruster sur le plancher des centaines de carreaux d'argent massif. Seulement une toute petite partie du dallage est visible, ici aussi les photos sont interdites. Un immense stupa s'élève dans un jardin à proximité.
Depuis notre entrée dans le Cambodge, cet édifice est caractéristique du paysage du bouddhisme.
Le Pavillon du Clair de Lune, est le plus célèbre des pavillons, mais il est aussi le plus immortalisé par les nombreux photographes amateurs !
La Palais Khémarin, appelé aussi Palais du Roi Khmer est de construction plus récente. Il accueille encore de nos jours des cérémonies religieuses et royales. Ses toits étagés se distinguent par l'élégance des tuiles vernissées.
A côté, le Pavillon Napoléon, est plus insolite. C'est un cadeau de la France en 1876. Des échafaudages sont apposés sur les façades, il est en cours de rénovation, car le climat accélère la corrosion de la ferraille.
A la sortie des jardins, nous sommes assiégés par une armée de conducteurs de tuk tuk. Entre une petite sieste et les bavardages, ils sont très insistants. Nous les saluons d'un petit geste de la main, et nous poursuivons la découverte de la capitale en marchant.
En empruntant le boulevard Sihanouk, nous nous rapprochons de notre hôtel. L'important axe routier de la capitale est dominé par le Monument de l'Indépendance, appelé aussi Vimean Ekareach.
Il commémore la libération du Cambodge de l'emprise de la France qui y avait établi un protectorat de 1863 à 1953.
Le soleil couchant fait le spectacle, le ciel s'embrase, ce sont des reflets rouges sombres qui habillent le monument érigé en forme de lotus.
Vendredi 18 novembre 2016
Petit-déjeuner très matinal dans une échoppe. Thé et des chocolatines achetées hier au Mail Sorya.
Les bureaux de la compagnie de bus Sorya sont à proximité, nous achetons les billets pour Sihanoukville. Départ demain matin à 7h.
La visite que l'on a programmé n'est pas la plus agréable, mais elle est indispensable pour connaître les horreurs qu'a subi le peuple Cambodgien. Le Musée du Génocide se situe dans le centre de la capitale.
A l'origine, ce lieu était un ancien lycée. En 1975, les bâtiments sont transformés en centre d'internement, de torture et de tuerie. Il est connu sous le nom de Prison de Sécurité 21 (S21) et occupé par les forces de sécurité de Pol Pot, le dirigeant dictateur. Kang Kek Ieu, connu sous le pseudonyme de Duch en est le directeur.
L'un des pires génocides du XXème siècle est nait de la folie idéologique marxiste communiste des khmers rouges. Le régime mène des purges intérieures, encouragé par l'aveuglement et l'attitude ambiguë des gouvernements étrangers. Il y a seulement 40 ans, les cris des victimes n'ont pas été entendus.
En 4 ans de terreur (1975-1979) 25% de la population (soit 3 millions) a été décimée.
Nous réglons le prix d'entrée, 6$ par personne. Equipé d'un audio-guide, nous parcourons les quatre principaux bâtiments.
Ils sont constitués de salles, de geôles, de machines de torture. Je garderai à jamais, en mémoire, les photos des victimes terrifiées qui nous fixent, mutilés et enchaînés sur leur lit... On peut imaginer la douleur et la souffrance de cette population innocente. Ongles arrachés, tétons coupés à la tenaille, électrocution...
Trois potences sont dans la cour. Les khmers, avant de pendre les prisonniers, les torturaient, puis les plongeaient par les pieds, la tête dans dans des jarres pour les réanimer !
Dans ce lieu chargé d'histoire, je perçois sur le visage grave des visiteurs, énormément de recueillement et d'émotion.
Dans le quartier, nous avons juste quelques pas à faire pour retomber dans le quotidien des Phnompenhois.
Entrer dans de grand marché couvert du Marché Russe (Psar O Russei), c'est comme entrer dans la caverne d'Ali Baba. Il est vieillot, sombre, typique et encombré par des tas de marchandises à même le sol.
Pour les locaux, le secteur de l'outillage succède à celui de la mécanique qui succède à celui de la quincaillerie. Bien sûr, les étals de poissons et de viandes côtoient ceux des fruits et des légumes.
Pour les touristes, c'est l'incontournable... Tissus, vêtements, avec beaucoup de contrefaçons, des tableaux, des sculptures, etc... Chaque recoin dans l'étroite halle, dégage une farandole de saveurs et d'odeurs, les meilleures se mêlent aux plus désagréables !
Pause fraîcheur dans la chambre de notre hôtel. A l'extérieur, comme les jours précédents, le thermomètre affiche 35°. La chaleur est caniculaire, l'atmosphère est moite et humide.
Dès la tombée du soleil, la balade est plus agréable dans les petites rues. On se rend à l'Institut Français pour échanger un livre. Pas de possibilité de troquer, tant pis, on en achète un...
Pizza au menu dans un des restaurants du Mall Sorya. La vue sur les rues illuminées est superbe. Bien à l'abri, on assiste à un violent orage de mousson qui noie les rues, mais apporte un peu de fraîcheur !
Samedi 19 novembre 2016
Installé à l'arrière d'un tuk-tuk, nous quittons l'hôtel à 7 heures pour la gare routière de la compagnie Sorya, située à proximité du marché central.
Grand bazar, que ce soit sur les quais de départ et dans les bureaux. Mieux vaut connaître et accepter les aléas des codes du pays... Démarrer ou arriver à l'heure ne fait pas partie du langage cambodgien. Les retards de transport sont inévitables.
Même pas un souci pour un passager cambodgien !
Le conducteur démarre son véhicule bondé et surchargé, avec seulement... 1 heure de retard. 200 kilomètres séparent les deux villes.
Le passage dans la grande banlieue de la capitale souligne les nombreuses inégalités sociales qui règnent dans le pays.
Les très riches contre les très pauvres... Les 4X4 rutilants contre les charrettes tirées à bras... Les magasins rutilants contre les petits marchés de rue.
