Le blog de claudenise

GAVARNIE

GEDRE

Question hébergement

GEDRE

Chez Mimi et Nico

Le Bourg. 65 120 Gavarnie-Gèdre.

Accueil chaleureux de Myrène. Superbe chambre d'hôtes. Prestations de qualité. 70 € la nuit avec un petit-déjeuner copieux.

Téléphone : 05 62 41 42 90.

chezmimietnico@orange.fr

Adresse à recommander.

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Nous en avons ras-le-bol des épisodes pluvieux de ce printemps 2024. La météo ressemble à celle d'un long hiver automnal... De la pluie, il en tombe beaucoup lorsque nous réservons, le 29 avril, 3 nuits dans une maison d'hôtes pour les derniers jours du mois de mai.

La semaine précédente, un coup d'œil régulier sur les prévisions météorologiques nous laisse un espoir d'amélioration. 

La retraite nous a conduits sur les routes depuis longtemps. Notre dernière longue balade remonte déjà à un an... 2 mois avec le sac sur le dos, pour découvrir les paysages de la Colombie.

Les pantoufles sont rangées, et avant d'enfiler les tongs réservées pour la plage, nous allons ressortir les chaussures de randonnée et les bâtons pour rejoindre Les Pyrénées, proches de notre domicile. 

Passionnés de nature et de rencontres, il nous tarde de contempler de nouveaux horizons... Découvrir des vallées et des lacs qui se cachent derrière des sommets. 

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  Lundi 27 mai 2024

Nous quittons ce matin notre petite ville de Sud-Gironde. Nous traversons une partie du département des Landes et celle du Gers. Dans les Hautes-Pyrénées, nous contournons Tarbes et Lourdes, puis je m'engage sur la D 921.

Trois heures de voiture plus tard, au détour d'un virage serré, à l'entrée du village de Gèdre, nous trouvons la maison d'hôtes "Chez Mimi et Nico".

Dans un cadre champêtre, la bâtisse, à l'architecture typique de la région, est un petit "bijou".

La propriétaire, Myrène (d'où le diminutif Mimi) nous ouvre la porte avec le sourire. Rapidement, dans la belle salle à manger décorée avec goût, elle nous donne un plan détaillé et mille conseils pour randonner dans les trois cirques des Hautes-Pyrénées, et un billet qui permet de se garer gratuitement au parking de Gavarnie (payant).

Au premier étage, notre chambre, toute de bois vêtue, offre un cadre merveilleux sur la montagne. La literie est excellente, les sanitaires immaculés.

Dès les sacs déposés, à pied, nous partons découvrir Gèdre. À l'écart de la route, nous prenons un chemin de terre qui longe un lac à la belle couleur turquoise et les eaux bouillonnantes du gave de Héas. Le village s'étage à flanc de colline des deux côtés de la route.

Le petit village montagnard est assoupi. Le lundi, hors saison, les commerces ouverts sont rares. Sur la route bitumée, nous attaquons l'ascension d'un versant. Les sommets sont parsemés de plaques de neige. Tout là-haut, le brouillard coiffe les crêtes et réduit la visibilité. Du haut d'un belvédère, nous nous asseyons le temps de souffler et contemplons la plaine.

Pas de restaurant, épicerie ou boulangerie d'ouvert.

Le village le plus proche, Gavarnie, est à 10 kilomètres. Ce soir, nous grignotons les en-cas prévus pour les balades.

Mardi 28 mai 2024

Nous sommes seuls dans l'hébergement et ce matin, nous avons donné rendez-vous à notre hôtesse à 7 h 45 pour prendre le petit-déjeuner. Une fois nos petits sacs de randonnée bouclés, nous descendons.

Une délicieuse odeur emplit la salle commune. Le petit-déjeuner est déjà bien copieux, mais Mimi nous a concocté, en supplément, des madeleines au chocolat. La discussion se prolonge autour de la grande table familiale.

Pour accéder au Cirque de Gavarnie, notre hôtesse nous conseille de le découvrir en empruntant le sentier de Bellevue.

