Découverte de l'ALBANIE en
septembre - octobre 2021
DEUXIEME PARTIE
FORMALITES
Visa obligatoire seulement pour un séjour de plus de 3 mois.
Vaccination
Vaccins recommandés :
. vaccinations universelles : hépatite B, DTPC.
. Hépatite A, fièvre typhoïde.
Vaccination obligatoire :
. Covid 19 (deux doses).
Question argent
La monnaie : le LEK (Lekë au pluriel).
Possibilité de payer en euros, mais mieux vaut changer en monnaie locale pour bénéficier d'un meilleur taux. Dans les grandes villes, il y a partout des bureaux de change (Western Union).
Septembre-Octobre 2021... 1€ = 121 Lekë.
Vous trouverez des billets de 200, 500, 1000, 2000 et 5000 Lekë et des pièces de 1, 5, 20, 50 et 100 Lekë.
Question transport
Aérien
Bordeaux - Bari : direct.
Bari - Bordeaux : direct.
Compagnie Ryanair. 104,96€ les 2 billets + 2 bagages en soute 89,98€.
Total : 194,94€ pour deux (achetés le 10/08).
Maritime
Compagnie Adria Ferries
Billets achetés au bureau de la compagnie sur le port de Bari.
207€ (A-R) pour une cabine double avec salle d'eau privative.
Bari - Durrës : départ 23 heures - arrivée 9 heures.
Durrës - Bari : départ 23 heures - arrivée 9 heures.
Terrestre
Les Bus
Pour les destinations "longue distance". Le confort est variable, mais les bus sont souvent équipé de l'air conditionné. Les tarifs sont très abordables.
Le pays est montagneux, l'état des routes est parfois dégradé, les trajets sont assez longs.
Les Furgons
Ce sont les moyens de transport pour les trajets de petites distances.
Les minibus (9 à 18 passagers) démarrent lorsqu'ils sont pleins. Dans les stations rourières, en plus d'être bon marché, ils sont facilement répérables. Il est possible que le conducteur rajoute des sièges pliables au milieu de l'allée centrale. Les départs sont plus nombreux le matin, puis ils se raréfient en milieu d'après-midi.
Sur le bord de la route, il faut lire la destination inscrite sur une petite affiche apposée sur le pare-brise, et il suffit de lever la main. Les passagers, au fil des arrêts, se rapprochent des premières places pour descendre plus rapidement. Beaucoup de ces minibus ne sont pas climatisés, dans la journée, ils se transforment en cocotte-minute. La proximité des sièges permet une discussion entre les personnes (même celles qui ne se connaissent pas).
Les Stations routières
Dès les premières heures de la matinée, c'est l'effervescence autour des bureaux des compagnies et des petits bus dont l'organisation des départs laisse à désirer. Les bus touristiques et les "furgons" ont leur propre station, sauf dans les grandes villes, où ils se partagent un même lieu. Lorsque la station est à l'extérieur du centre-ville, elle est toujours facilement accessible en bus urbain.
Itinéraire et prix
Ksamil - Gjirokastër : 70 kilomètres. 7€ pour deux. 2 heures de trajet.
Gjirokastër - Permët : 60 kilomètres. 5€ pour deux. 1 h30 de trajet.
Permët - Korcë : 120 kilomètres. 10€ pour deux. 4 heures de trajet.
Question hébergement
Gjirokastër
Hôtel Parloto.
Rruga (rue) Ismail Kadare.
Bon accueil des propriétaires. PHébergement près des centres d'intérêts. Au calme. Bon et copieux petit-déjeuner. 21 € la nuit avec le petit-déjeuner.
À recommander.
Permët
Keli Guest House.
Lagje Bajame Permët Deja Wu.
Accueil chaleureux du propriétaire. Bien situé dans le centre ville. Chambre confortable. 20 € la nuit avec le petit-déjeuner.
À recommander.
Korcë
Bujtina e Bardhe.
Rruga Spiro Ballkameni, Mbrapa Katedrales.
Belle maison ancienne, à deux pas de la cathédrale. Excellent accueil, avec énormément d'informations fournies par le propriétaire. Personnel attentif. Chambre confortable.
25 € la nuit avec un copieux petit-déjeuner.
À recommander.
L'offre hôtelière est de qualité, avec des prix très bon marché. L'accueil est toujours cordial. La gentillesse du personnel et des propriétaires est à souligner. La qualité de la literie est excellente, les chambres sont décorées de façon traditionnelle et partout la propreté des sanitaires est à signaler.
Question au quotidien
Essence : 172-195 Lekë le litre (1,43-1,62 €) - Diésel : 170-178 Lekë le litre (1,40-1,48 €). Prix suivant les régions.
1 birek (grand feuilleté au fromage) : 40 Lekë (0,34 €). 1 cappuccino : 135 lek (1,10 €). 1 bière locale (0,50l) 140 lek. 1 bière étrangère (0,33l) 140 lek. 1 bouteille d'eau 60 lek (0,50 €).
1 kg de pommes ou de tomates 0,80 lek (0,60 €). 1 paquet de cigarettes 320 lek (2,60€).
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Difficile de partir pour une destination lointaine avec la pandémie du COVID 19.
Notre choix s'est porté sur l'Albanie, voisin de la Grèce, un petit pays qui n'est pas encore envahi par l'afflux de touristes. Les conditions sanitaires sont allégées à compter de septembre 2021 :
. Pass sanitaire (2 vaccinations). Contrôle à l'entrée et à la sortie du pays.
. Pas d'obligation de quarantaine.
. Port du masque obligatoire à l'intérieur des lieux publics fermés.
Le pays possède de multiples richesses :
Des traditions culturelles. Des sites archéologiques. Des parcs naturels. Des monuments religieux. Des villes classées au patrimoine mondial de l'Unesco. La Rivièra albanaise avec les plages de la Mer Ioniènne et de la Mer Adriatique.
L'Albanie, bénéficie d'un gros avantage à cette période de l'année, avec un climat méditerranéen sur la partie littorale et doux à l'intérieur. Proche de la France, aux portes de l'Europe, le pays, petit par sa surface, est encadré par le Monténégro, le Kosovo, la Macédoine du Nord et la Grèce.
Histoire récente de l'Albanie
Republika e Shipërisë
Ce pays, encore méconnu, a beaucoup souffert de la fermeture de ses frontières durant la dictature de Enver Hoxha de 1946 à 1985 (date de sa mort). Il enfoncera son pays dans l'isolement en le faisant vivre en autarcie, sous un régime de terreur.
