Voyage à SUMATRA
Février - Mars 2020
2ème PARTIE
BUKITTINGI
Vallée d'Harau
Lac Maninjau
KERINCI
Kersik Tuo
Sungai Penuh
PADANG
Bungus
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Visa
. Passeport valable encore au moins 6 mois à compter de la date d'entrée.
. Visa touristique sur place (Indonésie):
- gratuit pour un séjour de 30 jours.
- renouvelable pour 30 jours de plus au bureau d'immigration d'une grande ville. Délai 1 semaine : coût 35 USD.
- Billet (bateau ou avion) de sortie du pays
. Visa de 60 jours obtenu à l'Ambassade d'Indonésie à Singapour : 70 SD (48 €)
- billet (avion ou bateau) d'entrée et de sortie du pays.
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Vaccination
Vaccins recommandés :
. vaccinations universelles : hépatite B, DTPC.
. Hépatite A, fièvre typhoïde.
. Suivant les secteurs ruraux et les séjours prolongés : rage et encéphalite japonaise.
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Question argent
1 Euro = 14 700 Rp (Rupiah indonésienne).
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Question transport
Aérien
Réservation - 1 010 €/2 - effectuée le 14 septembre 2019 auprès de Qatar Airways.
Aller : Paris-Singapour avec une escale à Doha le 08/01/ 2020.
Retour : Kuala Lumpur-Paris avec une escale à Doha le 24/03/2020.
Vol retour annulé : cause coronavirus.
Séjour à Singapour du 9/01 au 11/01/2020.
Séjour en Malaisie du 11/01/2020 au 9/02/2020.
Séjour en Indonésie du 9/02 au 19/03/2020.
Réservation 107 €/2 le 20 novembre 2019 auprès de Firefly.
Vol Penang (Malaisie) à Banda Aceh (Sumatra) le 9 février 2020.
Réservation 146 €/2 + 2 bagages le 22 novembre 2019 auprès de Trip.com (Compagnie AirAsia).
Vol Padang (Sumatra) à Kuala Lumpur (Malaisie). Départ le 20 mars 2020.
Vol annulé: aéroport de Kuala Lumpur fermé le 18/03 pour cause de la pandémie du coronavirus.
En remplacement et dans l'urgence :
Vol Padang (Sumatra) à Jakarta (Java) le 18 mars 2020. Achat directement à l'aéroport. 155€/2. Compagnie Garuda.
En remplacement et dans l'urgence :
Vol Jakarta (Ile de Java) à Paris avec une escale à Doha le 19 mars 2020. Achat au bureau central de la Compagnie Qatar Airways à Jakarta. 1 200€/2.
Bus
Lac Toba (Parapat)-Bukittengi. Bus de nuit. 510km. 15h de trajet. 560 000 Rp/2.
Bukittenggi-Kersi Tua. Taxi partagé. 300km. 260 000 Rp.
Kersi Tua-Sungai Penuh. Bemo (van). 40km. 50 000 Rp.
Sungai Penuh-Padang. Minibus privé. 250km. 260 000 Rp/2.
Padang-Bungus. Opelet(van). 25km. A/R. 80 000 Rp.
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Question hébergement
Bukittinggi
Hello Guest House.
Jl Teuku Umar.
Bien situé dans le centre. Excellent accueil de Ling, la fille des propriétaires. Ensemble très propre. Très bonnes infos. Anglais et français parlé. 185 000 Rp/nuit (petit-déjeuner compris).
helloguesthouse12@gmail.com.
Adresse à recommander.
Maninjau
Mutiara Guest House.
Chambre chez l'habitant dans une maison Batak. Belle vue sur le lac. Accueil très sympathique. Garage pour le scooter. 120 000 Rp/nuit.
Adresse à recommander.
Harau
Abdi Homestay.
Jl Raya Tarengan. Harau.
Chalet dans un joli jardin. Bon accueil. Bungalow très propre. 150 000 Rp/nuit (petit déjeuner compris)
ikbalharau@yahoo.com.
Adresse à recommander.
Kersi Tuo
Homestay Subandi.
Jl Raya Lintas. 1
Face au volcan Kerenci. Bon accueil. Belle chambre. 50 000 Rp/nuit (petit déjeuner compris).
subandihomestay@gmail.com.
Sungai Penuh
Hôtel Aroma.
Jl Imam Bonjol n°14.
Accueil quelconque. Hôtel sale et sans charme. 160 000 Rp/nuit (petit-déjeuner compris).
Hébergement restreint dans cette ville.
Padang
Kinol Homestay.
Jl Imam Bonjol n°28.
Bien situé. Bon accueil. Bonne literie.
kilo.kirana@gmail.com.
Bungus
Losmen Carlos.
Pasir Putih n°20.
Chalet face à la mer. Ambiance familiale. Bungalow très propre. Bon restaurant. 200 000 Rp/n.
losmen_carlos.bymaicheil@yahoo.co.id.
Adresse à recommander.
Jakarta
d'primahotel. 2 hôtels (un à l'aéroport Terminal 1A. L'autre en ville).
Hôtel de la ville. Très bon accueil. Confortable. Climatisation. 490 000 Rp/nuit (petit-déjeuner compris). Navette gratuite A/R aéroport.
rdv.airportjkt1@primahotel.com.
Adresse à recommander.
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Question au quotidien
Décalage horaire :
Le système de l'heure d'été/hiver n'est pas en vigueur à Sumatra.
Sumatra peut connaître des variations de décalage horaire avec des pays appliquant le système.
+ 6 heure avec la France l'hiver. + 5 heure de décalage l'été.
1 paquet de cigarettes 70 000Rp. 1 thé glacé 6 000Rp. 1 litre d'essence entre 8 et 10 000Rp. 1 spray anti-moustiques + 1 gel douche 22 500 Rp. 1 jus d'orange dans la rue 10 000 Rp. 1 kg de mangues 20 000 Rp.
CARTE DE SUMATRA
Flèches en vert : en avion.
Flèches en rose : en ferry.
Flèches en bleu : itinéraire 1ère partie.
Flèches en rouge : 2ème partie.
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Suite de la première partie à Sumatra
Ile de Weh, Ketambe, Berastagi et le Lac Toba.
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Vendredi 28 février 2020
À 18 h, le bus de nuit, qui assure le trajet de Medan, la capitale de Sumatra, à Bukittenggi arrive dans la cour du terminal.
L'arrêt est rapide, nous sommes une poignée de passagers à monter. Quelques minutes plus tard, le conducteur démarre, nous laissons derrière nous, Parapat, sur les rives du lac Toba.
Au guichet de la compagnie, le responsable, nous a annoncé 15 h de route, voire plus, pour atteindre Bukittenggi. Lors de la réservation, hier, dans les bureaux de l'agence de Tuk Tuk, sur l'ile de Samosir, nous n'avons pas pu choisir nos sièges. Du coup, nous sommes repoussés à l'arrière du véhicule, au niveau des roues.
Les passagers indonésiens s'attribuent toujours les premières places. La circulation est infernale. Camions, bus et voitures se livrent à une course déraisonnable.
Agréable ou sombre routine des voyageurs "sacs à dos", le voyage de nuit, réserve toujours de nouvelles surprises. La plus sympathique, est de discuter avec son voisin de droite, ou la pire, subir les ronflements de celui de gauche.
Voyager en bus de nuit en Asie du Sud-est est toujours dépaysant et déroutant.
Les avantages :
- des toilettes à bord (mais mieux vaut avoir repéré l'emplacement).
- une couverture (indispensable) et un coussin pour soutenir la nuque... Ça, c'est pour le plus.
Les inconvénients :
- le froid de la climatisation.
- la sonorisation de la télé ou de la musique, toujours à fond.
- la lumière aveuglante qui s'allume lors des arrêts... Ça, c'est pour le moins.
On ressort toujours avec le dos vermoulu, la nuque raide, le cerveau en compote, les yeux lourds et une grosse fatigue. Il faut subir la circulation dense sur des routes trop étroites, les virages serrés, les nids de poule et les audacieuses manœuvres des conducteurs, surtout dans les zones montagneuses... Ça, c'est le pire !
La Trans-Sumatra est une longue épine dorsale montagneuse ; elle relie Bandah Aceh au nord, à Lampung au sud. 2510 kilomètres d'asphalte, sur ce qui ressemble à une route départementale. Sans entretien, elle est soumise à un trafic intense et aux mauvaises conditions climatiques (les précipitations importantes, les séismes, etc.). Tous ces impacts participent à une dégradation rapide de la chaussée.
Chaque conducteur fait sa loi sur les routes de Sumatra, toujours en rapport avec la taille de son véhicule et la puissance de son klaxon ! Le code de la route existe en Indonésie, mais en réalité, seul l'avertisseur sonore fait autorité.
Avant la tombée du jour, le paysage change. Nous roulons dans une vallée pleine de parcelles de rizières et de cultures légumières, déjà, à l'horizon, se profile une chaîne de montagnes.
Vers minuit, quelques courageux passagers s'attablent dans une cantine. Nouilles et riz en abondance dans les assiettes. La gargote est attenante à une mosquée blanche, qui émerge sous l'épaisse couche de nuages. Dès le repas terminé, le ventre contenté, ils se dirigent vers la salle de prière.
En plus des cinq appels quotidiens, le muezzin local fait du zèle, il fait craquer le haut-parleur bien avant l'aube. Oui... On peut dîner et prier en 45 minutes !
Samedi 29 février 2020
Ensuite... C'est l'horreur ! La région est extrêmement montagneuse. Un virage cache un virage qui cache un "nid de poule". Le moteur du bus geint dans les côtes en crachant une fumée grasse. Dans les descentes, le conducteur passe la seconde et freine fort. Des volutes de gazole mal brûlé se répandent dans l'habitacle...
Le bus, est un bateau pris dans la tempête. Il oscille de droite à gauche, le va-et-vient est accompagné par des soubresauts imprévus ! Dans les rangées, s'élèvent des bruits incongrus.
Mon hantise du mal des transports, au moment du départ se confirme. Je ressens de la somnolence, quelques sueurs froides, des nausées et des vertiges apparaissent. Je partage l'agonie de nombreux passagers. Hier soir, au départ, j'ai été très prévoyant en prenant un petit sac en plastique.
Denise, est comme d'habitude, très chanceuse. Elle doit-être immunisé. En une fraction de seconde, elle s'est endormie et ne rouvre ses yeux qu'à la pointe du jour !
Nous passons la ligne de l'équateur à hauteur de la ville de Bonjol. Ça n'arrive pas tous les jours, mais vu mon état de "délabrement", le passage mythique se fait dans une totale indifférence.
Nous arrivons au terminal de la Compagnie A.L.S à 9 h 30. Je suis exténué. A l'abri du chaud soleil, quelques minutes de récupération dans le hall sont nécessaires.
Devant le piteux état où je me trouve, les chauffeurs de taxi n'insistent pas. De toute façon, je n'ai pas envie de palabrer pour négocier le prix.
Ces minutes de récupération ont été efficaces. Deux pilotes d'ojek (moto-taxi) sont assis sur leur scooter. Pour une poignée de rupiahs, nous allons vivre une expérience aussi excitante que déroutante.
Sac sur le dos, nez au vent, au milieu du chaos urbain et des embouteillages, ont s'accroche à notre pilote. Ils conduisent au "feeling". Après quelques frayeurs, ils nous déposent au Hello Guest-house, en plein centre de Bukittenggi. Les 10 minutes passées sur la selle m'ont bien "requinqué".
Bukittenggi et le pays Minangkabau
L'accueil de la propriétaire, Ling, est chaleureux et efficace. La chambre, avec une petite terrasse privée, est inondée de lumière et d'une propreté remarquable.
Tout est parfait. Une bonne douche chaude, et nous voilà dans des meilleures dispositions pour profiter de cette journée.
À la réception, en quelques minutes, nous avons des plans et des renseignements sur les sorties possibles. Écrit en français, avec les prix et les moyens de transport.
À 930 mètres d'altitude, Bukittenggi jouit d'un climat tempéré. La ville est considérée comme la plus hospitalière de l'ile. Le centre ressemble à un gros gâteau, plusieurs escaliers relient les différentes rues commerciales.
Le point de rencontre des habitants en soirée, est Jam Gadang (la Grande Horloge). La "Big Ben", haute de 26 mètres, à des origines néerlandaises, elle domine une grande place arborée. Dès l'indépendance, en 1945, le toit fut remplacé par un autre, en forme de cornes de buffle, dans le style Minangkabau.
Des dizaines de chevaux, affublés d'un ridicule pompon rouge grillent sous le sous un soleil de plomb. Les cochers proposent la visite de la ville, aux rythmes des sabots des équidés. Avec ce climat ambiant, c'est un calvaire pour les animaux. Cette activité devrait être banni...