Situé au cœur du Parc National des Pyrénées, les dimensions du cirque sont spectaculaires : cinq kilomètres de diamètre, des murailles verticales de plus de 1 500 mètres, une cascade de 423 mètres de haut et, autour, une multitude de sommets qui culminent à plus de 3 000 mètres.

Le site de Gavarnie-Mont Perdu est inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO depuis 1997.

Nous partons sous un soleil printanier qui éclaire les sommets des montagnes. La route, qui plonge dans la vallée, est déjà un spectacle saisissant et promet des paysages époustouflants.

Il est 9 h 30. Sans difficulté à cette saison, je trouve une place au parking payant (5 €) de Gavarnie. J'appose sur le tableau de bord, le titre de séjour donné par notre hôtesse qui permet de stationner gratuitement.

La température est fraîche lorsque l'on s'engage dans le sentier de la randonnée du Plateau de Bellevue.

Nous passons devant la modeste église du village, une ancienne chapelle d'un hospice, établi au XIIe siècle par une commanderie de moine-soldat. Son toit est coiffé d'un étonnant clocher carré, percé de fenêtres en ogive.

Nous jetons un coup d'œil à l'intérieur. La statue dédiée à Notre-dame du Bon Port, en bois polychrome, fait l'objet de dévotion et de culte de la part des pèlerins.

Un petit cimetière s'étend sur le côté de l'édifice religieux. Un carré, à gauche en entrant, abrite des pierres tombales et des plaques d'illustres pyrénéistes : des guides et des Montagnards.

Nous nous engageons dans le sentier : quelques mètres plus loin, plein sud, un plan du parcours est affiché.

De notre belvédère, nous apercevons tout en bas, les marcheurs qui se dirigent dans la vallée encaissée. Ils suivent le cours du gave, par la voie classique, pour se rendre directement au fond du cirque.

Nous attaquons la côte qui nous hisse sur le plateau. Le sentier zigzague dans une maigre forêt, la montée est progressive, l'ombre rare. Nous avançons sans effort, le décor change, la sente herbeuse prend de l'altitude.

Puis, nous arrivons sur un sol taillé dans le roc.

L'herbe et les arbres deviennent rares. C'est le Plateau de Bellevue. La boucle est peu fréquentée, contrairement au sentier central.

Là-haut, la vue est dégagée sur la zone pastorale, et imprenable, sur la grande cascade du cirque. Ni barrières, ni clôtures, le plateau sauvage n'a pas de fin sinon, au loin, le massif montagneux qui ferme l'horizon.

Nous continuons notre progression sur le chemin, en direction du Parc National, avec les sifflements des marmottes... Mais impossible de les apercevoir.

À 1 700 mètres d'altitude, le temps est splendide sur le plateau. Le soleil joue à cache-cache avec quelques nuages et la température est fraîche. Nous sommes bien. Le sentier musarde sur la rive du gave des Tourrettes.

Derrière une modeste barre rocheuse, une petite cascade déverse des litres d'eau. Cinquante mètres plus loin, nous sommes seuls sur l'exigu pont très photogénique qui surplombe le cours d'eau tumultueux. Il marque l'entrée du Parc National.

Nous traversons une passerelle en bois qui enjambe le torrent, et quelques mètres plus loin, le sentier devient plus exigeant, il faut escalader un passage rocheux.

La paroi, qui pose des difficultés, est équipée d'une chaîne. 

Le silence revient, troublé seulement par nos pas sur les éboulis, puis le chemin forestier descend dans une forêt de sapins et de hêtres.

Durant une demi-heure, nous ne rencontrons pas âme qui vive. Le chemin est une longue descente qui mène au fond du cirque où nous rattrapons le sentier principal.

Les hautes cascades du cirque sont en point de mire...

Maintenant, le chemin est large et sans difficulté, mais il est aussi très fréquenté !

Le panorama sur le cirque et les bâtiments de l'hôtel s'offre à nous. C'est grandiose ! Mais il y a trop de monde à notre goût pour aller au pied de la cascade.

Nous grimpons un sentier bien pentu situé à l'arrière de l'hôtel. Là-haut, j'ai l'espoir d'apercevoir des isards dans les névés... Mais rien !