La situation perdurera avec le dirigeant communiste Ramiz Alia jusqu'au renversement du régime en 1991.
Actuellement considéré comme le pays le plus pauvre et le plus isolé de l'Europe, l'Albanie s'est ouvert au monde et souhaite un rapprochement avec l'Union Européenne. D'après les médias, la corruption et la criminalité organisées entravent les grandes institutions : l'Etat, la police et la justice en particulier.
Avec notre curiosité habituelle, à nous de découvrir la culture du pays, ses paysages, ses plages, son histoire ancienne et son passé récent.
CARTE DE L'ALBANIE
Itinéraire de notre voyage
Flèche bleue : Ferry Bari - Durrës . Durrës - Bari.
Ferry Koman - Fierze.
Flèche rouge : bus 1ère partie du périple.
Flèche verte : trek Valbonë - Theth.
Flèche mauve : Bus de la 2ème partie du périple.
Flèche violette : Bus entre Pogradec et Ohrid en Macédoine du Nord.
Flèche noire : bus de la 3ème partie du périple.
Deuxième partie
Gjirokastër
Permët
Korcë
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Jeudi 24 septembre 2021
Gjirokastër
La ville de pierre
La ville penchée
Fin du bol d'air iodé des plages de la Rivièra Albanaise. Notre destination à venir est Gjirokastër. Toujours dans le sud du pays, dans une région montagneuse, sur les pentes de Mali I Gjerë, à 35 kilomètres de la frontière grecque.
Nous prenons le petit-déjeuner dans notre studio de Ksamil. Avant de partir, nous saluons et remercions nos hôtes très sympathiques. À 8 heures, nous nous rendons à pied à la station des bus.
La navette est archi-comble jusqu'à Sarandë. À l'approche de la ville, la vue des nombreuses barres d'immeubles dans la baie bétonnée, nous conforte dans le choix d'avoir choisi Ksamil et son superbe décor, sa tranquillité et ses plages.
Il est 9 h30, nous nous installons dans un bus confortable et climatisé qui part pour Tirana via Gjirokastër. Nous achetons directement les billets au conducteur (300 lek par personne).
Dès les premiers kilomètres, les virages se succèdent, la route, très sinueuse laisse tout juste le passage à deux véhicules qui se croisent.
Devant nous, je vois à l'infini, une mosaïque de paysages variés, préservés et toujours sauvages. Nous en prenons plein les yeux !
Les montagnes sont pénétrées par des vallées profondes. Je remarque d'abord des forêts denses, composées de gigantesques chênes et des hêtres aux troncs tordus et déformés. Plus on prend de l'altitude, plus la végétation décroît, à l'exception des sapins et des pins, à la hauteur démesurée.
Les sommets, souvent pelés, coiffent l'ensemble. Nous arrivons dans les zones de pâturage des troupeaux de vaches et de brebis.
De coquets villages, perchés à 500 mètres d'altitude, sont accrochés sur les flancs verdoyants des collines. Dans la vallée, la route serpente entre des monts boisés et des enclos, plantés de vignes et des vergers. Les champs de céréales, dont une partie sont déjà moissonnés, se prolongent à l'infini.
Je distingue les demi-sphères grisâtres des bunkers militaires, posés ou semi-enterrés dans le sol. Construits sous le régime et la volonté paranoïaque d'isolationnisme d'Enver Hoxha. 173 000 blockaus qui n'ont jamais connus de conflit !
Aujourd'hui, ils sont délaissés, la plupart sont à l'abandon. Dans les campagnes, ils servent d'abris aux animaux de la ferme. En ville, quelques-uns sont reconvertis soit en cafés, en petits entrepôts ou en logements pour les sans-abri.
Les plus connus ont été transformés en Musée d'art et d'histoire.
L'arrivée à Gjirokastër est un enchantement. Sa forteresse se voit de loin. Tout en haut d'une colline, elle domine la vallée où coule la Rivière Drino.
Le conducteur nous dépose sur la SH 4, à hauteur d'un grand rond-point, à la périphérie de la ville nouvelle. Tous les furgons et les grands bus qui empruntent cette route sont rassemblés sur l'accotement.
Le centre historique est à deux kilomètres au sud. Sac sur le dos, nous nous rendons à l'Hôtel Palorto. Le sol plat de la grande avenue se termine au débouché d'une ruelle pavée qui mène vers le Bazar. Elle est longue... Très longue, elle est pentue... Très pentue et il fait chaud ... Très chaud !
Enfin, nous arrivons au bout de l'ascension de la longue côte. L'accueil du propriétaire sur la terrasse fleurie est agréable.
Gjirokastër forme un immense amphithéâtre. Ses maisons sont perchées à flanc de colline... Mieux vaut recharger les accus avant de commencer la balade.
Dans un restaurant dédié à la cuisine traditionnelle, nous nous régalons avec une moussaka, une spécialité d'influence des voisins grecs.
Rassasiés, nous partons à la découverte des belles bâtisses traditionnelles en pierre et au beau toit de lauzes grises qui les caractérisent.
Pas besoin de plan pour déambuler dans les rues, la cité historique s'appuie sur les pentes des collines. Il fait chaud, pour se jouer du soleil, nous zigzaguons dans les ruelles pavées de gros cailloux, en rasant les façades des maisons. Des étais en bois, appuyés sur les murs, soutiennent les avant-toits qui apportent une protection contre le vent et la pluie.
La Maison Fico, avec sa façade jaune et à l'architecture ottomane, détonne de la couleur austère de ses voisines. Une architecture singulière et inhabituelle !
Certaines maisons de ce joyau, inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 2005, datent du XVIIe et du XVIIIe siècle.
Beaucoup d'entre-elles sont menacées :
. Les propriétaires n'ont pas les moyens financiers pour assurer la restauration de l'authenticité historique de leur bien. Abandonnées et vides, elles menacent de s'effondrer.
. Les problèmes familiaux, avec des gens qui vivent à l'étranger et empêchant les rénovations.
Le romancier Ismail Kadaré, natif de Gjirokastër, dans une chronique, a décrit sa cité natale comme "la ville la plus penchée au monde".
Quelques-unes maisons sont réhabilitées pour accueillir les touristes. À la différence de Bérat, que nous avons visité il y a quelques jours, les quartiers sont plus aérés, les maisons en pierre blanche et aux fenêtres en bois sont accrochées au versant.
Elles ont toutes, un jardinet qui abrite entre les murs, de la vigne étalée contre un mur, une pergola ou un treillage. Dans les recoins, ce sont les odeurs agréables des mûriers et des grenadiers aux fruits généreux qui embaument les rues.
