Troisième partie
Voyage en Colombie en 2023
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Jardin
Salento
Filandia
Cali
Popayan
Silvia
Thermes de San Juan
- - - - - - - - - -
FORMALITES
Visa obligatoire seulement pour un séjour de plus de 3 mois.
Passeport en cours de validité, valable 6 mois après la date de retour pour les ressortissants des pays membres de l'Union européenne.
Billet retour ou de continuation nécessaire (mais on ne nous l'a pas demandé).
- - - - - - - - - - -
Vaccination
Vaccination obligatoire
. Covid 19 (deux doses)
Vaccins recommandés
. Hépatite A. Fièvre jaune. Paludisme.
Pour les séjours longs et ruraux : Hépatite B. Rage et typhoïde.
Paludisme : transmission toute l'année dans les zones rurales ou de jungle jusqu'à 1600 mètres d'altitude.
- - - - - - - - - -
Question argent
Taux de change dans les officines de rue de janvier à mars 2023.
COP = peso colombien.
Le + haut = 1 euro pour 5 050COP.
Le + bas = 1 euro pour 4 600COP.
Changer dans les grandes villes (taux plus intéressant).
- - - - - - - - - -
Question transport
Aérien
Par AIR CANADA
Vol aller le 18 janvier 2023. (2 bagages en soute).
Paris 14h00 - Montréal 15h45.
Montréal 21h30 - Bogota 4h00 le 19 janvier.
Vol retour le 15 mars 2023. (2 bagages en soute)
Bogota 9h00 - Montréal 16h25.
Montréal 21h50 - Paris 9h45 le 16 mars.
Total : 1129,96€. (Billets achetés le 17/08/2022).
Terrestre
Excellent réseau de bus dans le pays.
Que se soit dans un bus confortable, en buseta (bus de maximum 20 places), en colectivo (minibus court trajet) où en chiva (hybride bus/camion), l'état des routes et la topographie accidentée du pays ne facilite pas la durée des trajets. En moyenne c'est du 30k/h. Ne pas se fixer au kilométrage. Oublier aussi l'optimisme des compagnies de transport. Leur fiabilité est aléatoire et ne permet pas d'être précis dans les heures d'arrivées.
Gros avantage pour un visiteur qui a "le temps" : l'approche plus facile de la population et la contemplation des paysages...
Le TransMilénio à Bogota : transport en commun économique, sûr, fiable et assez rapide mais souvent plein aux heures de pointe. Alternative économique importante pour les locaux et les touristes, le trajet coûte environ 0,60cts d'euro.
- - - - - - - - - - -
Medellin-Jardin : bus Cnie Suroeste Antioqueño. 3h de trajet. 130 kilomètres. 220.000COP/2.
_ _ _
Jardin-La Pintada-Riosucio : minibus. 5h de trajet. 190 kilomètres. 74 000COP/2.
Riosucio-Salento : bus local. 4h de trajet. 140kilomètres. 76 000COP/2.
_ _ _
Salento-Filandia : jeep. 30 minutes de trajet. 20 kilomètres. 16 000COP/2.
Salento-Filandia : jeep. 30 minutes de trajet. 20 kilomètres. 16 000COP/2.
- - -
Salento-Armenia : bus local. 1h de trajet. 25 kilomètres. 11 800COP/2.
Armenia-Cali : bus local. 3h40 de trajet. 190 kilomètres. 70 000COP/2.
_ _ _
Cali-Popayan : bus local. 4h30 de trajet. 140 kilomètres. 50 000COP/2.
_ _ _
Thermes de San Juan.
Prendre le Bus de Popayan à Santa Leticia. Il faut demander au conducteur de se faire déposer à l'entrée du Parc : minibus local. 3h de trajet. 70 kilomètres. 50 000COP/2.
- - - - - - - - - -
Question hébergement
Jardin
Casa Encanto Hotel
Carrera 5 # 13-05.
Belle maison à l'intérieur très fleuri. Très propre. Très bonne literie. Lit King-Size. kitchenette à disposition. Demander le jour d’arrivée des couvertures supplémentaires car les nuits sont fraîches.
Réservation par Booking.com. 2 nuits sans p/d 170 600COP.
A recommander.
Salento
Posada Elenita
Calle 7 # 5-21.
Bon accueil. Bien situé, proche du centre. Bonne literie. Le balcon fleuri. Bon rapport qualité/prix.
Réservation par Booking.com. 4 nuits sans p/d 340 000COP.
Cali
Edificio El Carmen
Calle 5 # 5-25
Accueil quelconque. Bien situé. Chambre confortable.
Réservation par Booking. com. 2 nuits sans p/d. 250 000COP.
Popayan
Hotel Pakande
7-75 Carrera 6
Bien situé. Bon accueil. Chambre propre et confortable. Sanitaire impeccable.
Réservation par Booking.com. 3 nuits sans p/d 232 000COP.
A recommander.
- - - - - - - - - -
Question au quotidien
Décalage horaire : 6 heures de retard avec la France. Lorsqu'il est midi à Paris, il n'est que 6h du matin à Bogota.
1 ananas : 3 000COP. 2 repas du jour : 25 000COP.
1 bll d'eau de 1,5l : 4 000COP. 4 tomates : 3 000COP.
Croissants (2) 3 000COP. Empanadas (2) 4 000COP.
1 bière de 50 cl : 4 000COP. 2 poulets frites : 20 000COP.
Croissants (2) 3 000COP. Empanadas (2) 4 000COP.
1 gallon (3,800 l) de diésel : 9 600COP.
1 gallon (3,800 l) d'essence : 10 600COP.
Péage routier : VL 9 200COP.
- - - - - - - - - -
Cartes de la Colombie
Itinéraire flèches en rouge : première partie.
Itinéraire flèches en bleu : deuxième partie.
Itinéraire flèches en rose : troisième partie.
Itinéraire flèches en noir : quatrième partie.
Mardi 21 février 2023
Ce matin, après avoir pris notre petit déjeuner, nous nous installons dans un taxi (13 450COP) pour rejoindre le terminal Sur de Medellín. Proche de l'aéroport, il est accolé à un gigantesque centre commercial.
Nous achetons les billets au guichet de la compagnie Suroeste Antioqueño (220 000COP/2). Le guichetier nous signale que le bus est direct et en fonction de la circulation, le trajet devrait durer entre 3 et 4heures.
Les périples ne sont généralement jamais très longs en distance, mais en durée ! Quelle expérience...
Pour gagner quelques pesos, la Colombie est le royaume des petits métiers. Une activité informelle que l'on voit dans la rue. Un travail exécuté uniquement pour subvenir à leurs besoins. A chaque carrefour, avec application, des laveurs de pare-brise disputent les meilleurs "spots" à des vendeurs de boissons ou de journaux, à des jongleurs et des souffleurs de feu... Des numéros spectaculaires mais qui restent dangereux.
Nous traversons les quartiers et la misère redoutable qui sévit sur les versants des collines tellement abrupts, qu'ils donnent l'impression d'enserrer la ville. Très rapidement, la qualité du revêtement de la route est médiocre, le conducteur donne de grands coups de volant pour éviter les gros "nids-de-poule" !
Comme à chaque trajet, nous restons bloqués durant de longues minutes par des travaux sur la chaussée et la stabilisation des collines...
Sur les routes escarpées, nous roulons au ralenti derrière des cortèges de gros camions, monstres puants et vrombissants. Nos regards peuvent se perdre pour admirer des paysages fabuleux. Les pentes de la Cordillère Occidentale étalent un camaïeu de vert. Celui des champs des caféiers qui sont cultivés à 1 500 mètres d'altitude, et le vert des plantations de bananiers.
Dans un village, pour nous dégourdir les jambes, nous prenons le temps de détailler un des symboles du pays ; les chivas...
Ces vénérables bus arborent sur la carrosserie, des motifs affectionnés par les gens du pays et les paysans. Des fleurs, des oiseaux, une église, Dieu, la Sainte Vierge, etc... Ces décorations sont peintes aux couleurs du drapeau Colombien, en jaune, bleu et rouge.
Une chiva transporte des passagers, des animaux et des produits agricoles, dans les villages reculés. Le pays compte tant de mauvaises routes que ces monstres roulants ont encore de nombreux kilomètres à parcourir.
Sur les trottoirs, des spécialités sucrées et des friandises, à base de pâte de fruits transformés localement, sont exposées harmonieusement. Les emballages aussi sont tout en couleurs...
3h30 plus tard, nous arrivons dans le centre de Jardin. A 1 750 mètres d'altitude, le soleil est caché, il fait frisquet.
Nous avons seulement 500 mètres à parcourir à pied pour rejoindre notre chambre, à la Casa Encanto Hotel, dans une belle maison coloniale.
Jardin est dans la lignée des villages remarquables que l'on a visités les semaines précédentes. Le nom de la municipalité convient parfaitement à ce merveilleux village. Qui a pu créer un univers si coloré ?
Au milieu des rues étroites, nous marchons à une allure très lente sur les pavés. Se promener sans hâte, à un petit rythme, permet de porter notre regard sur les détails architecturaux des maisons de style colonial.
Les façades sont colorées de couleurs flamboyantes. Les villageois, pour maintenir la beauté, ajoutent du bleu, du jaune, du vert aux portes et aux fenêtres. Les balcons fleuris amènent du charme et de la gaité.
L'authenticité de Jardin en fait un village hors du commun.
Tout autour du village, le cadre naturel des flancs des montagnes est magnifique. La végétation exotique explose dans des nuances de vert d'une beauté incroyable.
Notre prochaine étape est la ville de Salento. Son accès pouvant être compliqué, nous nous arrêtons à la station des bus pour demander une information sur les horaires et les itinéraires.
La réponse est très simple, il n'y a seulement que deux possibilités :
1) Un minibus part de Jardin à 6h25 du matin. Il fait un arrêt dans la ville de La Pintada. Il démarre ensuite pour la ville de Riosucio. Dans cette ville, il faut effectuer un dernier tronçon pour rejoindre Salento, avec un bus qui démarre à 12h30.
2) Une chiva quitte Jardin à 8h du matin pour Riosucio. Elle passe dans la montagne par des chemins uniquement accessibles par des véhicules 4X4. Mais sans aucune garantie d'être à l'heure, au départ du bus pour Salento, à 12h30.
Nous jouons la carte de la sécurité, nous achetons immédiatement des billets pour le minibus (74 000COP/2). le guichetier nous réserve les 2 places à l'avant, près du conducteur.
Confiant et rassuré, nous poursuivons la balade. Le petit village est un trésor caché qui mérite d'être découvert.
Marcher tranquillement au milieu d'une rue, pas de boutiques ou de commerces qui se succèdent. Apprécier la vie quotidienne des habitants... Quel luxe !