Il est temps de faire demi-tour. Impossible de se perdre, la piste caillouteuse est fréquentée par de nombreux marcheurs. Nous traversons le joli Pont de Nadau, en forme de dos d'âne : il enjambe le gave.

La piste laisse la place à la route goudronnée pour arriver dans le village de Gavarnie.

Informations pratiques

Altitude au départ : 1 360 mètres.

Altitude au Pla d'Ailhet : 1 750 mètres.

Dénivelé cumulé : 650 mètres.

Distance : 11 kilomètres.

Durée : nous avons mis 5 heures pour effectuer l'aller et le retour.

Flèche rouge = aller

Flèche mauve = retour

De retour au parking, en voiture, je prends la direction du Col de Tentes. Cette balade n'était pas prévue, mais notre hôtesse nous l'a conseillée, pour sa vue à 360° sur la chaîne montagneuse.

La route monte bien plus haut dans les cimes, la pente est sévère, avec des passages à 10 %. Deux courageux cyclistes semblent souffrir dans la montée qui passe à flanc de ravin lorsque nous les dépassons, devant la station de ski de Gavarnie déserte à cette saison.

Au terminal de la route D 923, un grand parking, à 2207 mètres d'altitude, nous attend. Nous sommes au cœur de la montagne. C'est le point de départ de plusieurs randonnées.

La végétation est peu fournie à cette hauteur. Pas d'arbres, uniquement des prairies à l'herbe rase et de la rocaille... Et des plaques de neige croûtée et ocre. Une chute de neige, la semaine dernière, a redonné une ambiance hivernale. Nous ne nous engageons pas dans le chemin recouvert d'une épaisse couche blanche, et pourtant, en une quinzaine de minutes seulement, il mène au Lac des Especières.

Sur la gauche du parking, un sentier remonte le nord-est vers le Pic de Tentes. Le ciel est encore clair. Il est impossible de rater la petite sente qui se voit de loin. Bien tracée, elle ne présente aucune difficulté... Il faut monter droit dans la pente bien raide ! 

Progressivement, l'horizon s'élargit et laisse apparaître les crêtes pyrénéennes. Le cadre est sublime.

20 minutes d'effort et nous atteignons le sommet de la butte, à 2 322 mètres d'altitude. Là, nous sommes récompensés de notre peine !

Une table d'orientation, grâce à son graphisme, nous permet de situer les principaux sommets. Je m'assieds et je contemple l'imposant Taillon (3 144 mètres) et la Brèche de Roland (100 mètres de haut, 40 mètres de large). Elle se trouve au-dessus du Cirque de Gavarnie, à 2 807 mètres d'altitude, et marque la frontière entre la France et l'Espagne.

Le panorama, à 360°, nous donne l'occasion d'identifier le Néouvielle et le Vignemale, les autres grands sommets pyrénéens. Les paysages enneigés resteront gravés par mon appareil photo.
 

Nous redescendons par le même chemin au parking. Nous profitons des dernières jolies vues de ce paysage grandiose.

En fin de journée, les articulations des genoux sont sollicitées. Les pauses se multiplient, assis sur la pente herbeuse, je contemple le Lac des Especières. La neige est encore bien présente en cette fin du mois de mai, les rives du lac sont encore recouvertes de glace et de neige.

Cette première journée de marche nous a permis de conjuguer la mythique randonnée du Cirque de Gavarnie et un point de vue fabuleux sur les montagnes.

Au volant, je ne vais pas battre un record de vitesse... Je surveille les pentes herbeuses et pierreuses dans l'espoir d'apercevoir des marmottes. Elles sont au rendez-vous... Et en nombre !

Toute fatigue oubliée, nous retournons au centre-ville. Face à la fontaine qui orne la place, nous entrons dans la jolie salle du Lakota, le seul restaurant ouvert ce soir dans le village. L'accueil de la patronne est chaleureux, les pizzas sont excellentes... What else ?

Mercredi 29 mai 2024

La nuit de sommeil nous a requinqué, et nous descendons à la salle à manger avec des mollets neufs. Le petit-déjeuner est copieux, Mimi, excellente pâtissière nous a confectionné des petites douceurs au citron. Après avoir profité de ses conseils pour notre balade du jour, le soleil est déjà haut lorsque je prends le volant.