Nous quittons le noyau central touristique pour se perdre dans un enchaînement de petites ruelles. Ici, il y a deux marchés traditionnels.
Au milieu de la cacophonie et du tumulte, tous nos sens sont en éveil. Les yeux, pour saisir l'harmonie des couleurs, le nez pour capter les effluves et les oreilles pour écouter le brouhaha incessant du peuple qui parle tantôt Indonésien, Malais, Minangkabau. Le premier marché, dans le haut de la ville, est appelé Pasar Atas.
Sur les étalages, c'est un amoncellement de tissus où éclatent les nuances de couleurs des foulards et des robes des femmes.
Le Pasar Bawah, est plus animé et coloré. Véritable poumon de la cité, c'est le marché pour les lève-tôt.
Au milieu d'un immense labyrinthe, sous des bâches tendues entre les stands, nous flânons entre les étals de fruits et de légumes terreux, des épices aux senteurs fortes et puissantes, et d'un bric-à-brac indescriptible, étalé sur des caisses en bois et sur le sol, nous avons un aperçu rapide du brassage des ethnies.
Dans les allées, les femmes portent strictement la tenue musulmane, mais certaines se parent de toutes les couleurs.
Tout en flânant, nous effectuons des emplettes alimentaires. Des fruits (dont une énorme pastèque) et quelques beignets. Après les épreuves du transport en bus, le repas sera léger ce soir.
La région est présentée comme une étape touristique incontournable de l'ile... Pourtant, autour de nous, il n'y a aucun voyageur occidental. Les gens se retournent à notre passage, nous dévisagent avec curiosité, ou nous interpellent. Le retour vers notre logement est ponctué par les nombreuses sollicitations des amateurs de photos. De jeunes scolaires se succèdent, calepin à la main, et nous questionnent sur notre venue dans leur pays.
Bien sûr, ça se termine toujours par une photo, mais multipliée par le nombre d'élèves. Chacun la sienne ! Il est impossible de résister à leurs sourires et à leur politesse. Dans la minute, la photo est postée sur les réseaux sociaux.
Dimanche 1er mars 2020
Hier, lors de la réservation de la chambre, la propriétaire nous avait signalé la proximité de la mosquée et sa pollution sonore. On peut le confirmer ce matin, elle est vraiment proche... Surtout les haut-parleurs !
Dès 5 h, nous sommes réveillés par un charivari. Dans un périmètre restreint, la ville compte une dizaine de mosquées. À l'heure de la prière, chaque imam entend démontrer qui a la plus belle voix pour attirer les fidèles. La sono à fond, dès que l'un déverse les premiers versets du Coran, une dizaine de haut-parleurs répondent en hurlant des prêches.
La mosquée la plus proche est devant notre fenêtre, la voix mélodieuse du muezzin démarre par une prière chantée. Puis un prêche plus viril et pour finir, des paroles d'enfants, et ce, jusqu'à 8 h.
Nous prenons le petit-déjeuner (au choix, continental ou indonésien) copieux, sur la terrasse de la pension.
Notre hôtesse nous signale qu'une rafflésia est en fleur dans la forêt, près du village de Batang Palupuh. Nous délaissons tous nos projets prévus pour la journée. Immédiatement, nous nous rendons à la station UPDT Terminal Dan Parkir, près du marché Pasar Bawah.
À 10 h, au terminal des bus locaux, en compagnie d'un jeune couple d'Allemands et d'une villageoise, nous grimpons dans un minibus, appelé angkot (14 000 Rp/2). La destination est affichée sur le pare-brise. Le conducteur démarre à contrecœur, les habitués sont encore au marché, la recette va être maigre.
Il faut trente minutes pour effectuer les 15 kilomètres qui séparent les deux villes. Le conducteur nous dépose au centre du petit bourg, magnifique d'authenticité et de tranquillité.
Deux guides nous attendent sur l'unique chemin pavé. Le conducteur du minibus ou la passagère, ont dû les prévenir de notre présence par téléphone. Pour trouver la rafflésia en fleur dans la forêt, un guide (100 000 Rp/P) s'avère obligatoire.
À l'entrée des maisons, les femmes travaillent la cannelle. L'écorce des canneliers est ôtée, raclée et nettoyée. Elle est ensuite mise à sécher sur le béton avec d'autres productions locales, du riz, des fèves de cacao. Les graines de jengkol, seront utilisées en curry ou en satay (brochettes de viande).
Les maisons s'espacent à mesure que nous approchons de la jungle et sa végétation exubérante. Comme les autres, je suis obligé de faire un exercice d'équilibre sur des petites digues qui délimitent les parcelles rizicoles, disposées de façon irrégulière. Le tout, forme un paysage somptueux ressemblant à des motifs géométriques.
Nous sommes au début de la récolte, les paysans, pour détacher les grains des tiges, procèdent au battage des épis à l'aide d'un fléau. La balade est belle à travers ces paysages d'un vert bien soutenu, promesse de belles photos.
Dans la chaleur et une forte humidité, on s'engage en file indienne dans un étroit sentier, escarpé et glissant. Nous entendons les cris des gibbons dans la canopée, mais ils restent invisibles.
Les guides ont un œil sur nos chaussures et le bas des pantalons, les sangsues sanguinaires sont prêtes à passer à l'attaque.
Déjà, une heure de grimpette et de sueur. Les rayons du soleil éclairent faiblement les pentes rocailleuses de la forêt. Au pied d'un arbuste, l'eau est stagnante dans la mousse. Nous avons de la chance, sous l'épais couvert feuillu, à mi-pente d'une colline apparaît la plus grande fleur au monde.
La rafflésia arnoldii est une plante envahissante qui parasite une liane grimpante appelée Tetrastigma. Pas de tiges, pas de feuilles, pas de racines, mais une fleur à cinq gros pétales rouges criblés de pustules blanches.
Le bouton floral brun, de la taille d'un ballon de football, va peu à peu grossir avant d'éclore. Devant nous, la fleur doit faire 60 centimètres de diamètre. Les plus grandes atteignent le mètre pour un poids de 10 kilogrammes ! Au centre, son intérieur ressemble à un gâteau couleur crème, avec des excroissances foncées.
Semblable à un champignon, sa durée de vie est de 7 jours. D'après un guide, dans deux jours, elle pourrira en dégageant une forte odeur pestilentielle de viande en décomposition.
Sur le chemin du retour, à proximité des immenses et fins canneliers, un des guides nous montre de la main, à quelques dizaines de mètres, un nouveau bouton floral. Celui-ci va grossir et dans quelques mois, va éclater en fleur.
Les arrêts photos sont nombreux... Les panoramas sont splendides, très exotiques.
Dans le village, face à une petite mosquée, le passage est obligatoire dans le bar Rafflèsia Luwak Coffee. Sur une table de dégustation, des coupelles contiennent du Kopi Luak. C'est un café issu des grains ingérés par les civettes (petits mammifères) qui traversent leur tube digestif. Ils sont naturellement évacués dans les excréments. Les grains de café sont ensuite lavés, puis séchés avant d'être torréfiés. Les grains nous sont présentés en grappes. Pas très engageant.
Le café est réputé pour être un des meilleurs et le plus cher au monde. La responsable nous fait un cours complet sur la production locale. Pas de chance pour la dame, parmi nous, il n'y a aucun amateur de ce breuvage.
Retour à Bukittenggi, nous passons à la chambre pour un brin de toilette. Le corps et les pieds comme neufs, nous repartons sous un soleil écrasant, en direction des rives de la rivière Sianok Rod, qui coule au fond d'un canyon.
À la sortie de la ville, le long d'un sentier, nous traversons des rizières et passons devant de belles demeures Minangkabau, à l'architecture aussi colorée que détaillée.
Sur la berge du cours d'eau, un escalier permet l'accès au village de Kota Gadang. Les artisans sont réputés pour leur travail de l'argent.
Les marches sont très pentues, face à cette difficulté, nous renonçons, nous avons eu notre compte de "grimpette" ce matin.
Pour raccourcir le trajet du retour vers le centre-ville, il faut malgré tout emprunter la route qui serpente le long d'une falaise.
Sous nos pieds, le Lobang Jepang, est un site militaire datant de la guerre de 1945, construit sous les ordres des soldats japonais. Une curiosité touristique que l'on zappe.
Là-haut, un belvédère permet de profiter d'une vue majestueuse et vertigineuse sur Sianok Canyon appelé aussi Ngarai Sianok. Un site naturel préservé, profond de 200 mètres et long de 15 km.
De nombreux macaques, pilleurs des dépôts d'ordures et des poubelles de la plate-forme ont des regards et des cris agressifs à notre arrivée. Ces petits "délinquants sournois" n'ont peur de rien, et surtout pas des humains. Nous cachons dans nos poches tout ce qui pourrait les attirer.
Le long de l'allée qui mène à Panorama Park, des artistes-peintres exposent leurs toiles, entre les boutiques de souvenirs qui proposent de l'artisanat local, des instruments de musique, etc. Un passage touristique mais très coloré.
Taman Panorama, est un parc arboré, à la limite sud de la ville. C'est le poumon vert. Sous des banians immenses, atteignant des circonférences extraordinaires, les familles viennent se détendre, jouer avec les enfants et prendre des photos.
Un festival de musique se déroule ce week-end. Les artistes se succèdent sur une estrade, avec un arrière-plan unique. L'ambiance dans les allées est festive et chaleureuse. La frénésie du selfie a contaminé la population. Les jeunes comme les anciens viennent nous solliciter à plusieurs reprises, pour des photos souvenirs.
Fin de journée à la Tour de l'Horloge. .e rendez-vous incontournable de la population en début de soirée.
Beaucoup de monde et étrangement peu de bruit ou de manifestations excessives.
Sur la place, des montreurs d'animaux font sensation auprès des enfants (python, iguane et chouette). La course aux selfies est intense, une nouvelle fois, nous sommes sollicités.
Lundi 2 mars 2020
Lac Maninjau
Ce matin, des quatre points cardinaux, les voix des muezzins exhortent les fidèles (et les autres !) à la prière, dès 5 h.
Le premier repas de la journée est vite avalé et nous descendons nos gros sacs pour les laisser à la consigne de la réception. Les passeports sont laissés en lieu sûr dans un coffre-fort. Seule, Ling possède les clefs.
À 9 h, nous prenons possession du scooter (65 000 Rp la journée) loué à un ami de la propriétaire. Nous démarrons sous un ciel parsemé de quelques nuages, une balade de 2 jours, au Lac Maninjau distant de 40 kilomètres.
Dès la sortie de Bukittinggi, les paysages sont magnifiques. Nous découvrons une petite partie du Sianok Canyon. Le vent gagne un peu de force, pour résister aux bourrasques et prévenir d'une chute, je roule au pas, jambes écartées.
La circulation est légère, les voitures bien moins nombreuses que les scooters. Malgré le casque qui cache en partie notre tête, les pilotes qui nous croisent ou nous dépassent, nous font de grands gestes que nous interprétons comme un signe d'amitié.
La route glisse entre les collines et épouse les vallonnements de la campagne. Les paysans y travaillent une agriculture diversifiée (cannelle, riz, maïs, mangues, etc.).
Nous traversons de jolis villages aux maisons de style Minangkabau. Quelques-unes sont récentes ou réhabilitées, d'autres sont restées dans leur "jus". Le peuple Minang, bien que majoritairement musulman, conserve des traditions ancestrales et accorde aux femmes une place importante dans la société. Le rumah gadang qui signifie "grande maison" appartient aux femmes de la famille. La propriété est transmise de la mère à la fille.
Nous flânons dans les rues d'un village, une sorte du musée en plein air, à cause de ses très belles maisons traditionnelles. Elles ont une structure de toit incurvé avec des pignons à plusieurs niveaux. Sur les façades, des fenêtres à volets sont intégrées dans les murs, ornés de sculptures florales peintes.
Dans le centre du village de Matur, un panneau nous signale la direction du point de vue Puncak Lawang qui domine le Lac Maninjau.
En bord de la route, des producteurs de sucre font une démonstration de leur travail artisanal, à des passsagers d'un bus.
Les tiges de la canne à sucre sont broyées dans une presse. Le mouvement de presse est assuré par un boeuf. Le jus de canne récupéré est chauffé dans une marmite. Le sirop est ensuite refroidi afin de former des pains de sucre.
Autre production locale, la culture de la cacahuète. La récolte terminée, après le séchage, des paysans emballent les coques dans de grands sacs.
À leur côté, une femme trie méticuleusement des grains de maïs. Expropriés au détriment des grandes exploitations d'huile de palme, des petits agriculteursse réinstallent sur les terres d'où ils ont été chassé.
Malgré l'activité touristique de la boutique, l'accueil est chaleureux et spontané, les réponses à nos questions sont claires. Sur un étal, les produits locaux sont en vente (chips de tapioca, cannelle, cacahuètes, riz). Bien sûr, nous trouvons une petite place pour emporter un souvenir gustatif.