À une des sorties du village, la Réserve naturelle Jardín de Rocas ouvre ses portes l'après-midi, de 15h à 18h. La visite est aussi possible le matin de bonne heure, mais sur rendez-vous.
C'est l'occasion unique d'apercevoir des espèces rares de la faune aviaire. La Colombie compte environ 1885 espèces d'oiseaux dont 75 endémiques.
Quelques gouttes de pluie rafraîchissent l'atmosphère. Sous la protection d'un parapluie, nous entrons dans un grand jardin arboré et verdoyant. Nous nous acquittons du droit d'entrée directement à la propriétaire, 24 000COP pour nous deux.
Assis sur des bancs en bois sous un petit cabanon, ou en se promenant sur de très courts sentiers, il suffit de lever la tête, être curieux et attentif, pour observer avec une surprenante proximité, des oiseaux emblématiques de la région.
Le Gallito de Rocas appelé aussi Coq des Roches, est le plus étonnant. Grâce à son apparence exotique et l'éclat de son plumage, le mâle est éblouissant.
Ce sont les oiseaux les plus nombreux. Pour séduire les femelles, les mâles effectuent bruyamment des parades dans les branchages.
Impossible de les louper avec leur plumage multicolore rouge, noir et gris. Leur tête est ornée d'une étonnante houppe duveteuse rouge qui se prolonge au-dessus du bec.
Dans un silence complet, un coup d'œil de-ci de-là, d'autres espèces nécessitent plus de vigilance. Virevoltant dans la canopée, le Baranquero, appelé aussi Momot, est étonnant avec sa tête bleue et sa longue queue formée de deux plumes.
Un Inca Jay (geai vert) lui, est gâté par la nature. Du vert pour les ailes et la queue, du jaune pour la poitrine, du noir autour de la gorge et une huppe bleue au-dessus du front. Dans son bec, il tient son repas, un genre de cricket !
Pour apprécier le vol rapide des colibris, je me déplace près des massifs de fleurs, dans lesquels ils tirent le nectar. Quel émerveillement de les voir évoluer. Ils sont capables de faire un vol stationnaire, d'avancer comme de reculer en modifiant l'angle de leurs ailes.
Le Guacharaca est plus imposant des oiseaux, avec son allure qui rappelle une dinde. Doté d'un cri rauque et très sonore, c'est l'oiseau le plus bruyant dans la région.
La visite terminée, nous rentrons au village. Il pleut à verse, la pluie ruisselle sur les pavés et les bâches des étals de "comida rapida" installés sur le Parque El Libertador. La clientèle se fait rare, la recette va être maigre pour les commerçants ambulants.
Avant de rentrer, nous allons déguster des crêpes à l'abri et au chaud, dans un établissement tenu par une Colombienne qui a passé une partie de sa vie à Paris...
Mercredi 22 février 2023
Pas de chauffage dans la chambre, il n'a pas fait très chaud cette nuit. Heureusement, les propriétaires, très prévenants, ont entassé dans une buanderie, des couvertures supplémentaires.
Petit déj dopé en vitamines dans la cuisine de notre hôte. Thé, avocat et des maracujas (fruits de la passion).
De gros nuages laiteux, cotonneux, courent dans le ciel, mais pas de pluie. Nous avons prévu une balade dans la montagne, à la cascade Del Armor et celle appelée cascade Escondida.
Avant d'être au contact de la nature, nous flânons dans les rues de la ville, à une allure qui nous permet de ne rien manquer de la vie des "jardineños" (nom des habitants).
Quoi de plus dépaysant que de croiser un cavalier, sombréro sur la tête, qui parade fièrement sur son cheval à la robe café-au-lait... Normal dans l'Eje Cafetero ! (Région du Café).
Des sombréros, on en voit en nombre sur les abords du Parque Central. Assis à la terrasse des bars ou sur les bancs publics, les "caballeros" chics parlent à voix forte en agitant leurs mains. Ils avalent dès le matin un "tinto", un café très allongé et très sucré.
Ils en prendront un autre à 10h, puis à midi, puis le dernier, le café de la "tarde", avalé en fin d'après-midi. C'est toujours l'heure du tinto en Colombie !
Dans une panaderia, nous achetons des gâteaux, car la randonnée pourrait être assez longue et bourrée d'improvisation. Pas de GPS, nous sommes rétifs à la technique. Heureusement... nous sommes endurants !
Dès la sortie de la calle 9, nous traversons la rivière sur un pont peint en jaune. Un touriste, rencontré la veille, nous a indiqué un chemin à gauche qui est censé nous mener jusqu'aux cascades... Adelante ! (en avant).
Le chemin de la randonnée n'est pas signalé. Nous suivons le sommet d'une crête, en contrebas, nous apercevons le village aux maisons de tuiles rouges et les flèches de la basilique. Impossible de se perdre, mais l'itinéraire pourrait être bien long...
Le chemin en terre battue n'est accessible que par des 4X4. Il traverse les riches paysages de la campagne Colombienne. De belles fincas familiales sont aménagées avec un goût exquis, pimpantes et colorées. Elles sont nichées au milieu des plantations de café et des vergers.
Entourées de jardins, elles sont superbement entretenues. Les fleurs et les fruits abondent : des mangues, des avocats et des bananes.
Dans une exploitation de café, à flanc de montagne, deux employés cueillent à la main, les cerises rouges. Cette méthode demande de retourner plusieurs fois dans les parcelles, car sur un même arbuste, les grains mûrissent à des vitesses différentes.
On marche, on râle un peu devant le manque d'indication des petits chemins... Nous demandons la direction des cascades à un fermier, d'un geste de la main, il nous signale la possibilité de retrouver le camino Herrera, le chemin qui mène directement aux cascades, mais depuis le village !
La piste est bien dessinée, mais nous tombons sur une patte d'oie. Qui peut aimer les pattes d'oies !
Nous croisons un couple de jeunes Français, nous les saluons. Les cascades, c'est à droite ou à gauche ?
Eux aussi sont en vadrouille sur ce chemin exigeant. Nous allons faire le chemin ensemble, nous pouvons discuter du voyage... Incroyable, ils habitent dans un village, à cinq kilomètres de chez nous, en Gironde !
Deux heures que l'on marche, nous errons depuis un bon moment. Enfin, nous trouvons la première cascade, celle appelée Escondida. Nous la distinguons, à une vingtaine de mètres, l'eau dévale la pente d'une montagne. Mais le bassin est derrière un pont, celui-ci est fermé par un cadenas qui empêche d'y accéder.
Haute de 25 mètres son débit est très faible. Nous patientons quelques minutes, le lieu est propice pour voir des Gallitos de Rocas, mais manque de chance...
Nous poursuivons notre chemin vers la deuxième cascade. Sur les hauteurs de la montagne, le bruit de l'eau qui s'écrase depuis une paroi rocheuse nous signale que nous arrivons à la cascade Del Armor.
Les gerbes d'eau jaillissent à 35 mètres de haut. L'eau rebondit sur des rochers puis s'écrase dans un petit bassin au bord du chemin. C'est le rendez-vous des amoureux pour prendre une belle photo.
Ce chemin permet aux courageux marcheurs de se rendre au village. Nous dévalons une pente, à la sortie de chaque lacet, nous restons sous le charme des paysages changeants. Autour de nous, dans les prairies, nous remarquons des arbres à l'allure "élégante".
Suspendus aux branches de ces arbres énormes, descendent des lichens qui ressemblent aux cheveux d'ange.
À Jardin, une des attractions majeures de ce gros village d'une dizaine de milliers d'habitants est le téléphérique La Garrucha.
Un bus est stationné sur un parking. Des touristes Colombiens attendent leur tour pour effectuer l'aller-retour entre deux falaises... L'attente est trop longue, nous perdons patience, on ne fera pas le voyage dans les airs...
4 heures de marche dans un paysage grandiose. Nous terminons notre petite escapade en traversant un quartier moderne et récent, mais à l'architecture préservée, les façades aux couleurs vives, généreuses et joliment fleuries.
Le soleil est de braise, une légère transpiration mouille nos vêtements, mais nous avons encore de l'énergie en réserve....
Le mirador Christo Rey domine le centre-ville, la randonnée est tentante.
Il n'y a vraiment pas besoin d'un plan ou d'une carte pour se diriger, il suffit de lever les yeux vers le sommet du cerro (colline).
Au bout de la calle 11, on s'engage sur un sentier pavé. Nous passons dans l'enceinte d'une porcherie familiale. Devant les nuisances olfactives, nous filons en accélérant à travers champs, sur le flanc de la colline.
L'allure soudainement est moins rapide, ça monte raide ! Nous avançons à petits pas... Nous sommes à la recherche des oiseaux et... ça marche ! des dizaines et de différentes couleurs.
À force d'efforts, la vue sur la vallée se dévoile majestueusement.
Là-haut, c'est la récompense ! Au sommet de la colline, près de La Croix , un belvédère a été aménagé devant un restaurant. Nous dominons Jardin, mais aussi toute la vallée et bien au-delà... Les sommets de la Cordillère !
Prendre son temps, avec un un jus de mangue bien frais, face à cette vue panoramique... Quoi de mieux ?
À l'aller, nous avons repéré un restaurant qui propose des truites à son menu. Le restaurant la Terraza se trouve sur le chemin la Salada.
Trucha (truite) à l'ail pour moi, trucha aux camarons (crevettes) pour Denise, la cuisine est excellente. Avec un service attentionné et une vue époustouflante depuis la terrasse, nous passons un de nos meilleurs moments, autour d'un excellent repas.
Retour dans les ruelles, les clochers de la Basilica de la Inmaculada Conception dominent les toits des maisons.
L'édifice religieux est de conception récente, il est très imposant vu la taille du village. Mais quel intérieur... La lumière bleutée met en valeur des œuvres d'art religieux d'une grande valeur.
Elle a été est déclarée Monument National en 1985.
Le Parque Central en fin de journée est animé. Sous le couvert des majestueux ceibas et guayacans, les chaises peintes de couleurs multicolores trouvent possesseurs. Le parc devient très vivant.
On se joint à la population du village, l'endroit est idéal pour se relâcher. Impossible de ne pas se laisser gagner par la sérénité des lieux.
Jardin mérite un séjour plus long. Bien installé dans notre maison coloniale, le village est paisible avec juste l'animation des locaux. Quel décor avec les maisons colorées... quels panoramas !
Par manque de temps, nous n'avons pas parcouru toutes les possibilités d'excursions de la zone. Dommage...
Ce soir, nous rangeons les sacs avec un peu de regret et un pincement au cœur...
Jeudi 23 février 2023
Pas de petit déj, nous quittons de très bonne heure notre logement. À pied, on se rend à la station des bus. Le ciel est d'un bleu limpide, il ne fait pas plus de 8°, les rues commencent déjà à s'animer.