Nous nous dirigeons vers la Citadelle qui domine la ville, au sommet d'un éperon rocheux. Le quartier du Bazar s'étend sous les murs du château, les rues pavées sont envahies par les touristes. Il y a trop de monde, nous reviendrons le visiter demain matin.
Le chemin grimpe encore plus haut, le sommet du mamelon culmine à 335 mètres d'altitude. En longeant les murailles, nous trouvons quelques vendeurs de souvenirs près de l'entrée. Après nous être acquittés de notre obole (400 lek par visiteur), nous pénétrons dans les imposantes fortifications.
Ici, i n'y a pas d'habitations à l'intérieur, la forteresse était seulement dédiée à la défense militaire.
L'enceinte du XIIIe siècle est démesurée. La visite commence par une galerie souterraine qui abrite de nombreuses vieilles pièces d'artillerie. Nous passons rapidement devant un char d'assaut italien.
Il faut se baisser pour entrer et découvrir des écrits et des marques sur les murs des cellules dans la prison. Elle a été utilisée par les italiens, les allemands, puis, sous la dictature de Enver Hoxha, jusqu'en 1968.
Nous quittons les salles qui respirent la décrépitude, et dehors, nous retrouvons le soleil. Noyés de transpiration, nous longeons une série d'arcades en pierre.
Sur le terre-plein, la carcasse d' un avion américain, forcé de se poser en 1957, puis abandonné par l'armée américaine du temps de la guerre froide, est exposé comme un trophée.
À l'extrémité de la citadelle, la Tour de l'Horloge est magnifique. Visible depuis la route SH 4, elle sert de point de repère pour se diriger. Construite après la prise de la ville par Ali Pacha, elle servait à indiquer l'heure des prières.
La terrasse est un belvédère géant, la vue à pratiquement 360°, est fantastique.
Du pied de la citadelle, jusqu'au sommet des collines, nous sommes émerveillés par l'architecture des maisons historiques. Certaines s'élèvent sur 3 étages, d'autres sont embellies par des tourelles défensives (Kullë turque).
Entourée par les nombreuses fenêtres, la pointe du minaret de la Mosquée s'élève dans le ciel. Chaque quartier à sa particularité...
Plus bas, le panorama est généreux sur les hauts immeubles de la ville nouvelle. À l'horizon, les montagnes et leurs sommets, qui culminent à près de 2 000 mètres, dominent l'immense Vallée du Drino.
Quel spectacle envoutant !
Nous terminons la visite par le Mausolée de Babës. Deux dignitaires bektashis "Prêtres-Derviches" de l'ordre soufi, sont inhumés dans un petit jardin, où se mêlent quelques fleurs pour le plaisir des yeux et l'ombre rafraîchissante de quelques arbustes.
Nous allons encore plus haut sur la colline. La côte semble douce, mais à la sortie d'un lacet, la pente devient très escarpée. Là-haut, le quartier est déshérité. Notre recherche reste vaine pour trouver un ancien aqueduc construit sous le règne de Ali Pacha. Il ne reste que des ruines.
Pas un seul touriste dans les parages, seulement des broussailles, des déchets, quelques maisons en ruine et une vue unique... Rien que pour nous !
Installés depuis un belvédère naturel, nous sommes récompensés par un panorama impressionnant. La vue porte à l'infini aux quatre points cardinaux.
Nous comprenons le rôle stratégique de l'immense Citadelle (Kalaja e Gjirokastrës). Avec ses dimensions démesurées (longue de 600 mètres et 70 mètres dans la partie la plus large). Elle contrôlait toutes les communications dans la vallée.
Retour dans le dédale étroit des ruelles du bazar. Magie et superstition, une particularité des croyances dans le pays est étonnante. Un grigri, à l'allure diabolique, est accroché sous l'avant-toit d'une maison. Il est censé protéger ses habitants en chassant les mauvais esprits.
Nous avons souvent aperçus dans le pays, des oursons en peluche accrochés aux toits et aux balcons des maisons. L'animal est un autre symbole pour conjurer le sort.
Le soleil décline, inondant les sommets environnants. Quelle ville... Quelle journée !
Samedi 25 septembre 2021
La température est très fraîche lorsque notre hôte nous sert un petit-déjeuner savoureux et abondant, composé de crêpes et de beignets.
Nous avons privilégié la tranquillité matinale pour visiter le Vieux Bazar appelé par les locaux "Qafä e Pazarit ", le "Cou du Bazar".
Le soleil est généreux et la lumière inonde les rues. Si le centre historique s'est structuré dans cette zone, on en a vite fait le tour. Cinq rues qui sont bordées par une multitude de commerces de souvenirs, des bars et des restaurants. Le quartier n'a plus rien d'ancien. Un programme de rénovation et de réhabilitation récent, initié par l'Etat et financé par des fonds américains et de la banque mondiale, a modifié l'environnement.
C'est beau, c'est propre, c'est trop propre et trop beau... Attablés sur les terrasses où dans les magasins, seuls les touristes semblent profiter des lieux.
Au bas de la rue principale, la Mosquée du Bazar (Xhamia Memi Bey) a aussi un toit typique en lauze. Son intérieur dépouillé est rehaussé de superbes fresques sur les murs et le plafond.
Lors de l'interdiction religieuse par le régime communiste, elle a était utilisée comme salle d'entrainement pour les acrobates de cirque. Aujourd'hui, elle est remplacée par une école musulmane. Une jeune femme enseigne le Coran à quelques jeunes enfants. Notre présence discrète ne la dérange pas.
L'Albanie cultive un modèle d'harmonie religieuse où les quatre religions principales semblent cohabiter avec intelligence.
Les Kullë de Gjirokastër.
Gjirokastër possède encore de nombreux trésors culturels et architecturaux. Face à notre hôtel, la Skenduli House est une Maison-Tour ottomane fortifiée datant du XVIIIe siècle. Une des plus anciennes de la ville, construite par une riche famille.
Son propriétaire, descendant de la 10ème génération, nous ouvre sa maison (200 lek par visiteur), il l'a récupéré après sa confiscation par le régime communiste.
Notre "guide" nous conte de nombreuses péripéties dans un bon français. Nous ne comptabilisons pas le nombre de pièces, il y en a en énormément, et à tous les étages...
Sur la façade, des poutres latérales en châtaigner soutiennent son toit, en cas de tremblement de terre. Au sous-sol, il nous décrit le système ingénieux des conduites d'eau, qui alimentaient une citerne d'une contenance de 130 000 litres.