Sur de minables trottoirs, s'accumulent dans un méli-mélo, des denrées, des détritus et des emballages plastiques balancés des boutiques et des échoppes collées les unes aux autres
Le chauffeur s'engage sur la RN 4, une grande route à plusieurs voies, en direction du sud. L'avenue, pendant de longs kilomètres, est bordée de friches industrielles et d'entrepôts textiles.
Nous nous sentons en sécurité dans le bus. Ce long ruban bitumé qui mène dans la région sud, très touristique, a fait l'objet il y a quelques années d'un plan de rénovation et d'amélioration de la chaussée.
10h, premier arrêt déjà. Restaurant pour les passagers... Repos pour le moteur, qui semble donner des soucis au conducteur.
On traverse quelques villages, difficile de détourner les yeux devant le poison appelé pollution... Toujours la pollution, surtout dans les parties urbanisées de cette province.
Nous doublons un motocycliste pilotant un invraisemblable chargement. Téméraire le gars, la séquence est rapide, nous en sommes tout surpris et amusés. Ce n'est pas la première fois et sûrement pas le dernière.
Nous sommes toujours et malheureusement impressionné par l'état des infrastructures sommaires (les routes, le réseau électrique, les habitations, l'assainissement) et la pauvreté de la population.
A 15 heures, à l'horizon, après un aperçu désolant du pays, un instant magique s'offre à notre vue... Le Golfe de Thaïlande ! Au loin, on devine les cocotiers et les plages ensoleillées...
Comme beaucoup de pays d'Asie du Sud-Est, le Cambodge est un pays de contraste désarmant.
A la station routière, au nord de la ville, une nuée de conducteurs de tuk-tuks nous attend à la porte du bus. La lecture de quelques blogs nous a incité à s'éloigner de cette grande ville très touristique. Les plages de Otres sont régulièrement conseillées.
Les pilotes des tricycles sont aussi exaspérants que ceux de Phnom Penh, ils nous annoncent tous des prix hallucinants. Tous les prétextes sont énumérés pour justifier le tarif jusqu'à Otres Beach, la station balnéaire, distante de 10 kilomètres.
Denise négocie le trajet - de 15$ annoncé, il est d'accord pour 5$ - (toujours diviser par deux à trois minimum), c'est le prix normal !
15 minutes plus tard, le pilote nous dépose à la plage de Otres 1. Une deuxième plage appelée Otres 2 est légèrement plus au sud, mais bordée par des hôtels plus chics.
Je m'installe sur le chemin de latérite et je garde les sacs. Denise part à la recherche d'un logement. De multiples guesthouses à petits prix sont implantées tout le long d'une bande de sable, au bord de l'eau.
Nous prenons possession d'un petit bungalow au Lim Hour Guesthouse. Nous avons carrément les pieds dans l'eau.
L'intérieur est propre et confortable, la moustiquaire tendue au-dessus du lit nous rassure !
Le secteur proche semble calme... Banco.
Rapidement on enfile les maillots de bain. La plage près des restaurants n'est pas très agréable, quelques déchets et détritus jonchent le sable blanc !
Il suffit de marcher pendant quelques minutes en direction du sud pour étaler la serviette de bain sur la plage publique.
L'eau frise les 30°, elle est propre et transparente. Après deux mois de balade dans la chaleur, on peut enfin paresser, allongés sur le sable. Autour de nous, il n'y a que des familles de locaux. Les femmes très pudiques gardent leur sarong sur le corps.
Le coucher de soleil est sublime. Photo. Photos !
Diner barbecue, au menu du porc et du poulet, dans un petit restaurant, sur l'unique chemin de terre qui sépare les guesthouses, des paillotes. Les Vacances !
Dimanche 20 novembre 2016
Petit-déjeuner exceptionnel, la connection wifi est parfaite, nous avons Benjamin et Manuéla par skype.
On se balade ensuite le long de la plage en direction de Otres 2. Plongeons, bains dans une eau translucide et farniente sur le sable.
A midi, pique-nique délicieux, avec des petites "gourmandise locales". On se régale avec des gambas et des calamars cuits au barbecue. inlassablement, des vendeuses arpentent la plage toute la journée.
Gros orage dès le début de soirée, nous trouvons refuge dans notre bungalow, impossible de sortir tant la pluie est forte.
Lundi 21 novembre 2016
Dans une agence, près de notre bungalow, nous louons un scooter (5$/j) pour passer la journée à Sihanoukville. La ville est connue sous le nom de Kampong Som.
En compagnie du responsable, on procède aux vérifications du "Vespa". Il nous donne à chacun un casque et un cadenas pour bloquer la roue arrière. A l'issue des contrôles, je laisse mon passeport en dépôt de garantie.
Denise est intéressée pour faire une plongée, il faut trouver un club avec du personnel compétent.
Le "Routard" recommande le Scuba Nation Padi. Le centre de plongée est réputé pour le sérieux des instructeurs occidentaux qui possèdent des compétences reconnues. L'agence est en centre-ville, proche du bord de mer.
Nous choisissons la formule sur 1 jour. Snorkeling pour moi (30$) et plongée pour Denise (95$). Le rendez-vous est fixé pour le mercredi 23.
Entrer dans le Psar Leu est une immersion dans le quotidien des habitants. Quelques souvenirs touristiques sont en vente, mais les étals sont dédiés aux acheteurs locaux. Il faut retenir sa respiration ou faire de longues apnées entre les étals de poissonnerie et de boucherie. Les allées étroites cachent de véritables artistes spécialisés dans l'artisanat de l'orfèvrerie en particulier.
Dans l'espace de restauration, il y a du monde attablé dans les gargotes, il y en a pour tous les goûts. Le décor est peu engageant, mais on déjeune dans un stand ou l'hygiène "semble" respectée. Thé et gâteaux pour la partie sucrée en fin de repas.
Depuis notre entrée dans le pays, on peut classer les conducteurs cambodgiens parmi les pires d'Asie du Sud-Est. C'est avec surprise et pour la première fois que l'on voit une auto-école.