À 6h pétantes, nous sommes devant le guichet des bus. Le responsable, respecte sa promesse d'hier, il nous affecte les places devant, près du conducteur.
Avant de démarrer, il nous rappelle que si nous loupons le bus de 12h30 à Riosucio qui va directement à Salento, il sera possible de prendre celui qui se rend à Pereira. Dans cette grande ville, des bus se rendent à Salento toutes les heures !
On ne sait pas trop si ça rassure... la journée de transport risque d'être longue.
Pourtant, à vol d'oiseau, seulement, 180 kilomètres séparent Jardin de Salento.
À 6h30, le conducteur enclenche la première vitesse. Salento est au sud, contrairement à ce que je pensais, il prend la route du nord en direction de Medellín. Il faut faire ce détour pour bénéficier d'une route bitumée.
Nous retrouvons les travaux sur la route et les éternels embouteillages. Près du village de Bolombolo, nous prenons une "autopista". Le conducteur se lâche, il se prend pour Lewis Hamilton... Il peut se le permettre, il n'y a aucun véhicule dans les deux sens.
Sur les bas-côtés, des panneaux de signalisation de dangers se succèdent : caïmans, jaguars, reptiles, etc...
Nous profitons d'un arrêt dans la ville de La Pintada pour se restaurer et se dégourdir les jambes. Nous reprenons la route pour Riosucio. Les nombreux travaux et embouteillages sont fréquents et répétés... Toutes les voies de circulation en Colombie sont en réfection !
Nous avons le temps... nous pouvons profiter des paysages somptueux de la Cordillères et de l'activité rurale.
Enfin, à 11h, nous arrivons à la station routière de Riosucio. Nous avons mis 5heures pour parcourir cette première étape.
Après avoir déjeuné, on peut s'installer dans le bus pour Salento. Le conducteur démarre à l'heure. Quelques travaux plus tard, il nous dépose à Salento vers 16h. Dix heures de bus, arrêts compris, pour 330 kilomètres !
Salento est située dans le département du Quindio. Toujours dans l'Eje Cafetero "Région du Café" à 1 900 mètres d'altitude.
Bon pied, bon œil, on se rend à notre logement, la Posada Elenita dans la calle 7. La chambre est dans une jolie maison coloniale.
L'accueil est sympathique. Nous nous empressons de poser nos sacs pour faire une petite visite du centre-ville et partir à la "pêche" aux informations pour visiter demain, la Vallée de la Cocora.
Dans la ville, les propriétaires des maisons doivent rivaliser dans le classement des plus belles façades colorées. L'ambiance du village est animée et apaisante, typiquement Colombienne.
Le Parc central est à deux pas. Entouré de "bodegas", la place centrale et les façades des maisons sont illuminées par les rayons du soleil qui joue à cache-cache avec les nuages.
Nous repérons dans un angle du parc, l'emplacement des jeeps qui transportent les touristes dans la Vallée de la Cocora et la ville de Filandia. Les heures de départ sont affichées, nous avons l'essentiel.
Nous achetons ensuite du pain, du fromage et des fruits pour se confectionner des en-cas pour demain, lors de la randonnée.
Vendredi 24 février 2023
Palmiers de cire de Quindio
Il fait frais ce matin, pas plus de 10°. Le ciel est bleu, parsemé de nuages moutonneux. Bon présage d'une journée ensoleillée.
Avant de partir, nous réservons la chambre pour une nuit supplémentaire à notre sympathique et discrète logeuse.
Petit déj dans une panaderia qui va être notre Q.G pendant tout notre séjour. L'accueil est sympathique... les gâteaux aussi !
Les premières jeeps ont depuis quelques minutes entamées leur rotation pour emmener des dizaines de touristes, à 15 kilomètres delà, dans la Vallée de la Cocora.
A 7h30, nous achetons les billets A/R (4 500COPX4) dans un petit kiosque.
A l'arrière de la jeep, les 6 sièges en bois sont tous occupés. En compagnie d'Arnaud, un Audois, je vais rester debout à l'extérieur, sur le marchepied. Idéal pour la vue... Mais seulement s'il fait beau !
Les jeeps ne sont pas de première jeunesse, ce sont d'antiques willys de l'armée américaine. Il faut bien s'accrocher aux ferrailles du toit, pendant les 30 minutes du trajet avant d'atteindre le Parc Naturel National Los Nevados.
Le conducteur nous dépose sur un terre-plein herbeux, entre des cabanes de restauration, de vente de babioles et un emplacement avec des chevaux et des guides.
Immédiatement, nous avons les yeux rivés sur les palmiers. Distants de quelques centaines de mètres, ils sont visibles depuis le parc de stationnement. Les palmiers de cire de Quindio sont devenus depuis 1985 le symbole national de la Colombie.
Au départ, un ruisseau sépare les deux accès à la vallée. À ce niveau, il y a deux possibilités pour effectuer la "rando".
- À gauche, un chemin empierré passe par le Bosque de las Palmas. Des marcheurs se contentent de ce point de vue.
En continuant pendant quelques minutes, le chemin passe à un premier mirador, on peut toucher les grands arbres. Encore un petit effort et on arrive à un deuxième mirador, dans la forêt de palmiers.
La promenade de presque 5 kilomètres aller et retour est conseillée pour les personnes qui ont des difficultés à se déplacer, aux jeunes enfants ou à ceux qui sont pressés par le temps.
- A droite, un sentier longe une petite rivière. Ce n'est plus une promenade, mais une randonnée avec quelques difficultés. Elle offre des vues dégagées sur les palmiers à cire et des passages dans la forêt.
La randonnée complète fait une boucle de 12 kilomètres, pour un dénivelé de 550 mètres.
Nous nous engageons dans celui-ci en compagnie d'Arnaud.
La météo agréable de ces derniers jours favorise les déplacements. Le sentier est sec. Dans la vallée, la pente est douce, nous traversons des prairies sauvages.
Les palmiers à cire nous entourent, les plus anciens sont centenaires... Les plus hauts atteignent 60 mètres.
Contrairement à la plupart des espèces de palmiers, à 2 350 mètres d'altitude, ceux de la Vallée supportent le froid, la pluie et la brume.
Dans une cabane, au niveau de la finca El Portón, un gardien nous demande à chacun 6 000COP (1,5€). Il nous donne un bracelet en papier pour justifier notre passage, nous devons le mettre autour du poignet.
Les superbes paysages tant de fois vus dans les magazines où les reportages se dévoilent devant nous !
Une heure de marche déjà, la partie la plus facile est derrière nous, maintenant les paysages et l'ambiance sont différents.
Sous un épais couvert végétal luxuriant, la randonnée dans la forêt est plus ardue. Nous nous engageons dans l'enchevêtrement d'une jungle d'arbres immenses et de plantes opulentes. Le sentier grimpe timidement... mais ça grimpe !
Le raidillon borde le torrent, tantôt à droite, tantôt à gauche, nous le traversons en tout 7 fois.
Nous poursuivons notre progression sur des passerelles-ponts à l'équilibre instable. Un passage aérien demande plus d'attention, il faut avancer prudemment sur trois étroits troncs d'arbres, reliés par un simple cordage.
Sensations fortes garanties pendant un court instant !
La forêt dégage parfois des parfums inconnus, on reconnaît plus facilement l'odeur d'humus et de feuilles mortes. La végétation dense nous encercle. Souvent, elle nous fait une haie d'honneur, nous marchons entre deux murs d'arbres gigantesques...
A une patte d'oie, nous prenons le sentier qui mène à Acaime, la Maison des Colibris. Un panneau indique la direction à prendre, 1 kilomètre seulement à parcourir.
En haut d'un escalier qui mène à la maison, nous réglons le prix d'entrée, 30 000COP pour nous deux. Un chocolat chaud est offert.
Depuis une terrasse couverte, où en se promenant sur un petit sentier, on peut observer une multitude de colibris qui viennent prendre un peu d'énergie dans des abreuvoirs remplis d'eau sucrée.
Si près de ce minuscule oiseau-mouche, il est possible de "décomposer" son vol, très vif, très rapide et bourdonnant.
L'oiseau est capable de battre les ailes de haut en bas, mais aussi de bas en haut, ce qui lui permet de voler en arrière... Il fait aussi du vol stationnaire ou en rotation.
C'est fascinant de le voir évoluer. Prendre et réussir une photo demande de la patience et de l'adresse... surtout énormément de patience... un vrai défi !
Nous quittons la maison des colibris. Nous nous élevons dans une forêt inextricable, dans le premier sentier qui se présente, immédiatement à droite.
Ça monte sans cesse, nous discutons de nos précédents périples avec Arnaud. Nous sommes persuadés d'être dans la direction de la Finca la Montana. Nous fonçons instinctivement tête baissée !
Nous rencontrons seulement deux marcheurs bien équipés et deux autres, au style très décontracté. On se pose des questions sur nos intuitions... bonnes ou mauvaises !
Nous reprenons l'ascension qui devient très raide. Le chemin taillé dans la roche, domine des gouffres profonds. Entre les trouées de la végétation, des nappes de brouillard s'élèvent vers le ciel nuageux.
Le sentier est de plus en plus boueux avec de grandes ornières. Il devient aussi de plus en plus difficile avec des portions très abruptes. La marche est exigeante, nous avançons à pas de fourmi en évitant les embuches du terrain. Nous savons que nous ne sommes pas perdus, nous espérons seulement trouver un indice pour faire le point.
Après 1h30 de marche intensive, un panneau est accroché sur un arbre. On lit avec stupeur l'altitude... 3 140 mètres ! Nous sommes sur le sentier qui mène à Estrella de Agua, la maison des gardes forestiers du Parc.
La Vallée de la Cocora est à 6.7 kilomètres... mais derrière nous !
La descente est technique, chaque pas est calculé, surtout ne pas quitter des yeux les racines et les roches qui pourraient provoquer la chute ou une entorse.
Nous rencontrons une jeune Argentine, elle aussi est un peu perdue... Nous faisons le point sur son téléphone. L'application confirme notre direction à prendre.
Nous repassons devant Acaime. Quelques minutes plus tard, nous bifurquons dans le sentier qui grimpe à la Finca Montana.
Notre randonnée s'est rallongée de 5 kilomètres. Et dire que nous aussi, nous avons l'application Maps.me...
A la sortie de la forêt, nous progressons lentement sur une pente, la montée intense, mais courte. La végétation est totalement différente, les abords de la finca sont champêtres, bien fleuris. Je repère un superbe colibri avec une longue queue bleue et d'autres oiseaux aux multiples couleurs.
Nous sommes au sommet, terminé les efforts. Tout le long de la pente douce, le sentier est large, bien entretenu.
Dans une cabane, un gardien nous demande 10 000COP chacun. Nous sommes surpris, mais on s'acquitte de cette somme, mais avec méfiance.