L'aménagement des étages supérieurs est intact et confortable pour l'époque, il est resté dans son "jus". Le premier étage était utilisé à la saison froide, le deuxième niveau était occupé à la saison chaude.
Des meubles en marqueterie dans les chambres et des motifs décoratifs et des fresques florales, ornent les nombreuses pièces.
De superbes cheminées peintes (9), plusieurs toilettes et hammams, témoignent de l'opulence des riches propriétaires qui ne se refusaient rien !
La maison avait aussi une capacité de défense élaborée, face aux envahisseurs. Elle servait de tour de guet depuis l'immense véranda, face à la vallée. Sa sécurité était complétée par des meurtrières, dans les épais murs. La plus belle salle comporte des pièces de Musée, les photos sont interdites, mais quel éclat... Quelle splendeur !
Le maître de maison est prolixe dans ses explications, et nous invite à partager un voyage dans le temps.
Autre incontournable de la cité, la Zekate House (Shtëpia Zkatëve) est une autre Maison-Tour fortifiée. Il faut grimper au sommet d'une colline. La vue sur les toits de la vieille ville et de la vallée est incomparable.
Son architecture est différente de la Skenduli House. Sa grande façade à double arche est encadrée par deux tours latérales qui s'élèvent sur 3 étages. Nous réglons l'entrée (200 lek par visiteur). Il n'y a pas de visite accompagnée, nous déambulons dans les pièces à notre guise.
Au Rez-de-chaussée, la cuisine et la citerne de réserve d'eau. Nous montons par un escalier central dans les étages. Des chambres avec tout le confort de l'époque (toilettes et hammam) et des salons de réception. Le "must", est un grand salon, typique des kullë, avec une superbe cheminée, des fresques florales sur les murs et un plafond richement sculpté. Contrairement à la maison précédente, les photos sont autorisées.
Le troisième étage, au sommet d'un escalier en bois était dédié pour les femmes qui y travaillaient en observant sans être vue !
Un film est en cours de tournage. Un acteur, me sourit gentiment et pose fièrement dans sa tenue traditionnelle.
Nous descendons dans la ville nouvelle pour repérer la station de départ des "furgons" pour Permët, notre prochaine destination, demain matin.
Au pied de la citadelle, la ville moderne ne possède pas de monument à visiter. Nous aimons bien l'ambiance, loin de l'agitation touristique, et nous prenons place à la terrasse d'un bar. La bière locale bien fraîche est agréable. Comme par magie, en fin d'après-midi, les rues retrouvent une grande animation.
Une poignée d'hommes jouent aux échecs dans un brouhaha étonnant. Tout le groupe participe et commente les stratégies, loin du comportement habituellement calme et concentré que demande ce jeu.
La vrai vie quotidienne des albanais se découvre dans les quartiers populaires.
Moment de fraîcheur, il est 19 heures, la nuit tombe lorsque l'on arrive dans le Quartier Dunavat, au-dessus de la forteresse.
Il nous faut refaire le plein d'énergie, un aubergiste est assis sur un banc devant son épicerie-restaurant. Installé sur une terrasse fleurie, un brasier promet de belles grillades. Nous nous régalons avec un plat généreux de moussaka, de qoftë (boulettes de viande) et des aubergines farcies. Le repas terminé, le patron, bienveillant et aux petits soins vient bavarder.
Les rues du Bazar sont toutes illuminées, nous croisons Yann et Yoan,des bretons avec qui nous avons partagé le sentier du trek, entre Valbonë et Theths.
Une occasion d'ouvrir le carnet de voyage, en partageant la découverte des paysages nouveaux et les rencontres de personnes qui n'ont pas les mêmes coutumes que les nôtres.
Dimanche 26 septembre 2021
PERMËT la ville des roses
Cette nuit, une couverture supplémentaire s'est avérée indispensable pour bien dormir. Ce matin, il fait toujours aussi frisquet à la pointe du jour. Nous nous sommes levé à l'aube et notre hôte nous attend à la porte du jardin. Le petit-déjeuner est différent de la veille, une nouvelle belle attention de notre sympathique famille.
Sac sur le dos, nous descendons une rue grossièrement pavée. Nous sommes interpellés par un "papy". Dans son garage, il concocte de l'eau-de-vie, qualifiée dans le pays de "boisson d'homme".
L'homme, jovial et bedonnant, ne parle pas anglais, il veut à tout prix me faire plaisir... Je me retrouve avec un verre à la main, le bonhomme me propose une généreuse rasade de raki.
Il s'est levé tôt ce matin pour distiller du marc de raisin. La distillation se fait à son rythme, en surveillant les flammes, sous le "Kasan", un chaudron de cuivre. À l'intérieur, il me montre les raisins qu'il a mis à fermenter dans des bidons.
Ça sent la potion magique !
Impossible de refuser, mais à 8 heures, du raki , c'est costaud ! Il rit de bon cœur lorsque j'esquisse une grimace... Encore une bonne surprise, l'authenticité et la gentillesse des albanais est une réalité.
Le furgon (300 lek par passager) pour Permët démarre à 10 heures. La route sinue entre l'ondulation des flancs bosselés des montagnes, dont les sommets culminent à 2 000 mètres d'altitude. Nous traversons les Gorges de Kelcyre et la Vallée du Drino.
L'inégalité, entre ville et campagne est visible dans les moyens de déplacement de la population. Un dicton national signifie que le choix de transport est, soit une Mercedes, soit un âne. Ici, les paysans se déplacent à dos de cheval. Tout le long de la route, les champs cultivés alternent avec les vergers prolifiques. La vaste plaine agricole est exceptionnellement riche.
Nous posons nos sacs à la Kelly Guesthouse, un hébergement qui borde une jolie Place Centrale. L'accueil du propriétaire, autour d'une tasse de café, est chaleureux. Au premier étage, la chambre est superbe et confortable. Impeccable... Nous réservons le logement pour deux nuits.
Nous partons visiter la ville, qui a le privilège d'être considérée comme la plus propre et la plus verte d'Albanie.
La chance est avec nous. Nous errons dans les rues, lorsque nous trouvons par hasard, le conducteur du furgon qui fait le trajet pour aller au Pont de Benjë, à une dizaine de kilomètres. Nous prenons rendez-vous avec lui pour demain.
La station des bus qui assurent la liaison avec la ville de Korcë est proche de notre logement. Notre interrogation pour notre prochain déplacement est résolu, un peu de temps de gagné !