Nous reprenons la nationale. À la fin d'une longue ascension, je gare le scooter à Puncak Lawang. À 1 210 mètres d'altitude, le belvédère domine le Lac Maninjau, plusieurs centaines de mètres en contrebas.
La vue générale sur l'immense étendue plate, boursouflée tout autour par de hautes collines, est spectaculaire, mais la brume de ce matin limite la vue. Dommage ! Maninjau est une caldeira (cratère) transformée en lac, suite à une éruption volcanique. Le lac s'étend sur 16 km de long et sur 7 km de large; pour une profondeur d'environ 100 mètres.
La descente des 44 virages (numérotés) bien serrés est dangereuse. Les lacets se succèdent, la sortie de l'un est l'entrée d'un autre, en dévers et toujours dans une forte pente. Main sur le frein et à petite vitesse, je ne dépasse pas le 10 km/h, nous arrivons dans le village sans problème. Nous avons eu beaucoup de recommandations, avant de partir, de la part de notre loueur.
Dans le village, un panneau, proposant la location d'une chambre est accroché sur la façade d'une maison. L'accueil du propriétaire du Mutiara Guest-House, une maison de style Minangkabau, est chaleureux. Il nous propose son garage pour entreposer le scooter. OK... Nous prenons possession de la chambre.
Du dernier étage, depuis une terrasse collective, la vue est exceptionnelle sur le lac.
L'endroit est calme et paisible. Actuellement, il n'y a pas de touristes Occidentaux. Pas de touristes Asiatiques non plus, au grand désespoir de notre logeur.
Sa détresse est touchante, il nous parle de la découverte du coronavirus en Chine. Depuis la mi-janvier, les autorités chinoises ont émis des restrictions de déplacement de la population.
Le village de Maninjau est construit en bordure de l'unique route qui ceinture le lac. Dans les rues du centre, de petites maisons traditionnelles en bois, aux couleurs bariolées, sont presque en ruine.
La prospérité, apportée par l'exploitation des piscicultures, a permis la construction de maisons plus récentes et bien entretenu, à l'extérieur du bourg.
Nous déambulons dans de minuscules sentiers de terre, tous mènent à une mosquée... Et les mosquées sont en grand nombre !
Nous avons faim ! Nous ne sommes pas encore installés à la table d'une gargote, qu'une femme nous apporte un plat typiquement indonésien. Dommage, mais le mie goreng n'a pas dû être préparé ce matin...
Bien repu à défaut d'être contenté, nous partons à pied vers les villages de Gasang et Bayur à 3 kilomètres vers le nord.
Dans une pisciculture, des ouvriers font un transvasement de petits poissons appelés panai rinuak. Dans un Anglais (plus timide encore que le mien) mais avec fierté, ils nous donnent des informations sur leur travail.
Les poissons vivants sont mis dans de grandes poches en plastique, puis transportés à motos jusqu'à la rive du lac. Delà, ils vont être déversés dans les cages flottantes du lac, appelées karamba, pour continuer leur croissance.
Le long de la route, de nombreux étals proposent du poisson séché et une variété de moules, appelée pensi.
Impensable, en quelques minutes, le soleil radieux, fait place à un orage tropical violent qui déverse des tonnes d'eau. La chance nous sourit, alors que l'on commence à être trempé, un "salon" de coiffure est ouvert.
Denise profite de cet arrêt, pour tester les talents (25 000 Rp) de la coiffeuse. Dans la rue principale, l'eau monte d'un coup ! De gros tas de détritus et d'immondices s'amoncellent et obstruent les caniveaux. L'eau pluviale ne peut plus s'écouler.
Retour à Maninjau. Sur la place centrale, des marchands ont installé des étals de restauration. Idéal pour un repas léger, composé de crêpes et des beignets de légumes.
Mardi 3 mars 2020
Joie du voyage... La "douce" voix d'un muezzin nous réveille de très bonne heure ! Le minaret voisin renvoie des sons qui semblent se concentrer dans la chambre. Il est impossible de trouver un logement suffisamment éloigné des haut-parleurs.
Au petit matin, les nuages ont disparu, le chaud soleil est radieux. Nous petit-déjeunons dans le marché de rue de Maninjau. Un thé, accompagne des ramboutans (litchis), des bananes et des mangoustans. Instantanément, la belle couleur d'un jus d'orange frais, au goût acidulé et sucré, nous met de bonne humeur. C'est un festival pour nos papilles.
Pas de problème pour me diriger, l'unique route fait une boucle unique de 60 kilomètres autour du lac. Nous prenons la direction du village de Bayur avec un arrêt devant sa superbe mosquée.
De chaque côté, le regard est attiré par les activités des travailleurs. Côté gauche, le lac. Nous pouvons longuement détailler le travail dans les Karamba. Malheureusement, l'exploitation et la surproduction des poissons contaminent le lac, par les restes de nourritures et les déjections des poissons. Mais c'est une production indispensable pour l'emploi.
Côté droit, jusqu'à l'horizon, un océan de feuillages épais recouvre les hautes collines, dont les sommets sont cachés par une brume opaque.
Aux pieds des coteaux, les rizières s'étagent à l'assaut des pentes, dans un alignement au cordeau. Des palmiers, d'une trentaine de mètres de haut, évoquent l'exotisme. Ici, l'arbre est indispensable. Le bois, les fibres et les feuilles sont utilisés pour la construction. La nature est superbement riche et variée.
Les paysages changent lors de la descente vers le sud. De nombreuses falaises aux parois abruptes tombent à pic dans l'eau. De ce côté du lac, la pêche artisanale se pratique avec un filet. Les cultures cessent, il n'y a plus de rizières, c'est le secteur du café, des bananiers, des piments et du durian... Énormément de durians.
C'est le roi des fruits en Indonésie. Il est toujours présenté sur un étal, à l'extérieur des commerces, jamais dans la surface de vente.
Même en scooter, son odeur est perceptible avant de le voir. Avec délicatesse, nous refusons de goûter celui proposé par une souriante vendeuse... Nous reportons à plus tard l'expérience de la dégustation !
La balade se termine. Nous quittons Maninjau et entamons la montée en "épingle à cheveux", des 44 virages.
Là-haut, nous prenons l'itinéraire bis, pour Bukittengi. Les deux routes sont parallèles. Nous en prenons plein les yeux. La région est riche... Quelques maisons aussi. Sur ce plateau, la route est déserte, une occasion unique de prendre des photos en toute sérénité.
En plein après-midi, Ling est toute heureuse de nous retrouver au Hello Guesthouse. Nous réservons de nouveau le scooter pour visiter demain la Vallée de Harau. Après une douche réparatrice, nous renouons avec la civilisation pour jouer aux touristes.
De jolis panneaux décorés de fleurs et de calligraphies ornent la devanture d'un magasin qui vient d'être inauguré. Ces décorations, dans toute l'Indonésie annoncent les événements ou cérémonies importants (mariage, etc.).
Nous nous posons sur un banc de la Place de l'Horloge. Le sommet du volcan Marapi culmine à 2 881 mètres. Il est enveloppé par de gros nuages. De la terrasse, nous avons un bel aperçu de partie basse de la ville.
On s'accorde un petit "break" gustatif ce soir. La carte du restaurant Bedudal Café est locale, mais aussi internationale, avec une bonne alternative au riz. L'adresse est excellente.
Mais pour un gourmand, difficile de résister à un rôti canai au chocolat (une crêpe). Ce dessert gourmand, dès la nuit venue, est servi dans les étals. Les échoppes familiales, dans les rues, sont étroitement liées à des histoires familiales et respectent toujours les traditions culinaires.
Mercredi 4 mars 2020
La Vallée de Harau
À 5 h, nous sommes réveillés en sursaut par les haut-parleurs du minaret voisin. Le son de la voix d'une femme qui mène la prière et délivre un sermon est réglé au maximum. Nous en profitons pour contacter par skype, Manuéla, notre fille.
Après s'être restaurés, nous quittons la ville en direction de l'ouest, pour la Vallée de Harau.
Le soleil est déjà haut, la circulation est plus légère que la veille, sur cet axe important pour l'économie de l'ile.
Nous sommes habitués maintenant au vert émeraude des rizières et à l'architecture des maisons traditionnelles. La route serpente dans la vallée, dans une fascinante ambiance rurale.
Sur les bas-côtés de la route, des feuilles rouges et jaunes sont étalées sur le sol. La curiosité nous taraude, et nous allons à la "pêche" aux renseignements.
À partir de fruits séchés, de tubercules, de poissons ou de crevettes, ces ingrédients sont ajoutés à une pâte de tapioca (rouge) ou de manioc (jaune). Le mélange est ensuite compressé, congelé et découpé très finement. Pour terminer, les feuilles sont mises à sécher pour obtenir, après cuisson, des chips sucrées, salées ou pimentées.
Les chips sont vendus dans les marchés ou directement sur des étals, sous le nom de Kripik pour les petits, et Krupuk Singkong appelées aussi Koropock, pour les gros.
À la sortie de la ville de Payakumbuh, je prends la direction du village de Harau. Au-delà des dernières maisons, nous plongeons dans une vallée très humide, plantée de dizaines de parcelles rizicoles.
À l'entrée du village, un panneau signale le Abdi Homestay, qui est accessible par un petit chemin.
L'accueil est sympathique et spontané. Nous prenons possession d'un joli chalet, au milieu d'un jardin bien aménagé. Ici aussi, l'absence des touristes se fait cruellement sentir. Le lieu, isolé, loin de la route est paradisiaque, entre la falaise d'où coule une cascade, et les rizières.
Dès notre installation terminée, à pied, nous prenons un sentier qui longe la falaise, haute d'une centaine de mètres. Le panorama est grandiose et unique. Dans un verger, un jeune homme nous interpelle joyeusement, il veut nous faire goûter du durian. Face à son insistance et son sourire, il est impossible de lui refuser ce plaisir !
Nous avons beaucoup de chance, le fruit est jeune et son goût n'est pas encore très prononcé. La chair est l'expression solide du parfum : douceâtre et tenace. Ça, c'est fait !!!
Il nous montre ses cacaoyers et les caféiers qui sont protégés du soleil par de grands arbres. Les cabosses n'ont pas encore la couleur jaune-rougeâtre, gage de bonne maturité et donc de bon chocolat. Pour le ramassage, il lui faudra attendre encore quelques semaines.
Après le verger, perché sur un plateau naturel, nous sommes émerveillés à la vue d'une vaste étendue verdoyante. Un vrai panorama de carte postale...
Trois femmes s'activent dans les marais aménagés en rizières. Les petits carrés d'eau sont découpés géométriquement en autant de miroirs, au-dessus desquels planent de nombreux oiseaux. Les femmes, dans l'eau jusqu'à mi-jambe repiquent le riz ou arrachent les mauvaises herbes.
Les Minangkabau constituent la plus grande société matriarcale dite aussi matrilinéaire au monde. L'héritage se transmet de mère en fille. Ce sont les femmes qui gèrent la propriété et le foyer. Lors du mariage, c'est l'homme qui part habiter chez sa belle-famille.
En Indonésie, grand pays musulman, les femmes Minang ont tous les droits...
Dans la vallée encaissée, les habitants du tout petit village ont réussi à préserver les anciennes maisons traditionnelles. Au fond d'une impasse, nous tombons sur une vieille maison habitée. Une "pépite" architecturale. Ses murs en bois, sont ornés de motifs géométriques et floraux peints de couleurs éclatantes.
Trois routes étroites desservent la Vallée. Dans le village, je m'engage dans celle du centre. Elle mène vers la cascade Sarasah Muray. La route se glisse entre les imposantes falaises granitiques qui tombent à pic et les rizières.
Dans cette campagne isolée, nous quittons la petite route pour un chemin herbeux mais praticable. Plusieurs hommes et des chiens sont juchés sur des motos. Étonnant, car l'animal est considéré comme impur pour la majorité des musulmans. Mais les Minangkabau pratiquent un islam atypique. Certains hommes ont un loisir inhabituel, qui indispose les musulmans plus intégristes. Ils chassent les sangliers qui ravagent les cultures, avec l'aide de leurs fidèles compagnons à quatre pattes. Les chiens sont installés sur les motos, entre leurs jambes ou dans des cages à l'arrière.
Selon La Charia (la Loi Coranique) le cochon est haram (interdit). Ce sont les chiens, qui feront un festin, si une bête est tuée.
La cascade de Sarasah Murai dévale d'une paroi abrupte, la chute d'eau à un débit assez faible. Pas d'aménagement touristique, du calme... Que du calme, et quelques oiseaux.