Le quartier d'Ochheuteal Beach regroupe de beaux hôtels nichés auprès des plages. Une importante communauté de touristes et d'hommes d'affaires russes et chinois ont investi dans l'immobilier, les casinos et les hôtels de luxe.
Avant le départ de France, des amis de Mimizan nous ont donné l'adresse de parents expatriés depuis plusieurs années. Ils sont propriétaires du French Garden, un superbe et charmant hôtel. Ils nous reçoivent cordialement, pour nous c'est une chance inespérée d'avoir des informations sur la vie au Cambodge.
Entre autres, j'ai une réponse sur la formation des futurs conducteurs, une question qui me "taraude" depuis que je circule en scooter dans le pays... Le candidat doit passer un examen écrit, puis un test de conduite. Coût du test, près de 30$ et pas d'élimination !
Les leçons ne sont pas obligatoires, donc il est possible d'obtenir son permis sans avoir jamais conduit auparavant... J'ai compris, pour la sécurité, mieux faut posséder un véhicule de grande taille !
Nous les quittons avant la tombée de la nuit, le passage autour du rond-point appelé Golden Lions au centre duquel se trouve deux lions géants couleur or, se fait sous une petite averse de pluie.
Mardi 22 novembre 2016
Journée baignade entre Otres1 et 2. Sable fin, eau cristalline et plage publique occupée par les locaux... La belle vie !
Spectacle grandiose et féérique en soirée... L'instant éphémère et merveilleux d'un coucher de soleil.
Mercredi 23 novembre 2016
6h30, départ matinal en scooter pour Sihanoukville.
A la réception du centre de plongée, nous sommes accueilli par Andy, un anglais, instructeur de plongée. Dans un bon français, il nous présente le programme de la journée.
Nous sommes les seuls clients, nous grimpons dans sa camionnette.
Au marché, il effectue des achats pour le repas de midi. Quelques minutes plus tard, nous retrouvons le capitaine du bateau et son aide, au port de pêche.
La mer est belle et calme, autour de nous des bateaux de pèche rentrent au port. Installés à l'arrière du bateau, Andy nous indique d'un geste de la main, les petites iles privées, achetées par des russes. Cette communauté est la plus influente actuellement dans la station balnéaire.
Après une heure de navigation, le capitaine jette l'ancre au spot de plongée, près de la minuscule Ile de Koh Kaong Kang, appelée aussi "l'Ile des Palétuviers". L'ilot rocheux inhabité est couvert d'une jungle drue et verdoyante.
Après un frugal petit-déjeuner, atelier pratique et théorique pour Denise. Les recommandations terminées, Denise et Andy se jettent à l'eau. Je les rejoins pour faire du snorkeling, tout en restant près du bateau, les courants de surface sont violents au niveau de l'Ile.
Nous faisons une pause vers midi. L'équipage est aux petits soins, le repas excellent et les boissons à volonté.
Nouvelle plongée et snorkeling dans l'après-midi. La séance est terminée, le soleil entame sa descente vers la ligne d'horizon, retour à bord.
Nous enlevons notre équipement, alors que l'on prend une douche, le barreur met le cap en direction de Sihanoukville. Soudain le ciel s'obscurcit, la mer fait le gros "dos", un gros orage se déclenche projetant des trombes d'eau.
Sous les averses, nous distinguons avec difficulté Koh Puos, la petite ile louée par un riche investisseur russe, son bail est de 99 ans. Le milliardaire a fait construire en 2011, un pont pour la relier au continent.
Quel plaisir d'arriver sur la terre ferme, à cause du mal de mer, j'ai les jambes toutes flageolantes !
Retour sous la pluie à Otres1, les conditions climatiques se dégradent, mais quel plaisir de sentir l'air frais sur le visage...
A l'abri dans notre bungalow, je résume sur mon carnet de voyage, nos activités nautiques de la journée.
Un formateur super efficace, du matériel en parfait état. Un équipage discret et aux petits soins, dans une ambiance "familiale". Une belle et bonne surprise !
Ce qui n'a pas été à la hauteur de nos espérances et nous a un peu déçu, ce sont les fonds marins. La visibilité était réduite avec des matières en suspension. Peu de gros poissons, seulement des petits multicolores, et de nombreux oursins.
Très gâtés par de superbes plongées les années précédentes, nous sommes peut-être devenus exigeants !
Excellente journée malgré tout. Scuba Nation Padi est un centre de plongée à recommander.
Jeudi 24 novembre 2016
Chez notre logeur, nous achetons des billets de bus pour Kampot (5$/p), notre prochaine destination.
Au menu des activités du jour... Baignade... Bronzage et balade le long de la plage. Il en faut peu pour être heureux !
Diner BBQ. Belles vues du coucher de soleil, qui nous offrent un spectacle magnifique et inoubliable.
Vendredi 25 novembre 2016
Nouvelle journée de farniente, dans ce décor de carte postale.
Ce matin, le ventre bien calé, on se dirige vers le sud de la côte. Il est tôt, nous marchons seuls sur le chemin cabossé et tortueux qui relie les deux plages.
Pour se protéger des rayons du soleil, nous profitons du feuillage des arbres de la famille des "Casuarina". Très résistants à la salinisation, ils forment autour de la rivière Ou Trojak, une zone humide de mangrove.
Cet écosystème est essentiel. Refuge pour les oiseaux et les singes, garde-manger pour les poissons et les crevettes. La mangrove est un rempart aussi pour limiter les effets climatiques, elle retient la vase et les limons...
Le matin, le bord de mer est peu prisé par les locaux, les touristes eux se prélassent sur les hamacs et dans les installations privées des bars/restaurants. Impeccable, nous avons cette grande étendue pour nous...
Baignade avec vue sur les petites iles... Bronzage et tous les plaisirs de la plage.
En début de soirée, on se régale avec des brochettes de calamars vendus par les vendeuses, toujours les mêmes et toujours souriantes. En début de soirée, spectacle quotidien, grandiose et unique, du superbe dégradé des couleurs du coucher de soleil. C'est devenu une routine presque banale...
Samedi 26 novembre 2016
Le conducteur d'un minivan vient nous chercher à 8h à la guesthouse. Sa quête de clients nous mêne à Otres2 et Otres Village. 100 kilomètres séparent Sihanoukville de Kampot.