Le cœur de Përmet est bordé par des bâtiments à plusieurs étages, avec des appartements standardisés. Ici, les rues ont des airs du passé communiste. Il n'y a pas de maisons avec des façades en vieilles pierres, comme celles de Gjirokastër. De nombreux aménagements floraux ornent la place et des bancs et des jeux pour enfants sont disposés dans les jardins, le long de la rivière. La ville porte le nom de "Ville des Roses".
Un peu de couleur sur les devantures pour faire oublier les heures sombres de l'histoire et beaucoup de verdure le long de la Rivière Vjosa. À l'extrémité de la promenade, s'élève un énorme rocher ! Comme planté dans le sol, sa présence est incongrue. Un escalier permet de l'escalader jiusqu'à son sommet qui fait office de belvédère.
La grosse pierre est considérée comme un monument culturel, de nombreuses histoires entretiennent le mythe de la ville.
Le propriétaire de l'hôtel nous a recommandé une randonnée agréable qui mène au village de Lipë, à 4 kilomètres, dans la montagne.
J'entre le nom dans "Maps.Me", et vamos ! Nous enfilons les chaussures de marche, et nous sortons du centre-ville.
Rapidement le macadam de la rue principale se transforme en chemin caillouteux. Nous nous arrêtons à la Saint Friday's Church (Kisha e Shën e Premtes).
Construite en 1776, l'église à une architecture longue et basse, avec un superbe porche à colonnades. Elle renferme de belles peintures murales. Dommage, la porte est fermée à double tour.
À hauteur des dernières maisons, un habitant nous signale que le chemin est barré. Vaguement, de la main, il nous indique un autre cheminement. Nous lui faisons confiance. La technologie "Maps.Me", sûrement un peu plus loin, fera le point si besoin.
Nous traversons un canal d'écoulement des eaux, sur une échelle de bois. Au de-là, le sentier muletier est bien visible. À mesure que l'on prend de l'altitude, l'harmonie est parfaite entre les paysages de montagnes, des forêts de sapins et des hêtres à l'odeur entêtante.
En contrebas de la colline, l'horizon dégagé offre une vue plongeante sur la ville. De part et d'autres du chemin, les vignes croulent sous le poids d'innombrables grappes, garnies de grains bons à manger.
Il fait chaud, très chaud... Nous arrivons dans le vieux village de Lipë. Les habitations sont en ruines où abandonnées. Un berger nous tend des grappes de raisins, la rencontre est brève mais très amicale.
Il n'y a rien à voir dans le village, notre nouvel "ami" nous indique de la main, un chemin qui mène à l'Eglise Sainte-Hélène (Shëin Elenës) à 2,5 kilomètres plus haut, dans la montagne.
Le sentier est en partie signalé, car une procession a lieu tous les ans, le 21 mai.
L'itinéraire est difficile et étroit dans les éboulis, seuls les chèvres et les ânes le fréquentent. La température est caniculaire, j'apprécie les passages dans les endroits tempérés, à l'abri des rayons du soleil.
Nous arrivons à hauteur d'une immense Croix. À ce niveau, un berger nous montre un sentier, magnifique et désert, il serpente dans la colline très escarpée.
Enfin, un portail, avec une grille en fer barre en partie le passage. Un sentier en terre battue longe des petites grottes, à flanc de falaise.
L'église est toute riquiqui... Au centre du petit édifice, une table est décorée par des offrandes et des objets de culte. Les murs de pierre sont tapissés par des icônes qui représentent les visages de Saints, vénérés par les fidèles.
Le vent a gagné un peu de force lorsque nous nous engageons dans le même sentier pour le retour. Dans le village de Lipë, le berger rencontré un peu plus tôt, là-haut, nous attend avec des grappes de raisins.
Quel sens de l'accueil ! les clichés négatifs du pays et de ses habitants vu de France en prend encore un coup !
La descente est bien plus rapide vers Permët. Dans la vallée, les familles d'agriculteurs cultivent des vignes et produisent du vin et du raki maison. Effectué dans les jardins, le système de distillation est rustique et artisanal.
Je "traine la patte". Par chance, un peu de répit pour mes mollets, le chemin plein de graviers fait place à une portion de route goudronnée.
Récurés et reposés, nous retournons au Restaurant Falmijari et sa cuisine traditionnelle. La sympathique propriétaire nous sert des spécialités appelées Tarator (yaourt-concombres-ail et aneth), des Fergesë me speca (poivrons-tomates-gjizë) et des courgettes au parmesan.
J'accompagne tous les mets d'un verre de vin blanc local. Un régal !
Lundi 27 septembre 2021
Comme tous les matins, le ciel est d'un bleu immaculé, mais la température est fraîche dans cette région aux massifs élevés.
Nous prenons notre petit-déjeuner dans un bar, face à la guesthouse.
À 8 heures, nous sommes près de la Mosquée, à la station du furgon (50 lek par passager) pour aller au Pont de Benjë et ses piscines d'eau chaude. Les maillots de bain sont dans le sac.
Le conducteur parle un bon français. Il nous explique son emploi du temps, avec en pleine saison, deux rotations : Aller départ à 8 h30. Retour à 12 h30, puis un nouveau départ à 13 h30 et le retour à 18 heures. Hors saison : une seule rotation, le départ à 8 h30 et le retour à 13 h30.
Il faut une petite demi-heure pour effectuer les 15 kilomètres. Nous sommes une poignée de passagers, seulement des locaux avec nous.
Sur le site, dans le creux d'une vallée, quelques camping-caristes squattent les rives du cours d'eau.
Le Pont de Benjë (Ura e Bënjës) de style ottoman est entouré de sources thermales naturelles. C'est magnifique et étonnant... Le pont en pierre, à la courbe parfaite, relie les berges de la petite rivière. Six petits bassins ont des eaux à base de soufre. Réputées pour leurs pouvoirs relaxant et curatif, elles traitent les troubles rhumatismaux, l'estomac ou encore la peau.
Sous les arches du pont, nous nous baignons en compagnie d'un ancien professeur d'italien, dans un bassin dont l'eau soufrée "infuse" entre 26 et 30°.
Son français est excellent, il nous signale que l'eau de ce bassin guérit les maux d'estomac. En fonction de leur composition, de la nature et des propriétés des minéraux, tous les jours, lui et ses amis viennent soigner et soulager leurs problèmes de santé.
Le grand bassin, à quelques mètres de là, avec son eau à 30°, soigne les maladies de la peau.
