Voyage à SUMATRA
Février - Mars 2020
1ère PARTIE
Pulau WEH
La plage. Le snorkelling
KETAMBE
Parc Gunung Leuser
Les Orangs-Outans
BERASTAGI
Volcan Sibayak
LAC TOBA
Ile de Samosir
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Visa
. Passeport valable encore au moins 6 mois à compter de la date d'entrée.
. Visa touristique sur place (Indonésie):
° gratuit pour un séjour de 30 jours.
° renouvelable pour 30 jours de plus, au bureau d'immigration, d'une grande ville. Délai 1 semaine : coût 35 USD.
- Billet (bateau ou avion) de sortie du pays
. Visa de 60 jours obtenu à l'Ambassade d'Indonésie à Singapour pour notre part : 70 SD (48 €)
- Billet (avion ou bateau) d'entrée et de sortie du pays.
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Vaccination
Vaccins recommandés :
. vaccinations universelles : hépatite B, DTPC.
. Hépatite A, fièvre typhoïde.
. Suivant les secteurs ruraux et les séjours prolongés : rage et encéphalite japonaise.
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Question argent
1 Euro = 14700 Rp (Rupiah indonésienne).
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Question transport
Aérien
Réservation - 1 010 €/2 - effectuée le 14 septembre 2019 auprès de Qatar Airways.
Aller : Paris-Singapour avec une escale à Doha le 08/01/ 2020.
Retour : Kuala Lumpur-Paris avec une escale à Doha le 24/03/2020.
Vol retour annulé: cause coronavirus.
Séjour à Singapour du 9/01 au 11/01/2020.
Séjour en Malaisie du 11/01/2020 au 9/02/2020.
Séjour en Indonésie du 9/02 au 19/03/2020.
Réservation : 107 €/2. Le 20 novembre 2019 auprès de Firefly.
Vol Penang (Malaisie) à Banda Aceh (Sumatra) le 9 février 2020.
Réservation 146 €/2 + 2 bagages le 22 novembre 2019 auprès de Trip.com (Compagnie AirAsia).
Vol Padang (Sumatra) à Kuala Lumpur (Malaisie) le 20 mars 2020.
Vol annulé: Aéroport KL fermé le 18/03 cause coronavirus.
En remplacement et dans l'urgence :
Vol Padang (Sumatra) à Jakarta (Java) le 18 mars 2020. Achat des billets directement à l'aéroport. 155€/2. Compagnie Garuda.
En remplacement et dans l'urgence :
Vol Jakarta (Ile de Java Indonésie) à Paris avec une escale à Doha le 19 mars 2020. Achat des billets au bureau central de la Compagnie Qatar Airways, à Jakarta. 1 200€/2.
Ferry
Bandah Aceh-Pulau Weh. 62 000 Rp/2.
Pulau Weh-Bandah Aceh. 62 000 Rp/2.
Parapat-Lac Toba. 30 000 Rp/2.
Lac Toba-Parapat. 30 000 Rp/2.
Bus
Bandah Aceh-Medan. Bus de nuit. 460 000 Rp/2. 600km. 12h de trajet.
Medan-Ketambe. (trajet en 2 parties)
Medan-Kutacane. Bemo (van). 210km. 140 000 Rp/2.
Kutacane - Ketambe. 32km. Labi-labi (camionnette) 50 000 Rp/2.
Ketambe-Berastagi (Brastagi). (trajet en 2 parties)
Ketambe-Kutacane. Labi-labi (camionnette) 50 000 Rp/2.
Kutacane-Berastagi (Brastagi). Bus 150km. 70 000 Rp/2.
Berastagi (Brastagi)-Lac Toba(Parapat). (trajet en 3 parties)
Berastagi-Kabamjahe. Bemo (Van). 10 000 Rp.
Kabamjahe-Pematangsiantar. Bus. 40 000 Rp.
Pematangsiantar-Parapat. Taxi collectif. 40 000 Rp.
Bus pour le centre de Sumatra
Parapat-Bukittengi. Bus de nuit. 510km. 15h de trajet. 56 0000 Rp/2.
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Question hébergement
Pulau Weh
Iboih
Olala Café Bungalows.
Accueil chaleureux. Bungalow au bord de l'eau. Propre. Bonne literie. Terrasse et hamac. Fait restaurant. 180 000 Rp la nuit.
Adresse à recommander.
Medan
Sukma City Hôtel.
Jalan Sisingamangaraja.
Bien situé. Grande chambre. Très bonnes informations du propriétaire. Mais trop cher pour les prestations. 250 000 Rp/nuit (petit-déjeuner compris)
Ketambe
Friendship Guesthouse.
Très bon accueil. Situé près de l'accès au Parc. Bungalow en béton. Propre. Bonne literie. Joli jardin. Excellente cuisine. 140 000 Rp/nuit.
info@ketambe.com.
Adresse à recommander.
Berastegi
Wisma Sibayak Guesthouse.
Jalan Udara.
Très bon accueil. Chambre avec terrasse. Propre. Bonne literie. 150000 Rp/nuit.
wismasibayak@gmail.com.
Adresse à recommander.
Lac Toba
Bernard's Guest House.
Tuktuk Ringroad.
Très bon accueil. Belle chambre sur jardin. Très propre. Bon restaurant. 120 000 Rp/nuit.
lukasandi39@gmail.com.
Adresse à recommander.
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Question au quotidien
Décalage horaire :
Le système de l'heure d'été/hiver n'est pas en vigueur à Sumatra.
Sumatra peut connaître des variations de décalage horaire avec des pays appliquant le système. + 6h avec la France l'hiver. + 5h de décalage l'été.
1 paquet de cigarettes 70 000 Rp. 1 spray anti-moustiques + 1 gel douche 22 500 Rp. 1 jus d'orange dans la rue 10 000 Rp. 1 litre d'essence 10 000 Rp. 1 kg de mangues 20 000 Rp.
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Suite de notre voyage en Asie qui a commencé le 9 janvier.
Après Singapour et la Malaisie, découverte de l'ile de Sumatra.
CARTE DE SUMATRA
Flèches en vert : avion
Flèches en rose : ferry
Flèches en bleu : itinéraire 1ère partie
Flèches en rouge : 2ème partie
Dimanche 9 février 2020
Notre avion a décollé de Georgetown pour Sumatra à 9h. Magie du décalage horaire (-1h), l'atterrissage est prévu pour 10 h40 à Bandah Aceh.
De notre hublot, quelle belle approche du nord de l'ile. Les vues sur les rizières, aux nuances de vert tendre sont prometteuses...
De l'Indonésie, nous avions visité, il y a quelques années, des incontournables : Java. Bali. Flores et le Sulawesi. Les paysages et la rencontre avec les Indonésiens, si accueillants et souriants, nous avaient conquis.
Denise à de la suite dans les idées... Sumatra a été la grande oubliée ! Ce séjour devrait répondre à ses attentes.
Les émotions de la veille sont encore présentes, la fête hindouiste de Thaipusam, célébrée par la communauté tamoule de Georgetown, restera à jamais, gravée dans notre mémoire.
Nous faisons du change à l'aéroport, car nous ne nous arrêterons pas dans la ville de Banda Aceh. Sur l'Ile de Weh, il n'y a juste que des distributeurs. 250€ = 3 675 000 Rupiah. Nous voilà millionnaires...
Dès la sortie, nous sommes assaillis par une horde de chauffeurs de taxi, très insistants, certains plus ou moins louches... Il est difficile de déterminer à qui faire confiance. Nous nous "posons" dans un resto, face au hall d'arrivée.
Un peu plus tard, nous interpellons celui qui semble être le plus sage et le plus poli. Moyennant (100 000 Rp), il nous transporte au Terminal des ferrys de Uleh-leh, à 15 kilomètres.
Amarrés aux quais, il y a deux sortes de bateaux pour rejoindre Pulau Weh.
- Le speed (rapide) ferry. Le premier a démarré à 9h30. Le départ du prochain est prévu à 16h. Le prix est de 85 000 Rp/p et met 45mn.
- Le slow ferry à deux départs. Pour celui du matin, il est trop tard, mais le prochain appareille à 14h : nous achetons les tickets (62 000 Rp/2). Moins rapide, mais moins cher...
Il fait chaud, très chaud. Enfin, nous sortons d'un abri ombragé sur la jetée du port pour prendre notre place dans le ferry "lent".
Le bateau, quitte son appontement à 14h30. Appuyé sur le bastingage, je suis déçu, j'espérais apercevoir des dauphins ou d'autres cétacés. Pendant les deux heures de navigation, nous croisons seulement un bateau de pêcheur traditionnel. Sur la minuscule embarcation, les hommes pêchent à la ligne, une technique très éloignée de la "surpêche industrielle".
Bien calé dans les fauteuils, bercé par le ronronnement des moteurs, nous entendons nos voisins qui parlent en français. C'est un couple, originaire de Vancouver, au Canada. Tous deux à la retraite, ils arpentent le monde depuis des années. Nos récits de voyages, sont un échange d'anecdotes.
Le bateau est un lieu de rencontres. Sur le pont, un passager nous propose de nous transporter dans sa voiture, jusqu'à Iboih (notre destination) pour 100 000 Rp/4. L'offre est intéressante, les Canadiens sont d'accord.
Le village se trouve à 20 kilomètres, au nord-ouest de l'ile. Le trajet est agréable, autour de nous, entre la nature exubérante des forêts, les villages des pêcheurs, et les plages aperçues rapidement, nous sommes ravis.
Après toutes ces heures passées dans les transports, l'arrivée à Iboih porte au rêve. Au détour d'un virage serré, le village surgit devant nous. Il est indiqué par une pancarte, sur la route qui se termine en cul de sac.
Les maisons sont étagées à flanc de montagne. Le cadre est sympa, l'ambiance est "cool", genre ..."routard". Une seule rue centrale, et une petite jetée, sont bordées de boutiques de souvenirs, de restaurants et de petits hôtels.
Nous poursuivons la recherche d'un logement, légèrement plus loin, dans la forêt.
On s'engage dans un sentier abrupt sur la falaise, le long du front de mer. L'accueil chaleureux du responsable du Olala Bungalow est engageant. Lorsqu'il nous présente son bungalow sur pilotis, face à l'eau turquoise et cristalline, l'affaire est conclue.
Le confort est basique (eau froide), un ventilateur, une moustiquaire, et une terrasse avec un hamac. Tout ce qu'il faut pour passer un bon séjour... Avec un petit plus ! Au pied du bungalow, nous avons une vue plongeante sur les poissons multicolores qui viennent "becqueter" les coraux. Le TOP !
Nous sommes venus pour nous détendre dans les eaux chaudes de l'Océan Indien.
Cette île est reconnue pour être une des plus paradisiaques et envoûtantes du pays. Entre farniente, nature et sport, nous avons le choix ! Plongée, snorkeling, en Français PMT (palmes, masque, tuba), baignade, et des balades en scooter, pour dénicher les bons coins. Quelle bonne idée ce détour au nord de Sumatra.
