VOYAGE LAOS 2016
1ère partie du voyage
MUANG KHUA
MUANG NGOY
LUANG PRABANG
PHONSAVAN
Informations générales
Visa
Visa touristique valable pour une entrée sur le territoire pendant 30 jours. Pour l'obtenir, nous avons effectué les formalités en France. Visa tourisme: 1 mois. Entrée simple: 40€.
Validité du passeport 6 mois après le retour.
Vaccination
Aucune vaccination obligatoire pour les voyageurs en provenance d'Europe.
Vaccinations conseillées:
Hépatite A. Typhoïde. Rage. Encéphalite japonaise.
Traitement antipaludique fortement conseillé.
Question argent
Monnaie: le kip ou lak.
Taux au mois d'octobre 2016
1 euro = 9000 kips
1 dollar = 8100 kips
Question hébergement
Muang Khua
Chaleunsuk Guesthouse.
Proche de l'embarcadère. Belle chambre. Propre et bon équipement. Wifi. Belle terrasse. Thé et café offert à volonté. 70.000 k/n.
A recommander.
Muang Ngoy
Riverview Bungalow & GH.
Chambre avec vue sur la rivière. Bon accueil de Gabriel. Bonne literie. Wifi,. Eau froide. 80.000 k/n. Bonnes informations sur les balades.
A recommander
Luang Prabang
Sanaphay guest-house.
Sotikhoumman Road.
Quartier historique. Excellent accueil par une famille sympathique. Chambre très propre. wifi. Eau chaude. 70.000 k/n.
A recommander.
Phonsavan
Withe Orchidée guest-house.
Route N°7 et rue de l'ancien aéroport.
Bon accueil. Chambre propre. wifi. 80.000 k/n.
Question transport
Dien Bien Phu (Vietnam) - Muang Kua :
Mini Bus. 6h de route. 115.000 dongs/p.
Muang Kua- Muang Ngoy :
Bateau à 2, négocié à 300.000 k. Bateau complet avec 12 personnes, le prix est de 120.000 k/p.
Muang Ngoy - Nom Kiaw :
Bateau 25.000 k/p.
Nom Kiaw - Luang Praban :
Mini Bus. 4h de route. 150 kilomètres de trajet. 37.000 k/p.
Luang Prabang - Pak Oum - Phonsavan :
Mini Bus 1ère partie: 60.000 k/p. 2ème partie 60.000 k/p. 8h de route. 260 kilomètres.
Question au quotidien
1 blle d'eau: 5000 k. 1 litre d'essence moto: 8000 k. 1 gâteau: 4000 k.
1 pastèque: 5000 k. 1 capuccino: 14000 k. 1 glace: 8000 k.
1 carte postale: 15.000 k. 1 plat dans la rue: poulet grillé 20.000 k.
Itinéraire Laos
En rouge: bus
En bleu: bateau
En jaune: scooter
En noir: Thailande
Samedi 8 octobre 2016
Le périple dans le nord du Vietnam se termine. Nous continuons notre route en Asie par le Laos et le Cambodge. La visite du sud du Vietnam, terminera notre séjour.
Après 2 heures de trajet, coincé entre les cageots chargés de victuailles et les sacs à dos des touristes, le conducteur du mini bus nous dépose au poste frontière, de Tay Trang, côté vietnamien.
La lecture de quelques blogs nous ont signalés le risque de souci avec les autorités du Laos, dans ce poste frontière peu passager.
Les bus et les voitures des particuliers ont déversés plusieurs personnes pour remplir les formalités. Nous patientons quelques minutes dans la file d'attente. Enfin, au guichet, le tampon libérateur est rapidement apposé.
Nous remontons dans le véhicule pour traverser pendant quelques dizaines de mètres la zone internationale qui sépare les deux pays.
L'entrée au Laos est plus laborieuse. Les douaniers du poste frontière de Son Hun ont laissé le sourire à la maison.