Je me dirige dans le canyon en remontant le lit de la Vjosa sur 400 mètres. Seul, un gros filet d'eau roule sur les galets, je saute sur de gros cailloux d'une rive à l'autre. Des conifères et des fougères s'accrochent sur les falaises.
Le long du parcours, trois petits bassins d'eaux minérales naturelles sont différents. L'odeur soufrée est particulièrement nauséabonde... L'eau plus ou moins chaude. Le site est fréquenté principalement par des familles albanaises. L'ambiance y est dons très chaleureuse.
Assis sur la terrasse de l'unique bar, près du parking, nous discutons avec le conducteur du furgon.
Il a passé deux années en Belgique. Sans papiers, il a été obligé de rentrer au pays. La vie est compliquée, mais il envisage l'avenir avec espoir.
Dans le véhicule, le professeur nous conseille une randonnée facile, qui mène au village de Leusë, perché dans la montagne, à 2,5 kilomètres de Permët.
Le passage à notre chambre est rapide pour effectuer un changement de tenue. Le repas est frugal, nous mangeons sur le pouce un byrek. En un clin d' œil, nous voilà sur un chemin large, caillouteux et bien signalé. Nous prenons de l'altitude, l'horizon dégagé dévoile une vue fantastique sur la vallée.
Nous passons devant un petit autel sur le bord du chemin. La circulation est parfois dangereuse dans le pays. Au fil des kilomètres, les petites stèles témoignent d'une mort violente causée par un véhicule à moteur. Très souvent, un jeune homme, mort au volant d'une voiture puissante !
Chaque autel, raconte l'histoire de la victime, avec des photos et des objets divers lui appartenant.
La réalisation de ces minuscules monuments n'a rien d'intimidant, tous les jours, les conducteurs semblent les ignorer et appuient fortement sur l'accélérateur.
Nichée dans la forêt, Saint Mary's Church (Kisha e Shën Marisë) est une église reconstruite au XVIIIe siècle. Elle fait partie du patrimoine culturel.
Le monument religieux est riche en fresques. Sous les colonnades, les peintures sont impressionnantes. La porte est fermée par un cadenas. Pas de visite possible de l'intérieur. Nous quittons ce lieu paisible et enchanteur.
Sur le chemin, nous croisons un vieux paysan. Avec ses chevaux, il assure le ravitaillement des villageois, éloignés de la grande ville.
Il faut grimper un chemin escarpé pour atteindre le village de Leusë. Isolé sur les pentes desséchées, le hameau est minuscule, il semble vidé de ses habitants. Quelques habitations en mauvais état, des meules de paille... Et un panorama à couper le souffle.
Nous prenons le même chemin pour le retour. À l'entrée de la ville, la nature est généreuse, les grenadiers et les figuiers croulent sous le poids de leurs fruits, pour notre grand plaisir.
Les habitations ont des façades de toutes les couleurs. Jaune canari, vert pomme... La population veut oublier les bâtiments de l'époque communiste, mais il y a encore à faire...
Il est 18 heures. La chaleur a baissé, la longue balade a était rude. Mes pieds renâclent à avancer lorque l'on arrive à la chambre. Repos... Repos.
Nous retournons en soirée au Falmijari Restaurant. Les assiettes sont copieuses : spaghettis-tomates et légumes frits...
Mardi 28 septembre 2021
KORCË Le petit PARIS
Il faut se lever tôt ce matin, le furgon Mercedes (600 lek par passager) pour Korcë démarre à 7 heures, c'est le seul de la journée.
Malgré les nuages gris au-dessus des montagnes, nous enchaînons les montées et les descentes dans les magnifiques forêts de feuillus et de fougères qui se parent des belles couleurs rouges et pourpres de l'automne.
Le conducteur respecte la vitesse, des travaux et encore des travaux sur la chaussée. Entre la détérioration des routes, faute d'entretien et certaines portions qui sont inachevées, nous retrouvons toujours les mêmes soucis pour les conducteurs, depuis le début de notre périple.
Deux arrêts pause-café. Conduire demande de la vigilance. Sur la route, nous rencontrons plus de chèvres en liberté que de véhicules, la circulation est rare.
À l'approche de Korcë, terminé les forêts de sapins et de hêtres. La route traverse de nombreux vergers, principalement des pommiers, de la vigne et des cultures de maraichage.
Nous arrivons 4 heures plus tard, dans la récente station routière. Moderne, elle est digne d'une grande métropole.
Pour se dégourdir les jambes, rien de mieux que de parcourir, sac sur le dos, les 2 kilomètres pour arriver au centre-ville.
Le ciel est toujours aussi couvert, la température lourde. Nous nous accordons un moment de repos dans un bar de la Rruga Greço. Nous commandons un café et un byrek pour reprendre des forces.
Quelques minutes plus tard, je pousse la porte de l'Hôtel Bujtina e Bardhe, une vieille maison ottomane parfaitement rénovée.
L'accueil du jeune propriétaire est chaleureux. Autour d'un café, il nous donne de nombreuses informations sur la ville et les attractions touristiques de la région.
Heureux de rencontrer des français, il nous apprend que la ville porte le surnom de "Petit Paris" car durant la première guerre mondiale, Korcë a été placée sous administration française.
La fenêtre de notre chambre donne directement sur l'arrière de la Ngajalla e Krishtit Cathedral.
Nous débutons la visite de la ville par le monument religieux. La Cathédrale Orthodoxe a été bâtie en 1994, à la suite de la chute du régime communiste. Elle est toute en coupoles et clochers.
Perchée en haut d'un escalier, sur une terrasse qui fait face à la grande rue piétonnière, elle a un côté tape-à-l'oeil.
Des dômes, entourés de deux clochers surmontent ses façades de forme circulaire.
À l'intérieur, de la dorure, des fresques et des peintures de couleurs vives, tout cela est éclairé par des lustres énormes.
En bas du Bulevardi Shën Gjergji, au Point d'Information Touristique, nous achetons une carte de la ville (200 lek).
Comme tous les centres historiques, les principales attractions sont dans un petit périmètre. Le Vieux Bazar, n'a rien plus d'authentique. Autour d'une placette, une récente réhabilitation des immeubles permet d'accueillir une flopée de magasins de souvenirs, de bars et de restaurants. Il manque d'authenticité, nous y trouvons plus de touristes que d'albanais.
Proche de la place du Bazar, le minaret, haut de 32 mètres, de la Mosquée Iliaz Bej Mirahori, s'élève bien au-dessus des toits, facile pour trouver l'édifice.
Le minaret, fin comme une aiguille, a été démoli sous le régime communiste, il a été reconstruit en 2014.