Sous nos yeux, à perte de vue, les palmiers à cire dressent leurs troncs vers le ciel. J'ai la chance, grâce au zoom de mon appareil, de capturer la photo d'un perroquet à oreilles jaunes, au sommet d'un palmier.
Impossible de compter les nombreux arrêts photos !
Nous passons devant le 1er mirador... photos photos. Au 2ème mirador... photos photos ! Le paysage est unique et emblématique de la Colombie. Jadis, les arbres ont été utilisés pour extraire la cire de leur écorce qui servait pour fabriquer les bougies. Aujourd'hui, malheureusement, les palmiers sont menacés d'extinction. La déforestation, et les zones de pâturage limitent la reproduction. Les graines qui tombent sur le sol sont, soit mangées par le bétail, soit brûlées par le soleil.
Dans les prairies verdoyantes où paissent des chevaux, la cîme des arbres culminent à 70 mètres de hauteur. En cette fin de journée, la chance est avec nous. Tout doucement, la brume envahit la vallée. Nous passons de longues minutes dans le silence à contempler ce décor surprenant, aux dégradés de vert insoupçonnés... Au parc de stationnement, les places pour grimper dans les jeeps sont chères. Enfin, après de longues minutes d'attente, notre tour arrive.
Avec Arnaud, nous squattons encore le marchepied, mais le soir, ce n'est pas le bon plan, il fait frais à 2 000 mètres d'altitude... Surtout avec une petite pluie fine qui fouette le visage !
Dans un bar de la Plaza Mayor, nous partageons un moment autour d'un verre de bière avec Arnaud, Florencia et une amie Argentine. Nous faisons le récapitulatif de la randonnée... Quinze kilomètres environ pour 7h de marche.
La conversation se prolonge sur les voyages et les actualités mondiales. Un moment agréable et convivial.
Avec Arnaud, on se donne rendez-vous pour visiter une Finca (domaine agricole) de café, demain matin.
Samedi 25 février 2023
Le contact par skype avec les enfants demande toute une organisation, surtout quand l'un est en France et l'autre à Montréal au Canada. Ce matin, c'est à 6h !
Pas de souci de réveil pour être, à 8h, installés devant un café, à la terrasse d'un bar sur la Plaza Mayor.
Plusieurs exploitations de café sont implantées dans les environs de Salento. Celle de Don Elias, très proche, est accessible à pied.
Arnaud doit prendre un bus pour Arménia à 13h, nous avons largement le temps.
À chaque pas, nous trouvons notre bonheur dans les ruelles pavées. En s'écartant de la ville, on découvre une ambiance paisible et authentique.
Le chemin caillouteux descend gentiment pendant 4 kilomètres. Autour de nous, dans des petites exploitations, les caféiers poussent, sous des bananiers, à l'abri des rayons du soleil.
Une commerçante a installé un stand de jus de fruit frais. Le panorama est fantastique sur les massifs et la vallée. Quel décor pour se désaltérer avec un "cocktail" vitaminé !
La Finca Don Elias est une entreprise familiale de taille modeste, les responsables pratiquent une culture volontairement biologique.
L'accueil est bon enfant, nous réglons le prix de la visite, 50 000COP pour nous deux.
Nous complétons un groupe de 4 personnes qui vient de débuter la visite avec les explications données par un jeune employé. Celui-ci jongle parfaitement entre l'espagnol et l'anglais pour satisfaire les touristes.
Les caféiers ont besoin de fraîcheur et d'humidité, ils trouvent des alliés de choix avec les bananiers. Les plantations de citronniers et d'orangers à proximité attirent les insectes nuisibles, loin des arbustes.
La Finca cultive la variété arabica. Chaque pied produit entre 1 et 3 kilogrammes. La balade est agréable dans les allées, les fleurs blanches des arbustes dégagent un délicat parfum de jasmin.
Don Élias assure toutes les étapes de la fabrication du café :
. La cueillette des cerises oranges/rouges puis l'extraction de deux grains de café, après une fermentation dans l'eau. Les enveloppes inutiles serviront de compost.
. Vient ensuite le temps de séchage des grains.
. La torréfaction suit, c'est une étape importante pour la qualité des arômes recherchés.
. Dernière étape, les grains de café torréfiés sont moulus.
. La phase de la mouture est essentielle et doit correspondre à la qualité recherchée par l'exploitant.
La finca est une toute petite exploitation. 1 hectare de caféiers. 5.000 pieds qui produisent 2 tonnes dans l'année. L'activité est intense d'avril à mai et d'octobre à décembre, lors de la récolte des cerises. À la fin de la visite, le jeune guide fait une démonstration de la préparation du "breuvage"... Tout un art !
Quelques paquets de café vont alourdir un sac...
Au portail du domaine, nous avons de la chance, le conducteur d'une jeep (3 000COP/p) qui assure des navettes dans les différentes exploitations passe à l'instant, nous grimpons à l'arrière pour rejoindre Salento.
Arnaud est rassuré, il aura son bus cet après-midi.
Avec les maisons multicolores, les ruelles des villages de Colombie ont une touche architecturale unique, la couleur est partout... Une façade violette et des volets verts. À deux pas, le propriétaire de la maison voisine assume le rose qui tranche avec le mauve... Flâner dans Salento, c'est la garantie d'une explosion de couleurs !
Qu'il est bon de se "perdre" dans les rues pour profiter pleinement de cet amalgame de coloris. La ville, comme de nombreuses dans le pays, à son mirador. Pour atteindre le belvédère Alto de la Cruz, il faut grimper 200 marches environ.
De là-haut, nous avons une vue panoramique sur la ville et les montagnes du Parc Nevado.
Le samedi, c'est jour de marché dans la très commerçante calle 6. La rue est dénommée calle Real par les salentinos.
Les vendeurs ambulants ont investi la chaussée pavée. Les touristes et les locaux se pressent dans les boutiques de souvenirs, les restaurants et les cafés-billard.
Dans un restaurant, la spécialité est l'incontournable trucha (truite). On la sert à toutes les sauces ! frite, grillée ou au four. Nous, on choisit la version cuite au four, avec une sauce au lait, aux champignons et au fromage.
On se régale... Un jus de Mora l'accompagne, le fruit est une sorte de framboise. 50 000COP (10€) pour nous deux !
Sur les bancs publics, les hommes, coiffés de chapeaux de cowboy, entre deux "tintos", discutent en prenant le temps.
Autre grande passion des habitants, ce sont les "mascotas". Les animaux de compagnie font partie de la famille et les chiens sont les préférés.
Dans les rues des grandes villes, il n'est pas rare de croiser des promeneurs professionnels baladant une meute de chiens de diverses races et tailles.
Tous les chiens ne sont pas aussi dociles, le duo formé avec un agent de sécurité est bien plus impressionnant et dissuasif.
Le marché des accessoires et des soins (vétérinaire) est énorme. Par curiosité nous entrons dans un magasin spécialisé. Il regorge des paquets de croquettes et plus surprenant, de nombreux produits pour leur bien-être... Des vêtements, des chapeaux et des lunettes !
Dimanche 26 février 2023
Petit-déjeuner dans la boulangerie, nous y avons nos habitudes maintenant...
Aujourd'hui, nous allons découvrir Filandia une petite bourgade de 10 000 habitants, à 20 kilomètres de Salento. Moins populaire, en dehors du chemin touristique, c'est un village qui vit au rythme des saisons du café. Les fincas sont les plus actives d'avril à mai et d'octobre à décembre.
Nous achetons les billets (16 000COP/2)au guichet des jeeps, sur la Plaza Mayor. Le prochain départ est à 12h10.
La météo est estivale, idéale pour flâner tranquillement une nouvelle fois dans les rues.
Le clocher est la "vigie" de Salento, visible depuis plusieurs coins, il est un bon repère. L'intérieur de l'église est à l'image de la façade, austère et simple.
Le foot est une religion dans le pays, mais le cyclisme a de nombreux adeptes. Les Colombiens adorent le vélo, les exploits des coureurs nationaux, experts reconnus dans les étapes de montagne des grands Tours, tel celui de France, ont suscité des vocations. Régulièrement, sur les routes du pays on croise des petits pelotons.
Toutes les rues ont un petit air de décor de cinéma. A chaque croisement, on reste admiratif.
Le voyage en Colombie, que ce soit dans les marchés ou dans la rue, a révélé notre méconnaissance de certains fruits exotiques.
Couleur inconnue et parfum insoupçonné de certaines variétés :
La Granadilla (fruit de la passion) si doux et aromatique.
La Tomate de Arbol sa chair est utilisée en gelée, en confiture ou crue.
Le lulo (vert, rouge, jaune, blanc, rond ou ovale) il est délicieux en jus.
Le Guanabana, un grand fruit vert, lui aussi un régal en jus.
La Pitaya jaune, notre fruit préféré.
L'avocat tropical, il peut atteindre 800 grammes. Généreux, savoureux et crémeux à souhait... Un régal...
Nous nous rafraichissons avec un simple jus d'orange, mais qu'est-ce que c'est bon !
À midi nous sommes au point de départ des jeeps, le conducteur prend la direction de Filandia.
Le trajet est rapide, la route sinue dans une région de petites collines. Filandia est en plein cœur de la "El Eje Cafetero", le Triangle du café, qui regroupe trois grands départements : Caldas (Manizales), Risaralda (Pereira) et Quindío (Armenia). Les paysages ont été inscrits au patrimoine Mondial de l'Unesco en 2011, sous le nom de Paysage Culturel Cafetero.
L'escapade va être courte, le centre historique de ce grand village englobe seulement 4 ou 5 quadras (blocs de rues).
Le conducteur nous stoppe à la station dédiée aux jeeps, au Parque Central.
L'église María Inmaculada est l'objet de tous les regards, ses hautes coupoles dominent les abords du Parc Bolivar.
Sa construction est un mélange de bahareque et de mur de pisé (torchis de cannes tressées et d'adobe) un des rares exemples au monde. La façade bleue et blanche donne de la prestance à l'édifice. A l'intérieur, quoi penser des plafonds aux motifs géométriques et graphiques en bois... Trop beau !
Pas besoin de plan pour flâner dans les rues pavées. On ne se lasse jamais devant les façades des maisons coloniales aux couleurs généreuses et aux balcons en bois. Bleu, vert, jaune, mauve, rouge...
La ville est un trésor architectural, insolite par l'amalgame des couleurs parfois, mais il est impossible de rester indifférent.
La vannerie est un artisanat reconnu dans la ville. Les ruelles ne sont qu'étalages de souvenirs pour les touristes ou accessoires utiles pour les autres. Ils débordent des devantures des boutiques.
On se fait plaisir dans un des nombreux restaurants du centre. Le service à table du personnel est très soigné. Dans les assiettes, un ceviche et des calamars pour 70 000COP. Excellent !