La vue des paysages magnifiques nous fait oublier les désagréments procurés par les nids de poule. Petit rappel... Nous sommes bien au Cambodge !
De chaque côté de la route, nous retrouvons les clichés habituels de la campagne cambodgienne. Nous traversons des zones humides, très importantes dans le pays, elles sont le berceau de la biodiversité.
Le riz s'est bien développé dans les parcelles, la moisson bat son plein. L'autre côté de la route nous fait découvrir des scènes de la vie près de l'eau, nous traversons des villages de pêcheurs composés de maisons bâties sur pilotis et de maisons flottantes.
Par la fenêtre ouverte, notre odorat est titillé par les odeurs nauséabondes et rebutantes de la fermentation des poissons et des crevettes pour obtenir la sauce Nuoc Mam. Nous sentons l'odeur bien avant de voir les usines.
Nous arrivons à Kampot à 11h. Un énorme Durian (le fruit est l'emblème de la ville) est érigé au centre d'un rond-point. L'endroit est considéré comme le centre-ville, pour nous c'est un bon repère pour aller au Sébana Guesthouse.
Nous y avons réservé une chambre la veille par mail. Les gérants sont de jeunes français.
Dès notre installation terminée, plan de la ville à la main, nous partons dans le quartier pour visiter le marché local. Nous ne sommes pas déçus, il est très bruyant et il y règne une atmosphère de ruche... Les allées sont plutôt étroites, le sol recouvert d'eau est glissant, le marché regorge de mille étals lourdement approvisionnés.
Ici, le marché des insectes est à l'honneur. Placé au coeur des allées de fruits et de légumes, les grillons, sauterelles et vers à soie grillés sont vendus dans des boites. La recette est simple : après les avoir bien lavés, ils sont trempés dans la farine puis grillés. Les cambodgiens les adorent, jadis plat des pauvres, il est devenu très populaire de nos jours...
Sur les étals des poissonniers, comme sur ceux des bouchers, les règles d'hygiènes sont inconnues. Les odeurs des poissons séchés se mélangent à celles acres et fortes de la viande fraîchement découpée. Notre odorat est pris d'assaut par les odeurs aussi saisissantes qu'indéfinissables.
Des sensations habituelles en Asie. Un peu déroutant au début, mais ensuite le nez s'adapte !
Quelques stands plus loin, l'odeur se fait plus douce mais tout aussi puissante. Nous voilà entourés de fleurs aux parfums enivrants. Les femmes tressent avec dextérité de magnifiques paniers d'offrandes et des colliers qui viendront fleurir les statues.
Divisé par secteur, celui consacré à la bijouterie est bien aménagé. Le passage au milieu des boutiques permet un petit répit olfactif. Méticuleusement, les artisans travaillent des alliances, pendentifs et boucles d'oreille en or...
Dimanche 27 novembre 2016
P'tit dèj très consistant ce matin. On partage un bol de porridge à la banane et une assiette de "bobor", un porridge de riz parfumé à la viande. Les portions sont généreuses.
On loue à notre hôte un scooter (4$/j). L'engin semble en bon état, je porte mon attention particulièrement sur les freins et les suspensions.
La ville de Kep est distante de 20 kilomètres, en direction de la frontière avec le Vietnam. Nous allons longer le golfe, sur une mince bande de terre.
J'emprunte des petites routes bitumées. Debout sur les repose-pieds, Denise repère au loin la présence des innombrables nids de poule, elle est prévoyante pour pouvoir encaisser les chocs.
Sur les pistes en terre battue, nous entrons tour à tour, soit dans le royaume de la poussière, soit dans les traces profondes des passages boueux.
Les paysages sont d'une beauté brute. Quelle tranquillité dans les hameaux, ils semblent perdus au milieu d'une magnifique mosaïque de rizières, hérissée de palmiers.
Après cette balade bucolique, nous retrouvons un peu d'animation en approchant de Kep. Nous posons le scooter à l'entrée du marché aux crabes, il règne une impressionnante effervescence.
Une foule énorme descend des bus, des voitures et des nombreux scooters. La majorité des personnes sont des cambodgiens.
Le marché, appelé aussi Pash Kdam attire des milliers de visiteurs, tous gourmands de ce crustacé. C'est un lieu de vie, de saveurs, de rigolades, de gourmandises et de couleurs.
A l'ombre des palmiers, les femmes Cham, coiffées d'un voile qui cache les cheveux, vendent les poissons de la pêche de la nuit. Posés à terre ou sur des étals, des amas alléchants de fruits exotiques et des épices sont disposés artistiquement, leurs odeurs se mêlent à celles des légumes... Toutes ces abondances donne le vertige.
Quelques mètres plus loin, sous une halle couverte, l'ambiance est exceptionnelle. Le marché regorge de produits de la mer (crabes, coquillages et crevettes) mais aussi du poivre de Kampot.
Sur un ponton en bois qui longe une mer sans vagues, les femmes et seulement les femmes s'occupent du commerce. Les hommes dans l'eau jusqu'au genoux, sortent à la main des casiers en osier, uniquement à la demande, afin de choisir les crabes qui seront directement cuisinés ou vendus pour être emportés.
Les acheteuses, après avoir examiné les crustacés, négocient les prix au kilo. L'ambiance conviviale est contagieuse, les voix aiguës donnent l'impression que les discussions sont houleuses, mais ce n'est que des jeux et taquineries, jamais de colère.
Les touristes sont sollicités directement, le marché est réputé pour sa restauration sur place. Denise regarde les tractations, s'informe discrètement des prix et passe une commande de crabes.
Nous délaissons les restaurants alignés les uns à côté des autres en bord de route, on reste sous la halle du marché, bien plus authentique.
La préparation et la cuisson ne demandent que quelques minutes. Les crustacés sont plongés dans une grande marmite puis cuits dans un wok.
Un bol de sauce au poivre vert frais, de la citronnelle et du gingembre accompagne l'assiette.