Après des heures de sueur, porter les sacs sur le dos avec 90 % d'humidité, ça use, nous prenons une bonne douche (froide) mais royale !
La découverte du village demande 30 minutes. Ce petit paradis est encore épargné par l'afflux touristique, et il est facile de tomber sous le charme...
Dans la nuit, pour revenir au chalet, il n'y a pas d'éclairage public, la lampe torche est indispensable. Le clapotis de l'eau, qui heurte le ponton, fait office de berceuse. La nuit va être douce.
Lundi 10 février 2020
Petit-déjeuner occidental, au resto du Olala. Notre sympathique logeur nous donne des Infos et un plan. Nous allons pouvoir établir un "emploi du temps".
À pied, on se rend au village de Gapang, à 5 km. Le long de la route, la jungle luxuriante s'étend partout. Nous crapahutons sous un soleil ardent, le spectacle est grandiose. À chaque pas, nous nous imprégnions de la sérénité qui règne dans un village, ou, à la vue charmante d'une crique isolée.
Suite au tsunami de 2004, de nombreux panneaux, indiquent, en cas d'alerte à la population, les chemins d'évacuation vers les hauteurs.
Le ciel s'est obscurci au-dessus de l'anse de Gapang, lorsque l'on arrive au centre de plongée Bubble Addict. Le propriétaire est un Français, installé ici depuis quelques années.
Nous prenons rendez-vous pour une plongée avec bouteille, demain matin. Le transport est compris dans le tarif (629 000 Rp). Le conducteur d'un becak (cyclo-pousse motorisé) viendra nous chercher au village.
Sur le chemin du retour, derrière la mosquée, sur une petite place, les étals d'une épicerie regorgent de fruits. Ce soir, pause sucrée sur le ponton de notre bungalow. L'eau est incroyablement claire.
À une dizaine de mètres de la rive, des poissons multicolores nagent autour des rochers et des récifs coralliens... PMT (plongée avec masque et tuba), et bronzage... Il y a pire !
oubli de ma part du réglage de la date de la GoPro .
Mardi 11 février 2020
L'orage a tonné toute la nuit, accompagné d'éclairs, de pluie et d'un violent coup de vent.
Ce matin, nous sommes soulagés, le beau temps est revenu, la sortie plongée/snorkelling est maintenue.
Sur la terrasse, des singes (craintifs) se déplacent avec agilité sur les fils électriques, de bungalow à bungalow.
Dès le petit-déjeuner englouti, nous nous rendons à l'entrée du village, point de rendez-vous avec le conducteur de la moto-taxi.
Au centre de plongée, nous sommes accueillis par Wilfried, un jeune et sympathique moniteur français. Il va encadrer et accompagner Denise pour son baptême. Il n'y a pas de piscine d'entraînement, simplement un rappel oral de quelques consignes, puis une mise en pratique directement dans l'eau, à quelques dizaines de mètres, au large de la plage.
La profondeur est de 9 à 10 mètres, malgré l'orage de la nuit, la visibilité est de 15 mètres environ.
La faune aquatique, est extrêmement diversifiée : rascasses, poissons clown, poissons pierre, murènes, crevettes... Des bancs de poissons qui se déplacent par centaines. Denise est enchantée. Wilfried est un bon moniteur, attentionné et prudent.
Adresse mail : info@bubble-addict.com.
Pour moi, la balade subaquatique, près d'un ponton, n'est pas la plus belle. La cassure des vagues contre les rochers limite la visibilité. Mais ça reste un bon moment de calme et de détente.
Retour à la guesthouse en début d'après-midi. Après avoir rechargé la GoPro (caméra sous-marine), nous nous installons de nouveau sur le ponton.
oubli de ma part du réglage de la date de la GoPro.
Mercredi 12 février 2020
Ce matin, notre hébergeur nous a donné un plan et délivré des conseils sur des sites répertoriés. Nous lui louons un scooter (100 000 Rp la journée). Le réseau routier, hors Sabang, la grande ville, ne comporte qu'une route qui serpente au milieu de la jungle. La végétation luxuriante descend jusqu'au bord de l'eau.
Tout au nord, nous atteignons le kilomètre 0. Là où commence l'Indonésie, c'est le point le plus au nord du pays.
Le site est populaire et symbolique pour les touristes indonésiens. Un grand monument (très moche) appelé Kilometer Nol, domine une flopée de boutiques de souvenirs. Bof...
Du haut de la falaise, notre regard se dirige vers le large, où se rencontrent les flots de la Mer d'Andaman à l'est, et de l'Océan Indien à l'ouest.
Difficile de s'approcher du parapet pour prendre des photos. De nombreux macaques retournent les poubelles, comme partout, là où il y a de la présence humaine, il y a de la nourriture...
La chaussée est lisse comme un billard, le bitume est récent, et la circulation inexistante. Nous descendons vers Sabang.
Quelques villages de pêcheurs jalonnent la côte. Les ports sont d'un cachet irrésistible et haut en couleur. Les petites embarcations ont une forme originale, avec la poupe carrée.
Il faut slalomer et être attentif sur la route. La région vit en autosuffisance, les paysans étalent sur la route, tous les produits qui assurent leur sécurité alimentaire. Le bitume surchauffé est l'endroit idéal. Le processus de séchage est accéléré par le dégagement de chaleur, produit par les rayons du soleil... Du riz bien sûr, mais aussi des clous de girofle et des brindilles pour confectionner les kreteks (les cigarettes locales).
Les paysages défilent : des plantations de maïs et des bananeraies à l'infini, des petits chemins en terre qui zigzaguent vers des villages d'altitude, qu'on devine tout en haut. Un comptage officiel fait état de près de 1 million de mosquées en Indonésie, tout le long de la route, nous en croisons pas mal.
La tradition de tolérance de l'islam indonésien est mis à rude épreuve, avec un radicalisme conservateur qui se renforce. A chaque visite dans les salles de prières, nous avons toujours reçu un accueil cordial. C'est une belle matinée qui passe très vite.
Sur la route déserte, à la sortie d'un virage, un belvédère offre une vue imprenable à 180°, sur la mer d'Andaman.
La nature est généreuse et nous ne nous lassons pas d'admirer ses couleurs : le vert émeraude de la végétation se dispute avec le bleu turquoise de la mer.
Nous prenons la direction de l'Est et ses plages de sable.
Au niveau du Terminal des ferrys, à Balohan Port, au niveau d'une belle mosquée aux dômes verts, nous nous engageons dans un chemin pentu et rocailleux... Le dos de Denise apprécie moyennement.
Nous retrouvons la route bitumée. Dans les environs de Anoi Itam Beach, nous longeons d'immenses plages désertes. L'océan nous offre un magnifique dégradé de couleurs où se succèdent des eaux turquoise peu profondes, et le vert émeraude des côtes. C'est la fête pour nos yeux...
L'île de Weh a connu un épisode sanglant lors de la Seconde Guerre mondiale. La plage paradisiaque de Anoi Itam abrite une structure historique : le Japan Bunker (fort japonais) qui pointe un canon en direction du Détroit de Malacca.
Plus au nord, la plage de sable doré de Pantai Sumur est tout aussi sauvage. Les puissantes vagues déferlent sur le sable, nous ressentons les forces gigantesques et imprévisibles de l'Océan Indien.
L'air chaud souffle sur les tropiques. Sur un petit bout de pelouse, une cabane faite de bric et de broc, est tenue par un petit vieux et sa fille. Une bâche de plastique est attachée à quatre piquets de bois. Le patron, en trois coups de machette, découpe un couvercle sur deux noix de coco... Il n'y a plus qu'à déguster, et se désaltérer, avec le jus bien frais !
En gardant une main ferme sur les freins, je louvoie entre les scooters au chargement improbable, et les vaches et les chèvres en vadrouille qui traversent n'importe où.
Nous entrons dans les faubourgs de Sabang, la capitale de l'île. Le passage à la mosquée Babuttaqwa est l'occasion pour les enfants - élèves de l'école coranique aux tenues vestimentaires strictes - de venir nous saluer avec le sourire.
Dominant un dôme en forme d'oignon, les minarets sont dotés des immuables haut-parleurs, qui permettent au muezzin, de faire l'appel à la prière, cinq fois par jour, sans avoir à grimper au sommet.
Le centre ville de la capitale, est dominé par les 4 minarets de la mosquée Babussalam, son intérieur spacieux est superbe.
Nous reprenons la route. Le spectacle est grandiose. Difficile de détacher les yeux, de cette belle côte volcanique parsemée d'îlots et de récifs. Les stops photos sont fréquents...
Retour à Iboih en fin d'après-midi. Sur la place centrale, un vendeur de fruits, est assailli par des clients regroupés à l'arrière de son camion. Il nous propose d'acheter un durian. Nous refusons poliment la proposition. L'odeur n'est pas très engageante, pourtant les Indonésiens en raffolent ! Encore une fois, nous repoussons à plus tard la dégustation.
Il est 17 heures, la chaleur a baissé. Nous posons notre serviette sur le ponton de notre bungalow... Baignade et farniente jusqu'à la tombée de la nuit.
Jeudi 13 février 2020
Ce matin, c'est l'heure du départ, nous quittons ce petit paradis avec nostalgie.
Après un petit-déjeuner consistant (pancake coco/banane et omelette au fromage) au Nakasa Café, nous grimpons dans un becak (100 000 Rp) pour le Terminal des ferrys.
La conduite est sportive, 30 minutes de sueur. Nous ne sommes pas très fier dans le "panier". Le trajet est effectué plus rapidement qu'à l'aller... En voiture.
Dans le hall de départ, dès les tickets en poche (62 000 Rp/2), l'attente est longue. Le ferry (slow boat) assure la liaison tous les jours. Ses imposantes portes frontales se ferment après avoir avalé une multitude de motos et des engins de chantier. Les soutes, chargées jusqu'à la gueule, le bateau quitte enfin son emplacement, à 15 h.
La mer est calme, nous croisons quelques dauphins, nageurs très rapides et agiles, ils accompagnent le bateau jusqu'à Bandah Aceh.
C'est la ruée des conducteurs de becaks à notre descente du ferry. Le plus convaincant nous transporte (40 000 Rp) à la station de bus de Batoh.
Il est bavard et sympathique et nous parle avec émotion de la vague du tsunami, qui a déferlée sur la ville, le 26 décembre 2004. Elle a fait 167 000 disparus dans la région, dont 61 000 morts dans la ville. La vague a atteint une hauteur, de 4 mètres en centre-ville, et de 20 mètres sur la côte.
Il est fier de nous montrer la Mosquée Raya Baiturrahma. Elle reste le symbole de la culture et de la religion Acehnaise. Lors du tsunami, elle a été épargnée par on ne sait quel miracle. Elle a servi de centre d'urgence.