Filandia, comme toutes les villes de Colombie à son mirador. Ici, il est au fond d'une rue sans issue. Nous avons un aperçu à 180° d'un panorama verdoyant, resté intact. Entre collines et vallées, dans ces reliefs doux, des hameaux se succèdent à perte de vue.
La vue de la campagne s'apparente à un décor de carte postale.
Filandia a des airs de Salento par ses couleurs, mais l'ambiance est plus reposante, peut-être parce qu'on y croise beaucoup moins de touristes étrangers.
La population profite de la fin d'après-midi pour discuter sur les bancs du parc ou assis sur le parvis de l'église. Quelle tranquillité !
Nous prenons la jeep de 17h pour rentrer. Le long de la route, le soleil qui décline, illumine les forêts... Trop beau.
À Salento, un salon de coiffure est ouvert, ma coiffure mérite une petite coupe. Pour 35 000COP (7€), un jeune réfugié vénézuélien me fait un rafraîchissement.
C'est une opportunité unique pour nous de connaître les problèmes politiques et les conditions socio-économiques dans son pays.
Depuis le début du voyage en Colombie, dans toutes les régions, sur le bas-côté des routes, nous avons croisé des familles entières de réfugiés. Ils vont chercher une vie meilleure dans les pays voisins.
Lui, il espère réussir une des deux possibilités qu'il envisage : partir aux États-Unis, ou alors, gagner suffisamment d'argent ici, pour ouvrir un commerce au Venezuela. Nous lui souhaitons le meilleur...
On termine la balade, les magasins sont fermés, les rues désertes... Demain, direction Cali !
Lundi 27 février 2023
La météo est resplendissante ce matin. Si les jeeps transportent déjà les premiers passagers vers la Vallée de la Cocora, un campesino (paysan) accompagné de son cheval passe dans la rue. Celui-ci n'est pas utilisé pour la balade, il est harnaché pour le travail. Loisir des uns et boulot pour l'autre ... Confusion des mondes !
Sac sur le dos, on se dirige vers la panaderia pour le petit déjeuner.
Le ventre rassasié, nous descendons la rue principale vers la gare routière. Des bus démarrent toutes les 20 minutes pour la ville d'Arménia.
Je dépose les sacs dans la soute d'un bus, Denise achète les billets... Tout va très vite dans une station ; sur la route c'est autre chose, nous mettons 1h pour faire les 25 kilomètres de trajet...
Armenia est la capitale du Quindio, c'est la plaque tournante pour les transports. Dans un des nombreux guichets du terminal, on achète les billets (70 000COP/2) pour Cali.
Après une dizaine de kilomètres, nous laissons les sommets et les plantations de bananiers de la Cordillère sur notre gauche.
Dans la plaine fertile, d'immenses plantations de canne à sucre font la richesse des grands propriétaires. Dans le bus, pas de climatisation, malgré les fenêtres ouvertes, la chaleur est étouffante.
Enfin, vers 14h, le conducteur stoppe son véhicule au terminal, à 15 minutes du centre.
On s'installe dans un taxi (10 600COP) pour rejoindre notre hôtel, l'Edificio El Carmen dans le Quartier San Antonio. Impossible de le rater avec sa décoration murale métallique mauve.
Cali est la capitale du département de Valle del Cauca. La ville est mondialement connue pour la danse et particulièrement la salsa.
Nous, nous sommes venus pour découvrir le patrimoine architectural de son centre historique et des quartiers voisins. Mais en cette fin d'après-midi, on s'accorde une petite pause... Et la fraicheur de la climatisation.
Mardi 28 février 2023
Nous prenons notre petit déjeuner à la panaderia Quinta, au pied de notre logement.
Peu désireux de crapahuter au milieu de la circulation, il suffit de traverser la très fréquentée "Quinta", (Calle 5), la grande rue qui traverse le centre-ville. Nous retrouvons par enchantement, le calme et la tranquillité des petites rues du quartier San Antonio. Ce "barrio" est le cœur du passé colonial de Cali.
Ce n'est pas la tranquillité de Salento ou Filandia, loin de là, mais quel plaisir de flâner en découvrant des maisons à l'architecture préservée.
Chaque rue abrite des boutiques d'artisanats, des bars et des restaurants. Les œuvres du street art foisonnent sur les murs et les façades... Les artistes se sont régalés...
J'ai troqué mes grosses chaussures de trekking pour des baskets plus confortables. La chaussée de ce quartier est pavée de cailloux plats disjoints. C'est beau, mais on ne fait que monter et descendre, dans le dédale de rues, qui s'étale sur les pentes d'une colline. Après pas mal d'effort, nous arrivons au Parque... San Antonio !
Tout au sommet du tertre, la Capilla San Antonio est pittoresque dans son style architectural. Les portes sont fermées, comme les caleños (nom des habitants), pour apprécier à sa juste valeur la vue sur la mégapole, on se dirige vers le belvédère. Grandiose...
La marche pourrait devenir sportive sans une certaine retenue. Ça monte... ça descend... on emprunte une rue à droite qui nous mène à la Parroquia San Cayetano. Ici aussi, le point de vue sur Cali est saisissant.
Changement de quartier dans l'après-midi. Pour trouver des traces du passé colonial, il faut traverser la "Quinta" et se perdre dans les rues populaires du centre historique.
Le Quartier de San Antonio à deux visages très différents.
Nous ne croisons plus de touristes étrangers. Cali n'est pas un centre d'attraction comme Medellín ou Bogotá.
La ville, plus pauvre que les autres grandes métropoles, souffre peut-être de sa mauvaise réputation en matière de sécurité.
C'est vrai, les trottoirs ne sont pas propres, mais pas plus que ses "sœurs".
Les Colombiens sont des joueurs invétérés des jeux de hasard. Au coin des rues ou sous des abris, les loteros "vendeurs de billets de loterie" sont nombreux à proposer des grilles. Être millionnaire en pesos doit faire rêver !
Vadrouiller dans les rues permet aussi de se mélanger à une population accueillante et enthousiaste. Il faut se faufiler entre les petits commerces qui animent les rues. Les vendeurs, malgré les heures passées sur les trottoirs, du lever au coucher de soleil, gagnent juste de quoi se nourrir.
Demain on reviendra et toujours au même endroit, on les retrouvera, car la population ne pourrait pas se passer d'eux.
Mercredi 1er mars 2023
Il est seulement 8h, la chaleur est déjà insupportable. Le ressenti est accentué par la forte humidité. Pour grappiller un peu de fraîcheur, nous marchons en rasant les murs, à l'abri du soleil.
Après quelques mètres dans la rue, j'ai la sueur qui dégouline par tous les pores.
Nous allons visiter et approfondir le quartier du centre historique, à seulement quelques centaines de mètres de notre logement.
Petit déj dans un resto populaire... Pas top l'adresse, nous espérons seulement de ne pas être dérangé dans la journée !
De toute façon, c'est trop tard ! Nous prenons la direction de la carrera 4...
La ville est fortement touchée par la pauvreté, des sans domicile dorment allongés sur les trottoirs ou contre les encoignures des magasins. C'est la première fois depuis le début du voyage que l'on en voit autant. Ils ne demandent rien, mais nous sommes dans la gêne et l'embarras.
A chaque détour de rue, c'est une explosion de couleurs sur les murs. À même la brique, on découvre des tags ironiques ou des fresques immenses. Les artistes mettent en scène, les problèmes quotidiens et les inégalités dans le pays.
Une vraie attraction touristique !
Dans ce quartier, des bâtiments modernes et fonctionnels ont remplacé les édifices anciens.
L'église de la Merced reste l'exemple des bâtiments coloniaux préservés. Elle est la plus ancienne église de Cali.
Quel contraste spectaculaire entre le moderne et le passé. Il est encore tôt, les portes de l'église et du musée adjacent sont fermées.
Explorer une ville en mode piéton ne donne que des avantages. C'est l'occasion de découvrir des endroits inconnus, de nouvelles cultures et de rencontrer de nouvelles personnes.
La Casa Arzobispal est à deux pas. C'est le siège de l'archevêché, on y pénètre après avoir demandé poliment l'autorisation à un gardien. On découvre un patio merveilleusement végétalisé, quel contraste avec la façade austère de cet édifice. C'est une véritable oasis, à l'abri de la fournaise...
Nous déambulons à la vitesse d'un escargot, toujours dans le même cuadra (bloc). La façade du Théâtre Municipal Enrique Buenaventura est un régal pour les yeux.
Sa couleur jaune poussin est en opposition complète avec la façade voisine de la Casa Proartes, de couleur rouge brique.
Dommage, les portes de ces édifices majestueux sont closes le matin.
Deux rues plus loin, la chance nous sourit. Un gardien de la banque Centrale nous invite à y entrer. Le bâtiment, d'aspect très moderne abrite au 1er étage, le Musée de l'Or Calima. Il est ouvert de du mardi au vendredi de 9h à 17h.
L'entrée est gratuite, Le gardien nous invite à placer notre sac dans un casier fermé. Dans une salle sont exposés des bijoux en or, des poteries, des céramiques, des os et des coquillages des cultures préhispaniques Ilama et Yotoco y Sonso établies dans la zone archéologique connue sous le nom de Calima..
Des photos expliquant l'histoire des peuples indigènes, complètent parfaitement toutes ces périodes. C'est une petite salle d'exposition, agréable et enrichissante.
Dehors, nous retrouvons la chaleur qui commence à devenir pénible.
Nous marchons allègrement, le décor est très changeant, l'habitat est très disparate. Nous déambulons dans une rue ombragée, sous le couvert du feuillage des "arbres de pluie", puis, deux minutes plus loin nous traversons des friches déshéritées.
Dans le pays, la cuisine de la rue est sacrée. À toute heure, pour un petit en-cas, les tamales (pâte de maïs remplis de viande de porc ou de poulet et un œuf à la coque)et les arepas (galette de maïs avec du fromage à l'intérieur) en sont les incontournables.
L'agitation humaine, la multitude de couleurs, les bruits et les odeurs de la rue nous emportent. Il ne faut pas oublier les jus de fruits frais qui font partie de la gastronomie. La Colombie est le paradis des fruits exotiques !
Les étals de restauration sont primordiaux pour les caleños... Pour notre gourmandise aussi !
La pâtisserie Colombienne est... une farandole de couleurs. Tout pâtissier qui se respecte propose des gâteaux de cérémonie ! vert fluo, vert menthe, bleu ciel, jaune poussin et une petite combinaison de violet et de rose fluo. Les amateurs de gâteaux adorent les couleurs "flashy"... Les vitrines sont prometteuses, elles évoquent la gaieté à défaut de la gourmandise.
Les bancs de la vaste Plaza San Francisco sont une opportunité pour se reposer, loin de l'agitation et du flot incessant des badauds dans les rues.
Ses abords sont entourés par des bâtiments modernes et des bureaux du gouvernement d'un côté. En face, par la Cathédrale San Francisco.