Derrière la fenêtre d'un premier guichet, un douanier nous demande 30$ par passeport et 3$ pour apposer le tampon d'entrée. Pour nous, le visa est apposé sur les passeports, nous avons effectué les démarches depuis des mois en France. Prix du visa 40€.
Au deuxième guichet, son collègue, tout aussi souriant, nous exige 4$ pour des frais supplémentaires car aujourd'hui, c'est samedi.
OK... nous sommes obligés de payer si nous voulons récupérer nos documents.
Dans une salle suivante, on refuse la prise de température corporelle. Un agent ayant revêtu une blouse blanche réclame 1$... Il nous explique que les étrangers ayant un problème sanitaire ne peuvent pas entrer dans le pays.
Tous les touristes subissent la même demande. Les passeports passent de fenêtre en fenêtre, ils sont lus et examinés longuement puis, ils sont consignés sur des registres et enregistrés dans un ordinateur.
Le visa nous coûte réellement 37$ par passeport. Il semble qu'il s'opère un petit racket lucratif pour les douaniers.
Les formalités sont terminées, nous pouvons grimper dans le minibus.
En haut de chaque montée, à la sortie de chaque virage, la vue est impressionnante sur la jungle qui enveloppe les flancs des vastes montagnes primaires.
La route traverse l'immense zone de forêt vierge du nord du Laos. Malheureusement, ces contrées à la végétation luxuriante, alternent avec des territoires calcinés.
Les populations montagnardes pratiquent la culture de l'abattis-brûlis, les ethnies de cette région, en raison de la géographie du sol cultivent sur les parcelles brûlée des citrouilles, des piments, du maïs, du manioc et surtout le riz.
A l'aide d'un bâton fouisseur manipulé par les hommes, les graines sont plantées sous le tapis de cendres par les femmes dès les premières pluies. Ce type de riz de montagne n'a pas besoin d'un sol gorgé d'eau pour pousser.
A perte de vue, des des hectares entiers sont abattus pour récolter le teck et autres arbres précieux. A cette cadence, les forêts disparaitront totalement dans un avenir proche.
Le conducteur nous dépose dans le centre du village de Muang Khua vers 12h30. On s'installe au ChalemSuk Guesthouse dans la rue qui mène au port.
La vie et l'intérêt commercial de la petite ville s'articule autour d'une seule grande rue principale.
Il règne un sentiment de calme et de sérénité. Ici chacun vit sa vie, pas de sollicitation, on se balade dans l'indifférence de la population sur le pont qui relie les deux rives de la Nam Ou.
Le passage dans le minuscule marché nous donne un aperçu de la gastronomie locale ! Dans les petites allées sombres, derrière leur étal où accroupies à même le sol, les marchandes représentent le brassage ethnique de la région qui viennent vendre leur produits.
Du haut de la passerelle, on apprécie la dextérité du geste d'un pêcheur qui déploie son épervier debout dans son bateau typique. Au détour d'une ruelle, quelle belle surprise de découvrir un terrain de pétanque dans la cour de l'école.
On reste un long moment à décrypter l'activité intense qui anime les abords du débarcadère. Quelques bateaux de pêcheurs, de touristes et un "mini-ferry" qui permet de rejoindre la rive opposée, sont amarrés sur une plage de sable noir.
Avant le départ de France, nous avions repéré sur un blog, la possibilité de rencontrer un guide appelé Bounma au bureau d'information touristique. Fonctionnaire, il est instituteur, il est présent dans le bureau en fin de journée.
On convient d'un trek de 2 jours et 1 nuit dans un village Akha au prix de 1400000 k (environ 155 €).
Rendez-vous est pris pour demain matin au débarcadère du port.
Dimanche 9 octobre 2016
Excellente nuit à l'auberge. Hier soir, complètement fourbus nous nous sommes couchés comme des masses, nous nous levons ce matin léger comme l'air.