Après cet épisode, la population a trouvé refuge dans la religion. La province d'Aceh (très conservatrice) est la seule région d'Indonésie à appliquer la charia, la loi islamique. Un islam très dur, contrôlé par une police composée d'équipes mixtes.
La loi implique de nombreuses restrictions de liberté, surtout pour les femmes et les jeunes avec le port obligatoire du foulard, l'obligation d'aller prier pour les hommes, l'interdiction de boire de l'alcool et les jeans proscrits. La liste est longue...
Mais, mis à part que toutes les femmes portent le voile, nous ne ressentons aucun décalage avec la Malaisie (l'islam est la religion majoritaire), qui n'applique pas la charia.
La circulation est anarchique. Dans le vacarme et la puanteur des gaz d'échappements, le pilote peine à se frayer un chemin. Les règles de conduite sont rarement respectées. L'improvisation est à chaque coin de rue... Des tranches de vies drôles, parfois plus inquiétantes.
À la gare routière, nous achetons des billets du bus de nuit (460 000 Rp/2) pour Medan, la capitale de l'Ile de Sumatra. Quatre départs sont prévus en soirée. Nous prenons celui de 21 h. L'arrivée à destination est prévue à 9 h du matin.
Si le centre-ville a bénéficié de réaménagements après le tsunami, il y a encore des gravats partout dans ce quartier excentré. À l'heure de la prière, le niveau sonore des haut-parleurs atteint un nombre important de décibels. La ville, 100 % musulmane, les mosquées ne se comptent plus.
Avant de monter dans le bus, nous grignotons un petit encas et des fruits, achetés dans la rue... Il ne faut pas être très gourmands avant d'affronter les nids de poule et les ornières.
Départ du bus à 22 h. Les sièges sont confortable, et les sacs à dos sont en sécurité dans la soute. On devrait pouvoir dormir tranquille... Heureusement que nous sommes prévoyants, le pull n'est pas de trop, la climatisation est à fond... Et la musique aussi !
À 6 h du matin, le conducteur s'arrête pour une "pause pipi". Sur le bas-côté, il y a des échoppes et une mosquée. Nous sommes les seuls étrangers, l'immersion est totale parmi les passagers. Entre les sourires et les regards discrets, nous sommes une petite attraction.
Certains passagers prennent des forces dans un warung, d'autres... Les plus nombreux, vont à la prière.
Vendredi 14 février 2020
Le voyage paraît interminable. Le lever du jour livre quelques scènes de la vie rurale. Les paysages de rizières alternent avec d'immenses plantations de canne à sucre et de palmiers à huile. Ces grandes exploitations rapportent peu aux populations locales, beaucoup de constructions sont précaires dans cette partie du monde, soumise à de nombreux aléas climatiques.
Nous le constaterons plus loin, au cours de notre voyage. L'île de Sumatra, étonnament, ne bénéficie pas de la manne touristique comme sa voisine Java.
Pourtant l'île a du potentiel. Si la population semble désœuvrée, il n'en est rien. À sa décharge, il faut souligner que, dès le matin, la chaleur est rapidement insupportable. Assis sur un parapet, les ouvriers, alignés en rang d'oignons prennent un moment de repos.
Le bus stoppe dans les garages de sa propre compagnie. Nous avons roulé pendant 14 heures.
Assommés par la fatigue et le manque de sommeil, nous grimpons dans un bécak (40 000 Rp) pour le centre-ville. Sans avoir réservé à l'avance, le deuxième hôtel visité est le bon (250 000 Rp). La recherche est simplifiée, il n'y a pas trop de choix dans le secteur.
Après une négociation acharnée sur le cours de la monnaie indonésienne, nous changeons des euros à l'hôtel. Nous sommes de nouveau multi-millionnaires avec la belle somme de 11 840 000 rupiah.
La douche est réparatrice. Bien bichonné, nous partons en balade. Medan est le centre économique de la région. Dans un concert de coups de klaxon, les minibus de couleur jaune, rivalisent avec les motos et les taxis très bruyants, pour occuper l'espace routier. Pas de véritable centre commerçant, mais de nombreux petits commerces de proximité se succèdent dans les rues.
Les abords sont négligés, des gravats sont entassés sur les trottoirs, les immeubles sont décrépis. L'anglais pratiquement absent, même chez les jeunes. La ville ne nous inspire pas du tout. Nous ne voulions pas passer dans l'île, sans faire connaissance avec sa capitale. Nous nous rendons compte que c'est une erreur.
La Mosquée Raya, certainement le plus bel édifice, est située à 50 mètres de notre chambre. Les mosquées dans le pays ont une place importante dans la vie quotidienne des Indonésiens. Notre réveil demain matin devrait être assuré par les hauts-parleurs, qui appellent à la prière dès 5 h.
Il est trop tard, lorsque l'on arrive à l'Office de Tourisme, il est fermé. Dans ce quartier, la Maison Tjon A Fie, surprend par son style. L'heure de la fermeture des portes approche, nous passons notre chemin.
Malgré notre expérience du continent asiatique, nous sommes toujours agréablement surpris par l'ingéniosité des gens débrouillards, qui ont peu de moyens. Ils compensent par des idées, pouvant paraître farfelues, mais leur rapportent le minimum vital pour vivre.
Il n'y a pas d'aide gouvernementale, et ne peuvent compter que sur leur astuce... Tel ce subtil dispositif, utilisé pour dépanner les nombreux deux-roues.
Dans un vieux quartier, une population pauvre vit dans des conditions d'hygiène douteuse. Un marché se tient dans les rues, nous ne risquons pas de trouver des touristes, mais derrière certains étals se cache un commerce moins glorieux, de volatiles et autres animaux sauvages.
Des centaines de macaques crabiers sont enfermés dans des cages à l'hygiène épouvantable. Utilisés pour des expériences médicales et, voire plus... Le singe serait consommé lors des repas. Une rumeur signale une coutume, encore répandue qui consiste à manger la cervelle d'un singe vivant ! Dans de minuscules volières, il y a des oiseaux, des chauve-souris, etc. Les commerçants, à la vue de nos appareils photos, n'apprécient guère.
La capitale de l'état, recèle quelques beaux anciens bâtiments Art déco, de l'époque coloniale hollandaise. Certains sont décrépis, d'autres conservent leur ancienne splendeur, car ils abritent des administrations, ou des institutions bancaires.
Visiter le jardin du Istana Maimun est plus agréable. Fermé à cette heure tardive, on le visitera demain. Pour le moment, nous allons au resto... Poulet/frites !
Medan est la porte d'entrée pour se rendre dans le Parc Gunung Leuser. Dans le hall d'entrée de l'hôtel, le propriétaire nous donne des informations sur le trajet, qui permet de rejoindre Ketambe. Il va falloir être attentif et prendre des notes, car nous devrons changer deux fois de bus.
Samedi 15 février 2020
Le petit-déjeuner indonésien est inclus dans le prix de la chambre. Protéinique et copieux, il devrait nous contenter pour une bonne partie de la journée.
À pied, nous nous rendons à la station Singkil Raya, près des entrepôts des animaux, enfermés dans les cages. Même soulèvement de cœur qu'hier, lors de notre passage.
Dans la rue, des taxis sont rangés le long du trottoir. Des commerçants et des passants, nous assurent que les conducteurs font le trajet uniquement de nuit et à un prix prohibitif.
Dans un bar, nous obtiendrons le renseignement que nous recherchons depuis un moment. Depuis un petit terminal, appelé Padang Bulan, les transports sont assurés vers Ketambe via la ville de Kutacane.
Le patron du bar contacte un ami par téléphone, il va nous y emmener en voiture (40 000Rp). Vingt minutes après, nous avons les horaires et toutes les modalités. Demain matin, il faudra être là avant 8 h, pour démarrer avec le premier minivan.
Dommage que nous n'ayons pas eu cette info avant, car il existe une ligne de bus Bandah Aceh-Ketambe direct, en 22h !
Comme dans chaque grande ville, Medan a son quartier indien. Le Sri Mariamman Temple est fermé jusqu'à 16 h. Beaucoup de sculptures et de couleurs pour un si petit monument. La balade, vaut pour l'animation de quartier.
Nous achetons dans l'immense Mall Pasar Ramai, une bombe pour moustiques. Nous avons fini celle que nous avions emportée de France, elle nous a permis de passer des nuits sereines.
Nous repassons, au Palais Istana Maimun. Le monument mêle diverses influences architecturales. Seule la salle du trône est ouverte au public. Il m'est difficile de faire une photo, le lieu est accaparé par les locaux qui louent un habit d'époque et se font photographier. Femmes, enfants et hommes, la même passion : "LE SELFIE".
À hauteur de la mosquée, nous sommes sollicités une nouvelle fois pour des photos. Le début d'une longue série... Surgissant dans la nuit, les édifices, débarrassés du trafic routier et de la cohue de la foule pouvant distraire le regard, sont illuminés. Plus esthétiques que de jour, ils sont d'une rare élégance.
Dimanche 16 février 2020
Nous avons rendez-vous devant l'hôtel, avec un conducteur de becak (3 000 Rp), à 6 h 45. En peu de temps, nous sommes dans le quartier de Padang Bulan. Des bémos (vans) assurent les petites distances à heure régulière.
Hier, le responsable nous demandait 160 000 Rp/2. Ce matin, nous payons 140 000 Rp/2. Toujours les mystères de l'Asie ! A 8h, le véhicule est plein, nous quittons sans regret Medan.
Sur cette route abrupte, nous arrivons dans une région de hautes collines luxuriantes. Les paysages sont magnifiques. La circulation devient de plus en plus dense, l'allure est ralentie par le flot des camions surchargés, qui suffoquent dans les montées, ou en panne, et stationnés sur la chaussée ! Un bouquet de brindilles, signalent leur position.
Les trajets en Asie sont rythmés, par les montées et descentes des passagers, et les livraisons de colis. Il faut avoir du temps, et prendre "son mal en patience"... Où avoir recours à une agence, et faire les trajets en voiture particulière... Mais tous ses désagréments permettent, avec le sourire, d'amorcer une petite conversation avec les passagers voisins.
Nous effectuons un arrêt à Kabanjahe, pour un changement de véhicule ainsi que du conducteur.
À partir de Berastagi, les églises protestantes de style Batak (ethnie de 6 millions de personnes) ont pris le pas sur les mosquées.
Les femmes voilées deviennent rares... Un autre monde en quelques heures. Dans le centre d'un village, des panneaux fleuris et colorés, sont posés sur le trottoir. Un passager nous explique que c'est une coutume, pour annoncer à la population, un événement (mariage, décès, etc.).
Avant d'arriver à Kutacane, la vue du gunung (volcan) Sinabung, couronné de nuages, est magique. Nous restons toujours admiratifs devant la majesté de ces "bombes" de la nature.
Le trajet est reposant (surtout depuis le changement de conducteur). Nous sommes assis, à côté du chauffeur, mais le précédant conduisait "pied au plancher". La circulation est réduite. Les vaches, comme la majorité des automobilistes du pays, ignorent la ligne blanche.