S'assoir à l'ombre des arbres, et regarder vivre la population en prenant son temps, quelle chance...
Nous voilà en plein centre-ville, sur la magnifique Plaza de Caicedo. Haut lieu des édifices religieux, politiques, financiers et commerciaux.
La couleur blanche de la façade de la Cathédral Metropolina San-Pedro-Apostól fait face aux palmiers filiformes du parc.
En tournant la tête, l'imposant Palais Gouvernemental de style néoclassique est entouré par des immeubles de style qui abritent des banques... de nombreuses banques !
Ce petit quartier est révélateur du gouffre qui existe entre la richesse, l'opulence... et la pauvreté.
L'étroite calle 12 est charmante. Sous les palmiers, elle est colonisée par les lustrabotas "les cireurs de chaussures", les vendeurs de bouquins, les terrasses des bars et les étals des commerces. Elle mérite un petit arrêt pour "fouiner" dans les boutiques de souvenirs.
Au bout de la ruelle, nous arrivons au Parque de los Poetas. Le petit parc est étonnant par son calme.
Besoin de l'aide d'un écrivain public pour rédiger une lettre ? Il faut se rendre ici... sous des parasols, des "èscribadores" ont installé d'antiques machines à écrire !
À l'angle des calles 1 et 13, blottie au milieu de bâtisses sans charme, la jolie et insolite église gothique La Ermita est de construction récente (1942). Sa belle architecture et sa couleur bleutée en fait un symbole religieux de la ville... Quel cachet !
Le centre historique est à taille humaine, on peut l'explorer facilement.
Arpenter les rues vers les endroits connus, mais plus éloignés, va demander un peu plus d'efforts. Heureusement, sur un panneau de l'O.T, le sentier longe la rivière... à l'ombre !
Nous traversons le Rio Cali en passant sur le Pont Ortiz. L'ouvrage compte 4 arches. Entièrement piétonnier, il relie le centre-ville au Parque Simon Bolivar.
A l'ombre des arbres, on se rafraichit avec un jus d'orange frais. Un de plus !
Nous longeons pendant un court instant la très roulante Avenida 2 Norte.
Le plan d'urbanisation a modifié le visage de la capitale de région. Face à l'importance des moyens de déplacements, la création de grands axes routiers a été rendu obligatoire, même en plein centre-ville.
La Plazoleta Jairo Varela est dominée par la construction de bâtiments modernes qui ont remplacé les édifices anciens.
Ce petit square rend hommage à Jairo Varela, un grand nom de la salsa... une surprenante "sculpture musicale" représente des trombones et des trompettes.
En passant sous les pavillons de l'œuvre d'art, on peut entendre un air connu de salsa !
L'art urbain est présent sur l'Avenida 2. De grandes fresques habillent des murs, on peut y lire des messages.
Une fresque en particulier s'adresse à la jeunesse du pays ; "si vous ne prenez pas la direction de votre propre pays, personne ne viendra vous sauver". Un cri de rage et d'espoir pour le futur de la jeunesse.
Le long du Rio Cali, dans le Quartier El Penon, nous arrivons dans un lieu incontournable de la ville.
Une statue moderne en bronze représente El Gato del Rio "Le Chat de la Rivière".
Dans le sentier ombragé, une quinzaine de statues représentent des chats. Chacune, raconte une histoire selon la personnalité qu'a voulue lui donner un artiste... une véritable allégorie.
Plus surprenant, dans la calle 4a Oeste. On reste perplexe devant une statue romaine appelée Cuadriga Romana. C'est un monument commandé par une personnalité locale pour rendre hommage aux progrès réalisés à Cali dans les années 1920... très insolite.
Il est 15h, nous marchons depuis 7h, la promenade nous a creusé l'estomac. On s'assoit à la table d'un resto français. Poulet/pâtes et timbale de crudités accompagnée d'une bière fraiche... très bon, très simple et service impeccable.
Nous en avons encore "sous la semelle". Nous avons le temps et simplement l'envie de marcher.
La Plaza San Francisco n'est pas très loin. Elle est bien animée en ce début de soirée. Les enfants nourrissent les pigeons, les vendeurs de glaces interpellent les gens sur les bancs. Il y souffle un air de village.
Un vendeur d'un jeu de patience nous donne des informations sur l'histoire de la cathédrale.Il est sympa et jovial, on lui achète un gadget de sa fabrication. Sur le chemin du retour à l'hôtel, on s'offre un petit plaisir gustatif et surtout rafraîchissant.
La nuit tombe, nous retrouvons le bien-être de la chambre... et le rangement des sacs. Demain nous partons dans la ville de Popayan. Elle se situe dans la Région de Cauca.
Jeudi 2 mars 2023
Temps pluvieux sur Cali. La pluie est tombée sans discontinuer cette nuit. Lorsque nous grimpons dans un taxi (9 000COP) pour aller au terminal des bus, le soleil fait une timide apparition, la température est agréable.
Nous achetons des billets (50 000COP/2) pour Popayan au guichet d'une compagnie de bus locale.
Dès le départ, le conducteur roule à petite vitesse, aux intersections des rues, son aide, descend rapidement à la recherche de clients. Le trajet va être long... très long.
Pour un voyageur curieux, il n'y a pas de moment d'ennui. Ça peut être la lecture d'un roman, planifier la suite du voyage, ou capturer visuellement le mode de vie dans le pays.
À l'allure que nous impose notre conducteur, nous arrivons à tout réaliser.
Denise à son bouquin... moi, j'ai étalé la carte de la Colombie sur mes genoux.
Si on veut grignoter un "bout", il suffit de tendre la main par la fenêtre à un vendeur, ou plus facile, choisir directement dans le panier du vendeur qui a réussi à grimper dans le véhicule.
Mais le plus intéressant est de regarder vivre les locaux. Dans la banlieue, l'insécurité semble régner encore. Les commerces sont munis de solides barreaux en ferronnerie. Les grilles et les portails offrent des garanties de protection face à la précarité.
Même bariolés de couleurs vives, de nombreuses bicoques, protégées par des cadenas sont souvent frustres. Pas facile de vivre au milieu de la pauvreté...
Une autre particularité, c'est la présence des voitures françaises et surtout la marque Renault. Elle se classe deuxième sur le marché colombien, derrière le constructeur américain Chevrolet.
En 1969, les dirigeants de la marque au losange ont implanté une usine à Medellín. La 4L, la R6 et d'autres anciens tacots sont encore présents dans les campagnes. À l'heure actuelle, ce sont les nouveaux modèles qui inondent les routes du pays.
La route nous offre des paysages pittoresques à travers les champs de canne à sucre, d'ananas et des rizières.
Sur les routes de la Colombie, nous doublons un défilé continu de familles de migrants vénézuéliens. Valise ou sac à la main, accompagnés d'enfants, parfois des bébés assis dans des caddies de supermarché ou des chariots rafistolés. Chassés par l'insécurité la crise économique et la répression politique, ils fuient à pied leur pays.
Ils marchent sur les routes de la Colombie, pour rejoindre l'Équateur, le Pérou ou le Chili, dans l'espoir d'une vie meilleure. L'exode n'est pas facile, ils sont soit aidés ou chassés par la population qui se sent envahie par les immigrés...
Une autre remarque au sujet de la vie locale est l'emploi informel et précaire qui gravite dans le domaine des transports.
Ce pourrait être le "contrôleur", qui dans une station routière reçoit une pièce, donnée par le conducteur. Un "aboyeur" qui recherche des passagers sur le trottoir, à nouveau, une pièce est distribuée.
Tous les gars sont jeunes et très nombreux. Suite à quelques échanges verbaux entre eux, les plus costauds sont toujours les gagnants !
Toujours sur les abords des gares routières, cœurs battants des villes, les pilotes de motos-taxi se rassemblent dans des endroits stratégiques. Assis ensemble ou bavardant, ils se disputent les clients avec fougue...
À l'approche du terme du parcours, nous sommes retardés par les inévitables arrêts pour cause de travaux. Nous avons pris de l'altitude, la végétation est différente. Quelques petites plantations de café dévalent les pentes des collines. Le café de la Région de Cauca est réputé.
Les produits de l'artisanat du "coin" sont étalés. Sacs, paniers, vêtements... Un savoir-faire à l'image du pays : diversifié et coloré.
Voilà... Les 5h de trajet sont passées... pourtant, seulement 140 kilomètres séparent Cali de Popayan... !
A 14h, enfin, depuis le terminal des bus, nous grimpons dans un taxi (9 000COP) pour rejoindre l'hôtel Pakande, en plein centre-ville.
L'accueil du propriétaire est excellent, il nous donne "mille renseignements" sur la région.
Après avoir pris possession de la chambre, nous allons déjeuner et visiter le centre-ville.
Capitale de la Région de Cauca, Popayán se situe à 1750 mètres d'altitude. La ville est un centre économique et culturel important du pays. Le charme de l'architecture coloniale de ses édifices fait d'elle une destination touristique incontournable.
Pour découvrir son centre historique... et les endroits moins connus, nous enfilons nos chaussures les plus confortables.
La cité porte à merveille son nom de "Ciudad Blanca".
L'origine des murs blancs date du 19ème siècle. Un récit oral raconte que ça proviendrait d'un "remède" trouvé par les responsables à l'époque ; blanchir les murs à la chaux pour lutter et éradiquer une maladie provoquée par une puce tropicale...
La tradition perdure, les murs de la ville sont régulièrement repeints en blanc.
Popayán est paraît-il la ville aux "mille églises".
En sortant de notre hôtel, le premier édifice que l'on rencontre est l'Iglesia San Agustin. Elle a subi d'importants dégâts provoqués par des séismes depuis sa construction, à la fin du XVIIème siècle. Pas de visite, ses portes sont fermées.
Nous poursuivons notre flânerie dans la calle 6 pour arriver au Parque Caldas, le centre de la vieille ville.
Le lieu est très touristique, c'est ici que se retrouve la population en fin de journée, pour manger et discuter.
La place est ombragée, il est difficile de trouver une place de libre sur un banc. Tout autour, les rues piétonnières sont bordées par la magnificence des façades blanches des habitations somptueuses... comme par hasard... la majorité sont des banques !
Les processions durant la semaine sainte sont célèbres dans le pays, elles sont classées par l'Unesco. Des touristes du monde entier viennent à cette occasion.
La ville possède un grand nombre d'édifices religieux, explorer les rues en levant les yeux est l'occasion d'apercevoir les nombreux clochers.
La Cathédral Basilica of Our Lady of the Assumption, appelée plus simplement "Cathédrale de Popayán" est superbe.
Son imposante façade blanche est ornée de hautes colonnes surmontées de statues. Sa toiture est coiffée d'un coupole qui culmine à 40 mètres de hauteur.