Nous surplombons la rivière pour avaler le délicieux petit -déjeuner. Des crêpes et des pancakes au menu, nous sommes prêts à affronter toutes les difficultés de la marche du jour.
Equipés très très léger, on retrouve notre guide au port. Il nous présente l'itinéraire du trek, avec la nuit prévue dans le village Akhaloma.
En bleu : transport en bateau.
En rouge : randonnée de la première journée avec la nuit passée dans le village de Yay Young en territoire Akha.
En jaune : randonnée de la deuxième journée avec un passage dans un village Khamu.
C'est un ami de Bounma qui manoeuvre le bateau. Petit exercice d'équilibre sur une planche en bois pour grimper dans le bateau à fond plat.
Placé à l'avant de l'embarcation, nous avons une pleine vue sur des scènes de vie d'une époque révolue en occident. Les berges de la rivière sont une vraie source de vie pour les locaux.
Des enfants nus, couleur caramel, jouent dans les flots limoneux. Le long des berges, des paysans défrichent les sols par le feu pour créer et cultiver des jardins.
Nous naviguons sur la Nam Ou pendant 2h30.
Bounma nous explique le fonctionnement des nombreux et ingénieux pièges à poissons que l'on aperçoit tout au long de la rivière. L'activité fluviale s'intensifie en milieu de matinée, les "hellos" fusent, les mains s'agitent timidement.
On amarre le bateau dans le village de Houy Soy, de l'ethnie Kamu dont est originaire notre batelier.
Les maisons très rustiques sont construites en bambous et en planches de bois. Le temps que notre guide prépare le repas, on se balade entre les cases. Les hommes sont dans les champs, on ne voit que des femmes avec de nombreux enfants.
Deux puits sont disposés sur des petites places, ils sont utilisés pour la vaisselle et pour le bain par toute la communauté.
Bounma, aidé par deux femmes a préparé le repas. Nous le prenons en commun, assis sur de minuscules tabourets devant une natte en bambou. Le repas est excellent, dans plusieurs bols, de nombreux légumes parfois inconnus, marinent dans des sauces aux couleurs surprenantes. Bien sûr, le riz gluant, aliment de base est au menu. Une fois débarrassée, la pièce servira de dortoir pour la famille. Pas d'intimité, sinon le minimum dans la région.
On termine avec le traditionnel lao-lao (alcool de riz). Notre "nouvel ami" m'invite à le boire cul sec ! De grosses abeilles macèrent dans le tord-boyaux. Le breuvage serait bon pour le bien-être !!! j'ai droit à une double ration, car Denise ne boit pas.
On reprend le bateau. Quelques minutes de navigation en amont et nous débarquons de nouveau sur la terre ferme.
L'attaque du chemin dans la montagne est rude, la chaleur et la moiteur pour compagnons, nous démarrons au pic de chaleur de la journée.
Notre guide connait parfaitement le chemin, la végétation luxuriante est dense. Il doit, sans arrêt, dégager les branchages à coup de machette. Seul guide à proposer des excursions aux touristes, il en organise pas plus de cinq dans l'année. Le sentiment d'être loin de la civilisation, dans la jungle, nous procure un sentiment d'incertitude et de mystère.
Nous rencontrons un homme qui descend le sentier boueux, étroit et escarpé avec cinq à six longs troncs de bambous sur le dos, il doit les retenir sans cesse vu le dénivelé.
Respect ! Nous qui transpirons énormément sous la chaleur et l'humidité.
La vue sur la vallée et la rivière est unique, la végétation luxuriante.
Plus en hauteur, Bounma nous signale, en contrebas, les champs de rizières entre les forêts. On s'arrête à plusieurs reprises pour reprendre notre souffle.
On approche du village, nous passons sous une porte faite en bambou, appelée "Porte des Esprits". Elle symbolise la séparation entre le monde des humains et celui du surnaturel.
Dernière montée, 4heures de marche et c'est la délivrance. Quel plaisir de dévaler une descente assez douce pour terminer la journée.