À l'approche de de la gare routière de Kutacane, le conducteur cesse de compter et de recompter sa liasse de billets, qui ne quitte jamais sa main droite. D'un geste de la main gauche, il jette sa cigarette... Facile la conduite !
Dans cette station, nous montons à l'arrière d'un labi-labi (camionnette aménagée) (50 000 Rp) pour rejoindre Kétambe, à environs 1heure de route, vers le nord.
Une poignée de locaux, dont un grand-père très bavard, partagent avec nous, les bancs en bois. Nous longeons une rivière, souillée de déchets plastiques. Le début d'un long voyage, jusqu'à l'océan.
Le chauffeur nous dépose devant le Friend'ship Guest House, son terminus pour lui, mais c'est aussi le nôtre. Nous voilà aux portes du Parc Gunung Leuser, l'habitat naturel des orangs-outans.
L'accueil de Maniss, le cuistot, est chaleureux. Il nous présente des bungalows en bois et en dur dans un joli jardin. Nous en choisissons un, construit en dur, car mieux isolé contre la chaleur (140 000 Rp/nuit). Il est confortable, propre et spacieux.
Avec le propriétaire, nous nous mettons d'accord pour effectuer demain, un treck de 3 jours et 2 nuits, dans la jungle, au prix de 2 100 000 Rp.
La virée est facile dans le village. Une seule grande route, bordée à gauche et à droite, de quelques maisons rudimentaires et une école.
Ce soir, nous dînons au restaurant de la guesthouse. La cuisine de Maniss est délicieuse. La connexion Wifi est parfaite, nous pouvons profiter de Skype avec les enfants.
Lundi 17 février 2020
Tôt ce matin, nous avons roulé chacun, dans un petit sac à dos : un vêtement de rechange, le maillot de bain et une serviette, le sac "à viande" (sac de couchage), une lampe et les tongs.
Les deux gros sacs, sont laissés dans la maison du propriétaire. Nous faisons connaissance avec Risa qui sera notre guide. Maniss va assurer l'intendance et les repas.
Séance habillage dans la salle commune. Nous enfilons des guêtres anti-sangsues. Le "look" n'est pas sexy, mais devrait être efficace contre les suceurs de sang.
Vers 9 h, nous prenons à pied, sur la route, la direction vers le nord. Dès la sortie du village, nous nous enfonçons en zigzag, dans la forêt tropicale dense et touffue, un véritable mur vert. Sous cette épaisse couverture, nous sommes protégés du soleil qui devient maintenant très pesant !
Risa a une joie communicative. Dès les premiers kilomètres, il est attentif à notre capacité à le suivre, mais nous allons tenter de lui démontrer que nous ne sommes pas des débutants...
Nous suons à grosses gouttes. Les montées et descentes se succèdent. Risa, scrute attentivement le sommet des arbres. Il nous fait partager ses connaissances de la forêt.
Nous évoluons dans un enchevêtrement de branches désordonné, d'un entrelacement de lianes gigantesques et d'un fouillis végétal de feuilles immenses... La jungle !
Le guide est originaire du village, et il connaît parfaitement la forêt tropicale. Il tourne à droite, à gauche, sans jamais hésiter.
De la main, il nous signale un nid d'orangs-outans, construit en haut d'un arbre. L'abri est occupé seulement pour une nuit. Pour la nuit prochaine, le grand singe en construira un autre.
Le guide nous fait découvrir des insectes et des champignons. La forêt est riche de bruits. Dans la canopée, nous sommes accompagnés par les sifflements stridents et continus des insectes, et au loin, les cris des primates.
Enfin, des singes ! Ce sont des Thomas Lif, une espèce endémique de Sumatra. Avec sa crête de punk, il attire la sympathie. Toute une famille est réunie sur des arbres fruitiers. On jubile... Qui est le plus curieux ?
Nous progressons dans la chaleur ; l'air ambiant est gorgé d'humidité. Chaque pas, réserve des surprises. Après les glissades dans les descentes, les efforts dans les montées, trempés de sueur, les pantalons couverts de boue, Risa a "pitié " de nous et, en récompense, nous accorde un petit repos.
La végétation est particulièrement foisonnante entre le gigantisme des arbres, les lianes immenses qui descendent de la canopée, et l'infiniment petit et frêle, avec des insectes aux formes et couleurs variées. Pour les détecter, notre guide a un talent certain.
La randonnée dans la forêt nous enchante ; c'est une cathédrale d'arbres immenses, dont certains atteignent les 30 mètres de hauteur.
Nous retrouvons Maniss au bord d'une rivière où il a installé le bivouac. Accroupi, il prépare le repas.
Je profite de l'instant pour un petit bain, et c'est gagné... Une sangsue m'a trouvé à son goût. Sur les berges, protégée par ses guêtres, Denise fait un safari photos, elle est entourée, par une ribambelle de papillons.
Le "lépidoptère" le plus emblématique du parc est le Troide brookiana. Il atteint 17 centimètres d'envergure ; ses belles ailes, déployées en V, sont noir et vert. Il est superbe et un brin hyperactif. Aussi, Il est très difficile de le photographier en vol.
Le Scarlet Peacock, aux multiples couleurs, se laisse approcher plus facilement.
Les macaques ont pris position au-dessus du campement. Très opportunistes, ils ne craignent pas les humains, et s'intéressent aux restes des repas.
Le Mie goreng (des pâtes frites au wok, mélangées à des épices) est excellent, Maniss est un chef. Le rituel du thé terminé, sans le sac à dos, en mode marche légère, nous retournons dans la jungle.
Sous un grand arbre, Risa tend sa main en direction de la cime.
Une maman orang-outan et son petit sont allongés dans un nid, on ne distingue que le pelage roux et ses longs bras. Avec l'aide des jumelles, nous apercevons la tête du bébé. Pour une première rencontre, il faudra se contenter de cette vue éphémère, mais déjà riche en émotion...
Les orangs-outans sont des animaux sauvages, ils se protègent des prédateurs en restant à la cime des arbres. Seuls, les mâles dominants se risquent, parfois, sur le sol.
Pour les voir à hauteur d'homme, les touristes vont à Bukit Lawang. C'est une autre porte d'entrée du Parc, très touristique. Mais là-bas, ils sont à l'état semi-sauvage, car ils sont nourris par des gardiens.
Le dénivelé est important, nous montons et redescendons des pentes glissantes, pieds dans la glaise. Les jours précédents, la météo a été globalement clémente, les averses de pluie rares, mais nous subissons pas mal de glissades, dans cette forêt "sauna"...
Fatigués par le rythme, la chaleur et l'humidité, nous revenons sur les bords de la rivière, après 3 heures de marche.
Maniss a terminé le montage du campement. Nous allons nous délasser et nous laver dans la rivière.
Au retour, un festin de roi nous attend. Dans les assiettes : du riz et des légumes, accompagnent un poulet, cuit au barbecue.
Une vraie leçon de "débrouille"... Avec le peu d'ustensiles dont dispose notre cuistot.
L'ambiance est joyeuse, les deux compères s'entendent très bien. Risa dort à la belle étoile, Maniss s'installe dans notre tente éphémère.
Avant de se coucher, il faut traquer les sangsues. Ces parasites sanguinaires peuvent se cacher sous les feuilles mortes, et les débris végétaux, disséminés autour de notre campement.
Insidieusement, elle peut monter le long des jambes et s'installer dans les replis les plus charnus et les mieux irrigués... La sangsue, alors avec gourmandise, se gave de sang, sans que l'on ressente quoi que ce soit.
Le sommeil est long à trouver. Les bruits de la jungle, dans l'obscurité, nous font ressentir des sensations que l'on a connues, il y a quelques années, dans la jungle amazonienne Péruvienne.
Mardi 18 février 2020
Dur dur la nuit, la température a chuté au petit matin, il frais, et le dos fait la "gueule". L'épaisseur du matelas doit faire 5 mm !
Assis près du bivouac, nous regardons le soleil qui apparaît à l'horizon. En quelques minutes, ses rayons enflamment la cime des arbres. À part voir des orangs-outangs, que demander de plus !
Ce matin, banana pancakes et des tranches d'ananas frais. Accompagnés d'une tasse de thé... Notre "cuistot" fait des prodiges avec son wok.
Les macaques arrivent vers nous, en marchant dans le lit de la rivière. Ils s'enhardissent et rôdent autour du campement, lors du démontage partiel du bivouac.
Maniss va finir de le plier, et, avec tout son barda, va remonter la rivière Gurah. Ce soir, nous dormirons à Hot Springs, à côté des sources thermales.
Dès le départ, il faut remonter et traverser la rivière, mais le débit n'est pas important. On se traîne un peu. Sans échauffement, le dénivelé nous surprend, les montées nous cassent les jambes. Nos pieds glissent sur le sol humide, jonché de feuilles en décomposition.
Risa reconnaît des cris de gibbons. Nous ne voyons pas d'animaux ce matin, mais quelle belle leçon de botanique.
Nous arrivons aux sources d'eaux chaudes de Hot Spring, notre étape pour cette nuit. Maniss a déjà monté le campement, à l'abri des fumées soufrées.
Le cadre est superbe, une petite cascade et deux piscines naturelles. La température des petites sources doit être de 80°. Parfait pour faire cuire des œufs. Pâtes, curry et thé au citron/gingembre pour ce midi. Magnifique !
Au cours de notre pause, un phénomène assez rare se produit. Des milliers de papillons blancs envahissent notre emplacement et virevoltent au-dessus de nos têtes. Notre "chef cuistot", avec toute la fougue de sa jeunesse, en profite pour faire le pitre.
Pas de temps mort. Libérés de notre sac, nous retraversons la rivière. Face à nous, se présente une pente abrupte. Les reliefs se gravissent par des marches naturelles, étagées les unes au-dessus des autres ! La balade devient une épreuve sportive...
Risa navigue entre les rochers moussus, les racines traîtresses et le feuillage en décomposition. À l'aide de sa machette, il nous ouvre un petit sentier. On voulait la jungle, nous y sommes !
Le guide, est très attentif aux bruits et aux mouvements dans les arbres. Enfin, l'instant tant attendu arrive. Il pointe un doigt en direction d'une maman orang-outan et de son rejeton. Mélange de plaisir et d'excitation. Nous sommes éblouis... Un rêve qui se réalise : voir ces grands singes dans leur habitat naturel.
La maman semble se reposer, alors que le petit, joue autour d'elle, dans les branchages. Le duo, grimpe vers la cime d'un arbre, avec une agilité surprenante. Nous éprouvons à cet instant une grande émotion de joie et de plaisir. Nous reprenons la marche, en espérant vivre de nouvelles émotions.