A côté de ce chef d'œuvre de l'architecture gothique, à l'angle sud-ouest du parc, la Torre del Reloj (Tour de l'Horloge) date de 1682.
Surnommé le nez de Popayán, un tremblement de terre en 1983 l'a fortement endommagé. Le séisme a occasionné la mort de 300 personnes.
La façade baroque de l'Iglesia de Santo Domingo a subi elle aussi les affres des séismes de 1736 et celui plus récent de 1983. Son portail de pierre sculptée est remarquable.
Nous entrons dans les jardins de l'Université de droit et de sciences politiques qui partage un grand patio végétalisé avec l'église. Un joyau caché !
Nous tournons le dos à ses édifices importants. On remonte une ruelle pavée, à l'écart du centre-ville protégé, les artistes de street art ont apposé leurs signatures sur quelques murs.
Sur les hauteurs du quartier, le clocher de l'Iglesia de la Ermita domine le fouillis de petites maisons. Plus ancienne église de la ville, sa construction a démarré au début du XVIIème siècle. Comme la Torre del Reloj, le tremblement de terre de 1983 l'a endommagée.
De gros nuages sombres et menaçants planent au-dessus de nos têtes, mais pas de panique, on poursuit notre escapade urbaine vers les quartiers bas de la ville, là où coule le Rio Molino.
Le Puente del Humilladero "Pont des Humiliés" est une autre fierté architecturale et historique des Payanés. Le pont à 12 arches date de 1873. Son nom vient de l'effort que devaient produire les villageois pour gravir une pente, le dos lourdement chargé.
Face à nous, le Morro del Tulcán, la colline en forme de pyramide paraît proche... les nuages aussi. L'ascension, peut-être... mais un autre jour !
À un bloc du Parc Caldas, se trouve le Théâtre Guillermo Valencia. La particularité "saute" rapidement aux yeux des promeneurs... c'est le seul immeuble dont les façades ne sont pas blanches.
Le toit-terrasse est surmonté de huit sculptures représentant des muses.
Il faut accélérer le pas, les stratus cachent le soleil, l'orage menace. Impossible de compter les nuances de gris dans le ciel.
Traverser le Parc Caldas n'est pas une partie de plaisir, la pluie tombe de plus en plus drue. La chance est avec nous, les portes de la Cathédrale sont ouvertes...
Quelques minutes d'attente et une petite trouée de ciel bleu vient creuser les nuages. En pressant le pas, nous rentrons à l'hôtel.
Vendredi 3 mars 2023
Lors de la préparation du voyage, j'avais noté deux rendez-vous dans la région de Popayán : l'ascension du Volcan Purace et la visite du village de Silvia, le mardi, le jour du marché.
Le Purace. Pas de chance, le volcan s'est réveillé et les autorités pour l'instant ont pris la décision de fermer l'accès au Parc National.
Pour Silvia, nous allons y aller ce matin. Pas pour le marché, nous sommes un vendredi, mais pour rencontrer les habitants de la Communauté Misak.
Les rues sont pratiquement désertes lorsque l'on monte dans le taxi (5 000COP) pour aller au terminal des bus.
La journée débute avec quelques nuages bas et des brumes. A la sortie des virages qui zigzaguent sur les pentes de la région, on peut profiter des paysages des contreforts verdoyants de la Cordillère Centrale. Une heure et demie plus tard, le conducteur nous dépose au Parque Central de Silvia.
Quand nous descendons du bus, nous faisons un premier constat... pas de marché... pas de touristes !
Assis sur des bancs publics, des villageois et des indigènes de la Communauté Misak appelés Gambiano. Revêtus d'une tenue traditionnelle, les hommes discutent devant l'église. Ils ne descendent pas des montagnes que les mardis. Certains sont commerçants, d'autres viennent faire des achats ou, simplement pour se balader. Nous sommes dans le village pour rencontrer cette population et essayer de comprendre (brièvement) son histoire et ses coutumes.
Une boutique de cadeaux souvenirs est ouverte. Le propriétaire est bavard... nous aussi !
Le commerçant nous fait un bref, mais complet rappel sur l'histoire des Gambianos, et l'origine des tenues traditionnelles de sa communauté. Jadis, ils furent chassés par les Espagnols dans les montagnes de la Cordillère. Ils vivent entre 2.000 et 3.000 mètres d'altitude, dans le paramo (zone d'altitude entre les forêts et les neiges éternelles de la Cordillère des Andes).
Pour la majorité, ils sont agriculteurs et ils cultivent du maïs, de l'ail, des pommes de terre... D'autres sont artisans (tissage de la laine, travail du bois et des chapeaux).
Leur habillement est élégant, il sert à différencier les différentes communautés natives de la région. Les hommes sont revêtus d'une jupe bleu foncé profond qui leur couvre les jambes. Sur les épaules, ils portent un ruana (poncho) rayé gris et noir, complété par une écharpe. La majorité sont coiffés d'un chapeau melon ou en feutre bizarrement toujours trop petit. Ils ont en main un accessoire apparemment indispensable, un bâton de bois finement sculpté.
Les femmes sont parées d'une jupe noire, ourlée de blanc. La jupe est soutenue autour du corps par le Chumbe (ceinture) orné de pictogrammes, qui est l'expression de l'identité de la communauté. Un châle bleu avec un liseré rouge est posé nonchalamment sur les épaules. Entrouvert, il dévoile autour du cou, des colliers de perles fines. Dans le dos, elles portent en bandoulière l'indispensable mochila (besace tissée), un fourre-tout qui contient les objets du quotidien.
À chaque coin de rue, nous croisonsons des femmes qui portent avec fierté et dignité un chapeau melon, élément de la tenue traditionnelle. Petit, ce couvre-chef exotique est en feutre, soit plat et en paille.
Le Tampal Kuari est le chapeau de paille traditionnel, témoin de l'identité Misak, il est porté aussi par les hommes. Il nous décrit la signification des "3 étages" du couvre-chef :
le cercle le plus haut représente la famille. L'intermédiaire représente les communautés proches des Misak. Le plus grand représente le monde extérieur.
Les pompons de couleurs signalent l'état matrimonial... deux pompons, la dame est mariée !
Pour les deux sexes, au niveau des chaussures, c'est identique, de grosses "godasses" de marche !
Le centre-ville est tout petit, mais il ne manque pas de charme. Nous allons au hasard des rues. Silvia n'a pas échappé à la mode des fresques murales; mais pas de fautes de goût... l'histoire du peuple Misak est toujours le sujet principal.
La région doit être un refuge pour les engins roulants antiques. La place centrale est le point de départ (et d'arrivée) des jeeps, de voitures fatiguées et des Chivas.
Lourdement chargés, en passagers et en matériels, les véhicules démarrent dans l'après-midi pour rejoindre les villages environnants.
Un cortège de motos déboule dans la rue principale, les moteurs vrombissent et pétarades. De jeunes motards de la région accompagnent le cercueil d'un des leurs, décédé dans un accident de la route.
Ce n'est pas la première procession à laquelle nous assistons dans le pays. La Colombie est un des pays où le taux de mortalité lié à la moto est un des plus élevés au monde.
Le casque est rarement porté, il faut ajouter la vitesse et l'alcool, nous dit un villageois...
Le temps semble s'être arrêté dans les petites rues. De la couleur sur les murs, de la couleur dans les tenues traditionnelles. Une population souriante mais très pudique. Les Misak ne veulent pas être photographiés, on respecte leur souhait... Nous prenons quelques clichés à distance, le zoom est un bon allié !
Nous retrouvons énormément de points communs entre les Quechuas de Huaraz au Pérou, ceux d'Otavalo en Équateur ou encore les Aymaras de Bolivie.
L'escapade se termine. Difficile de ne pas tomber sous le charme de la ville. De découvrir et partager pendant quelques instants le mode de vie d'une communauté respectueuse de la tradition et des coutumes. Silvia restera un petit coup de cœur du voyage...
Retour à Popayán. Le patrimoine architectural religieux de la ville est présent dans chaque "cuadra". Le style baroque de l'église San Francisco est un des joyaux touristiques de la ville.
L'héritage du passé colonial de la cité contraste avec la modernité des villes comme Bogotá et Cali. Déambuler tranquillement dans les rues aux murs blanchis à la chaux, écouter le tintement d'un clocher surplombant une église... quel privilège !
Une église... Une de plus, mais on ne fait que passer devant San José pour arriver au Parque Caldas.
De longues files d'attente s'allongent à proximité des agences bancaires. Les "Payanés", alignés dans l'ordre d'arrivée patientent devant les DAB. Le vendredi, la paye est virée...
Les vendeurs ambulants ont installé leurs étals. Un gobelet à la main, nous testons au Salpicón Payanés, la boisson locale. C'est un mélange de glace pilée et de fruits : des Mûres (mûres) des Lulos et des Guanabanas (corossols).
La population aime se retrouver sur les allées ombragées de la grande place piétonne en fin de semaine.
Les rues sont animées, la danse omniprésente. Les danseurs dans un élan joyeux, se déplacent de manière circulaire, ils exécutent des figures, des sauts et des mouvements de hanches très rapides. Les spectateurs les encouragent de la voix et des mains dans ce rendez-vous endiablé.
À notre retour à l'hôtel, le propriétaire nous confirme la fermeture du Parc National Purace. L'activité du volcan a augmenté depuis plusieurs semaines.
Les agences de tourisme sont inexistantes. Ce n'est pas le point fort de la ville. Nous lui posons demandons des renseignements sur des endroits à visiter à proximité de la ville.
Il y a quelques jours, des clients de son établissement sont revenus ravis d'une randonnée aux Thermes de San Juan. Dans la chambre, la lecture et les photos d'un blog qui décrit des paysages fabuleux nous séduisent.
Ce sont des bassins naturels et une rivière de source d'eau sulfureuse, vierge de tout aménagement thermal...
Modification du programme... Pas d'ascension du volcan, mais nous allons faire une randonnée dans le Parc. Il faut s'adapter rapidement !
Samedi 4 mars 2023
L'air est petit peu frisquet ce matin et les nuages tenaces lorsque l'on monte dans un taxi pour rejoindre le terminal des bus. Nous déjeunons dans une cafétéria de la station.
Au guichet de la compagnie Sotracauca, un employé gribouille le nom des Thermes San Juan sur le ticket que nous venons d'acheter (50000COP/2).
Le conducteur du minibus qui assure la liaison Popayán à la ville de Santa Leticia devra nous y déposer.
Il y a seulement deux départs le matin. Le premier que nous prenons, à 8h30. Le deuxième démarre à 9h30.
Petit "retard colombien", le conducteur du minibus démarre à 9h. La route qui mène à San Agustin est bloquée par des travaux... toujours des travaux. L'attente est si longue, que des vendeurs ambulants ont installé des étals sur les bas-côtés. Des arepas et des empanadas frits et croustillants et des en-cas sucrés.