Le léger piquant des baies fraîches se mêle délicatement à la douceur de la sauce... Pas de chichi dans la présentation, mais c'est un régal !
Trop bon, on en redemande... La même recette, mais avec de grosses crevettes.
Nous sommes très gourmands, on se partage en "dessert" une brochette de calamars !
Rassasiés et contentés, nous reprenons le scooter pour aller dans la ville de Kep, à une poignée de kilomètres de là. La station balnéaire a été créée par les français sous le nom de Kep-sur-Mer.
Dans la baie, la statue géante du crabe bleu, l'emblème de la ville émerge à la surface de l'eau. Le golfe est l'axe principal le plus important de la cité. Il n'y a plus de centre, les années de guerre ont réduit Kep à un tas de pierres, de cendres et de ruines.
De nombreuses villas coloniales ont été saccagées par les khmers rouges. Un quartier de la ville est à l'abandon, les anciennes belles demeures sont cachées par la végétation.
Prendre un bain est trop tentant, nous avons les tenues de bain sur nous. La température de l'eau est agréable, mais les nombreux détritus mélangés au sable n'incitent pas à la baignade ... On ne déballe pas le sac.
Nous déambulons le long de la promenade qui borde la baie. A l'extrémité, des maisons de pêcheurs sont posées sur l'eau. Les bateaux sont amarrés à proximité, cette nuit ils prendront la mer pour alimenter le marché.
L'instant est plaisant, on se sent bien dans ce méli mélo multiculturel des familles qui viennent profiter du bord de mer. La brise marine ventile la rive. Nous prenons une bonne bouffée d'oxygène et d'iode, notre organisme fait le plein de vitalité pour encaisser les fatigues de la fin du voyage.
La ville de Kep est connue pour ses crabes et son poivre, moins pour son sel.
Le long de la route 33, des petits chemins mènent à des marais salants. Une petite économie locale qui fait vivre de nombreuses familles. Au loin, on aperçoit les salines, on s'engage dans une piste de terre rouge.
Au bout du chemin, à l'entrée d'un hangar, un enfant nous sert de guide. Il reproduit le travail des sauniers avec des outils d'un autre âge.
Pas très facile pour comprendre ses explications. La technique est la même qu'en France, les paludiers laissent l'eau de mer envahir les parcelles. Sous l'action du soleil, l'eau bloquée s'évapore. Les sauniers peuvent récupérer les cristaux de sel.
Emballé dans de gros sacs après avoir été nettoyé, le sel est livré dans le pays.
Notre jeune "guide" nous ouvre les portes du hangar qui abrite du sel, stocké avant l'emballage.
De l'autre côté du chemin, c'est le riz qui est cultivé. Chaque saison à sa production : les paysans, à la saison des pluies, entre mars et décembre s'occupent des rizières et en saison sèche, entre janvier et mai, des salines.
Nous poursuivons notre route en direction de la frontière du Vietnam. Sur notre gauche, de grands panneaux signalent l'entrée des plantations de poivre dont celle de Sothy' Pepper Farm que l'on a repéré sur un bouquin. Elle est située sur le flanc d'une petite montagne.
C'est un jeune français qui nous accueille. En voyage pour 1 an autour du monde, il est volontaire (gite et couvert gratuit) dans cette plantation pour quelques semaines et dispense aux touristes des visites guidées gratuites.
En parcourant les allées de la plantation, il nous fait une bonne présentation des 3 hectares cultivés, dont principalement les quatre plantations de poivre.
Le poivrier est une liane rampante attachée à un poteau. Le champ est protégé des rayons du soleil grâce au feuillage des palmiers.
La plantation principale compte 200 poivriers et produit 250 kg de poivre noir, rouge et blanc. Les autres ne sont pas en production actuellement.
Pas de pesticides ni d'insecticides à la ferme. Ce sont les excréments des chauves-souris qui servent d'engrais pour les poivriers.
Le nom de Kampot Pepper est le premier produit agricole cambodgien à bénéficier d'une Indication géographique protégée (IGP).
L'histoire du poivre nous est conté de façon ludique avant une dégustation de toutes les variétés...
Le poivre vert est le grain qui n'est pas encore arrivé à maturité. C'est celui, excellent, que nous avons goûté avec la recette au crabe.
Le poivre noir est produit à partir des grains verts. Egrainé et séché au soleil, son goût est plus délicat.
Le poivre rouge est issu des grains récoltés à pleine maturité. Les grains ont des notes sucrées de fruits rouges.
Le poivre blanc, pour celui-ci, il faut faire bouillir les grains du poivre rouge pour retirer la peau. Son goût pour les amateurs est plus épicé.
La récolte des baies se déroule de mars à mai. La cueillette se fait à la main. L'étape suivante est le séchage, dans un séchoir fermé. Mais ce n'est pas fini... Il y a encore du travail ! le triage est la plus longue des étapes. Deux femmes sont accroupies, elles effectuent un tri minutieux et fastidieux, à la main, elles écartent les grains irréguliers, trop petits ou abimés.
La propriété possèdent dans des vergers, de nombreux arbres fruitiers: des manguiers, des durians, des jacquiers, des ramboutans et un jardin de légumes.
Nous sommes de retour à Kampot. Dans la douce torpeur qui semble ralentir le rythme de la vie, il fait bon flâner pour apprécier le charme de cette ville provinciale.
Lever la tête pour découvrir la simplicité des vieilles maisons colorées qui apporte un charme suranné. Dans le quartier colonial, toutes les façades aux couleurs chaudes sont tournées vers le fleuve Praek Tuek Chhu et ses quais.
Nous prenons un léger repas au marché de nuit installé tous les soirs près de la guesthouse.
Lundi 28 novembre 2016
Nous prenons le petit-déjeuner en compagnie d'un expatrié un peu "déjanté".
Difficile de donner du crédit à ses commentaires très critiques sur les moeurs et la vie courante des cambodgiens. Nous quittons sans regrets cet homme désabusé par ses problèmes (corruption de la police. Pompe à fric par les familles des conjointes...)
On prend le scooter pour une visite de la campagne dans les environs de Kampot. Nous sommes toujours éblouis par l'arrière-pays, tout autour de nous, notre regard se porte sur des étendues verdoyantes.