L'attente n'est pas longue, quelques centaines de mètres plus loin, il y a des cris perçants, et nous semble-t-il, une bagarre. Deux primates aux poils roux se poursuivent. Mais là, gros choc pour nous. Le couple est face à face en plein accouplement. Risa se met à rire à gorge déployée, sa joie et son étonnement son communicatif. La séquence se termine, le couple grimpe tout en haut de l'arbre.
Nous reprenons la marche, le terrain est accidenté et tourmenté. Notre guide, dynamique et chevronné connaît bien le milieu et sa biodiversité. Il faut escalader des marches taillées dans le sol boueux, sauter des à-pics aux flancs abrupts. Toujours bienveillant, il nous rassure.
Soudain, le côté sportif est oublié, le hasard nous permet de réaliser une rencontre exceptionnelle.
Haut dessus de nos têtes, celui que les guides appellent "le king", ou encore "Number One", nous toise. Il est immense. Sûr de lui...
Souvent entendu, rarement vu, c'est un mâle dominant. Sa face est étonnante : de chaque côté de ses joues, une excroissance s'est formée. Risa nous indique qu'il est le favori des femelles lorsqu'elles sont fécondes, et le choisissent pour enfanter.
Il défèque : son "paquet" tombe bruyamment au pied de l'arbre. Il pousse quelques grognements et monte de quelques mètres. Vu sa masse, nous sommes stupéfaits par son agilité à se déplacer. Notre guide pense qu'il nous a repérés, à cause de la couleur vive de nos tee-shirts.
Notre présence semble le déranger. Il casse des branches, puis il les jette dans notre direction, en poussant des cris.
Nous sommes aux anges ! Risa, le confirme, la rencontre est rarissime. Comblés et surexcités, nous rentrons au bivouac.
La fin de l'après-midi est consacrée au séchage de nos vêtements. Nous les étalons sur les gros rochers brûlants. En maillot de bain, nous nous dirigeons vers le "jacuzzi". Ce sont deux petites piscines naturelles dans la rivière.
Le cours d'eau coule entre les rochers. Eau froide à droite, eau chaude à gauche... Il suffit de se déplacer de 50 cm. Nos corps endoloris en redemandent.
La nuit est tombée, repas aux chandelles dans un décor somptueux et unique. Au menu, des beignets de légumes (à tomber), une salade de tomates, du riz (bien sûr) et l'éternel thé.
Maniss mérite l'appellation de chef. Il sait transformer des ingrédients tout simples, en plats délicieux. Bientôt, son rêve va se réaliser. Après deux années d'intendance, il devrait passer guide officiel l'année prochaine.
Ce soir, nous sommes seuls dans la tente. Maniss dort dans son hamac tendu entre deux arbres, et Risa s'est allongé dans la partie cuisine.
La température de l'air, cette nuit devrait être agréable, grâce à la chaleur dégagée par les sources chaudes.
Mercredi 19 février 2020
Le réveil est difficile, j'ai des crampes aux cuisses, souvenir cuisant des escalades des pentes terreuses de la veille. Le dos est endolori à cause de la "feuille de cigarette", qui nous sert de matelas.
Le soleil n'est pas encore levé. Debout bien avant nos guides, sous un voile de vapeur enveloppant la rivière, nous traquons des dizaines de papillons aux couleurs chatoyantes.
Nous sommes gâtés pour le petit-déjeuner. Copieux et toujours aussi délicieux, nous le dévorons avec plaisir. Le petit trek se termine, nous repartons en direction du campement de la veille.
C'est le silence dans la forêt, il n'y a, ni singes, ni oiseaux. Le guide poursuit sa leçon de sciences naturelles.
L'occasion de découvrir des arbres précieux, utilisés pour l'ameublement, qu'il appelle Rumahoni, et d'autres, réservés pour la construction, des Sanderwood.
Vers midi, nous atteignons les berges de la rivière. Un espace est aménagé par les guides, pour le déjeuner et le repos. C'est un lieu de rendez-vous pour tous les groupes.
En échangeant avec des touristes français, nous comprenons que nous faisons parmi des plus chanceux. Nous levons le camp à 14 h.
Le village n'est pas très loin, mais nous avons l'espoir d'une nouvelle rencontre avec les singes. Tel un chercheur de champignons, je scrute, non pas le sol, mais la cime des arbres. Tout heureux, j'aperçois une masse orange.
C'est une mère et son petit. Risa pense que le bébé doit être âgé de deux semaines. La mère se déplace de branches en branches, avec des gestes calmes et posés. Nous les suivons un long moment... Magnifiques instants de plénitude !
Comblés... Nous sommes comblés ! Nous pouvons rentrer. Sur la grande route bitumée qui mène à Bandah Aceh, nous avons 4 kilomètres à marcher à pied, pour arriver au Friend'ship.
Maniss, avec son gros sac à dos, nous a rattrapés. Il a des yeux perçants, et il nous montre de la main, deux orangs-outans dans le feuillage des arbres. Quelle journée !
Sur les bas-côtés, des gargotes, proposent du poisson cuit dans des feuilles de bananiers.
La fin de la journée est consacrée au lessivage et au séchage des vêtements. Viens ensuite, le moment tant attendu... Une bonne douche. Même à l'eau froide, quel bonheur !
Risa, nous rejoint à la guesthouse. Autour d'une bière, nous évoquons les meilleurs moments. Ces journées resteront des souvenirs inoubliables.
Jeudi 20 février 2020
Au réveil, nous sommes ragaillardis par une vraie nuit de sommeil (le matelas y est pour beaucoup).
Nous avons décidé de faire une pause aujourd'hui. Ce repos, dans ce bel hébergement, où l'on se sent un peu comme à la maison, va nous permettre de mettre à jour le carnet de notes, et d'envoyer des mails. Nous apprécions aussi la nourriture qui est excellente, ce matin, Maniss a préparé des pancakes aux bananes et une omelette.
L'après-midi, nous retrouvons notre envie de bouger. Le village et les bords de la Alas River, sont à une poignée d'hectomètres. Au milieu du courant, un pêcheur fait preuve d'adresse et de force. D'un geste circulaire, il lance à la main, le filet (appelé épervier) sur un banc de poissons.
Les maisons du village s'étendent le long de la route. Les habitants, sont tous agriculteurs ou guides, ils s'activent au triage et au séchage des fèves de cacao, et des fruits des palmiers. Une occasion de travailler en famille, dans le calme et la tranquillité.
La langue est une barrière infranchissable, mais à chaque arrêt, nous sommes accueillis avec de grands sourires.
Dans ce village minuscule, les écoliers, dans leurs uniformes, nous font d'énormes sourires, le "hello" fuse de partout ! Certains sont pieds nus.
L'école est gratuite, mais les frais d'inscription, les uniformes et le transport sont à la charge des familles. Les plus défavorisés, pour ne pas user les chaussures, marchent pieds nus...
En fin d'après-midi, les deux compères nous rejoignent à la guesthouse.
La bonne humeur, la convivialité et les connaissances de la forêt des deux compères, ont été les clefs de la réussite de cette expérience inoubliable.
Vendredi 21 février 2020
La météo est éclatante au réveil. Nous souhaitons à un jeune couple d'Argentins beaucoup de chance pour approcher les orangs-outans. Dans la chaleur naissante, ils partent ce matin, avec Risa et Maniss.
Nous grimpons à l'arrière d'un labi-labi (50 000 Rp) (camionnette) pour la gare routière de Kutacane.
Des marchés animent les villages traversés. Le paysage a changé : nous avons laissé les forêts tropicales derrière nous, la vallée est riche de cultures céréalières, de vergers et de jardins.
Au guichet d'une compagnie de bus, nous achetons des billets (120 000 Rp/2) pour Berastagi.
Nos sacs sont chargés sur le toit d'un minibus. Sans nous prévenir, le chauffeur part en ville chercher d'autres passagers, nous laissant en plan... Petite inquiétude de notre part, et quelques sueurs froides !
À son retour, nous occupons les sièges avant du véhicule (tout côté du chauffeur), notre place favorite. Les paysages qui défilent sont magnifiques. La vie locale apporte son lot de surprises : nous dépassons un becak qui transporte un ouvrier, avec sa brouette sur le toit. Les écoliers n'ont pas la chance d'avoir un bus scolaire, ou des parents, pour les déposer à l'école. Les enfants ont escaladé un labi-labi pour s'installer sur le toit. Pour eux, le danger est quotidien.
Nous entrons dans le pays Batak dans son architecture traditionnelle. Nous roulons vers le soleil déclinant, à la sortie de chaque virage, au loin, le sommet conique du volcan Sinabung culmine à près de 2 500 mètres d'altitude. Des fumerolles s'élèvent à un intervalle régulier.
Son activité inquiète les milliers d'habitants qui vivent sur ses pentes et dans la vallée. Après une interruption de 400 ans, il est constamment en activité depuis 2013. Les familles n'ont pas d'argent pour déménager, et les sols volcaniques sont très fertiles pour l'agriculture. Ils n'ont pas le choix !
Nous arrivons à la ville de Berastagi , appelée aussi Brastagi, à 17 h30.
Sans que nous ne le lui demandions, le conducteur nous dépose devant l'entrée de Wisma Sibayak Guest-House. L'imposante maison est située à un rond-point ayant pour emblème, un chou (nous sommes dans une région maraîchère). Nous le remercions chaleureusement.
À la réception, l'accueil de l'hôtesse est excellent. Dans les cinq minutes, nous avons un plan et un tas d'indications sur les balades. La chambre (150 000 Rp la nuit) est agréable et donne sur une terrasse/jardin.
Après la découverte de notre pied-à-terre, nous partons à celle de la cité.
Berastagi est située dans les monts Karo. La ville, à 1 300 mètres d'altitude, est un lieu de rendez-vous prisé grâce à la fraîcheur. Elle est la destination favorite, pour un week-end ou des vacances prolongées, de la population de la région de Medan.
Pour les touristes étrangers, l'intérêt principal se trouve dans l'ascension du volcan Sibayak et la proximité des villages traditionnels Batak Karo.
En remontant l'avenue JL Vétéran (l'axe principal de la ville), vers le nord, depuis notre hôtel, nous arrivons au mémorial Tugu Perjuangan. Une statue commémore la lutte des Bataks, contre les Hollandais, au XVIIe siècle.
Dans une rue voisine, le Musée Pusaka Karo a pris place dans une ancienne église catholique.
Trop tard pour le visiter aujourd'hui, il a fermé à 17 h.
En face, le Berastagi Fruit Market est une halle couverte touristique. Ses étals regorgent de fruits tropicaux (des ramboutans, des fraises, des mangoustans, etc.) et des légumes (choux, patates, carottes) de la région.
Les locaux lui préfèrent le marché dans les rues du centre, aux prix plus "doux".
Nous suivons le conseil d'un habitant. Nous nous rendons au marché local Jalan Vétéran. Beaucoup plus authentique, il se tient dans des ruelles.
Fruits et légumes côtoient des épices et remèdes traditionnels. Nous retrouvons des odeurs et couleurs caractéristiques...