Nous laissons enfin cette grande route. A notre gauche, on prend la direction du village de Purace. La chaussée alterne entre goudron et terre battue... entre ornières et nids-de-poule !
Cette vitesse d'escargot nous permet, entre deux lacets, d'en prendre plein la vue ! Des reliefs coupés au couteau, des ravins vertigineux.
Nous traversons le village de Purace et ses trois rues désertes. Au milieu de nulle part, sur la route caillouteuse, nous passons devant Cruce de Mina. À 3 280 mètres d'altitude, c'est le départ du sentier qui mène au Volcan Purace.
Les couches de brouillard se transforment en une ambiance surnaturelle et mystérieuse, le domaine du paramo, possède une végétation unique.
Nous ne rencontrons aucun véhicule. Nous avons démarré la journée à "l'arrache" ce matin. Nous n'avons aucune certitude, ni sur l'ouverture des Thermes, ni pour le transport du retour !
Le conducteur nous dépose à hauteur de la maison des gardiens du parc National. Il est 12 h30... Nous avons roulé pendant 3 h30 pour effectuer soixante kilomètres !
Il fait froid, il y a du brouillard, nous sommes quand même à 3 200 mètres. Nous cumulons les couches de vêtements. Pull et blouson, et aux pieds, on a enfilé de grosses chaussettes.
Nous payons, le prix d'entrée du parc pour deux (80 000COP). Les rangers nous donnent des informations sur le parcours. Il est très court, 1 gros kilomètre seulement. Le site semble ignoré des visiteurs, seulement une famille de 4 personnes et le guide qui les accompagne, nous talonnent.
Le sentier de pierre est bien indiqué, il s'enfonce dans une forêt d'arbres couverts de lichens et de broméliacées à la floraison rouge spectaculaire.
Sur les bas-côtés, le sol est tapi de mousse et de fougères arborant un vert éclatant. De nombreuses plantes et de touffes herbacées abondent. Cette flore aux "mille couleurs" est des plus attrayantes.
Le temps se gâte, un petit vent glacial refroidit l'atmosphère. Il est accompagné d'un crachin qui nous trempe rapidement, c'est la première fois que nous sortons nos capes de pluie.
Nous arrivons à un premier point de vue. Un panneau signale les Thermes de San Juan, nous comprenons pourquoi le site n'est pas très fréquenté... Les "Thermales" sont simplement une zone d'eaux sulfureuses. Pas de bains, pas de cures, mais des eaux à la fois toxiques et irritantes pour le corps...
A part la famille et le guide, aucune autre présence humaine. Là-haut, c'est l'hiver, le froid est mordant.
Les montagnes entourent les lieux, l'horizon est rarement dégagé, le brouillard épais s'accroche constamment aux pentes. Aucune chance de voir le sommet du volcan Purace.
Des passerelles en bois permettent de franchir un petit cours d'eau. Courte grimpette d'une berge à l'autre, nous restons admiratifs devant le spectacle offert par la nature, tous les petits dénivelés sont franchis aisément.
Dans ce décor vierge et protégé, la flore est d'une richesse inattendue. Plusieurs plantes et touffes herbacées, aux mille couleurs abondent.
Des petites ébullitions à la pureté cristalline jaillissent des bassins, des phénomènes que je capture avec mon appareil, en position accroupie, penchée. Je prends le temps et je prends du retard avec le petit groupe que nous formons avec nos compagnons.
Partout, l'odeur nauséabonde caractéristique du soufre empeste l'étendue. L'eau soufrée atteint les 35°.
Un léger brouillard nous a rattrapé, nous terminons la boucle dans une "purée de pois" rendant les lieux un peu mystique.
La balade est terminée. De l'autre côté de la route, face au poste des rangers, dans une baraque, des femmes ont installé une petite cantine. Au chaud, nous faisons une pause réparatrice et gourmande.
Les rangers nous signalent qu'un bus pourrait passer vers 14 heures... Problème, il est déjà 14 heures ! Il doit avoir du retard, les gardiens nous assurent qu'il en passe un toutes les 2 heures.
Nous avons sympathisé avec la famille, Marie, la maman, parle un peu le français. Ils habitent près de Popayán, joyeux et ravis de notre présence, ils nous invitent à monter dans leur voiture. Avec leur guide, ce matin , ils ont assisté au repas des condors. Tous les jours entre 10 et 11 heures, un homme nourrit les volatiles au niveau d'un mirador. En bord de route, des sites naturels mérite le coup d'œil, on se laisse guider.
Nous stoppons à hauteur de Bebedero de Las Dantas. C'est un lac d'eau pure et claire, au pied de la montagne. La retenue d'eau est appelée "Buveur des tapirs". Le tapir des montagnes vient s'y abreuver.
Les pluies fréquentes forment de magnifiques chutes d'eau. Toujours en bordure de la route, dans un cadre verdoyant, la Cascada Rio Bedón, avec un débit considérable, déverse ses eaux dans le fracas sur les rochers de la rivière... Bedón.
Nous sommes pourtant bien équipés pour affronter la pluie, mais la "contemplation" se fait rapidement... Le temps d'une photo ! Il fait frisquet. Il "pleut des cordes". Dans le désordre, sous les bourrasques de vent, nous nous ruons à l'intérieur de la voiture.
Installés dans la voiture, qu'est-ce qu'on est bien... au chaud !
La visibilité est réduite, les nuages gris s'abaissent et forment une couche uniforme, ils déversent une bruine continue. La brume s'installe peu à peu, la montagne se réinvente et laisse place à de nouveaux horizons. Mais le guide connaît le secteur comme sa poche. Il fait stopper le père de famille sur le bas-côté de la route.
À la queue leu-leu, nous nous enfonçons dans des taillis ruisselants. Au pied d'une pente, nous nous regroupons dans une mer de Frailejones... Nous avons en début du voyage, parcouru les immenses espaces recouverts de ces grandes plantes, au paramo d'Oceta à Mongui dans la Région de Boyaca.
Les Frailejones (Espeletia Hartwegiana) sont les rois du paramo, notre conducteur en est un spécialiste et nous rappelle l'intérêt de ses plantes pour la ressource hydrique du pays : la tête couronnée de feuilles duveteuses a le pouvoir de retenir les gouttes d'eau. L'eau emmagasinée descend vers ses racines puis inonde le sol.
Le temps est "pourri", mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire du papa. Marie et ses enfants ont apporté un gâteau. Spontanément, ils nous font partager ce moment intime et festif à la fois ! Dommage, mais il fait "un froid polaire" pour des Girondins, nous écourtons la petite fête. Dans le désordre, nous rejoignons la voiture.
Dernier arrêt. Depuis le bord de la route, il faut faire quelques dizaines de pas pour arriver au mirador de la Laguna Andulbio.
D'ici, on embrasse un vaste horizon. Un paysage incomparable s'offre à nos yeux ébahis. La combinaison des paysages montagneux, de la lagune et de la flore, offre des éléments naturels pittoresques encore intacts.
Les conditions météo donnent un aspect mystérieux, voire mystique à ces terres d'une richesse inouïe. C'est sûrement pour ses raisons que les indigènes des communautés autochtones viennent s'y rassembler.
En fin d'après-midi, nous arrivons à Cruce de Minas. À 3 280 mètres d'altitude, la météo est agréable. Assis à l'abri, dans le petit restaurant qui borde le sentier menant au volcan, nous prenons un repas bien réconfortant.
Nous invitons Marie et Evert et leurs enfants Marianna et Samuel, au café/bar Cauca, près du Parque Caldas. Dans ce magnifique établissement joliment décoré, nous prolongeons la discussion autour d'un bon café et de pâtisseries.
La visite de Popayán restera un succès ! les touristes sont rares, dommage pour eux... La ville, grâce à son isolement, nous a obligé de composer par nous-mêmes notre séjour, ce qui nous a permis de sortir des sentiers battus.
Découvrir et explorer différents écosystèmes, tel le paramo, un endroit qui ne connaît pas le tourisme de masse.
C'est également l'occasion de faire de belles rencontres, y compris celle improbable avec la famille colombienne, si attentionnée et chaleureuse...
Dimanche 5 mars 2023
Nous ne garderons de Popayan et de sa région que de bons souvenirs.
Départ en bus ce matin pour la ville de San Agustin, une ville tout au sud du pays.
Suite du voyage dans la quatrième partie : San Agustin. Désert de la Tatacoa. Zipaquira. Bogota.
- - - - - - - - -
Avis sur la 3ème partie du voyage
Jardin
Dépaysement complet dans une ambiance et un décor authentique. Un de nos villages préférés. Peu de touristes car son accès est assez difficile. Des couleurs chatoyantes dans les rues... Des nuances de vert infinies dans la campagne.
Salento
Salento contre Filandia : un match indécis dans les maisons les plus colorées. Superbe !
La Vallée de la Cocora. une randonnée exigeante pour effectuer la grande boucle dans un endroit rare et mythique. Un coup de cœur en Colombie... Un de plus !
Popayan
L'architecture coloniale préservée de la ville. La (belle) rencontre inattendue avec la famille. Un dépaysement total avec la richesse des paysages et le respect des traditions de la population andine.
Notre avis sur la Colombie
Les colombiens
. Les Colombiens sont très fiers de leur pays. Accueillants et attentionnés, nous avons toujours été bien reçus. Ils sont d'une irrésistible curiosité, qu'ils assument sans gêne... D'où viens-tu ? Où vas-tu ? Comment tu trouves mon pays ? Sans rien attendre en retour, Les Colombiens sont tous des guides touristiques.
. Un air de musique dans la rue et aussitôt, ce sont des couples qui se forment pour danser sur les petites places publiques.
. Malgré un passé récent douloureux, les Colombiens nous ont séduits par leur gentillesse : ils sont souriants et chaleureux. La phrase que nous entendons à longueur de journée, dans les commerces ou au restaurant, résume leur caractère : "À la orden", à votre service !
Pour notre part, nous avons constaté que les informations relayées par les médias papiers ou télévisions sur la sécurité dans ce pays sont disproportionnées par rapport à la réalité.
Les enlèvements, la guérilla et le trafic de drogue ont souvent fait leur une. Depuis le début des années 2000, le pays est plus sécurisé, le "climat" plus serein.
Les coups de coeur
La Colombie est un des pays à la biodiversité la plus riche de la planète : montagnes andines, plages de rêve et vallées marécageuses. Une multitude d'oiseaux colorés.
Les moins
Les pollutions :
. La pollution de l'air, liée principalement à la congestion du trafic routier, surtout sur les routes montagneuses.
. La pollution plastique et la pollution des déchets urbains.
Il est bien malheureux de voir des "recycleurs" hommes, femmes et enfants qui fouiller les poubelles pour trier les déchets qu'ils vont vendre pour quelques pesos.
- - - - - - - - -