A droite, des carrés de rizières aux teintes qui vont du vert d'une pelouse anglaise au jaune qui signifie que le riz va être bientôt récolté. Des champs de céréales leurs succèdent, à gauche, des marais salants asséchés. Sans interruption, tout est bien entretenu. La seule trainée différente, est le chemin de terre ocre/rouge qui serpente dans ce tapis de verdure.
Nous sommes séduits de manière irrésistible par le calme monacal de la plaine et la beauté des paysages.
Au milieu des champs, un chemin longe la rivière, il est tellement truffé de nids de poule qu'il me semble que je roule sur un emmental français. Dans cette plaine toute verte, un superbe village apparaît. C'est un hameau Cham, toutes les maisons en bois sont construites sur pilotis.
La communauté a apporté de la couleur ! les maisons sont peintes de couleurs vives et pétantes, le violet, à côté du rouge et du vert ne choque pas.
Les Cham vivent à l'écart du reste de la population de religion bouddhiste, mais sans en être très éloigné. L'histoire des milliers de cham qui ont émigré dans le pays est ancienne. La communauté a subi de nombreuses persécutions (70.000 morts)de la part des khmers rouges entre 1975 à 1979.
Si les femmes se couvrent la tête d'un voile, les Cham s'intègrent dans la société tout en maintenant les racines culturelles. Très besogneux, ils travaillent dans les champs et surtout sur les bateaux de pêche.
Le village pourrait concourir pour les "Plus beaux villages du Cambodge". Nous sommes agréablement et très surpris par sa propreté et son aspect reposant.
Pas un bout de papier qui traine, pas de déchets plastiques... Un autre Cambodge !
Les villageois nous font des signes de bienvenue, ces petits hameaux sont des havres de paix agréables.
Tout au bout du chemin, en bordure de la rivière, s'étale un autre village pittoresque de la communauté.
Ici, tous les villageois sont pêcheurs, certains vivent dans des maisons flottantes, d'autres dans des maisons sur pilotis. En bord de route, des filets de poissons sont étalés sur des claies en bambou, pour sécher au soleil.
Le soleil va entamer sa descente vers l'horizon, nous faisons demi-tour. A l'entrée de Kampot, la circulation est coupée au passage d'un convoi mortuaire.
Un premier camion passe devant nous, des moines et des gens habillés en sarong de couleur blanche sont assis sur des bancs en bois.
Dans un deuxième véhicule, protégé par des tentures, assis dans un genre de palanquin, un moine, une partie de la famille et des musiciens sont autour d'un cercueil. Un haut-parleur posé sur le devant du camion "crache" une musique lancinante.
La dernière partie des membres de la famille et des amis, habillés de sarongs blancs, suivent à pied.
Suivant leurs racines culturelles, le corps du défunt est gardé à la maison pendant sept jours, la dernière journée, il est amené au temple pour la crémation.
Depuis ce matin, la balade dans la campagne nous a offert des scènes banales de la vie rurale, ce n'est pas l'aventure, mais le quotidien des choses simples et ordinaires...
Autres moeurs, autres religions... Nous découvrons la mosquée de la ville. Alors qu'à deux rues, les moines n'ont pas encore terminé la cérémonie des offrandes auprès des commerçants.
Nous passons l'après-midi dans la fraîcheur du salon de notre guesthouse. Dehors, l'air est irrespirable, la chaleur devient presque étouffante...
Lecture pour Denise, moi, je vais voir les joueurs de pétanque sur un terrain de jeu qui jouxte notre guesthouse. Comme au Laos, les joueurs m'invitent à lancer quelques boules ,
De 8h du matin à 19h, sous un hangar, des hommes lancent des boules. La plupart son conducteur de moto-taxi. A chaque partie, un dollar américain est en jeu.
Heureusement pour eux, les femmes travaillent !
Le soleil a maintenant terminé son voyage, on va flâner à pied sur les bords de la rivière.
Enormément d'occidentaux, attirés par la douceur de vivre cambodgienne se sont installés dans le pays. Les restaurateurs étrangers à Kampot proposent une cuisine internationale : de la fondue, des kébabs, de la poutine canadienne, etc ... On reste dans le classique dans un "resto" italien... Pizza et lasagnes !
Mardi 29 novembre 2016
Nous nous levons avant les premières lueurs du jour. A 5h, il fait encore nuit, nous partons en scooter au village flottant Cham aperçu hier après-midi.
Sur des quais, tous les jours se tient un marché aux poissons. Instant magique...Les lueurs de l'aurore effleurent les gréements des bateaux de pêche. Les nuages emportés par le vent se désagrègent rapidement, le soleil apparait à l'horizon en réfléchissant des couleurs bleues et roses.
Les bateaux ont accosté quasiment en même temps. C'est l'effervescence, un va et vient ininterrompu coutumier et ordonné s'installe. Au fur et à mesure, les hommes entament le déchargement de leur cargaison.
Les paniers passent de main en main. Rapidement, des tas de poissons débordent et s'entassent sur l'immense dalle bétonnée.
Les femmes assises ou accroupies, trient les crabes par taille, décortiquent des crevettes, mettent de côté les plus petits poissons qui sont vendus frais. Les gros sont destinés à être séchés.
L'argent "cash" navigue de mains en mains, puis les paniers s'évanouissent, la foule d'acheteurs quitte les lieux. La cargaison de poissons est vendue
Le bord de mer retrouve sa tranquillité. Les pêcheurs ont vidé les cales, nettoyé les pontons et remis en état les filets, les vendeuses ont assuré la recette journalière et quelques acheteurs discutent et s'installent autour des tables des échoppes de restauration, installées à l'entrée.
Pas de petit-déjeuner salé pour nous, mais une occasion de se régaler avec d'excellents beignets de banane à la noix de coco.
En fin d'après-midi, après un court repos, ils repartirons pour une nouvelle nuit d'efforts sur l'immensité de la mer nourrissante.
Il est 9heures, nous prenons la route de Kep. La routine depuis 3 jours... Mais une délicieuse routine !