À proximité d'un étal de durian (le fruit roi), des jeunes filles discutent en savourant leur portion. Les locaux adorent.
Denise tente l'expérience avec une bouchée. La texture, crémeuse ressemble à du chewing-gum, le goût est prononcé et puissant, il rappelle l'oignon pourri. L'odeur est très désagréable, pas du tout ce que l'on attend d'un fruit.
Sur un étal, à côté, un vendeur propose des poussins bleus, jaunes, verts. L'homme nous dit qu'il injecte de la teinture à l'embryon, à l'intérieur de l'œuf, avant l'éclosion. Peu en réchappent, la plupart meurent d'intoxication.
Les poussins-jouets font fureur chez les enfants, avant d'être abandonnés...
En début de nuit, nous prenons notre repas dans une des nombreuses échoppes qui étalent leurs stands, sur l'avenue. Une occasion pour nous, de goûter quelques saveurs locales inconnues.
Samedi 22 février 2020
De grosses gouttes de pluie se sont écrasées toute la nuit sur le toit de l'hôtel. Au petit-déjeuner, à la fraîcheur matinale, dans le jardin de la guesthouse, nous étudions la carte, et les tracés pour aller dans les villages traditionnels de l'ethnie Batak Karo.
La météo s'est bien améliorée. Nous louons un scooter (100 000 Rp la journée), je laisse mon passeport en caution.
À 10 heures, nous prenons la direction du sud de Berastagi. Parfois sur une petite route qui relie les villages, à travers des rizières, ou encore sur des pistes pierreuses au milieu des plantations maraîchères traditionnelles, qui résistent difficilement aux plantations de palmiers à huile ou d'hévéa.
Flèches en rouge : itinéraire en scooter.
Flèches en vert : accès vers les sites.
Le sommet du volcan Sinabung culmine à 2460 mètres. Sa dernière éruption date de juin 2019.
Il est très dangereux, deux villages ont été rasés et ensevelis, sept autres, ont été déplacés. En 2016, un périmètre de sécurité de 7 kilomètres, a été décrété autour du cratère, plus personne n'habite dans cette zone.
Nous approchons du pied du Sinabung. Du haut d'une crête qui domine le village de Berasten, nous sommes aux premières loges. À la faveur d'une éclaircie, la vue est magnifique et fascinante sur la silhouette conique du volcan. Nous ne pouvons pas aller plus loin...
Un panache de fumerolles s'élève par intermittence. La région vit en permanence au rythme des humeurs du volcan.
Les voitures sont rares sur les pistes en terre, la conduite du scooter en est facilité. L'espace entier nous appartient.
Nous arrivons à Lingga, un village traditionnel Batak Karo. Le petit village est désert. Un vieil homme rigolard vient à notre rencontre. Il se propose pour servir de guide, et nous donner des informations (50 000 Rp) sur la communauté.
Nous entrons dans la rumah rajah, une maison sur pilotis, elle est habitée par quatre familles.
Chacune possède son coin cuisine. Des rideaux offrent, la nuit, un peu d'intimité aux familles l
À proximité, la Sapo Ganjang (maison des hommes célibataires) est inhabitée et délabrée.
Le petit bourg est emblématique des enjeux de maintien de la culture traditionnelle. La construction des maisons est caractérisée par des structures en bois décoratifs avec des toits en chaume.
Le village, proche de Bérastagui, fait partie des destinations touristiques. Les rues, biens propres, mais désertes au moment où nous y étions, fait, très "trop" touristique.
Il y a encore 150 ans, les Batak Karo pratiquaient le cannibalisme. Les missionnaires ont changé leurs croyances. La majorité, sont maintenant Chrétiens protestants. Les églises sont construites dans le style Batak.
Il est midi, nous avions prévu une étape ici, mais rien n'est ouvert, même pas une simple gargote. Nous partons vers l'est, à 15 kilomètres, de la grande ville de Kabanjahe.
À 1 288 mètres d'altitude, Dokan est niché dans les hautes terres, au nord du lac Toba. Nous tombons immédiatement sous le charme de ce village, habité par des agriculteurs.
Les maisons traditionnelles sont toutes occupées. Il n'y a pas de visites organisées. Les villageois maintiennent les traditions de leurs ancêtres, en entretenant avec des matériels locaux, les constructions sur pieux et les toits en pente disproportionnés.
Le patrimoine ancestral est un sentiment de fierté pour la communauté. Le village est bien plus intéressant à visiter que les villages-musées voisins.
Nous entrons dans le seul bar ouvert, pour manger un léger en-cas, et déguster un café, cultivé dans la région.
Autour d'une table, des hommes discutent. Le plus volubile, en anglais, nous relate les problèmes créés par la culture intensive des caféiers. Les grandes exploitations, gérées par des entreprises étrangères, s'accaparent les surfaces agricoles, travaillées par des paysans locaux (choux, haricots, carottes, etc.).
Il est curieux, et surpris de nous voir et de discuter avec des étrangers. Peu de touristes viennent jusqu'au village.
Il ne comprend pas pourquoi, nous, nous pouvons venir en Indonésie. Lui, son rêve est d'aller à Bali, mais il nous dit, qu'il en n'en aura jamais les moyens.
Le vent se lève, une multitude de nuages, annonçant un gros orage, déversent une pluie fine. Nous nous cabrons sur notre engin, nous sommes subitement frigorifiés, lorsque l'on se dirige vers Sipiso Piso Waterfall (cascade).
Autour de nous, la campagne est une région fertile. Grâce à son climat tempéré, le sol est propice à la production de légumes et de fruits. La vallée, mérite son nom de "grenier" du Nord de Sumatra.
La cascade est une attraction touristique dans la province. Nous garons notre véhicule, entre les stands de souvenirs, et de nourriture.
Depuis un belvédère aménagé, la vue plongeante sur la cascade est impressionnante. Elle provient d'une rivière souterraine. Longue et étroite, la chute d'eau, d'une hauteur de 120 mètres, se jette ensuite dans le lac Toba.
La météo, change d'une minute à l'autre. Un orage s'abat avec violence, engoncés dans nos capuches, nous rebroussons chemin.
Dimanche 23 février 2020
La journée s'annonce bien grise et pluvieuse, de gros nuages s'amoncellent au-dessus de notre tête.
Munis d'un plan, nous prenons, à pied, la direction du volcan Sibayak. Il est possible aussi d'y aller, depuis le centre-ville, à bord des minibus Kama (vert). Sur le chemin, nous engloutissons un petit-déjeuner dans une échoppe, du quartier Merdeka, au nord de la ville.
Flèches en vert : route goudronnée.
Flèches en rouge : chemin d'accès au cratère à pied.
Flèches en jaune : possibilité de rentrer en bémo (van) en passant par les sources chaudes.
Une petite route sinueuse mène au quartier Jaranguda, un îlot de maisons, entouré de champs. Au bas du volcan, les terres sont fertiles, chaque parcelle est cultivée, on y trouve de tout : riz, concombres, choux, piments... C'est l'itinéraire le plus facile jusqu'au sommet.
Il est possible aussi de passer par des sentiers traversant la jungle, mais ils ne sont pas entretenus et mal balisés, donc dangereux. Dans cette optique, il est conseillé de prendre un guide.
Depuis les jardins, nous apercevons les fumerolles qui s'élèvent du cratère.
Sur l'asphalte défoncé, des 4X4, remplis de touristes nous dépassent pour emmener leurs clients, au point de départ de l'ascension.
Ça grimpe fort, la végétation change, nous sommes dans la jungle tropicale. Au poste ce contrôle, nous achetons les billets (20 000 Rp/2). D'ici, nous avons environ 3/4 d'heure de marche, avant d'attaquer réellement l'ascension.
Le chemin escarpé, mi-terreux, mi-bétonné, s'enfonce dans une forêt dense. À intervalles réguliers, nous croisons des jeunes Indonésiens qui ont campé cette nuit sur les pentes du volcan. Photos obligatoires !
Là-haut, après des passages délicats, l'environnement minéral, est fait de roches, parfois humides et glissantes. À chaque pas, maintenant, nous entendons un sifflement inquiétant... C'est de la vapeur sous pression qui s'échappe des cavités dans la roche.
Au loin, à travers des trouées des buissons et des rochers, le volcan Sinabung, bien dégagé, est majestueux : à intervalles réguliers, il lâche quelques nuages de fumée.
Arrivé au sommet, une odeur soufrée nous prend au nez.
Le volcan culmine à 2180 mètres. La température, sous l'effet du vent, a bien dégringolé. Des dizaines de sentiers ont été tracés par les touristes. Le sol est instable, parfois, il faut s'aider de nos mains, pour nous hisser sur des pentes abruptes.
Enfin, nous atteignons le sommet. Le spectacle naturel est à la hauteur de nos attentes. Un paysage lunaire ! Des volutes de vapeurs de soufre, se dégagent du cratère, dans un vacarme assourdissant.
Nous sommes frigorifiés, sur la crête, installés sur des rochers, nous sortons nos sandwichs. Nous sommes bien, là-haut... Le spectacle est unique.
De notre emplacement, nous voyons dans le cratère, autour d'une mare d'eau jaunâtre, des empilements de pierres et de petits roches ; ce sont des inscriptions de noms et de phrases, écrites par les jeunes locaux.
Le vent est frisquet, nous entamons la descente. Au niveau du poste de contrôle, nous choisissons de rentrer à pied, jusqu'à Berastagi.
Le passage aux sources chaudes ne nous intéresse pas. Dans la jungle, en levant notre tête, nous apercevons un groupe de singes Thomas Leaf.
Il ne reste plus qu'à traverser quelques parcelles de légumineuses, un petit hameau d'une dizaine de maisons, et nous débouchons sur la route principale.
Retour à notre chambre à 15 h30. Les cuisses "tirent" un peu, la montée au volcan se mérite !
Lavés, récurés, et habillés de neuf, nous revenons en fin d'après-midi au Taman Mejuah-juah Park, près du musée Karo. C'est dimanche, un programme de divertissement est proposé aux grands et aux petits.
Il est trop tard pour faire un tour sur les belvédères de la colline de Gundaling Hill. De toutes façons, nous avons eu notre dose de paysages aujourd'hui (et 7 heures d'ascension dans les jambes).
Retour à notre chambre à 16 h. Les cuisses "tirent" un peu, la montée au volcan se mérite !
Lavés, récurés, et habillés de neuf, nous revenons en fin d'après-midi au Taman Mejuah-juah Park, près du musée Karo. C'est dimanche, un programme de divertissement est proposé aux grands et aux petits.
Il est trop tard pour faire un tour sur les belvédères de la colline de Gundaling Hill. De toutes façons, nous avons eu notre dose de paysages... Et surtout, 7 heures d'ascension !
Lundi 24 février 2020
Départ aujourd'hui pour notre prochaine étape, le Lac Toba.