Depuis ce matin, nous croisons régulièrement une moto-épicerie ambulante pilotée par une femme. C'est la seule et unique possibilité de ravitaillement pour la population des petits hameaux. Un vrai sapin de Noël itinérant.
De retour au gite, ce soir, nous partageons un excellent poulet rendang au curry, en compagnie d'un couple de Français.
Avant de se coucher, nous jetons un regard dans la plaine. Pas de minarets... Pas de haut-parleur qui appelle à la prière. Il n'y a pas de mosquée dans les alentours... On devrait faire une nuit complète !
Jeudi 5 mars 2020
Nous sommes réveillés par une délicieuse odeur de cuisine. Le petit-déjeune, omelette baveuse et des beignets croustillants, est excellent. Abdi reçoit beaucoup de touristes et connaît les goûts des Occidentaux. Là, sur le banc, sous quelques nuages qui moutonnent dans le bleu du ciel , nous contemplons le lever du monde.
Le moment de quitter ce petit paradis approche, nous faisons une dernière balade à pied en prenant notre temps. Depuis le lever du jour, les riziculteurs sont accroupis dans les parcelles pour les désherber, d'autres, équipés d'une pelle, font de l'équilibre sur les petites digues pour les entretenir. Cette culture exige beaucoup d'effort et un travail méticuleux.
Au milieu de l'abondante végétation, un sentier longe la haute falaise. Des cris stridents déchirent la cime des arbres. Les insectes surpris cessent leur cacophonie. De branche en branche, la masse velue d'un macaque se déplace avec une agilité et une rapidité remarquables. Surpris par notre présence, d'un bond prodigieux, il disparaît dans les sommets luxuriants.
Nous sommes étonnés de trouver un bosquet constitué d'hévéas (caoutchouc). Du latex suinte des saignées faites à la base des arbres. Cette exploitation qui demande moins de soins que la culture du riz est un complément apprécié. Peu de capital engagé au départ, l'hévéa est une source de richesse.
Je m'engage dans la route de droite, qui démarre depuis le centre du village. Trois cascades se trouvent dans la direction du sud.
Au pied des impressionnantes falaises orangées, nous découvrons un site aménagé... Très aménagé, avec un grand parking pour les bus et des services de restauration.
À l'entrée du chemin qui mène aux chutes, sur un étal, de nombreuses plantes endémiques de la région sont exposées. Des orchidées, des plantes carnivores et une variété de fougère avec une base à la texture poilue, couleur orang-outan.
Cachées dans la jungle, deux cascades sont particulièrement prisées par les locaux, Aka Bearayun et Sarasah Bunta. Le bassin de la première fait office de base de loisirs pour les enfants.
Seuls touristes, après les premiers regards curieux, viennent les sourires. Puis des questions pour établir le contact, et... La demande de selfies ! Nous connaissons depuis plusieurs semaines tous les stratagèmes... Impossible ici aussi de résister aux sourires.
Le site est pas mal, mais rien de spectaculaire.
Nous remontons sur notre engin. La route de gauche mène au village de Sodok. Dans les rizières, ce sont toujours les femmes qui sont au travail dans les rizières. Pieds nus, de la boue jusqu'aux hanches, elles portent un chapeau conique, le symbole habituel et indissociable que l'on pensait réservé aux femmes Vietnamiennes.
Nous nous arrêtons dans le petit village, lové au milieu d'une végétation exubérante. À mille lieux de l'agitation de la vie moderne, une grand-mère, au regard fatigué du travail de la terre (rizière, récolte du latex) veut absolument se faire prendre en photo avec Denise. Dans un décor qui semble hors du temps, elle prend la pose avec un sourire tout discret...
Sur le chemin, nous faisons une rencontre surprenante. Celle d'un vieil homme qui transporte un macaque sur son vélo. Une chaînette est attachée au cou du primate. Capturés, bébés, ces petits singes très sociaux, sont formés et entraînés, pour cueillir les noix de coco à la cime des arbres.
Entre les deux, le mimétisme dans la gestuelle, est presque parfait. Il nous est difficile de soutenir leur regard... Qui sont les plus étonnés ?
Nous quittons la Vallée. La grande ville de Payakumbuh abrite dans un vieux quartier historique, d'anciennes maisons traditionnelles, certaines sont un peu délabrées, mais quel charme. Un violent orage de mousson nous oblige à un stop d'urgence sous un abri, dans la rue principale.
Quelques minutes plus tard, à la sortie de la ville, un nouvel orage se déclenche. Nous trouvons refuge chez un marchand d'épices. Le propriétaire offre à Denise une poignée de clous de girofle. L'Indonésie est le 1er producteur mondial.
Le ciel est menaçant jusqu'au Hello guesthouse, une petite pluie fine tombe régulièrement jusqu'à notre hôtel.
Quels paysages, quelles rencontres... Ce court séjour restera en tête de liste des plus beaux souvenirs du voyage. En soirée, nous fêtons notre retour, dans la salle du restaurant Bedudal Café.
Vendredi 6 mars 2020
Allâhu Akhbaaaaar ! (Allah est le plus grand).
Le muezzin appelle les fidèles à la prière dès 4 h 30 du matin. Nous sommes habitués maintenant.
Aujourd'hui, nous abandonnons le scooter, pour aller visiter la région proche de la grande ville, nous allons grimper dans un minibus local.
Nous marchons au ralenti sur la place de la Tour de l'Horloge, il faut prendre son temps pour jeter un coup d'œil au volcan Marapi, son sommet est bien dégagé ce matin. Ce volcan est moins dangereux que le Mérapi, qui, lui est situé dans le centre de l'Ile de Java.
Dans la vieille ville, tout en bas, il faut parcourir des rues bordées de maisons coloniales, de boutiques et de cafés, puis traverser un boulevard arboré. Nous arrivons à proximité de l'hôtel Jogja, point de départ des opelets (les minibus) pour les villages du sud.
Le village de Pandai Sikek à 15kilomètres au sud, est réputé pour son artisanat de sculpture sur bois et le tissage des broderies Minang, appelées songket. C'est le village que nous avons choisi à visiter.
Nous montons dans l'opelet jaune qui porte le n°4. Une pancarte accrochée au pare-brise indique sa destination. Seuls passagers, nous négocions le prix à 50 000 Rp (assez cher). Pour ce tarif, le chauffeur prend "le chemin des écoliers" et nous fait découvrir, pendant 45 minutes, la campagne environnante, sans que nous ne lui demandions.
Pour le retour, en seulement 20 minutes, nous paierons, 10 000 Rp pour deux, dans un autre opelet, rempli de passagers.
Le village est entouré par les volcans Marapi et Singgalang. Au milieu des belles maisons traditionnelles, sélèvent les minarets des mosquées.
Grâce à un ingénieux système d'irrigation qui permet de faire circuler l'eau, le jardin de chaque maison à son bassin à poissons. Les insectes et les débris organiques des repas les nourrissent.
Les cultures maraîchères abondent sur les pentes des volcans. Les sols sont d'une fertilité sans égale, ils sont riches en éléments minéraux. Les parcelles regorgent de piments, de concombres, de choux et riz. Comme dans les autres régions visitées à Sumatra, les pesticides sont abondamment utilisés.
Dans la rue principale, le bitume, sous l'effet des rayons du soleil, accélère le séchage du riz. Inlassablement, toute la journée, les femmes se chargent de brasser et de ratisser les grains.
Le village, renommé pour son tissage, abrite de nombreux ateliers. Nous entrons dans une échoppe. Une femme tisse le songket, un textile très fin, où des fils d'argent et d'or sont insérés pour créer des motifs. Ce vêtement en tissu est porté lors des cérémonies : en sarong, en écharpe ou en couvre-chef.
Les créations sont exposées sur les murs. Certaines coûtent très cher, d'autres sont plus accessibles pour les touristes.
Simple et mixte, le sarong est porté fièrement par quelques anciens dans les villages, à la campagne. Les écoliers du primaire portent l'uniforme obligatoire. Les cours à l'école laïque ont lieu le matin, ensuite, l'après-midi est consacré à l'enseignement de la religion, dans l'école coranique, pour les très nombreux petits musulmans.
De nombreuses boutiques sont fermées. L'arrêt du tourisme dû au COVID-19 risque de soumettre l'économie de l'ile à rude épreuve. Nous quittons le centre du village, pour "attraper" un opelet à Koto Bharu.
La ville regorge d'hommes qui assistent à la prière du vendredi, des dizaines d'yeux sont rivés sur nous. Le monument religieux est superbe. À l'arrière, le sommet du volcan Singgalan qui culmine à 2 877 mètres d'altitude ferme l'horizon.
Nous remontons à une allure de limace la grande rue. Mieux vaut marcher à gauche de la route pour faire face aux bolides qui foncent, parfois lourdement chargés. Nous retrouvons l'agitation et le chaos des grands axes.
Retour à Bukittengi, entassés dans un opelet (10 000 Rp/2), coincés entre les victuailles et les nombreux passagers.
De retour chez notre logeuse, nous retenons à nouveau le scooter pour demain matin.
La date de notre prochaine étape approche, nous faisons réserver par Ling, un taxi partagé, à destination de la Vallée de Kerinci. Départ dimanche matin. D'après Ling, la route dans la montagne est dans un triste état. Afin d'éviter tout désagrément, nous demandons les places à l'avant, près du conducteur.
La chaleur est tombée, la population déhambulent dans les rues et tout autour de l'horloge. Le Marapi est en feu ce soir. Le ciel nous gratifie d'un superbe coucher de soleil.
L'art urbain s'invite dans le centre-ville, pas du niveau des villes de la Malaisie, mais quelques fresques très réussies, ornent les murs.
Près de notre chambre, les étals de restauration attendent les clients. À la fraîche, les rues retrouvent de la vie.
Au-dessus de nos têtes, des centaines d'hirondelles, posées sur les fils électriques, font un vacarme étourdissant. La migration vers les pays du Nord de l'Asie s'annonce.
Samedi 7 mars 2020
Batusangkar et le Pacu Jawi
Nous sommes réveillés de bonne heure et prenons des forces au petit-déjeuner. Le programme de la journée allie les traditions de la région. Culture et sport... Alors en route !
Dès la sortie de la ville, nous contournons sur plusieurs kilomètres le volcan Marapi. La route serpente entre les champs et les rizières. Nous nous élançons sur les pentes à l'assaut des crêtes. La récompense est là... Les paysages sont sublimes.
Dans les rizières, la moisson se fait à la main, à l'aide d'une faucille. Ensuite, les tiges sont exposées au soleil afin d'être séchées. Devant nous, les paysans détachent les grains en frappant les tiges sur des bouts de bois.
Rao Rao pourrait-être élu un des plus beaux villages de Sumatra. Les ruelles sont bordées de nombreuses maisons de tradition Minang. Les trottoirs, et les murs reflètent la créativité de la région. Quelques trâces de street art en font un musée à ciel ouvert. sont peints par la. Flâner dans ce calme est reposant. Les quelques habitants que nous rencontrons sont très fiers de l'intérêt que nous portons à leur petit bourg.
Pour attirer le touriste, le village bénéficie de la proximité du palais de Batusangkar. Nous sommes sous le charme.
Dna la cour d'une maison, des centaines de chips de krupuk singkong sont étalées sur le sol pour sécher au soleil. La recette est simple, c'est un mélange de crevettes mixées, mélangées à de la farine de tapioca et de l'eau. Parfait pour nous caler notre petit creux...
La cité de Batusangkar, nichée entre le Marapi et le Sago, un autre volcan, fut la capitale royale du pays Maningkabau. De nombreuses maisons, bien restaurées, témoignent de son riche passé. La ville est une étape incontournable d'un séjour à Sumatra.
À 10 km de Batusangkar, le Palais de Pagaruyung est une copie de l'original qui a brûlé en 2007. Tous les objets et les documents précieux ont été détruits. Le bâtiment est magnifique, construit entièrement en bois.
Les billets (50 000 Rp/2) d'entrée en poche, nous pouvons démarrer la visite. Il faut du recul pour réussir une photo. Le lieu est touristique, très prisé par les visiteurs Indonésiens. Une flopée de marchands de souvenirs "squattent" la façade centrale. Si l'architecture est imposante, l'intérieur est pauvre en mobilier d'époque, mais très lumineux, grâce aux tentures rehaussées de couleurs vives et chatoyantes.
Le décor est incontournable et rêvé par les adeptes des photos, en tenue de prince et princesse... Et l'âge ne compte pas !
Après avoir photographié ce lieu sublime sous tous les angles, nous reprenons le scooter pour traverser en tous sens, les routes et les chemins qui mènent au village de Parambahan, isolé en pleine campagne. Ling, gentiment nous a dessiné un plan pour y accéder.
Rituellement, pour célébrer la fin de la récolte de riz, à tour de rôle, des courses de taureaux, appelées Pacu Jawi, sont organisées par la population agricole. Chaque semaine, le lieu des courses est différent.