Dans le ciel, le soleil est déjà haut, ça "cogne" fort. On va faire une randonnée dans le Kep National Park. L'accès se mérite, il faut jouer à l'équilibriste pour conduire le scooter dans le chemin de terre.
L'entrée est payante (1$/p), l'exercice physique nous manque, alors pas de temps à perdre. Nous suivons les indications sur le sens du parcours sur des petits panneaux agrafés sur les troncs d'arbres. le dénivelé devient plus important, nous dévoilant de beaux points de vues.
Sous la voûte serrée de la jungle, l'humidité ambiante est associée à la forte chaleur. Denise couvre ses bras au maximum, les moustiques se sont mis en ordre de bataille !
Le moment est venu d'accélérer le pas...
Il nous faut seulement quelques minutes pour arriver au Kep Butterfly Farm.
Nous laissons de la monnaie dans une urne placée à l'entrée. Une plaquette explicative est donnée avant d'entrer.
Quelques singes nous accueillent au sommet des arbres d'une belle forêt dense. Une jolie petite escapade dans des serres pour admirer de beaux spécimens sous un grand filet attaché aux troncs des arbres.
Le jardin est superbe... Mais nous préférons quand même observer les papillons en liberté !
Le soleil est à son zénith lorsque nous sommes au-dessus de la ville de Kep. Il fait chaud, chaud !
Rapidement, nous visitons un temple qui borde la route. De là, nous avons un joli point de vue.
Il est midi... Nous sommes au marché aux crabes à Kep. Les tables sont installées du matin à la nuit, pour satisfaire les plus gourmands.
Denise connait maintenant tous les codes pour choisir et négocier les meilleurs produits. Le choix est impressionnant parmi les crabes bleus de la mer, les crabes de mangroves dodus et marrons, les crevettes violettes et les coquillages.
Denise fait des allers et retours sur le ponton glissant ou en baissant la tête sous les parasols. Après quelques minutes, elle a fait son choix...
Je suis allé acheter une barquette remplie d'un riz blanc pur... Divine surprise à mon retour à la table, un serveur nous apporte 2 assiettes débordantes de calamars et de grosses crevettes, le tout cuisiné au poivre vert. Prix de ce délice 7$ !
C'est avec plein d'énergie et l'estomac contenté, que nous reprenons la route du littoral. Entre Kep et Kampot, un panneau signale un projet de réhabilitation des mangroves. Notre curiosité est éveillée. Tout au bout du chemin, il y a la mer... Des pêcheurs tirent un filet. Encore un moment de calme et de vie locale.
Impossible de rater la station de "gasoline" sur le bord de la route, nous faisons le plein, facile, il suffit de prendre l'essence qui est dans la bouteille de coca.
A côté de nous, un enfant de 12 ans fait le plein de son engin, les transports sont toujours une source d'étonnement. Le vélo dans les campagnes pour les écoliers, la moto-taxi pour se rendre au marché.
A mi-parcours entre les deux villes, un grand panneau signale la direction d'un temple à visiter. On s'engage dans un chemin de terre au milieu des rizières. 2 kilomètres de pilotage sportif et nous sommes au pied du Phnom Sor Sear Pagoda.
C'est un complexe naturel au sommet d'une colline considérée sacrée, on y accède en grimpant une centaine de marches.
Rien d'exceptionnel dans la grotte, seulement des stalagmites calcaires qui peuvent titiller l'imagination débordante des touristes leur permettant de reconnaitre des silhouettes représentant des animaux, dont celles d'éléphants. Deux statues de bouddha sont à l'entrée de la grotte.
Un temple bouddhique ancien aux couleurs vives et un stupa sont à l'intérieur.
Nous sommes les seuls touristes, il fait beau, le point de vue sur la campagne est superbe.
Repas léger à la guesthouse: sandwichs/télé...
Mercredi 30 novembre 2016
Auprès de notre logeur, nous achetons des billets de bus pour Chau Doc au Vietnam. Départ demain.
Kampot semble assoupie, elle nous séduit par son authenticité. La ville s'allonge sur un bras de mer d'où partent chaque soir les bateaux de pêche.
Son agencement urbain rappelle celui des villes françaises. Quel plaisir de déambuler dans les rues au charme d'antan. Le temps semble s'être figé.
Quelques façades de maisons sont un peu décrépies, d'autres ont été rénovées, peut-être par des européens dont des français qui sont installés ici (restaurants, boulangeries, hôtels).
Nous faisons quelques pas sur le vieux pont partiellement détruit par les khmers rouges dans les années 1970. Il n'est emprunté que par les piétons, les vélos et les motos. Il fait partie surtout de l'histoire de la ville.
Tous ces vieux souvenirs évoquent le temps où la France était présente.
Au rond point du Durian, nous profitons pour quelques instants, de la douceur de vivre des villes rurales. Moins de Klaxon, moins de monde et moins de circulation.
Si le trafic n'est pas dense, les conducteurs ont une conduite imprévisible et impressionnante. L'absence d'anticipation les conduit à des situations délicates, mais toujours réglées par un sourire... Jamais de la colère.
Des policiers sont positionnés sur le trottoir. Ils stoppent les motocyclistes en infraction "c'est à dire tous..." pour les verbaliser. La majorité des pilotes ignorent les coups de sifflet en donnant un vigoureux coup d'accélérateur.
Assis devant une table, un policier se fait payer en cash par les moins chanceux ! Comme un agent gagne 100$ environ, notre logeur nous a affirmé que les amendes sont réparties entre les agents.
Deux motos sont garées à côté des policiers. Les remorques sont surchargées d'un incroyable tas de mobilier de maison, volumineux et encombrant. Difficile de savoir si les pilotes ont écopé d'une amende !
Les dirigeants politiques du Parti Populaire dont Heng Samrin le secrétaire général et le premier ministre Hun Sen (ex combattant khmer rouge) figurent sur de nombreux panneaux de propagande le long des routes du pays.
C'est la première fois depuis notre entrée dans le Cambodge que l'on observe cette présence de communication, voire de manipulation.