Je prends la route, en direction de Gavarnie. À la première intersection, je bifurque sur la D922, vers le Cirque de Troumouse. Cinq kilomètres plus loin, je m'engage sur la D176. La petite route spectaculaire et étroite, taillée dans le roc, serpente à flanc de montagne. Je roule prudemment jusqu'au Lac des Glorietttes, en dominant un canyon profond. 
 

Quelques voitures sont garées sur le parking (gratuit) qui s'étale sur une petite prairie à côté du barrage.

Moins connu que le Cirque de Gavarnie, le Cirque d'Estaubé est moins touristique, la balade devrait être bien agréable... Le sentier de randonnée débute après avoir contourné la digue de la retenue d'eau. À 1 622 mètres d'altitude, le Lac des Gloriettes est alimenté par le gave d'Estaubé.

Sac sur le dos, nous traversons le barrage créé dans les années 1950. À notre droite, c'est un à-pic impressionnant dans le vide, la vue est vertigineuse. Sur notre gauche, le soleil se reflète sur le lac et lui donne des couleurs changeantes.

Nous dépassons des chalets de construction récente, ils sont accrochés aux versants, et nous longeons le lac. Le sentier bien dessiné est balisé en jaune, nous entrons dans la zone pastorale après être passé par un portillon.

Le Parc National est une terre d'élevage, les bergers ont monté leurs troupeaux de brebis. La tradition de la transhumance perdure dans le cirque. La semaine dernière, des chutes de neige sont tombées, les éleveurs n'ont pas encore amené les vaches dans l'estive.

À l'écart du sentier, dans une prairie verdoyante, hérissée de rochers, je repère les premières marmottes grâce à leurs sifflements, mais il faut rester discret et attentif pour les surprendre. Devant nous, se dresse la paroi verticale d'Estaubé, tout autant impressionnante que celle de Gavarnie.

L'eau est omniprésente tout le long du parcours. Dans ce cadre sauvage, du haut des parois grises et abruptes, s'écoulent d'innombrables cascades qui alimentent le torrent.

Les premières chaleurs ont fait éclore des fleurs, la nature exulte, et les pentes sont revêtues d'un tapis multicolore. Le décor de carte postale est un véritable plaisir pour les yeux.

Nous remontons toujours le gave, un petit pont nous permet de le traverser pour passer devant la cabane d'Estaubé... Ça ne s'invente pas !

Plusieurs sentiers naturels mènent au fond du cirque et s'élèvent doucement en direction du cirque. Le décor est déconcertant. Le soleil tape... La pause casse-croûte s'impose, nous grignotons sur des rochers face à l'impressionnant amphithéâtre.

Nous progressons au milieu d'un éboulis de petits rochers jusqu'au Pla d'Ailhet. Le sentier traverse une grande zone marécageuse, puis il devient irrégulier et chaotique. Nous arrivons à la cascade. Elle est cachée tout au fond du cirque, derrière de gros blocs morainiques.

Avant de la voir, nous l'entendons ! La chute d'eau se déverse du haut d'une muraille infranchissable et donne naissance au torrent.

L'heure tourne, il faut songer à rentrer. Nous prenons le même chemin... Et le même décor, juste les couleurs qui changent ! Que du plaisir.

Informations pratiques

Altitude au départ : 1 649 mètres.

Altitude au Pla d'Ailhet : 1 860 mètres.

Dénivelé positif :   300 mètres.

Distance : 12 kilomètres.

Durée : nous avons mis 5 heures aller-retour.

Flèche rouge = aller

Flèche mauve = retour

La randonnée est terminée. La journée de découverte se poursuit en direction du Plateau de Saugué. Ce lieu, sur les hauteurs de Gèdre, est réputé pour être un des plus beaux points de vue sur le Cirque de Gavarnie.

Dans un grand virage serré, à l'entrée de Gèdre, je tourne à droite. La route étroite tourne, tourne et retourne encore... Au volant, méfiance !