Construite en 1496, la mosquée est le plus ancien monument de la ville. Pas de gardien... pas de visite, la porte est fermée.
En face, la Tour de l'Horloge est de construction récente. Elle remplace l'ancienne (XVIIIe siècle) entièrement détruite par un tremblement de terre en 1961.
Nous nous "enfonçons" dans les ruelles pavées du Vieux Korcë, à la recherche du temps passé. Entre les boulevards bordés par des immeubles de l'époque communiste, quelques rares maisons ottomanes subsistent, certaines en très mauvais état.
Le régime dictatorial avait expulsé les anciens propriétaires classés "bourgeois", pour les remplacer par des ouvriers et des cadres du parti.
Mais sans argent, le patrimoine a perdu de sa superbe... Les toitures ne sont pas réparées, les peintures à l'abandon, seulement un peu de rafistolage et de bricolage. Nous repérons quelques rares demeures à l'architecture traditionnelle.
Le Musée National d'Art Médiéval est au nord du quartier.
C'est un bâtiment tout neuf, sur le Bulevard Fan Noli. Il renferme des trésors de l'Art religieux albanais. Nous réglons l'entrée (700 lek par visiteur).
Le responsable nous donne un fascicule écrit en anglais et en albanais. Il nous présente brièvement le plan des salles avec leur couleur respective.
Le rez-de-chaussée :
La Salle d'or : elle accueille une innombrables collection d'icônes, accrochée sur 3 murs. Pas du tout expert de cette expression, nous sommes conquis par les couleurs. Il est difficile de faire un choix entre les fresques et les œuvres des peintres, connus où anonymes.
Un escalier central nous mène au 1er étage :
La Salle blanche : les icônes sont alignées chronologiquement, du 14e siècle pour les plus anciennes, jusqu'au XVIIe siècle pour les plus récentes. Les oeuvres proviennent des églises des régions de Berat et de Korcë.
La salle noire : cette exposition met Onufri, le plus grand peintre albanais à l'honneur. Huit œuvres sont exposées. Chaque réalisation met la couleur rouge en avant. On parle de "rouge Onufri".
La Salle rouge : une immense iconostase (cloison de bois dans les églises de rite orthodoxe) en bois sculptée attire le regard comme un aimant. Des créations d'artistes reconnus complètent l'exposition.
Le Musée est considéré sans équivalent dans les Balkans.
Des couleurs : du bleu étincelant, du rouge éclatant, des fonds dorés. Des détails et des traits subtils et expressifs. Même pour un profane de cet art, la visite est incontournable.
Dehors, nous revenons rapidement au 21e siècle et aux "tracasseries" pour un touriste non motorisé.
Nous allons à la gare routière, pour tenter de trouver un furgon qui va demain à Voskopojë, un village de montagne, qui abrite de nombreuses églises. Les rues sont désertes, les magasins on baissés les rideaux, la circulation motorisée est rare.
Nous en concluons que l'heure de la sieste est sacrément respectée dans tout le pays. Mais c'est le rêve absolu pour un piéton... Traverser une rue sans risquer de se faire écraser.
Encore une journée de balade intense à parcourir un centre urbain. Nous avons repérer l'emplacement du furgon pour Voskopojë. De retour au centre-ville, nous reprenons quelques forces dans une brasserie, le menu est très classique. Pas top, on se rattrapera demain !
Avant de rentrer à notre logement, on profite des jeux de lumières qui éclairent et mettent en valeur l'architecture de la Cathédrale, la transformant en un spectacle visuel captivant.
Mercredi 29 septembre 2021
Couchés de bonne heure, nous nous endormons vite, mais le froid nous réveille. La nuit est glaciale, j'étale une couverture supplémentaire, et nous parvenons enfin à nous réchauffer, mais déjà, le jour pointe, il va falloir se lever...
Le petit-déjeuner est très complet, nous le prenons en compagnie de quelques touristes locaux.
À pied, nous nous rendons à la gare routière. Nous descendons le Bulevardi Shën Gjergji.
La maison jaune appelée "Maison Roumaine" est emblématique de la ville. L'édifice, à l'architecture Belle Epoque, abrite le Musée de la Photographie.
Sur le chemin, dans des petites ruelles, nous trouvons l'emplacement du Bazar populaire.
Les fruits et les légumes sont étalés sur la chaussée. Sur les trottoirs, des vendeurs à la sauvette interpellent la population, en tenant dans les mains, des plantes médicinales et des régimes de bananes.
Des échoppes et des ateliers vendent des balais, de la quincaillerie, etc... Enfin, on trouve du bruit et des odeurs.
Les nombreux petits commerçants n'ont pas les moyens financiers de s'installer dans l'actuel Bazar touristique.
À hauteur de la station des bus, dans un parc arboré, des bunkers et de vieux bâtiments d'habitation vétustes, rappellent les années révolues.
Heureusement, des immeubles de couleurs vives et à l'architecture audacieuse, donnent à la ville une image plus moderne.
Il est 11 heures, nous montons dans le furgon (100 lek par passager) qui nous mène à Voskopojë. La petite ville est à 20 kilomètres, dans la montagne.
Le conducteur s'arrête régulièrement, des habitués montent, d'autres descendent, souvent pour faire un tout petit trajet. À 12 heures, le conducteur nous dépose dans le centre du village.
Le ciel s'est partiellement dégagé et il fait chaud. Une météo parfaite pour profiter du panorama. A 1200 mètres d'altitude, sur un vaste plateau, le village domine la plaine de Korcë.
L'employée de l'Office de tourisme, gentiment, nous donne un plan de la ville. Elle possède les clefs des trois églises principales et se propose de nous accompagner.
Nous sommes les seuls touristes !
La ville, jadis était un centre culturel et commercial important. Au temps de sa splendeur, au XVIIIe siècle, 50 000 personnes y habitaient.
Difficile de le croire lorsque l'on se dirige vers la première église, éloigné de tout. Le village est minuscule, ça sent bon la campagne.
La rue pavée est bordée de jolies maison en pierres, toutes sont rénovées dans le respect de l'architecture traditionnelle. Les pensions touristiques pullulent. Voskopojë attire de nombreux touristes et il faut les loger.
L'Eglise St Nicolas de Moscopole (Kisha e Shën Kollit) orthodoxe, date de 1721. Son clocher est séparé, nous franchissons un portique à colonnades entièrement recouvert de fresques et de peintures, plus ou moins altérées.