Le président est élu et réélu avec une majorité écrasante depuis 30 ans. Il est connu lui et sa famille pour être les plus importants corrupteurs du pays. Le gouvernement est considéré illégitime par l'occident, mais supporté par la Chine et la Russie...
Notre voyage va se terminer dans une quinzaine de jours dans le sud du Vietnam, une folle envie de baignade nous incite à prendre la direction de la baie de Kep.
Le passage devant le marché aux crabes est une nouvelle fois, une invitation à une halte gustative.
Nous faisons trois pas sur le ponton, immédiatement, les vendeuses reconnaissent Denise. Avec discrétion pour les plus timides, avec audace pour les plus dégourdies, toutes vantent leurs produits.
Pas de bla-bla... Nous continuons notre cure de crustacés. Denise choisit de grosses crevettes. En un clin d'oeil, elle sont décortiquées puis plongées dans un wok... Le poivre vert fait la différence !
On s'attable en compagnie d'un couple de Cherbourg et un autre de Cholet. Une nouvelle occasion d'échanger sur les bons plans et le témoignage de l'expérience de chacun...
Complètement rassasiés, on peut reprendre le scooter pour rejoindre la baie de Kep.
Il faut choisir le "spot" de la plage sans déchets plastiques. Pas de souci pour l'eau, la température est idéale. La plage est en pente douce et les vagues légères, la baignade est agréable dans l'eau bleue claire. Par pudeur, près de nous, les femmes se baignent en sarong.
Les hommes en grand nombre, préfèrent s'allonger dans les hamacs installés sous les paillotes.
Le choix est simple ; pique-nique ou sieste. Pour eux, les deux vont ensemble, le Cambodge devra attendre longtemps pour avoir des champions de natation !
Le jour décline, nous voulons rentrer avant la nuit. Kep à aussi son rond-point "kitsch". Au centre du terre-plein se dresse un immense cheval blanc. De quoi relativiser l'inesthétique des très nombreux ronds-points, dans les campagnes françaises.
Sur la route, l'ambiance est zen. Des sourires... Des petits gestes de la main des paysans juchés sur leurs engins lourdement chargés et des écoliers vêtus de leurs tenues impeccables.
Jeudi 1er décembre 2016
En prenant notre petit déjeuner, la connexion skype avec Benjamin est excellente . Nous lui signalons que nous allons traverser dans la journée la frontière avec le Vietnam.
A Montréal, c'est encore mercredi et il est 21h. Côté météo, Il nous jalouse un peu, chez lui, la température "culmine" à -5° et il neige...
Nous laissons nos gros sacs à la réception, et allons flâner dans les rues proches. On s'approvisionne en gâteaux dans une boulangerie.
Devant les devantures des commerces, nous croisons les bonzes qui défilent dans leur robe safran pour recueillir les offrandes. Cette tradition bouddhiste semble moins fréquente qu'au Laos, surtout le matin de bonne heure.
Un pick-up vient nous récupérer à notre gite pour nous emmener au siège de la compagnie.
Nous sommes seulement une dizaine de touristes. Le conducteur démarre son minibus à 10h.
Le trajet est rapide pour arriver à la frontière de Ha Tien. Dans l'allée centrale du véhicule, une jeune femme récupère les passeports. Pour 1$ à l'unité, elle se charge d'effectuer les formalités des deux côtés de la frontière.
Leah Haey (au revoir) le Cambodge
Souvenirs du voyage
Les cambodgiens
. Le sourire en permanence de la population. Mais pour trouver les plus sincères, il faut éviter les endroits très touristiques. Les cambodgiens sont très commerçants... Surtout en dollar américain.
Pas choquant pour un touriste occidental au pouvoir d'achat conséquent, mais pénible, avec parfois l'impression de payer un "prix touriste".
. La nonchalance, l'insouciance voire la paresse pour certains, les cambodgiens vivent à leur rythme.
. La facilité des cambodgiens à vivre au jour le jour. Il semble que le mot anticipation, ambition ou projection soit inconnu.
La période Khmer rouge :
- Elle est toujours présente, mais l'enseignement du génocide est absent à l'école. Le sujet reste tabou, lors des deux discussions avec des locaux à Kratie et Phnom Penh, nous avons ressenti une ombre tragique dans les regards...
- Peur du contexte politique actuel (premier ministre, ancien khmer rouge) pour dénoncer et parler du génocide pour les Cambodgiens qui habitent et travaillent dans le pays.
Les coups de coeurs de la deuxième partie du voyage
La traversée en bateau de Siem Reap à Battambang, une expérience unique pour découvrir la vie sur le lac Tonlé Sap et ses affluents.
La plage de Otres1: pas la plus belle d'Asie, mais quel coucher de soleil !
Kampot: le calme et l'allure authentique de vieilles villes.
L'escale gustative du marché au crabe de Kep.
Les moins
Nous avons été gênés par la présence de bonzes qui prônent le détachement et la frugalité, mais collectent énormément d'argent sur la seule croyance religieuse des fidèles.
La corruption sûrement, nous en avons eu un aperçu avec la police à Phnom Penh et Kampot. La corruption est ancrée surtout dans les secteurs du système judiciaire, les firmes et entreprises et les tricheries dans l'éducation nationale.
Un touriste n'y est jamais confronté, sauf à Angkor où indirectement, une très grande partie de l'argent des entrées, remplit les poches des gestionnaires du site.
La pollution terrestre (déchets plastiques et organiques) et aquatique (huile des moteurs, sacs en plastiques) dans toutes les provinces du pays.
La pollution plastique est une situation préoccupante, une invasion atroce. On le trouve partout.
Malheureusement, aucune éducation sur la pollution et la surconsommation plastique. Mais le pays fait face à une croissance économique extraordinaire, peut-être pas bien organisée.
Les plus gros soucis sont peut-être ailleurs et plus importants pour la vie de la population.
Le Cambodge reste une superbe destination. Le pays déborde de paysages magnifiques, de plages de rêve et une longue histoire matérialisée par des temples d'une incroyable richesse pour les plus récents, mystérieuse et unique pour les plus anciens...