Notre logeuse nous a préparé un petit-déjeuner consistant. Bien repu, nous nous rendons à la station des opelets (minibus colorés) à quelques dizaines de mètres de là.
La journée de transport va être longue... Première étape en minivan (10 000 Rp/2) jusqu'à Kabanjahe, un trajet que l'on a déjà fait en scooter. Au départ, la vue sur le Sibayak, et ses panaches de fumée, dominant la ville est parfaite !
A 9 h30, depuis une petite station de Kabanjahe, deuxième étape. Nous montons dans un bus local (40 000 Rp/2) pour Pematangsiantar, toujours dans la région Karo, au nord du lac Toba.
Les étals installés sur les bords de la route regorgent d'oranges et de légumes.
Dans la rue principale de Pematangsiantar, notre descente du bus n'est pas de tout repos. Seuls touristes, une poignée de rabatteurs nous proposent des tas de destinations.
Pour faire baisser "la tension", nous allons nous désaltérer dans une gargote. Toutes les transactions commerciales se font en espèces, le patron "triture", sans lever la tête, il compte et recompte sa liasse de billets en permanence.
Après quelques minutes de repos, nous nous dirigeons vers le centre-ville. Maintenant, l'heure est trop tardive pour les départs des bus, qui assurent le trajet vers la ville de Parapat, sur les rives du lac Toba.
En compagnie de 3 passagers indonésiens, nous prenons un taxi partagé (40 000 Rp/2).
La route est belle, pas de "nids-de-poule". La végétation a changé, à cause de l'activité volcanique importante, les terres très fertiles, les rizières et de belles forêts se succèdent. Le long de la route, nous sommes surpris par les nombreuses églises chrétiennes protestantes Batak. Leur architecture, rappelle celle des maisons traditionnelles Batak Karo, affichant les mêmes détails identiques, telles des cornes de buffles et des représentations de lézards.
Pour arriver à Parapat, il nous faut dégringoler plusieurs centaines de mètres de dénivelé. La pente est raide, mais la vue est agréable, la route serpente et longe le lac Toba.
Le taxi nous dépose au ponton du Terminal des bateaux. Toutes les heures, de 8 h à 19 h, un ferry quitte son appontement pour l'Ile de Samosir.
Le marché se tient sous un hall, dans la rue principale. Nous déjeunons dans un warung (gargote). Dans le stand, des plats tout prêts, sont protégés par une vitre mal ajustée. Des mouches "baladeuses" se promènent et virevoltent au-dessus des aliments... Mais nous avons faim !
Nous faisons confiance à notre estomac, habitué depuis plusieurs semaines maintenant ! Et la viande semble bien cuite...
Sac sur le dos, nous dégringolons la rue pentue qui descend au quai d'embarquement, il est 14 h. Le billet en poche (30 000 Rp/2), nous grimpons dans un petit ferry. Lorsque nous descendrons du bateau, au village de TukTuk, nous serons sur une autre île... Celle de Samosir.
Les transports, qu'ils soient terrestres ou maritimes, sont faciles en Asie du Sud-est.
Comme sur l'Ile de Tioman, en Malaisie, le ferry, après une trentaine de minutes de navigation, nous dépose, à notre demande, à l'appontement de TukTuk Siadong, notre destination.
Pas de réservation à l'avance, sac sur le dos, dès le deuxième hébergement visité, nous choisissons le Bernard's Guest-House. L'accueil du patron est très chaleureux.
Notre chambre (120 000 Rp/nuit) donne sur un joli jardin au bord du lac. Confortable, une bonne literie, un bon wifi et surtout l'EAU CHAUDE, une première !
La météo est superbe, nous allons nous dégourdir les jambes dans la rue centrale du village. Tuktuk est le lieu de résidence des touristes qui sont attirés par le vaste choix des hébergements et des restaurants.
Flâner, la tête en l'air, sans être dérangé par une circulation anarchique... Quel chance ! Nous pouvons détailler, les maisons avec leurs toits en forme de bateau renversé, et sur les façades, découvrir des peintures tribales.
Retour à la guesthouse. Préparé par le patron, le repas est excellent.
La journée a été rude, l'enchaînement des déplacements est stressant, avec un tarif fixe et bas... Sauf pour les étrangers. Heureusement, le réseau des transports est dense, et l'attente n'est jamais très importante.
Mardi 25 février 2020
Contrairement, au nord de Sumatra, nous ne sommes pas réveillés par les habituels hauts parleurs qui permettent au muezzin de faire l'appel à la prière, mais par une armée de coqs.
Ils sont partout, chaque maison à son "poulailler". Jour et nuit, ce volatil bruyant, chante fort... Il annonce la lumière, et ici, le soleil se lève à 6 h du matin...
Mollement, encore endormi, nous nous installons à la salle du restaurant. Notre hôtesse nous régale avec d'exquis pancakes à la banane.
Le soleil éclaire les nuages cotonneux, ils sont d'un blanc éclatant, la météo est prometteuse pour faire une balade en scooter. Nous avllons découvrir le nord de l'ile. Dans la rue, l'offre pour la location d'un deux-roues est importante. Celui que nous louons (100 000 Rp la journée) est tout neuf.
Le lac Toba est le plus grand lac volcanique du monde, sa profondeur est de 500 mètres. C'est une véritable mer intérieure qui entoure l'Ile de Samosir. Il est long de 100 km sur 35 km de large
Cette étendue d'eau résulte d'une éruption cataclysmique d'un volcan, il y a environ 75 000 ans.
Les points hauts, offrent des vues spectaculaires sur les forêts luxuriantes, des villages de pêcheurs et des plages isolées. Photos photos... Les couleurs - dégradés de vert et de bleu - des paysages, sont incomparables.
Nous sommes au cœur du pays Batak Toba. Cette ethnie, fait partie des 6 groupes, vivant au nord de Sumatra, qui se partagent les caractéristiques linguistiques et culturelles.
La majorité des Bataks Toba, comme ceux de la région Karo sont chrétiens protestants, mais ils gardent encore aujourd'hui une grande croyance animiste. Le long de la route, les églises aux toits traditionnels, supplantent les dômes des mosquées.
Le village d'Ambarita à 5 km au nord de Tuktuk compte quelques maisons traditionnelles Batak Toba. À proximité, dans le très touristique village de Sailagan, au milieu des vestiges d'une forteresse, se dresse une table de pierre qui servait aux exécutions.
Sous les feuillages généreux des arbres du parc du musée Batak (20 000 Rp/2), des musiciens accompagnent des danseurs. Ils exécutent une danse traditionnelle appelée "Tor Tor".
Selon les types d'évènements, les rythmes de la musique varient entre joie pour le mariage, et l'émotion pour les funérailles.
Dans une ambiance communicative, les pas de danse, sont repris avec entrain, par des jeunes touristes locaux.
La ville de Simanindo et les petits villages traversés, tout au nord de l'ile, concentrent les curiosités. La maison traditionnelle s'appelle Rumah Bolon.
Abritant, cinq ou six familles, de forme rectangulaire, elle repose sur de grands piliers, il n'y a aucun clou pour lier les divers éléments en bois.
La croyance animiste des Bataks, est révélée par les ornements et les décorations de style tribal. Les totems, disposés au-dessus des portes sont les plus emblématiques.
Elles ont toutes un grand toit pointu, en haut d'un escalier, la porte d'entrée est toujours basse. Cette particularité est une obligation pour les invités, de respecter et de s'incliner devant le propriétaire de la maison...
Cette ethnie voue un grand respect à leurs disparus. La sépulture est érigée près de la maison familiale, parfois sur plusieurs étages.Elle représente un condensé de la vie du défunt, et fait honneur souvent, à son métier (pêcheur, agriculteur).
Le soleil est haut dans le ciel, nous roulons à une petite allure. Le paysage défile : à l'infini, des plantations de légumes et des rizières, des petites routes blanches qui serpentent à l'assaut des collines intérieures, où se nichent des villages. C'est une belle après-midi, et nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises !
Sur l'ile de Samosir, les décorations de Noël ne sont pas prises à la légère. Imagination et originalité sur les bas-côtés des routes. Des lanternes en forme d'étoiles, réalisées avec des armatures en bambou, et des sapins de Noël... Il est impossible de trouver cet arbre dans le pays, pas de soucis, avec de l'imagination et des matériaux de récupération, le tour est joué...
Une autre scène pittoresque de la vie quotidienne est le séchage du maïs et du riz. Après la récolte, les grains sont étalés sur des nattes et des bâches.
Sur les rives du lac, les buffles, sous leur aspect tranquille, peuvent se montrer dangereux : mieux vaut rester à distance respectable.
Enfin, la partie plane du périple se termine, nous nous arrêtons pour nous régaler d'un encas frugal, mais gourmand, parfumé et sucré... Pas de problème avec la couleur des fruits : jaune, rouge ou pourpre, les mangues sont toujours prête à être consommées, jamais de mauvaise surprise !
A Pangururan, nous quittons les paysages des rizières, nous prenons une route sinueuse dans les parties des hautes terres de l'ile. Ça grimpe pas mal, il n'y a pas une maison, quelques taillis procurent un peu d'ombre. Le cadre est agréable et silencieux. Le long de la route caillouteuse, désertée par les conducteurs pressés, les panoramas sont magnifiques.
Dans cet univers peu fréquenté, les alentours du lac Sidihoni sont verdoyants, tout respire la sérénité. Peu de villageois, ils sont sûrement dans les champs, mais nous croisons des buffles et des vaches.
Nous quittons les rives ombragées du lac, nos yeux découvrent, du sommet d'une côte, une vallée verte, un foisonnement végétal : des plantations de caféiers, poussent à l'ombre d'une petite forêt, qui sert de protection solaire.
Le microclimat tempéré de l'ile, est un atout pour la culture du café. Les caféiers sont plantés entre 1200 et 1500 mètres d'altitude, ils bénéficient d'une humidité permanente, et mûrissent lentement.
La propriétaire d'une parcelle, la bouche rougie par la mastication du bétel, est très fière de nous montrer sa petite production, qui doit faire 1 hectare. Elle ramasse les cerises manuellement. C'est de la variété arabica. Elle vend les cerises directement à un "collecteur" qui se chargera du séchage et de la vente.
Sur le plateau, la route zigzague entre montées et descentes, dans une forêt de pins. La main sur le frein, je me lance dans une longue descente vers Tuktuk... 8 km de lacets, entre les futaies et un paysage rocheux qui décline une palette de couleur ocre.
La fin du jour s'annonce, le soleil s'éteint. Nous roulons contre un vent fraîchissant. À la descente de l'engin, le froid nous fait frissonner.
Qu'il est bon de prendre son temps et de se délasser sous une douche bien chaude.
Ce soir, notre logeuse/cuisinière s'est surpassée : du poisson frais du lac accompagné d'une sauce piperade pour l'un, et un filet de porc/frites, avec bien sûr, l'incontournable, assiette de riz.