Enfin, je me gare sur un petit parking. Une table d'orientation nous permet d'identifier plusieurs sommets. La muraille de Gavarnie semble à portée de main, tellement elle est impressionnante.

Des panneaux d'interprétation donnent des informations sur les granges traditionnelles, les murets en pierre, les poteaux métalliques et les câbles de la ligne de transport d'électricité haute tension, entre la France et l'Espagne.

Une cascade se cache dans le centre du village ! Pour la découvrir, il faut accéder à la terrasse arrière du Restaurant La Grotte. Appelée autrefois Cascade de Palasset, nous ne y attardons pas longtemps, le décor est superbe, mais il fait frisquet en ce début de soirée.

La décoration de la salle à manger est "rétro" et couleur locale, mais la cuisine n'est pas à la hauteur... Le buffet à volonté fait la part belle aux produits industriels, la garbure doit-être maison, mais elle semble être réchauffée depuis plusieurs jours ! J'apprécie les côtelettes d'agneau... Moins les frites sautées, un tantinet caoutchouteuses. Nous quittons l'établissement un peu déçu.

Jeudi 30 mai 2024

Alors que le jour se lève, je traîne encore la fatigue des deux randonnées précédentes. Denise, effectue quelques étirements pour éveiller son corps en douceur.

Comme tous les matins, le petit-déjeuner est abondant et les viennoiseries sont croustillantes. Notre organisme va avoir son plein de glucides.

Après avoir effectué le premier jour, la randonnée du Cirque de Gavarnie, le plus célèbre des trois cirques glaciaires, nous avons parcouru hier, le discret et sauvage Cirque d'Estaubé.

Aujourd'hui, c'est le tour du Cirque de Troumouse, le plus grand, il est doté d'un environnement grandiose.

Notre hôtesse nous conseille la "rando", au départ de la Chapelle de Héas.

Sur la route D922, je laisse à droite le pont de l'Araillé (barrage des Gloriettes) et je continue tout droit vers le hameau de Héas. Je gare la voiture sur un parking, à hauteur de la Chapelle de Héas, avec l'intention d'effectuer une boucle.

Purée de pois pour les premiers pas. Un très léger crachin pour ceux qui suivent.

Le sentier débute le long dans un champ fleuri. Au premier embranchement, où se croisent deux chemins, nous poursuivons tout droit, en direction de la "Cabane des Aires".

À petits pas, nous nous élevons sur une pente douce. Nous dominons le gave d'Héas alimenté par des cascades que nous devinons au loin. Face à nous, au milieu des formations nuageuses qui recouvrent les sommets, les neiges apparaissent sur les glaciers qui forment le cirque.

Il fait frais, mais soudain, une belle lumière perce la brume. Nous entrons dans le Parc national. C'est un isard, l'animal emblématique des Pyrénées, qui est utilisé pour indiquer les limites du parc. Nous croisons des randonneurs, lourdement chargés, ils descendent d'une nuit passée dans le cirque.

Ici, c'est le paradis des marmottes... Nous passons entre de gros rochers, Denise est devant moi et à son passage, elle dérange une marmotte qui va se cacher dans son terrier. Dans un pierré, je me pose derrière un rocher et je me fonds dans le paysage. L'attente n'est pas longue, elle ressort très vite et je peux l'admirer tranquillement.

Le passage dans un plateau herbeux est du "gâteau", mais ça réattaque fort derrière... Nous attaquons sur notre gauche un versant escarpé. La muraille semble infranchissable.

Après plusieurs dizaines de mètres d'ascension, nous prenons de l'altitude. Un lacet succède à un autre lacet. Des passages plus raides nous obligent à se mettre à quatre pattes. Là-haut, la vue sur la vallée et les sommets est très spectaculaire.

Nous sommes sur le dos de la crête. Nous laissons à notre gauche le sentier d'accès à la Cabane des Aires.

Nous marchons tout droit. Le sentier traverse un passage très humide. Le décor, après cette longue accumulation de dénivelés est fascinant. Le brouillard suspendu entre les sommets, créé une atmosphère surréaliste.