La manifestation se déroule sur une parcelle vide de riz, mais boueuse... Très boueuse ! Nous payons un droit d'entrée (50 000 Rp/2).
Depuis le matin et jusqu'en fin d'après-midi, des centaines de spectateurs sont installés sur les berges surélevées du terrain. On y trouve aussi des stands de restauration, et un groupe de musiciens qui rythme les épreuves.
À notre arrivée, la compétition a déjà débuté. Il faut se faufiler, et tordre son cou, au milieu des dizaines de têtes qui tanguent dans la foule. Les spectateurs sont attentifs et très exubérants.
Rien à voir avec une compétition ou une course de chez-nous. Des participants téméraires se succèdent à un rythme soutenu. Les pieds en équilibre sur une fine pièce en bois, à l'extrémité de l'attelage. Les mains agrippant la queue des taureaux.
Une corde relie les animaux et le "jockey". Les hommes mordent et tirent les queux pendant la course pour les diriger dans la même direction. La piste doit faire environ 150 mètres de long.
Ça va vite, c'est dangereux, ça éclabousse et c'est spectaculaire ! Pour être au plus près du spectacle et prendre de belles photos, malgré les pas en arrière, aux passages des concurrents, je suis éclaboussé de boue de la tête aux pieds.
Il n'y a pas de prix aux vainqueurs, juste la considération des spectateurs. Les taureaux gagnants seront vendus à un très bon prix, et gardés pour la reproduction. Pas de travail dans les champs, et ils sont exemptés du couteau des bouchers...
La fête se termine. Pour Denise, impossible d'échapper à la séance photo. Dans les parcelles inondées, les taureaux sont chouchoutés, le nettoyage du pelage des bestiaux s'impose.
Deux heures de route nous séparent de Bukittengi. En quelques minutes, nous roulons sur la route principale. Je zigzague derrière le long cortège de motos, et je roule à petite vitesse pour profiter d'un des plus beaux sites paysagers de la région... Sur des montagnes escarpées, des rizières en terrasses sont travaillées depuis des siècles dans une belle harmonie. Nous en avons le souffle coupé !
Un très violent orage, nous oblige à effectuer un arrêt prolongé dans la ville de Padangpanjang.
De retour à la chambre, nettoyage complet des vêtements... Le prix à payer pour avoir été un témoin privilégié de cette course unique.
Pizza ce soir, un petit plaisir gustatif presque oublié depuis deux mois.
Dimanche 8 mars 2020
Ce matin, nous prenons le petit-déjeuner en compagnie de sympathiques touristes locaux. Ils demeurent à Pekambaru, une grande ville du centre de l'ile. Le temps d'un très court week-end, ils n'hésitent pas, à faire 500 kilomètres aller/retour, pour trouver un peu de fraîcheur.
À 9 h, ce sont les adieux avec Ling. Nous la remercions pour sa gentillesse et ses précieux conseils, qui nous ont permis de passer ce séjour très agréable.
Nous avons été prévoyants lors de la réservation du taxi partagé (260 000 Rp/2), en demandant une place (pour moi) près du chauffeur. Au Terminal Aur Kuning, nous prenons 5 autres passagers, et quelques provisions de chips. Bien comprimé dans l'habitacle, nous pouvons enfin prendre la route pour la Vallée de Kerinci.
Dans les rues étroites des petits villages sans nom, c'est toujours un instant de bonheur d'admirer les belles maisons traditionnelles. Le paysage change en fonction de l'altitude. Des rizières, des vergers et des cultures céréalières dans les vallées. Des plantations de thé sur les pentes des collines.
Dans la montagne, le ciel devient menaçant. Une pluie battante et continue "se met de la partie" en bouchant définitivement le panorama. La route, sur certains tronçons, est difficilement praticable. Le conducteur est attentif aux trous de la chaussée qui sont remplis par de l'eau qui dévale des pentes, de façon spectaculaire.
Il change régulièrement de trajectoire en donnant des coups de volant à droite, à gauche. Il est obligé d'abaisser l'allure dans les virages serrés, sans quoi, il y a un risque de dérapage.
Résultat : 3 passagers malades. Nous fournissons sans cesse des poches en plastique et des mouchoirs ! Bonjour les odeurs !
10 heures de route, le conducteur, enfin, nous dépose devant le Subandi Homestay. La pension est niché au pied du volcan Kerinci, dans la ville de Kersik Tuo. L'étape nous a épuisé.
Nous prenons une chambre avec, compris dans le prix, le petit-déjeuner. Pas de wifi, mais de l'eau chaude... Vu la température, ce soir, ce n'est pas du luxe ! Depuis la fenêtre, nous avons une vue splendide sur le volcan et les plantations de thé.
À la fin du dîner, nous négocions une randonnée pour le lendemain matin, avec le fils du propriétaire (700 000Rp), au Lac Gunung Tujuh.
Le Parc National de Kerinci Seblat est l'un des plus grands d'Indonésie. Il est inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Nous étions venus dans l'espoir de faire l'ascension du volcan Kérinci. Situé dans la chaîne des Bukit Barisan, son sommet, est le plus haut de l'ile, à 3 805 mètres, il domine Sumatra.
Le trek se fait en 2 jours, mais les pluies abondantes des semaines précédentes rendent l'ascension impossible. Dans l'épaisse jungle, les sols sont trop boueux et glissants.
Lundi 9 mars 2020
Au petit matin, les voix des muezzins retentissent dans la campagne. Depuis notre fenêtre, le panorama est sublime sur les superbes plantations de thé, couleur vert tendre.. Malgré la déclivité de la pente, les plants montent à l'assaut du volcan.
Un grand ciel bleu illumine le sommet du Kérinci. Un petit panache de vapeur s'élève du cratère. Quelle chance d'avaler notre solide petit dèj, devant ce spectacle grandiose. Nous filons, nous préparer pour notre trek de la journée. Toutes les conditions climatiques sont réunies pour passer une agréable journée.
Nous nous installons dans le minibus d'un ami de Buddi, le fils de la maison, en direction du Mont Tujuh.
Au-dessus du village de Pelompek, quelques nuages sont accrochés sur les 7 pics, qui constituent le Mont Gunung Tujuh.
Notre guide est confiant pour la balade, la météo devrait rapidement s'arranger. Dans le centre du village, une petite route nous mène au poste des gardes du Parc. Encore 2 kilomètres, et nous arrivons à l'entrée du Parc National. Le campement des rangers est fermé. Nous nous engageons dans un sentier de terre bien dessiné, au milieu des caféiers, des cacaoyers et des plantations de piments.
Dans la jungle, le chemin monte, monte... Maintenant, il est pierreux, très incliné et raviné par les orages. Des passages sont de plus en plus raides, les racines des arbres nous servent de point d'appui. Nous croisons de jeunes indonésiens qui descendent avec du matériel de camping sur le dos. Ils ont passé la nuit au bord du lac.
Pour souffler un peu, les gardiens ont aménagé deux arrêts. Le long du raidillon, des bancs en bois sont disposés pour des haltes ombragées.
L'enthousiasme de Buddi est contagieux. En deux heures, nous arrivons au sommet. Là-haut, nous avons notre récompense... Le massif montagneux est hérissé de pics, d'aiguilles et d'éminences constituant un panorama incroyable.
À l'horizon, le cratère du Kérinci, magnifié par un soleil éclatant laisse échapper à intervalle régulier, quelques volutes de fumée.
La descente dans la grande cuvette est très raide, mais est facilitée, par une corde qui sert de garde-fou. À 1 996 mètres, Le lac Tujuh, appelé "Lac des sept montagnes" se trouve dans la caldeira la plus haute d'Asie du Sud-Est.
Nous faisons un petit tour, un pont vétuste permet d'enjamber une rivière qui dévale en chute d'eau en contrebas. Des petits groupes de jeunes ont établi des camps dans la pinède. Les emplacements sont jonchés de détritus et de morceaux de plastique... Dommage !
Retour par le même et unique chemin. Nous croisons encore quelques locaux qui grimpent avec du matériel de camping.
Buddi a le regard "aiguisé" pour repérer la faune du parc. D'un geste, il nous montre à la cime des arbres des singes, qu'il appelle, bandit logger. Au sol, un Acanthosaura est un petit lézard appelé aussi dragon des montagnes. L'animal fait figure de poid plume, pour échapper aux prédateurs, il a la capacité de permettre à son corps de ressembler à une feuille.
Dans le creux d'un arbre, il repère un scorpion particulièrement venimeux. Plus agréable, la beauté des dizaines de papillons qui semblent danser au gré du vent, et des insectes aux couleurs et formes inconnues.
L'ami du guide est à l'heure, il vient nous récupérer au début du chemin.
La randonnée peut se faire très facilement en solo, mais bénéficier des anecdotes et des informations sur la flore et la faune que sait faire partager avec enthousisame Buddi, est un réel avantage...
Retour à la chambre. Après le nécessaire décrottage, je vais rendre visite aux ramasseurs de thé.
Au moyen d'une griffe mécanique, ils cisaillent les feuilles du haut. Grâce au sol volcanique fertile et au climat tempéré, le thé se récolte toute l'année. Mais la meilleure période est celle de la saison sèche, en août et septembre. La beauté des pentes du volcan "habillé" de vert est magnifique.
Nous avons l'habitude, dans notre région bordelaise, de voir des vignobles bien verts et à "perte de vue". Mais là, le décor est dense et touffu. Une véritable mer émeraude.
Le village, coupé par l'unique grande route, ne présente aucun intérêt. La forêt tropicale vierge du parc est l'habitat du rhinocéros, de diverses espèces de singes et du tigre. Au centre du village, un monument est dédié au fauve.
À l'entrée d'une maison, une musique forte attire notre attention. Des personnes bien habillées tiennent dans les mains des cadeaux et des présents.
Un mariage traditionnel se déroule. Invités par les familles des mariés, tous les habitants se retrouvent à l'intérieur d'une grande salle couverte, décorée de façon impressionnante. C'est un défilé permanent entre les entrants et les sortants.
Le frère du marié nous invite à entrer, mais nous n'avons aucune tenue de "gala"... Il nous répond que nous avons les épaules et les jambes couvert, et que çà lui convient !
À l'intérieur, c'est une sacrée organisation pour assurer le service de restauration en continu. La nourriture et les boissons sont offertes par la famille.
Nous sommes invités à nous asseoir à la table des parents, tout heureux de notre présence. L'accueil d'Occidentaux est vécu par la famille comme une sorte de prestige.
En attendant la multitude de plats préparés par les femmes, les hommes enchaînent cigarette sur cigarette. Ils fument le kretek, la cigarette locale, confectionnée à partir d'un mélange de tabac et de clou de girofle. En Indonésie, fumer renforce le lien social et est perçu comme un facteur de convivialité...
Denise à droit à une chanson dédicacée par un membre de la famille du marié. À de nombreuses reprise, nous sommes sollicités pour des photos en compagnie des invités.
Sous une chaleur écrasante, les mariés ont adopté un look très bollywood. Ils sont assis dans un trône très kitch. Depuis l'estrade qui domine les tables des invités, leur regard est impassible. Sans bouger et sans manger, ils remercient les dizaines de personnes qui quittent la cérémonie. Pour eux, la journée doit-être très longue.
Il est temps de se retirer. Nous présentons aux mariés nos vœux de bonheur. Nous sommes remerciés par les parents qui, une heure plus tôt ne nous connaissaient pas. Ils insistent même pour que nous posions ensemble.
Une nouvelle belle rencontre et un magnifique souvenir de ce moment de partage.
Mardi 10 mars 2020
Très tôt, ce matin, les pétarades des motos, toutes trafiquées, ont couvert les sons des haut-parleurs des mosquées. Les ouvriers passent par l'unique route qui mène aux parcelles maraîchères et sur les plantations de thé, en direction des terres fertiles du volcan. Les motos sont chargées de ballots inattendus, certaines transportent tous les membres d'une la famille, agrippés les uns aux autres.
Buddi nous tient compagnie devant sa maison. L'opelet (50 000Rp/2) est déjà rempli de passagers, mais le conducteur fait l'effort nécessaire pour nous transporter à Sungai Penuh, à 40 kilomètres plus au sud. Avec les sacs à nos pieds, nous sommes serrés entre les voyageurs.
Les plantations de thé recouvrent les collines autour de la Vallée. Une mer ondule au bas des petites montagnes, ce sont les incontournables rizières, au vert émeraude éclatant.
Le conducteur nous dépose dans le centre-ville. Nous trouvons une chambre à l'hôtel Aroma. Unique déception au niveau de l'hébergement depuis le début du voyage. Nous sommes surpris par l'attitude désinvolte et sans-gêne du personnel très jeune. La chambre et le salon sont d'une propreté douteuse, tout est à revoir. Le choix de logement est très limité dans cette ville, hors des circuits touristiques.