Mercredi 26 février 2020
Le dos de Denise a "morflé" sur les chemins caillouteux de la montagne. Un mal de dos intense et vif, la fait souffrir.
De nombreux salons de massages ont pignon sur rue, à TukTuk. Denise se fait manipuler les lombaires par une masseuse (100 000 Rp l'heure). Le résultat est mitigé. Niveau bien-être, c'est parfait... Mais la douleur est toujours présente.
Nous partons à pied à Tomok, un village traditionnel, à 4 km au sud. De jolies maisons en bois sont adossées au lac. Elles bordent la route, entre les deux villes. Malheureusement, les propriétaires de ces chefs d'œuvres de l'architecture indonésienne ne reçoivent aucune aide du gouvernement, et les familles n'ont pas les moyens de les entretenir.
Ici et là, la tôle ondulée rouillée, surmontée d'une antenne parabolique, remplace le chaume.
Le centre commerçant, est composé de nombreuses boutiques de souvenirs.
Flâner dans les boutiques de la rue principale, est une des seules attractions du village. Les fruits et les légumes, abondent sur les étals des échoppes, sur d'autres, ce sont des poissons séchés et des épices aux senteurs exotiques.
En passant sous une halle couverte, nous accédons au jardin abritant le Tombeau du Roi Sidabutar. Celui-ci adopta le christianisme. La sépulture, massive est sculptée dans un seul bloc de pierre. Véritable œuvre d'art, son visage représente une créature mythique, en partie taureau, en partie éléphant et lion...
À l'entrée, un gardien nous confie une écharpe, une marque de respect pour les morts. Dans les petites allées, de nombreuses créatures mythiques, aux yeux globuleux, ornent les sépultures.
Certains jours, un spectacle, met en évidence une marionnette grandeur nature, aux traits expressifs, elle est appelée Sigale Gale. Ces personnages jouaient, à l'époque, un rôle important lors des cérémonies funéraires.
Dans une gargote du bord du lac, notre arrivée provoque une sorte de stupeur. Sous les regards muets de quelques habitués, nous commandons 2 thés glacés. Depuis ce matin, très tôt, un petit marché est le point de rencontre des villageois. Sous les ombrelles des étals, tout ce qui se mange est vendu ! Odeurs et couleurs sas supplément !
Retour dans le centre de TukTuk, le bureau de l'agence Soraya Travel est ouvert. Nous réservons des sièges dans le bus de nuit (560 000 Rp/2) pour Bukittengi : départ vendredi.
Nous réservons aussi un scooter pour demain matin (80 000 Rp la journée).
Repas royal en soirée. Notre hôtesse est une "cheffe cuisinière", nous nous régalons. Le dîner est un de nos meilleurs repas depuis notre arrivée en Asie : des aubergines frites à la tomate pour moi, et des spaghettis aux... aubergines pour Denise. Le tout est accompagné à merveille d'une Bintang (bière) bien fraîche, et désaltérante.
Nous ne goûterons pas à une des spécialité de l'ile. Les restaurants proposent une drôle de cuisine, à base de mushroom (champignons hallucinogènes), en souvenir des années 1970, et de la communauté "Hippie-peace-and-love", qui fréquentait l'ile.
Jeudi 27 février 2020
Flèches en rouge : visite du nord et du centre.
Flèche en jaune : visite du sud.
Dès le petit-déjeuner terminé, nous prenons possession du scooter, pour découvrir la campagne du sud de l'ile.
De légers nuages glissent sur les sommets des montagnes, lorsque nous passons par Tomok.
Après le village, les parois sont quasiment verticales. Entre les fréquents arrêts photos, sur les vues qui s'offrent à nos yeux, le scooter à toutes les peines à escalader la montagne.
Au sommet, s'offre à nous des paysages étonnants et grandioses, sur le littoral lacustre et ses immenses cages à poissons d'élevage, sur les ingénieuses et esthétiques rizières en terrasses et les petits villages de pêcheurs.
Nainggolan, au sud, est notre destination finale. Nous déjeunons dans un restaurant, sur le port. Le village n'a rien de particulier à visiter, nous faisons demi-tour. Quel contraste fascinant entre la grâce des paysages campagnards et la langueur des palmiers, dans le vent chaud, de cette mer intérieure.
Onan Runggu, est un village de pêcheurs, traversé par un chemin caillouteux qui longe la côte. La conduite de l'engin devient sportive ; Denise serre les dents.
Nous passons au Sukkean Dan Hariara Na Bolon, c'est une curiosité de la nature. Au milieu d'une forêt, Na Bolon est un vieil arbre banyan, telles des tentacules, ses racines énormes s'enroulent autour des pierres. Vieux de plusieurs centaines d'années, l'arbre gigantesque s'est amalgamé avec son environnement. Il est magnifique.
Le chemin devient de plus en plus pentu et difficile. Dans cette zone montagneuse, les paysans ont aménagé des rizières en terrasses. À cette époque, les semis ont germé, les riziculteurs, accroupis, repiquent les pousses dans le sol qui vient d'être labouré.
Tout est fait manuellement, les parcelles sont trop petites et inaccessibles, pour les machines motorisées.
Nous passons par un village du "bout du monde". Le chemin est bordé à droite, par un groupe de maisons traditionnelles, et en face, sont alignées les sépultures de chaque famille. Une vision incongrue, mais quelle sérénité dans la simplicité.
Le chemin de pierre est très raide, je veux accélérer, mais l'engin se cabre et sa roue arrière se dérobe... Seconde glissade de la Vespa. Denise descend, et je pousse l'engin à pied, durant toute la montée. Ce sentier est impraticable avec nous deux, assis sur le véhicule.
Nous retrouvons la belle et grande route. Le temps est clair, dans la longue descente qui va à Tuktuk, nous en prenons plein les yeux, c'est fantastique.
Dernier repas sur l'ile. Nous nous faisons plaisir à une table du restaurant Horas Shugary. La vue sur l'immensité de l'eau est magique... Souvenirs garantis. Nous nous régalons avec une spécialité de la cuisine Batak : du Saksang, un plat de porc très épicé, accompagné d'un roesti/tomate.
Vendredi 28 février 2020
Les coqs, sont fidèles à leurs habitudes, ils nous réveillent avant les premiers rayons du soleil... Nous avons largement le temps de préparer nos sacs, le ferry pour rejoindre Parapat, passe à l'appontement de TuTuk à 10 h.
Accrochée à une palissade qui sécurise le ponton, une affiche informe la population, sur les règles d'hygiène à respecter, pour éviter la propagation du coronavirus, un virus qui vient de Chine.
Notre voyage en Asie du Sud-est, a débuté le 8 janvier à Singapour. Les différents acteurs du tourisme de Malaisie et de Sumatra déplorent le peu de voyageurs occidentaux et chinois.
Le bateau est à l'heure, nous quittons avec une pointe de regret, cette île si paisible.
À Parapat, à hauteur de l'embarcadère, nous montons dans un opelet (8 000 Rp/2) pour la gare routière. La grande place est recouverte de gousses de cacahuètes qui sèchent au soleil. Deux bus qui sont stationnés à l'écart, signalent l'intérêt de la structure.
Au comptoir de la compagnie, nous laissons en dépôt nos gros sacs. Le bus en provenance de Medan, devrait passer vers 17 h.
Retour à pied (2 km) vers le débarcadère. Sous la halle du marché couvert, nous nous mélangeons à la population, il y a trop d'odeurs inconnues (les bonnes et les moins agréables !) pour apprécier le repas... Pas très grave !
On va se perdre dans un dédale de ruelles, sur les hauteurs de la vieille ville.
Hors des sentiers battus, sans touristes, Parapat, n'est qu'un lieu de transit. Le regard et le sourire des villageois sont pleins de douceur. Depuis une terrasse aménagée dans un parc, dans la quiétude des lieux, nos yeux se dirigent sur le lac et son incomparable beauté.
Retour à la gare routière. En début de soirée, la place goudronnée, est débarassée des arachides. Les enfants du quartier, pieds nus, jouent une partie de foot.
L'activité routière est quasi nulle : juste un bus local, en direction de Medan, qui démarre environ toutes les heures, et le bus de nuit qui relie Medan à Bukittingi, en début de soirée, vers 17h.
Celui-ci arrive avec du retard, vers 18h 30. Une nouvelle fois, nous seront les seuls occidentaux à bord.
De nouveaux paysages, de nouvelles cultures traditionnelles et de nouvelles rencontres, nous attendent dans la région du centre de Sumatra.
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Fin de la 1ére partie du voyage à SUMATRA
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Prochaines étapes
Bukittingi
Vallée de Kérinci
Padang
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Avis sur la 1ère partie du voyage
Pulau Weh :
L'île est loin de l'afflux touristique, ce qui permet une relation plus détendue avec la population locale.
Elle offre des hébergements bon marché. Plongée et snorkelling dans une eau chaude et turquoise, au milieu des récifs coralliens, abritant une vie marine abondante et variée. Le bonheur !
Une forêt tropicale exubérante qui descend en bord de mer et se termine en plages paradisiaques...
Ketambe et le Parc Gunung Leuser :
Une biodiversité unique. Même si un trek de trois jours ne permet pas de s'enfoncer assez loin, dans la forêt, pour rencontrer les animaux les plus sauvages, quelle chance d'explorer ce paradis vert !
Les plus attendus, les orangs-outans, sont bien présents. Une belle récompense pour une randonnée parfois difficile, avec des dénivelés importants, et sous une météo accablante (chaleur et humidité)
La belle rencontre avec les guides Risa et Maniss, très impliqués dans leurs prestations.
Berastagi :
Un cadre naturel avec des volcans majestueux et impétueux, mais donnant de riches plaines fertiles.
La recherche d'authentiques villages traditionnels Batak Karo.
Une météo ensoleillée et un climat tempéré, très appréciables.
Lac Toba :
L'architecture, la culture et les traditions Batak Toba.
Des belvédères qui offrent des points de vue plongeante sur le lac, et les rizières en terrasses, qui s'étagent sur les pentes escarpées.
Un havre de paix. Il fait bon vivre au Lac Toba. Repos, détente et découverte, pour le touriste, qui a la chance d'avoir du temps.
Et comme partout à Sumatra, la gentillesse et l'accueil chaleureux des habitants.
Les Indonésiens :
Sumatra a été un vrai coup de cœur. L'itinéraire dans le pays, nous a permis de découvrir des lieux totalement différents. Globalement, l'ile (pour l'instant) n'est pas très touristique.
Les Indonésiens sont d'une rare gentillesse. Pour cela, les touristes doivent (comme dans chaque pays du monde), respecter les règles du savoir-vivre et du respect des cultures traditionnelles et religieuses.
Hors des sentiers battus, les habitants sont toujours souriants et accueillants. Dans des échanges toujours empreints de courtoisie et curiosité, il nous a fallu souvent répondre à deux questions très courantes : où allez-vous ? et d'où venez-vous ?.