Nous progressons pas à pas, en tâtant du pied, des passages où alternent neige et mousse, mares et rochers calcaires. Avec stupéfaction, à l'approche du Lac des Aires, nous croisons un couple de joggers, deux mondes pédestres ; le rapide et le lent ! Plus loin, nous surprenons une marmotte ! Sur un rocher, elle monte la garde, en bravant la fraîcheur et le brouillard.

Le Lac des Aires, fait partie d'un ensemble de plusieurs petits lacs. Le chemin de terre a cédé la place aux cailloux, aux rochers et à de gros névés. Deux heures que nous marchons. Notre regard, de gauche à droite plonge dans une immensité minérale, enfouie sous le brouillard. C'est trop beau !

Le soleil tente une percée dans la brume, c'est beau de se trouver dans le cœur de ce vaste amphithéâtre, entouré de géants, dont certains culminent à 3 000 mètres.

Ma petite carte n'est pas assez détaillée pour trouver le chemin, qui à cet endroit manque de balisage. Trois randonneurs espagnols, nous signalent de la main le chemin balisé sur un promontoire, mais pour le retrouver, il faut traverser un névé. Son contournement est impossible.

J'évalue rapidement la situation. Autour de nous, les pentes sont fortes et le sol est boueux. Je repère dans la neige les traces de pas des joggers que nous avons croisés auparavant. Première expérience pour nous ! La neige molle s'est accumulée et n'a pas encore entièrement fondu. Nous posons nos pieds dans les empreintes toutes fraîches et en nous aidant de nos bâtons, le passage est réussi...

La randonnée devient balade. J'aperçois un groupe d'isards au sommet d'un haut mamelon, je suis leur progression avec les jumelles. L'instant est fugitif, car un épais brouillard masque les paysages.

À la hauteur de la bifurcation avec le sentier qui mène à la Vierge de Troumouse, les Espagnols qui nous ont rattrapés, nous invitent à les suivre pour récupérer la route bitumée qui mène au parking.

Nous avalons notre casse-croûte, les Ibères sont partis, il n'y a plus une voiture... Nous sommes seuls !

Le ventre bien calé, nous descendons la route à pied jusqu'à l'auberge du Maillet, 3 kilomètres plus bas. La balade est laborieuse et monotone sur le goudron mouillé. Après un "S" bien serré, devant nous, j'interromps ma marche.

J'ai, tout le long de la descente, gardé un œil attentif sur les lignes de crêtes dans l'espoir d'y apercevoir un isard. À ma grande surprise, apeuré par notre présence, devant nous, la silhouette fine d'un isard longe la route et s'élance en direction d'un col enneigé. Le zoom de mon appareil photo n'est pas très performant et avec Denise, nous observons de longues minutes l'animal à l'aide des jumelles.

Les muscles noués, nous reprenons un peu de force avec une tasse de café dans la douceur de l'auberge du Maillet. Au niveau du parking, la collectivité de Gavarnie-Gèdre, pour préserver le cadre exceptionnel du cirque, a mis en place une navette qui fonctionne jusqu'en septembre, pour transporter les touristes au Cirque de Troumouse. Son coût est de 5 € pour les adultes et de 3,5 € pour un enfant de moins de 12 ans.

La pause est de courte durée. Très loin de la foule du Cirque de Gavarnie, hors des sentiers battus, surtout à cette saison à sa météo capricieuse, le vallon se découvre à chaque pas. Dans cette ambiance pastorale, nous avons une nouvelle fois de la chance, des marmottes ont quitté les terriers pour prendre la chaleur des quelques rayons de soleil.

À mesure que nous descendons dans la profonde gorge d'Héas, les forêts dévoilent des couleurs contrastées à la faveur du soleil revenu... Le long de la route, une multitude de fleurs colorées éclaboussent les prairies de touches violettes, jaunes, bleues et blanches. Enfin, la Chapelle de Héas est en vue.

Nos mollets et nos cuisses se sont adaptés depuis 3 jours à un effort intense, mais avant de grimper dans la voiture, une petite séance d'étirements s'impose.

Informations pratiques

Altitude au départ : 1 519 mètres.

Altitude au point haut : 2 132 mètres.

Dénivelé  : 750 mètres.

Distance : 12 kilomètres.