On passe les premières maisons, toutes sur pilotis. Hay Young est un village de l'ethnie Akha, il culmine à 1400 m d'altitude. Notre guide nous dirige vers une case qui est celle du chef, nous allons y passer la nuit.
Pas d'électricité ni d'eau courante dans les maisons très délabrées. Dans la pièce qui sert de cuisine, les aliments sont stockés au bout de longues ficelles. Un foyer ronronne dans un coin de la pièce, grâce à la fumée du foyer, les vivres se conservent mieux.
A l'étage, les chambres sont séparées par une cloison de roseaux tressés.
La communauté est très pauvre, à ce moment de la journée, les hommes sont dans les champs, il n'y a que les femmes et beaucoup d'enfants.
On ressent un sentiment de malaise devant cette grande misère.
Les nombreux animaux domestiques et les poules, les porcs, les vaches, les buffles et les chèvres partagent le même espace que les 120 personnes du village.
Bounma nous rejoint et nous explique leur style de vie. Gardiens des coutumes, de leur mode de vie en autarcie et du respect de leur identité, ils ont leur propre dialecte. Les enfants ne vont pas à l'école. Ils apprennent seulement à compter.
Ils se marient avec les gens de la même ethnie (Il y a 15 villages Akha environnants). Seuls les vêtements colorés des femmes et les coiffes aux pièces d'argent peuvent différencier les groupes.
Animistes, des ossements de gibier pendent devant les maisons pour chasser les mauvais esprits. Les femmes sont en costumes traditionnels : coiffes coniques sommaires composées à la base, d'une étoffe de coton décorée de quelques pièces de monnaie et de perles. Les bébés sont attifes d'une coiffure saisissante de couleur, selon des croyances il protège l'enfant des mauvais esprits.
A part quelques accessoires les hommes ont abandonné le costume traditionnel. Ils fument de l'opium.
Pour assurer des besoins autres, une fois par mois, quelques villageois descendent de la montagne. Sur la route, un "commerçant" en moto, leur vend des textiles et des ustensiles de cuisine.
La majorité n'a aucun contact avec les gens de la ville et sont peu expansifs à l'égard des étrangers, (Ils ne parlent pas laotien).
Un objet très usité attire notre regard. Le coupe-coupe est l'outil utilisé pour les différentes taches de la vie quotidienne.
La fabrication d'une barrière par un homme, le hachage des herbes pour la soupe par des enfants âgés de 3-4 ans, une petite fille qui se fabrique un jouet et le plus insolite, une jeune femme se coupe les ongles des pieds !
Dans la case du chef, Bounma prépare notre repas. Vu l'état des lieux on se pose des questions sur notre digestion future. Pas de gros mobilier, seulement quelques ustensiles de cuisine et une grande natte posée sur le sol pour prendre les repas.
Les enfants viennent enfin vers nous, ils ne côtoient que très rarement des touristes, l'approche est timide. Les plus petits sont cachés entre les jambes de leurs grand frères, mèais l'envie de se voir en photo est trop forte.
Le repas, à base de légumes, de viande inconnue et de riz gluant bien sûr, est excellent.
En plus de parler parfaitement l'anglais, notre guide est un bon cuistot.
Les hommes sont à la chasse et les femmes mangent avec les enfants, dans la même pièce mais à l'écart. Dommage. Nous dinons donc entre nous.
Il est 19h30, c'est l'heure de dormir. Pas d'électricité et de toute façon nous sommes fatigués.
On s'installe sur des nattes, privilège des invités, à l'étage dans nos "sacs à viande".
Nous sommes près de 25 à dormir dans la grande chambre (mezzanine). Les enfants se couchent à même le sol, tout habillés avec les vêtements de la journée.
La famille est composée du père (chef du village) et de sa femme, leurs 3 fils, belles-filles et les petits enfants. La maison est constituée par une pièce en terre battue au rez-de-chaussée et une grande chambre à l'étage. Des cloisons en planches délimitent des espaces clos pour chaque couple. Tous les enfants dorment ensemble... avec nous !