Dans un quartier coloré, la mosquée Agung Pondok Tinggi, construite entièrement en bois en 1874. Elle est coiffée d'un toit pyramidal à trois niveaux qui se rétrécit au fur et à mesure de son élévation. L'intérieur est très ouvragé. Le gardien, alerté par des enfants, nous ouvre les portes. C'est le seul site de la ville à visiter.
La région est réputée pour le nombre et la beauté de nombreux lacs. Gros problème, l'hôtel n'offre pas de location de scooter. Dans les rues, nous n'avons pas trouvé d'agences de location.
Au niveau du marché central, des opelets sont stationnés. Nous avons des difficultés pour trouver un moyen de locomotion sérieux. Nos questions restent sans réponse... Le séjour se complique. Quid de la visite des cinq lacs que nous avions prévue ?
Dans un premier temps, nous nous consacrons à la recherche d'un moyen de transport pour notre prochaine étape, sur la côte qui borde l'Océan Indien, à Padang.
Dans les locaux de la Compagnie Ayu, nous achetons des billets (260 000 Rp/2) en taxi partagé pour le jeudi 12.
L'après-midi, le thermomètre est près d'exploser, la chaleur est diabolique. Nous nous arrêtons dans une échoppe pour nous protéger des rayons ardents, nous désaltérer et déjeuner.
Le visage à demi caché par son voile, la fille des propriétaires du warung Ampera Arni, nous reçoit avec une grande gentillesse. Elle nous confirme les difficultés de transport pour les touristes qui voyage en solo. La seule possibilité pour aller au Lac Kerinci, est de prendre un opelet et d'effectuer le retour en moto-taxi...
Je suis plongé dans la lecture du menu proposé, lorsque son père, avec un grand sourire, nous propose de nous emmener demain matin sur les rives du lac... Difficile de refuser devant cette proposition spontanée.
Retour à 19 h pour diner au warung. Nous découvrons la spécialité locale, du boeuf rendang, très épicé, mais moelleux à souhait. La jeune femme, toujours aussi timide, nous donne rendez-vous pour demain matin à 10 h.
Mercredi 11 mars 2020
Dès 4 h30 du matin, le "muezzin est dans la chambre". La sono à fond, les hauts-parleurs se mettent à chanter interminablement... Pour finir par un long prêche qui diffuse la parole divine.
Petit-déjeuner indonésien, les plats sont froids... Comme la chambre... Comme l'hôtel... Comme le personnel !
Autour de l'immense terrain de sport qui fait office de place centrale, de nombreux panneaux multicolores signalent la célébration d'un événement. Impossible d'en connaître la raison. La ville ne possède pas d'office de tourisme et si l'anglais est parlé dans les endroits touristiques, ici, on sent bien que le tourisme n'est pas une priorité.
À 10 h, nous sommes devant le warung. Deux employées vont assurer le service. Les plats, préparés de très bonne heure par le père, sont déjà dans la vitrine. La famille, au complet, a tenu à nous accompagner. Nous sommes très honorés.
Le voyage est ponctué par quelques arrêts photos. Le père de famille est trop fier des paysages naturels de son pays. Nous stoppons dans un parc, au bord du lac, dans la ville de Sanggaran Agung.
Nous sommes frappés par leur amabilité avec un grand "A". Sans contrepartie ! Un mélange de générosité, de simplicité et de sourires partagés...
Photos, échanges de mail et nous nous quittons. Nous ne voulons pas abuser de leur gentillesse... Peut-être à tort !
Cette aide, généreuse et désintéressée "juste pour nous aider et nous faire plaisir", restera, un inoubliable rapport humain. Terima kasih (merci) !
Nous poursuivons la balade à pied, le long du lac. Nous retrouvons le plaisir de marcher, toutefois, à mi-journée, la température s'affole. À cinq kilomètres, des reliques mégalithiques de pierres sculptées, datant de 2 000 ans sont visibles, près du village de Muak.
Le panorama, depuis les hauteurs, est superbe. L'activité de la pêche, des travaux dans les rizières sur les rives du lac ou en terrasses, du côté de la montagne, sont le quotidien de la population.
La découverte d'un petit village dans les hauteurs, est un enchantement. Après une heure d'ascension et de sueur, nous apercevons les toits des maisons à la sortie d'un virage. Face à l'incertitude d'un moyen de transport pour le retour, nous arrêtons ici, la "flânerie".
L'accueil des habitants est particulièrement cordial et sympathique, les locaux n'ont pas souvent l'occasion de voir des touristes étrangers parcourir les ruelles de leur patelin. Devant les entrées des maisons, la même séance photo se renouvelle.
Autour des foyers, des dizaines de jardinets sont la promesse de belles récoltes futures, alors que sur le sol brûlant, sèchent les grains de riz et de café.
Nous quittons un chemin pierreux pour la petite route carrossable. La présence de touristes étrangers intrigue les motocyclistes. À notre hauteur, ils s'arrêtent et nous proposent de nous amener plus loin. À chaque fois, nous déclinons l'invitation en souriant.
Le conducteur d'un vieux camion, d'un âge égal au mien, klaxonne pour nous saluer. Nous lui répondons d'un jeu de mains. Il s'arrête et nous demande où l'on va.
Malgré les gestes pour lui signifier que l'on ne fait pas de stop, il nous ouvre la portière, et de la main, nous invite à monter. La barrière de la langue ne permet pas de grands discours.
Avec un large sourire, il nous dépose dans les faubourgs de Sungai Penuh.
Le commerce des épices est important dans la région de Jambi. Dans le centre-ville, des entrepôts regorgent de sacs de cannelle, l'odeur est prenante... En fin d'après-midi, nous récupérons sur un banc de la grande place publique au charme suranné et très kitch. Les jeux et les attractions pour les enfants semblent d'une autre époque...
Diner très épicé avec une nouvelle spécialité locale. Du dendeng batokok. C'est de la viande de bœuf, séchée au charbon de bois.
Le jus du pitaya (fruit du dragon) appelé aussi buah naga, à la saveur sucrée et parfumée, "éteindra le feu".
Jeudi 12 mars 2020
Petit-déjeuner léger à l'hôtel. Denise "chipote" des pâtes, pour moi, un thé suffit.
La visite de la Vallée de Kérinci et surtout la région de Sungai Penuh, nous laisse un goût d'inachevé. Sans passer par une agence, le transport est trop aléatoire... À moins de prendre un taxi privé, ou de disposer de beaucoup de temps.
Cette zone sud-ouest de Sumatra, dont la nature est époustouflante, n'est vraiment pas exploitée par le tourisme. Peut-être une bonne chose...
Heureusement, la rencontre de la famille a été un moment fort du voyage. Nous avons été agréablement surpris, par leur grande serviabilité désintéressée et leur gentillesse. Mais nous avons trouvé, tout au long de notre séjour à Sumatra, une approche facile de la population avec, de leur part, une demande constante d'échanges.
Vers 9 h, le conducteur du taxi partagé vient nous chercher à l'hôtel. Je prends place à ses côtés. Nous avons 7 h de route pour rejoindre Padang. Nous sommes sept passagers, serrés comme des sardines dans une boite.
Même itinéraire qu'à l'aller sur la Trans-Sumatra. À perte de vue, défilent les paysages de rizières dans la plaine et les plantations de thé, qui montent à l'assaut des sommets des collines.
Le conducteur a le pied lourd. Dans la partie montagneuse, sa conduite est périlleuse. Mieux vaut ne pas être un novice, le danger vient de partout : les chèvres ou les poules qui traversent la route, les véhicules en panne et les camions qui roulent à tombeau ouvert, en crachant une fumée noire... Les brusques à-coup dans les virages serrés, les tentatives d'éviter les nids de poules, et les accélérations inattendues, majorent les nausées des passagers.
Les premiers symptômes se déclenchent à l'arrière. Des râles, des sueurs sur les visages, et les inévitables vomissements... Notre paquet de lingettes baisse rapidement.
Les rencontres improbables se succèdent : une épicerie ambulante croule sous un bric-à-brac multicolore. Ce service est indispensable là où les commerces se font rares.
À la sortie d'un village, des fidèles ont installé un mini-péage pour faire la quête. Le bénéfice servira à la rénovation de la mosquée. Tout moyen est bon pour gagner quelques rupiahs.
La majorité de la population est de confession musulmane, donc dans le pays de nombreuses mosquées sont construites, chaque région à son architecture.
Touts sont décorées de mosaïques de verre coloré. Un minaret succède à un autre minaret...
En bord de route, un atelier artisanal expose des éléments décoratifs. Le travail du métal se distingue par la forme et la décoration des éléments. De petits dômes bulbeux révèlent la minutie des détails. De la couleur brillante pour les uns, de couleur vert et jaune pour d'autres.
La descente pour atteindre Padang est longue, très longue. La circulation est infernale, un immense embouteillage bloque la circulation.
Mieux vaut ne pas compter les nombreux virages, de quoi donner le tournis ! Les camions ne peuvent pas se croiser, de jeune gens, assez débrouillards (contre un billet ou une cigarette) font la circulation.
Après 7 h30 d'un trajet épuisant, le conducteur nous dépose à l'entrée de l'hôtel Kinol. Nous avons réservé, hier soir, par Booking, une belle chambre avec A/C et eau chaude (le luxe). De plus, le Wifi est excellent.
Petite flânerie dans un quartier pour repérer le dépôt des bus pour Bungus, une petite ville sur la côte. Nous nous installons à une table d'un restaurant. Nouvelle sensation gustative, la cuisine de la région est d'influence indienne, le poulet tandoori est délicieux...
Vendredi 13 mars 2020
La fin de nuit est calme. Peu de circulation dans le quartier, et le muezzin de la mosquée voisine, doit avoir une extinction de voix ou son haut-parleur est hors service !
La ville de Padang en 2009, au bord de l'Océan Indien, a subit un séisme de magnitude 7,6. Nous pouvons encore en voir les traces sur certains bâtiments. Dans les ruelles du vieux quartier, près de l'embouchure d'une rivière, d'anciennes maisons témoignent de siècles d'histoire, des trésors architecturaux qui ont traversé les âges.
La ville est sujette à subir les effets d'un tsunami, comme toutes les villes côtières de l'ouest de Sumatra. Elle est bâtie à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Près de la jetée qui borde l'Océan Indien, nous trouvons l'O.T. L'employé ne connaît pas les moyens de transport pour Bungus distant pourtant de seulement 28 kilomètres. Par contre, il appelle aussitôt par téléphone son père. Celui-ci peut nous amener avec sa voiture, là où on veut.
On signe le registre, et, à sa demande, il immortalise l'instant avec un selfie.
Nous passons devant la mosquée Al-Hakim au bout de la plage de sable noir de Pantai Padang, et retour au centre-ville. Nous accélérons le pas, nous souhaitons rejoindre Bungus au plus vite.
Nous trouvons la station des angkots au Pasar Raya (marché). Denise négocie le prix avec un chauffeur (40 000 Rp avec les sacs). Trop content d'avoir deux passagers supplémentaires, il va passer nous prendre à l'hôtel, car nous devons récupérer nos bagages.
Nous sommes 18 dans un véhicule conçu pour transporter 13 passagers. Heureusement, Bungus est à seulement 1 h de route.
Dans le village, l'offre des logements s'étend uniquement le long de l'unique rue principale.
J'ai repéré dans le G.R.D, le Tin Tin homestay. Dans la cour, face à l'océan, il n'y a pas âme qui vive. Soudain, un gardien âgé se présente. Son accueil est quelconque et sa réponse est très évasive sur le tarif. À l'abri de notre regard, Il tente de joindre son employeur par téléphone. Par politesse, nous patientons quelques minutes, puis, sans réponse, nous allons voir les hébergements proches.
Le Losmen Carlos est distant de quelques centaines de mètres. L'accueil de la famille est sympathique. Nous prenons un chalet en dur, face à l'océan. Air conditionné, la chambre est très propre. Mais pas de wifi.
Pour finir le voyage, nous voulions une destination authentique, du soleil et la plage...
Nous allons acheter des fruits et des tomates dans une échoppe. Nous avons rapidement pris nos quartiers, ce midi, nous nous régalons d'un repas de gala, face à la baie.
La pêche traditionnelle est une activité communautaire rassemblant la majorité des hommes du village. Sur la plage, tous les jours, dès les premiers rayons de soleil, les pêcheurs pratiquent la pêche à la senne.
4 matelots sur une pirogue à moteur vont déposer au large, un filet long de près d'un kilomètre. Sur le sable, une quinzaine d'hommes, répartis en 2 équipes ramènent le filet, qui forme un "V".