Durée : nous avons mis 5 heures pour effectuer la boucle.

Balisage : panneaux bien visibles, sauf au niveau du Lac des Aires.

Flèche rouge = boucle

Ce soir, nous retrouvons l'ambiance chaleureuse du restaurant Lakota. Un moment de plaisir avec les bons produits du Sud-ouest.

Le plateau "apéro" nous convient parfaitement. L'assortiment de charcuterie et de fromages du pays est une valeur sûre ! Les crêpes délicieuses.

Vendredi 31 mai 2024

Pour ce dernier petit-déjeuner, notre hôtesse nous a préparé de nouvelles douceurs sucrées. Le soleil est radieux lorsque nous prenons congé avec un petit pincement. L'accueil a été très chaleureux. Ce n'est qu'un au revoir, la meilleure période pour effectuer la randonnée de la Brèche de Roland est en septembre. Nous prenons rendez-vous...

Avant de retrouver notre Gironde, nous allons effectuer une randonnée au Lac de Cestrède. Le parking, aux Granges de Bué, le lieu de départ de la marche, est à une dizaine de kilomètres du village.

Nous traversons le hameau des Ayrues. À ce niveau, la route goudronnée laisse la place à un chemin étroit et pierreux. Malgré quelques trous, il est roulant.

Nous sommes les seuls, garés sur le parking, en contrebas des cabanes de bergers. À 1 425 mètres d'altitude, le cadre pastoral est très photogénique, mais sur la crête, des bancs de brouillard se font et se défont. Face à nous, je distingue le sentier qui zigzague dans la pente.

Dans les pâturages, nous entendons les sonnailles parfois claires, parfois graves, des vaches qui se nourrissent d'une nourriture verte et grasse.

Nous avons récupéré presque instantanément des efforts de la veille. Le marquage du sentier indique en rouge et blanc celui du sentier du GR10. Après quelques centaines de mètres, celui-ci prend la direction du sud, vers le Plateau de Saugué. À l'embranchement, nous suivons le sentier à droite, marqué en jaune.

Nous franchissons le petit ruisseau appelé l'Oule sur une passerelle. Dès que l'on a traversé une petite forêt, nous prenons de l'altitude. Le chemin, monte et descend, franchis des éboulis, des coins de pierraille, parfois, il s'efface dans les zones verdoyantes et fleuries. Le temps d'une courte pose photo, je me retourne pour apercevoir la vallée et les pics majestueux qui se dévoilent.

L'étroite sente tourne en lacets, la montée commence à s'accentuer pour devenir franchement raide. Dans mon dos, l'horizon est barré, tout au loin, à des dizaines de kilomètres, par les massifs montagneux qui composent un étonnant dégradé bleu-vert.

Un couple de randonneurs nous dépasse allègrement... Pour autant, le cirque nous paraît infranchissable !

Nous faisons plusieurs pauses, en scrutant les bancs de brouillard qui voilent le sommet de cette énorme barre rocheuse. Un pas après l'autre, nous marchons au milieu de cette nature verdoyante. Sur un versant, face à nous, nous restons sous le charme de la cascade de Soutarra. Le temps paraît suspendu, nous ouvrons grand les yeux, mais aussi les oreilles, afin de profiter de la nature.

Le pas devient plus hésitant sur les pierres et les rochers qui se sont décrochés des sommets. Le passage est de plus en plus étroit et demande de la prudence. Après avoir contourné un éperon rocheux et monté une butte abrupte, nous longeons le gave de Cestrède que l'on traverse par une passerelle en ferraille.

Moment de répit bien apprécié, nous remontons le cours d'eau sur une partie plane jusqu'à un lac non identifié. À 1 962 mètres d'altitude, la nappe d'eau est au centre d'une vallée encaissée. Un joyau dans un écrin minéral, entouré de pics enneigés.

De ce point haut, je suis fasciné par le sommet du Pic Long, à 3 192 mètres d'altitude, c'est le plus haut sommet du massif de Néouvielle. Le lac est peu profond, et vaseux. La fraîcheur de l'eau n'incite pas à la baignade.