L'intérieur est orné d'une iconostase (cloison en bois sculptée) et sous la coupole, de magnifiques fresques. Les peintures sont dégradées, certaines un peu effacées.
En sortant, nous passons devant une tombe funéraire qui matérialise la sépulture d'un vétérinaire-major de l'armée française, mort en 1918. Elle rappelle l'occupation de la région par les troupes françaises qui ont contribué à la création de la "République de Korca".
Sur les hauteurs de Korcë, le cimetière militaire français abrite les corps de 640 soldats.
Le deuxième monument religieux est l'Eglise Ste-Marie de la Dormition (Kisha e Shën Marisëe). Construite en 1699, ici aussi, le clocher est séparé. Les fresques et une superbe iconostase ne sont pas dans un très bon état. Mais cela reste impressionnant. Nous sommes éblouis par ces chefs-d'oeuvre qui révèlent l'imagination des peintres.
Le dernièr édifice est l'Eglise St-Athanasios (Kisha e Shën Thanasit). Construite en 1721, elle sert de cimetière du village. Avec ses deux immenses coupoles qui reposent sur deux piliers et des absides décorées à l'extérieur, elle est qualifiée comme "Sixtine des Balkans". Du sol au plafond, les murs de la nef sont décorés de fresques dans des couleurs où domine le bleu.
Nous avons terminé la visite de ses magnifiques édifices. Dommage que pour assurer leur préservation, la sécurité impose de les fermer. De nombreux vols à l'intérieur et des dégradations sur les peintures à l'extérieur, impose ses mesures.
Nous remercions notre guide. De la main, elle nous indique le chemin qui mène à un monastère, 2 kilomètres plus loin, perché dans les collines.
Le soleil est au rendez-vous, il fait très chaud, lorsque l'on s'engage dans le chemin qui mène au Monastère Saint-Jean-Baptiste de Moscopole (Manastiri i Shën Prodhromit).
Isolé du village, pour le rejoindre, nous passons sur un ancien Pont Ottoman (Ura e Manastirit) qui a subit récemment un petit lifting. La route serpente le long de la haute colline, découvrant une superbe vue sur le village.
En bord de route, un grand portail est ouvert. Nous entrons dans un parc bien entretenu. Le gardien vient à notre rencontre, pour ouvrir le portail en bois, de l'édifice religieux.
Le monastère a été construit au XIVe siècle par des moines bulgares.
L'église principale abrite des fresques peintes et d'étonnantes fresques monochromes datant de 1659. L'iconostase en bois est remarquable, des têtes de dragon sont finement sculptées. Une pure merveille.
Voskopojë est un village Musée...
Nous rentrons au village par le même chemin. Dans un bar, on se désaltère avec une bière albanaise, la Birra Korca. Il est trop tard pour visiter la brasserie à Korcë, nous nous contentons de la savourer !
L'heure de départ du bus est prévue à 16 heures, nous avons quelques instants pour nous balader dans les environs.
Un panneau signale l'Eglise Saint-Michel de Moscopole (Kisha e Shën Mëhilit).
L'église a été construite en 1722, le portail est fermé à clef. En 1996, elle a connue une situation historique, elle a été attaquée par des extrémistes islamistes qui ont endommagés une vingtaine de peintures des saints.
Retour à Korcë à 17 heures. Toilettés et revêtus de propre, avant la tombée de la nuit, nous descendons le Bulevardi Republika pour aller vers un quartier proche de la Cathédrale.
Nous filons dans les ruelles pavées et étroites. Je tourne la tête à droite et à gauche, à la recherche des constructions aux styles et aux époques différents qui délivrent souvent de belles surprises architecturales. Les villes médiévales albanaises, au cours des siècles, ont subies de nombreuses transformations.
Repas gourmand ce soir au Restaurant Themistokliu. Nous savourons des plats excellents. De la soupe de poulet et des qoftë, accompagnés de légumes frits.
Les assiettes sont copieuses. Le patron, sympathique, est très accueillant. La note est douce... 10€ pour deux avec le verre de vin blanc. Nous nous endormons alors que la sono de la mosquée voisine appelle à la prière.
Jeudi 30 septembre 2021
Le ciel est parsemé de quelques nuages lorsque l'on ouvre la fenêtre de la chambre. Les briques de la Cathédrale "flambent" sous le soleil.
Dès le petit-déjeuner avalé, c'est avec un moral au plus haut que nous partons dans les rues. Notre bus pour Pogradec démarre à 11 heures.
Nous sommes passés plusieurs fois devant la Red Tower. Sa couleur blanche et rouge est "tape à l'oeil". Nous nous délestons chacun de 50 lek, pour s'installer dans l'ascenseur qui nous mène à 33 mètres de hauteur, sur la terrasse.
De là haut, nous avons une vue d'ensemble du plan urbain de Korcë et des montagnes environnantes. Encore une belle surprise !
Nous continuons à "errer" dans les ruelles de la vieille ville. Si le patrimoine traditionnel est laissé à l'abandon, parfois, bien caché derrière des clôtures, des maisons ont adoptées une architecture qui se modernise et s'occidentalise.
D'un pas tranquille, sac sur le dos, nous nous rendons à la gare routière. Les minuscules échoppes ont déjà les devantures ouvertes, dans le Quartier du Bazar, auquel on n'aura passé que très peu de temps.
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Suite du voyage dans
Albanie Troisième partie
Pogradec
Ohrid. Macedoine du Nord
Tirana
Krugë
Durrës
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Les coups de cœur de cette partie du périple
La ville de Girokastër et ses Maisons-Tours. Le charme des ruelles fleuries, la gentillesse des habitants et les vues époustouflantes.
La ville Musée de Voskopojë. Toutes les églises ne sont pas ouvertes, mais grâce à l'employée de l'O.T, nous avons visité 3 petits bijoux.
Le Pont Ottoman de Benjë et les piscines thermales. Un lieu naturel exceptionnel au milieu de nulle part. Trempette très agréable.
Permët. Il faut laisser le béton communiste urbain, et faire une randonnée, dans les villages oubliés au cœur des montagnes.
Les moins
. Les infrastructures routières, qui ralentissent les temps de trajet. Des axes secondaires mal entretenus et poussiéreux. Heureusement pour les locaux, de gros chantiers routiers sont en cours, dans tout le pays.
. Côté environnement, il y a des efforts à faire... La pollution plastique et les divers déchets sur les plages, dans les villes et dans la nature. L'écologie est loin des premières préoccupations d'une population avide de rattraper son retard.
Quelques municipalités font de gros efforts... Permët en particulier.