Les flotteurs, placés à chaque extrémité du filet doivent arriver ensemble sur le sable. Une vraie chorégraphie. Toujours en cadence, à petits pas, les hommes, à l'aide d'une petite corde accrochée à hauteur de la taille, tirent le filet sur le sable.
La poche centrale où sont emprisonnés les poissons est ramenée sur le sable.
La prise est faible. De petits poissons, et des détritus en plastique. Un travail pénible, pour un piètre résultat.
Ramasser et jeter les déchets dans une poubelle, ne fait pas partie des automatismes. Les pêcheurs rejettent machinalement les déchets dans l'eau. Ils les retrouveront dans quelques heures, au milieu des mailles des filets. Écologie et Indonésie ne riment pas. Pas encore...
Une tortue s'agite dans le filet, un pêcheur l'attrape et la "plante" dans le sable. Devant nos regards réprobateurs, il la rejette dans les flots.
La consommation de viande de tortue marine est prohibée en Indonésie depuis 1999, mais certains pêcheurs ne respectent pas cette interdiction. Aujourd'hui, notre présence sur le rivage lui a peut-être sauvé la vie.
À tour de rôle, les pêcheurs posent leur filet avec cinq petits bateaux. Les équipiers ont les mêmes gestes, et le même espoir d'une pêche fructueuse.
Les poissons sont vendus directement sur la plage à la population locale. Les pêcheurs se partageront les invendus...
En fin de journée, un marchand ambulant vient proposer des spécialités cuites dans des feuilles de bananier. Les Indonésiens raffolent de tout cela. Dès l'arrêt de sa moto, il avertit de son passage d'un coup de klaxon. Après le dernier coup de filet, le petit creux est comblé avec ces encas. Ce commerce informel, procure du travail à quelques personnes et reste leur seule source de revenus.
Depuis notre chalet nous admirons le coucher de soleil. Rouge ou orange... Durant quelques minutes, le ciel s'enflamme, magnifique et spectaculaire.
Samedi 14 mars 2020
Grand silence toute la nuit. Pas de hurlement provenant d'un haut-parleur accroché à un minaret, pas de bruits incessants des camions !
Quel début de matinée ! Le ciel est d'un bleu immaculé, et le soleil embrase déjà l'atmosphère.
Nous sommes réveillés par l'odeur alléchante des beignets et des pancakes qui se répand autour de notre chambre. Nous sommes les seuls touristes, le gérant nous chouchoute.
Tous les matins, la plage, devant notre bungalow, est consciencieusement nettoyée par le beau-frère de Carlos. Baignade très matinale avant l'arrivée des pêcheurs qui sont très pudiques. L'eau est à plus de 30°. Pas de snorkelling, car le fond est sablonneux et la visibilité très moyenne.
Vers 9 h, les premiers pêcheurs arrivent. Le dur et épuisant labeur va recommencer. Cette activité est d'une importance vitale pour cette population défavorisée.
Denise dans l'après-midi, va passer des messages aux enfants, dans l'hôtel voisin. Elle réserve par mail, une chambre au Kinol Hôtel à Padang, pour les nuits du 18 au 20.
Le responsable de ce beau complexe est catastrophé : pas un seul client.
La petite station balnéaire abrite quatre hébergements et nous sommes les seuls touristes étrangers... Il n'y a pas de touristes asiatiques non plus...
Nous passons la journée entre la lecture du dernier magazine en français et la discussion avec quelques pêcheurs, qui parlent anglais.
Dans les mailles d'un filet, un poisson est très différent des autres. Il est recouvert d'épines, son ventre est blanc, et le reste du corps est beige avec des points noirs. Ses yeux sont verts et globuleux. Les locaux l'appellent Bulan. Il fait partie de la famille des Diodons.
Quand il se sent en danger, il se gonfle. Immangeable, car toxique, un pêcheur le rejette immédiatement à l'eau.
Dans la journée, d'énormes bateaux de pêche, aux couleurs vives sont à l'ancre. Dès le début de la nuit, ils prennent position au large de la baie. De grosses lampes éclairent la surface de l'eau. Une dizaine de pêcheurs sur le pont relèvent les chaluts jusqu'au petit matin. La technique est appelée pêche "au lamparo".
Nous comprenons maintenant pourquoi les filets des pêcheurs traditionnels sont si peu chargés.
Dimanche 15 mars 2020
Ce matin, lorsque nous déjeunons, les pêcheurs sont déjà au travail. Il n'est pourtant que 8 h.
Carlos, le propriétaire du losmen, habite à Padang. Il a une dégaine atypique pour un Asiatique, avec son chapeau de cow-boy. Il est venu pour nous proposer une sortie PMT (palmes-masque-tuba), au large des petits ilots de l'anse. L'offre est intéressante, mais à condition de partager les frais du bateau avec d'autres touristes.
Malheureusement, le téléphone ne sonne pas. Il s'inquiète pour les semaines à venir...
Sur une feuille de papier, il nous griffonne un plan, pour visiter à pied, une cascade qui se trouve à la sortie du village.
Au soleil du matin, le village jouit d'une vue magnifique sur la baie. A l'abri des vagues, la flottille des gros bateaux est à l'ancre.
Nous passons devant le poste de gendarmerie, un sentier chemine au milieu des rizières. De loin, nous apercevons dans la montagne, au milieu de la jungle tropicale, la chute d'eau qui se déverse sur la paroi d'une falaise.
La cascade Air Tanjun Tingkat Tiga, se déverse sur 3 niveaux. Nous longeons le cours d'eau. Malheureusement, les ménages lavent le linge... Dommage, car l'aménagement d'un lavoir avec un système d'évacuation des eaux usées éviterait la pollution de l'eau... Mais la population n'a pas le choix !
La première "piscine", au bas de la cascade, est envahie par des enfants.
Sur la droite, nous escaladons un sentier abrupt, bien signalé mais il faut passer sous une canalisation d'eau. Rien n'a été aménagé pour le tourisme.
L'air est suffocant, heureusement une grande partie de l'ascension se fait dans la jungle. Il nous faut 1 h pour arriver à la plus belle chute d'eau. De-là, la vue sur la baie est superbe. Ici aussi, le selfie est à la mode, personne n'y échappe. Des jeunes prennent une fière position devant mon objectif. Une façon d'exister peut-être ?
Le petit village de Koto Lubuk Itam, au bas de la cascade est plein de charme. Nous croisons un artisan-tailleur. Il travaille et se déplace de village en village. Son mini atelier est accroché à sa moto. Une nouvelle rencontre assez insolite !
Nous passons la fin de l'après-midi en compagnie des pêcheurs. Le travail est fatigant, harassant. Il faut tirer pendant 2 heures pour ramener chaque filet. Ce soir, la pêche est bonne. Les poches sont pleines de petits poissons.
Sur la plage, à l'arrière des bateaux penchés, les femmes, coiffées d'un foulard ou d'un chapeau conique observent le contenu des filets.
Le rituel est journalier, les poissons sont étalés sur le sable, les femmes accroupies trient et effectuent la pesée pour les plus gros, la calculette à la main. La pratique de la pêche pour eux est un travail d'autosubsistance, les grands bateaux semi-industriels qui pêchent au large, capturent les poissons pour les vendre à l'export.
Le soleil finit son voyage en se couchant en douceur, et le ciel s'embrase. Peu à peu, le disque sombre dans l'océan dans un dernier éclat.
Les pêcheurs ont déserté la plage, il est temps pour nous, de profiter d'une eau toujours aussi chaude. Quel plaisir !
Lundi 16 mars 2020
Les vents dominants nous apportent les appels à la prière. Lancés du haut des minarets, ils se confondent. Leur chantonnement glisse sur les eaux de l'océan...
De très bonnes heures, avant l'arrivée des pêcheurs, nous préférons l'appel à la baignade. Quelle tranquillité...
Au cours du petit-déjeuner, le gendre de Carlos nous tend son téléphone, Benjamin et Silviana, ont réussi à nous joindre.
Les nouvelles de France ne sont pas bonnes. La pandémie du coronavirus inquiète les autorités nationales.
Ils nous intiment de rentrer au plus vite, car les aéroports risquent de fermer.
Sans Wi-Fi, nous ne recevons aucune information sur le téléphone. Nous ignorons totalement les effets de ce grave problème qui mobilise l'attention du monde entier.
Nous aviserons à notre retour à Padang, prévu mercredi 18.
Nous avons réservé les billets d'avion pour le 20 pour Kuala Lumpur en Malaisie. Le retour à Paris est prévu le 24. Nous souhaitons aller jusqu'au bout de notre voyage.
Nouvelle journée de repos et de détente. S'assoupir dans un hamac ou discuter dans la gargote du bord de plage avec les pêcheurs, en grignotant des beignets à la banane... What else ?
Au milieu de l'après-midi, un orage violent, suivi d'une pluie diluvienne obscursit le paysage et nous oblige à rester à l'abri.
Nous sommes admiratifs devant les forçats des "filets" qui continuent leur ballet, stoïques, imperturbables sous des trombes d'eau. Pour un bien maigre résultat.
Mardi 17 mars 2020
Nous sommes encore gâtés ce matin, le petit-déjeuner est copieux. Le ventre contenté, nous pouvons grimper au sommet d'un petit volcan. Le départ du sentier est en face du losmen.
La montée est rude, nous crapahutons au même rythme depuis une bonne heure. Le soleil est violent, il fait une chaleur étouffante. Le panorama sur la baie commence à se dessiner. Tout en bas, nous devinons notre chalet, en bord de plage.
Nous avons du souffle à revendre, loin des bruits, nous grimpons bien plus haut. À l'ombre les hauts cacaoyers et des bananiers, la chaleur baisse. Je pose mon petit sac pour souffler et sécher mon tee-shirt, la sueur dégouline le long de mon dos.
Ici, on écoute le silence... De notre balcon naturel, la vue sur la plaine, la baie et les rizières est époustouflante.
Dans cette montagne isolée, les modes de vie et des pratiques culturelles persistent. Quelques maisons abritent des familles d'agriculteurs. Nous croisons des enfants qui rentrent de l'école, timidement des "hello" fusent.
Nous dévalons la pente en milieu de l'après-midi. Le repas, préparé par notre logeur est englouti avec appétit.
Comme hier, à la même heure, un déluge d'eau s'abat sur la baie. Sous les trombes d'eau, les pêcheurs, imperturbables poursuivent leur épreuve de force... Il faut bien apporter quelques poissons pour améliorer le repas du soir !
La pêche est terminée, les hommes sont installés sous l'auvent de la cabane. Nous les remercions pour leur accueil. Pour toute la population, l'océan est leur garde-manger et leur seul horizon.
Devant cette situation d'inégalités (santé, alimentation et éducation), ce qui nous a touché particulièrement est leur richesse humaine.
Chanter, toutes sortes de mélodie, blaguer et raconter des histoires drôles du matin au soir, ponctués de grands éclats de rire, les pêcheurs nous ont donné une vraie leçon de vie.
Il est impossible de se souvenir des personnes que l'on a pu rencontrer et avec qui on a pu échanger, mais ce que nous garderons en mémoire, c'est leur gentillesse...
En début de soirée, nous plongeons une dernière fois dans l'océan. Le rangement des sacs nous demande quelques minutes seulement, demain matin, nous revenons à Padang.
Mercredi 18 mars 2020
Le petit dèj est avalé avec un peu de nostalgie. Le court séjour à Bungus, au plus près de la population, est une réussite.
Nous prenons congé de la soeur de Carlos et de son mari, qui ont pris soin de nous, toujours avec le sourire.
Sur le bord de la route, la propriétaire de la gargote des pêcheurs nous tient compagnie jusqu'à l'arrivée de l'angkot (40 000 Rp). Il suffit de lever la main pour grimper à l'intérieur.
1 heure de trajet seulement... Et heureusement ! Le minibus est surchargé, nous sommes très serrés entre les collégiens et les personnes âgées qui vont au marché.
Le conducteur nous dépose à proximité de l'hôtel Kinol.
Notre téléphone, sans accès à internet depuis une semaine, est rempli de mails. Avant même de poser nos sacs dans la chambre, nous avons un contact "Messenger" avec Benjamin. Il nous signale la fermeture, depuis ce matin, de l'aéroport de Kuala Lumpur pour les étrangers.
Il n'est plus temps de tergiverser. Il faut partir. Le manager de l'hôtel semble désolé;;; il est même triste de cet épisode qui affecte son pays. Nous avions fait sa connaissance, il y a un peu plus de 6 jours, et il était tout heureux de notre retour au sein de son hôtel.
Rapidement, il contacte une connaissance pour nous emmener à l'aéroport de Padang. Nous ne visiterons pas le centre-ville.
Au point information du petit aéroport, nous avons la confirmation de la fermeture des aéroports en Malaisie, sauf pour leurs ressortissants. Donc, il n'y a plus de possibilité de nous rendre à Kuala Lumpur.