En levant la tête, je remarque une cabane. Presque invisible, elle est cachée par d'énormes rochers. Le sentier est marqué dans l'herbe rase.

Nous reprenons la marche au milieu d'énormes éboulis. L'abri pastoral n'est pas encore occupé par le berger. Le sentier se resserre, nous franchissons un court passage exposé en prenant soin de ne pas glisser.

Puis, je suis face à un passage étroit, comme une cheminée. Le mur, d'une poignée de mètres de haut, est très délicat à grimper. Son ascension est courte, mais il ne faut pas avoir le vertige... Je m'agrippe aux rochers avec les mains pour me hisser plus facilement. Le cœur palpitant, je découvre ce que je pense être le lac de Cestrède. Il est bordé de part et d'autre par des précipices vertigineux.

Denise pose son sac et me rejoint, sans regarder l'abîme, en prenant mille précautions ! Le passage en dévers est aérien, nous décidons de ne pas faire le tour du lac. Comme posé sur un balcon en granit, entre le sommet d'un pic et le fond de la vallée, le plan d'eau à des couleurs incertaines, entre bleu et vert.

L'objectif de la randonnée est réussi. Des photos, un paysage sublime et un temps radieux, il est temps de rentrer.

Des pêcheurs qui arrivent du lac nous rejoignent. Ils nous racontent qu'ils se sont levés à 2 heures du matin pour pratiquer leur loisir dans le Lac d'Antarrouye à 2 009 mètres d'altitude. Nous comprenons maintenant que le lac, un peu plus bas, est le Lac de Cestrède... Sans le savoir, nous avons fait coup double... Deux lacs pour le prix d'un !

Nous passons devant un ancien pluviomètre abandonné depuis longtemps. Ce type d'installation, entre 1945 et 1977, permettait de mesurer les précipitations cumulées, aussi bien liquides que solides.

Installés sur un rocher sur la rive du lac, nous avalons un petit en-cas. À 13 heures, nous descendons dans la vallée.

Pour regagner le parking, il faut emprunter le sentier en sens inverse. Si la montée a été laborieuse, la descente sur les pentes caillouteuses est interminable. Aussi, à une allure de limaçon, nous prenons le temps de contempler la flore.

Selon l'élévation, du sommet de la crête, aux verts pâturages, la végétation est discrète ou ressemble à un "jardin suspendu". Le long du chemin, des espèces différentes de fleurs, coincées dans la pierraille, forment des petits bouquets multicolores.

Plus surprenant, un versant de la montagne est colonisé par des centaines de jonquilles. Ces fleurs en trompette, d'une couleur jaune vif attirent le regard.

Nous quittons la superbe végétation des pentes ensoleillées et jonchées de rochers des Granges de Bué, pour traverser de larges étendues d'herbe.

Elles sont peuplées de marmottes qui sifflent à notre passage. Certaines restent immobiles devant leur terrier et se dorent au soleil, d'autres courent, sûrement à la recherche de nourriture. Munies d'une ouïe très sensible, elles déguerpissent de leur poste d'observation à notre approche.

Retour à la voiture. Je prends la direction de la Gironde. Notre courte escapade à la montagne est terminée. Les journées sont passées très vite... Mais Denise doit avoir dans sa tête de nouveaux projets...

Informations pratiques

Altitude au départ : 1 430 mètres

Altitude au Lac de Cestrède : 1 965 mètres

Altitude au Lac d'Antarrouyes : 2009 mètres

Dénivelé cumulé : environ 700 mètres

Durée : nous avons mis 5 heures aller-retour.

Flèche rouge = aller

Flèche mauve = retour
 

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Les Hautes-Pyrénées, c'est une visite dans un univers splendide, souvent surprenant, peuplé de véritables chefs d'œuvre de la nature... Les montagnes offrent une diversité exceptionnelle de paysages, de vie animale et végétale, des lacs d'une belle teinte turquoise et des chutes d'eau impressionnantes et majestueuses.

Notre virée dans les cirques glaciaires est terminée. Ces joyaux sont très différents les uns des autres. Le désir de randonner est comblé... Nous planifions déjà une expédition à la Brèche de Roland pour le mois de septembre.