Il faut être réactif et faire un choix rapide. Au guichet de la Compagnie Garuda Air, nous achetons des billets pour Jakarta. Le départ est à 14h. Il ne nous reste plus qu'à espérer trouver dans la capitale, un avion pour Paris.
Le vol est rapide, à 16 h, nous sommes dans l'immense hall T3 de l'aéroport de la capitale de l'Indonésie. Tous les comptoirs des Compagnies sont investis par des touristes, pour qui la recherche d'un vol, est un casse-tête, et pour certains, une dépense imprévue.
Depuis, près d'un mois, nous n'avions pas vu d'Occidentaux. Aujourd'hui, c'est par centaines qu'ils errent d'un comptoir à un autre.
C'est la cohue devant le guichet de Qatar Airways. Les tarifs s'envolent ! Les employés ne veulent pas nous changer la date du billet retour, car initialement, le départ était prévu depuis l'aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie.
Au guichet des autres compagnies, les prix proposés sont prohibitifs : 1 vol aller pour Paris, chez Japan Airlines 5 500€. Chez Turkish Airlines, le vol aller est à 2 200€.
Deux agents, envoyés par l'Ambassade de France nous viennent en aide. Ils nous entrainent dans un bureau, auprès d'un responsable de la compagnie Qatar. La discussion reste sans succès. Mais, un petit espoir existe, il nous donne l'adresse, dans le centre de Jakarta, du bureau central de la Compagnie.
Il faut songer à se loger pour la nuit. Nous nous installons dans une rame du métro aérien (gratuit) qui mène au Terminal 1A. À cette heure tardive, le d'primahotel est complet.
L'employé de la réception nous indique l'adresse d'un autre hôtel de la chaîne, qui est accessible avec une navette privée (gratuite) en 20 minutes. Là-bas, il y a des chambres disponibles.
Dans un quartier populaire de la banlieue de Jakarta, nous prenons possession de la chambre (490 000Rp avec p/d). Nouvelle discussion skype avec Benjamin et Silviana.
Jeudi 19 mars 2020
Excellente nuit, l'hôtel est confortable. Très pressés, nous zappons le petit déj' indonésien, un thé suffira.
À 7 h, nous laissons nos sacs à la réception. En taxi (140 000Rp) nous nous faisons déposer au Menara BCA, un immense building tout en verre, dans le centre des affaires de la capitale.
La fourmilière se réveille. À l'entrée du bâtiment, nous subissons un contrôle très strict des passeports, ainsi que de la prise de notre température corporelle.
Il est 9 h, les bureaux viennent d'ouvrir, nous sommes les premiers, au 38e étage, dans les locaux de Qatar Airways.
L'employée ne veut rien savoir de la validité de nos billets retour. Le départ oui... Mais depuis Kuala Lumpur.
Nous sommes dans l'obligation de racheter 2 billets. Nous nous en "tirons" pour 1200 €. Il ne faut pas hésiter, ce sont les 2 derniers pour le vol de ce soir, à 18 h.
La chance est avec nous. Pour favoriser les démarches, nous sommes aidés par une Genevoise. D'origine Indonésienne, elle voyage avec son fils, eux aussi, ils rentrent en Europe.
Retour à l'hôtel, discussion avec les enfants. Depuis le mobile, nous achetons deux billets de train, Paris/Bordeaux (254€) pour le lendemain. Départ depuis la gare de Roissy. Ouf !
La navette gratuite de l'hôtel nous dépose à l'entrée du Terminal 3 de l'aérogare. Face à l'agitation qui règne autour des guichets, notre stress diminue. Autour de nous, des touristes sans solution de retour sèment la pagaille, ils sont complètement affolés !
Nous effectuons les formalités à 15 h. Il ne reste plus qu'à dépenser nos dernière rupiahs dans un restaurant japonais.
L'avion est complet, les passagers viennent de tous les pays d'Asie. La plupart avec un masque sur le visage. L'ambiance n'est pas à la fête... L'Airbus quitte le tarmac à 18 h. Nous atteignons Doha à 23 h 30.
Nous apprendrons, le lendemain, que le gouvernement Indonésien a déclaré l'état d'urgence. Les autorités ne délivrent plus de visa et n'accueillent plus de touristes à partir de demain, 20 mars. Le nôtre était valable jusqu'au 8 avril.
Vendredi 20 mars 2020
Le vol se déroule sans encombre. L'avion se pose à 6 h à Paris Charles de Gaulle. Le temps presse, nous ne disposons que de peu de temps pour prendre le TGV. Les passagers arrivent de tous les coins de la planète. Aucune mesure de sécurité ou de gestes barrières ne sont appliqués.
À notre grande surprise, les formalités sont très rapides (5 secondes devant la police de l'air). Dans les couloirs et dans le hall, il n'y a rien ni personne. Pas de contrôle de température... Et les passagers vont s'éparpiller dans toutes les régions de France !
L'aéroport est vide, les commerces dans les galeries sont fermés. À la gare TGV, notre train n'est pas affiché. Immédiatement, nous prenons le RER pour la Gare Montparnasse. Il n'y a qu'un TGV (Atlantique) dans la journée pour Bordeaux. Là aussi, pas de contrôle : ni sanitaire, ni de billet.
Nous sommes cinq passagers dans le wagon. À l'arrivée à Bordeaux, nous sommes une trentaine de personnes, pour 6 ou 7 voitures.
La gare de Bordeaux est vide aussi et pas de TER pour Langon. Le prochain est prévu en fin fin d'après-midi. Nous grimpons dans une rame du tramway jusqu'à la place Stalingrad. Un bus assure le trajet pour Langon. Le conducteur nous intime l'ordre de passer par la porte arrière.
Enfin, le parcours du combattant s'achève. Nous sommes chez nous à 15 h.
Fin du voyage qui a débuté pat Singapour dans la première semaine de janvier. L'aventure s'est arrêtée en quelques heures, pour une raison qui nous dépasse. Le retour est un mélange d'amertume et de désabusement.
Avis sur la 2ème partie du voyage
Bukittengi :
La bonne surprise du voyage. L'accueil et la gentillesse de Ling, au Hello Guest-House, ont contribué à la réussite du séjour dans cette superbe région.
Loin de l'agitation touristique, (mais cette année, tout est faussé avec le Covid-19), les balades en scooter du Lac Maninjau à la Vallée de Harau sont idéales pour découvrir des paysages sublimes, et avoir un aperçu de la culture Minang. La boucle a été épique... La chance était avec nous :
- Découvrir dans son milieu naturel, l'impressionnante rafflesia. La fleur la plus grande au monde, dont la floraison ne dure pas plus d'une semaine.
- La saison des courses du Pacu Jawi. Une tradition intimement liée au peuple Minang.
- La Vallée de Harau. Une destination aux décors envoutants. Des couleurs, des paysages et des traditions millénaires qui ne manquent pas de charme.
- Le Lac Maninjau. Une des beautés naturelles de l'ile. Nous avons été émerveillés avec les vues sur le lac, les palmeraies, les rizières, les cultures et les villages, enserrés dans la caldeira
Vallée de Kerinci :
La région est surnommée "la Vallée secrète de Sumatra". Son surnom n'est pas usurpé...
L'inconnu du voyage, Le tourisme est très peu développé dans cette région. À part l'ascension du volcan, il y a peu de renseignements, aussi bien dans les guides touristiques que sur le Net. Difficulté de déplacement (pas de location de scooter).
Paysages fantastiques dans le Parc, entre la nature exubérante de la jungle et les plantations (rizières et théiers). Depuis Kersik Tuo, la présence d'un guide n'est pas nécessaire pour la randonnée au Mont Gunung Tujuh.
Depuis Sungai Penuh, la balade vers les différents lacs demande du temps pour gérer l'organisation des transports privés ou opter pour une agence.
La belle rencontre avec la famille, restera un point fort de notre passage.
Bungus :
Calme, repos et farniente au bord de l'Océan Indien.
Dans ce petit village, niché au bord de l'eau, nous avons apprécié le confort du bungalow, l'excellente cuisine du restaurant du losmen, et surtout, la gentillesse de la famille.
La pêche traditionnelle qui perdure, dans la tradition locale, malgré les résultats souvent décevants, par rapport aux efforts.
Les échanges partagés avec les pêcheurs. Que des sourires et des gestes amicaux, quand il y avait la barrière de la langue.
Notre avis sur SUMATRA
Les Indonésiens:
Un des gros coups de cœur du voyage. Il est difficile d'établir un dialogue approfondi à cause de la barrière de la langue, peu d'habitants parlent anglais. Partout, nous avons été accueillis avec le sourire. Il est vrai que nous-mêmes n'en sommes pas avares.
Sumatra ayant échappé (pour l'instant) au tourisme de masse, l'attitude des populations autochtones est chaleureuse et spontanée. À Sumatra, les Indonésiens aiment les touristes et n'ont pas une attitude à nous voir comme un porte-monnaie ambulant. Ils sont très pudiques et pas du tout exhibitionnistes (même les jeunes) aux touristes à faire des efforts pour respecter les lois et les coutumes locales.
La sécurité :
La situation politique du pays est considérée comme une destination sûre et calme. Nous nous sommes toujours sentis en sécurité, que ce soit dans la rue ou dans les transports. Les rabatteurs et chauffeurs de taxi peuvent être "pénibles", sans plus.
Les religions :
Premier pays musulman au monde avec 90 % de la population toutes les autres religions sont représentées dans le pays. Ces minorités religieuses, sont parfois, la cible de musulmans radicalisés.
Forte identité musulmane (98 %) dans la région de Bandah Aceh, dans le nord. C'est la seule région d'Indonésie à imposer la loi coranique : la charia.
Pour le touriste, l'appel à la prière dès 4 h30 du matin peut être un désagrément. Il est difficile de trouver un hébergement hors de portée des haut-parleurs, et il y a des mosquées partout... Mais on s'y habitue vite ! Ça fait partie du voyage !
La gastronomie :
La cuisine indonésienne à l'image des langues et des ethnies est très diversifiée et riche. Beaucoup de saveurs (épices). Et tout le temps du riz, du riz et encore du riz !
Heureusement, les différentes et nombreuses façons d'accommoder les sauces font la différence. Étonnamment, de nombreuses espèces végétales sont cultivées sur l'ile, mais rarement consommées.
Comme dans beaucoup de pays en voie de développement, tout part à l'exportation. Ex : le café, le chocolat...
Le climat :
Tout au long de l'année, l'ile de Sumatra est une région, ou la température chaude et un taux d'humidité élevé, rendent le séjour agréable mais l'air ambiant est tropical et humide. Très chanceux, nous avons été gâtés par le peu de précipitations, sauf en fin de séjour, à Bungus, avec des pluies diluviennes.
Fraîcheur appréciable dans la région de Berastagi et sur les hauteurs de l'ile de Samosir.
Nous avons bénéficié d'une météo excellente en général.
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Le coût de la vie
Budget transport.
Les déplacements en bus sont lents, très lents. Souvent bondés, suivant le choix de la classe des bus, ils peuvent être étouffants ou d'une fraîcheur polaire.
Les déplacements en bus permettent de partager une tranche de vie très locale. Le réseau routier est compliqué surtout dans le centre montagneux. Des travaux, des chaussées défoncées, des routes étroites, donc des embouteillages. Les conducteurs doivent être toujours attentifs aux animaux errants. Il faut prêter attention aux voisins de siège, les Indonésiens ont une fâcheuse tendance à avoir le mal des transports...
Il faut compter une vitesse moyenne de 30 km/h. Le confort est très inégal dans les terminaux.
Budget pour deux, pour un grand déplacement en bus : une moyenne de 450 000 Rp, soit environ 30 €.
Budget hébergement.
Tous nos hébergements ont été trouvés :
Au hasard, sur place, sans réservation. On trouve toujours une chambre à la dernière minute et ce, à un prix raisonnable.
En sélectionnant un hôtel dans les guides (G.D.R. et Lonely).
En regardant les avis du site Booking, sur le mobile.
Les choix sont multiples. Il n'y a pas que des dortoirs dans les hôtels et pensions, il y a toujours des chambres avec une s/b privée.
Partout, la qualité de la literie est à souligner. Matelas très épais et le lit, extra-large.
Nous avons payé 8 € pour un chalet face à la mer, les pieds dans l'eau...
Il est vrai que nous y étions en février-mars, donc pas vraiment en haute saison touristique. Mais, à cause de la pandémie du coronavirus, les touristes ont déserté toutes les destinations d'Asie du Sud-Est.
Budget nourriture.
On ne meurt pas de faim en Asie. On se nourrit très bien dans les warungs (les gargotes) ou dans les marchés. La nourriture est excellente.
Un plat coûte en moyenne 2.20 €. Très peu de dessert, mais beaucoup de fruits exotiques, toujours délicieux en jus.