Pas de toilettes. Pour l'intimité il faut aller trouver un endroit isolé hors du village. Il nous est difficile de trouver le sommeil, ce mode de vie est tellement différent de celui de notre continent. Si proche de la nature, si éloigné des besoins que l'on se créent.
Au milieu de la nuit, nous entendons les hommes qui rentrent de la chasse. Avant de se coucher, ils vident le gibier et s'interpellent bruyamment. La nuit est très agitée.
Lundi 10 octobre 2016
Vers 5h30, le jour se lève, nous sommes réveillés par le chant des coqs. Dans un grand brouhaha, tout le monde descend et s'active. Le "toc toc" du pilon actionné au pied par une femme pour séparer les grains de riz de leur enveloppe résonne fortement.
L'instant redouté pour se soulager arrive, pas de toilettes, on va à l'écart du village, un cochon curieux nous suit, intéressé par le garde manger à venir !
Les plus petits enfants, incroyables de précocité, contribuent à la préparation du petit-déjeuner. Pour eux ce sera des épis de maïs grillés.
Pour nous et les hommes, un solide petit déj' est préparé : soupe, riz (excellent) et viande (gibiers de la nuit), nous terminons par des bananes.
Selon la coutume, le repas est pris séparément. Les femmes et les enfants ont leur place. Nous, nous déjeunons au foyer des hommes, servis par les femmes. Assis en cercle, nos hôtes scrutent tous nos gestes à la faveur d'une lampe tempête placée au-dessus de nous. Le repas se termine par le traditionnel lao-lao : deux tournées, celles de Denise en supplément.
Si les femmes ont les lèvres rougies par la mastication du bétel, le chef de famille à les yeux rouges et vitreux, son regard un peu fou fait peur, les muscles de sa face donnent à son visage un sourire crispé qui trahissent un abus de consommation d'opium.
C'est l'instant des adieux, on offre au chef un tee shirt instantanément adopté. Aux femmes on offre des eaux de toilette (échantillons). Tous les petits présents sont appréciés.
Bounma lui, ramène dans son sac un écureuil : dépecé, la peau a été séchée par un des fils, la viande et les organes dans une poche.
L'accueil a été chaleureux, mais plein de timidité, on est touchés par la gentillesse et le sourire des habitants. De croyance animiste, ils continuent de vivre en marge de la civilisation, en conservant et protègeant leurs coutumes ancestrales.
Malgré la pauvreté, un quotidien difficile loin du confort, ils restent souriants. Une belle leçon de vie.
C'est une super expérience que nous avons vécu, un privilège, car peu de personnes visitent ces ethnies, il est vrai que "le confort touristique" est absent. Pas d'accès facile non plus, sinon la marche dans des sentiers étroits et escarpés.
Nous reprenons notre marche sur un sentier qui longe les crêtes, les paysages sont magnifiques : le brouillard se densifiant ou se dissolvant en évoluant le long des flancs des montagnes.
Une brume épaisse et fraîche nous enveloppe, Bounma nous renseigne sur les différentes variétés de riz sauvage noir ou blanc cultivé.
Au milieu de ces joyaux naturels, sur le chemin boueux, délavé par les pluies de la nuit, des scènes incompréhensibles nous interpellent. Nous croisons des chasseurs à l'allure débonnaire munis de longs fusils sans crosse, à poignet de pistolet : bricolage ou vestige de la révolution française ? Etonnant.
Sur le même sentier, nous rencontrons des femmes qui portent de lourdes charges de bois ou de riz sur le dos, bandoulière sur le front. Dans les villages, les jeunes femmes participent aux travaux collectifs et au travail dans les champs au même titre que les hommes.
Nous dévalons le flanc de la montagne, la boue colle sur les chaussures, à mesure que nous descendons, le soleil "cogne", la température s'élève !
Dans une grande partie boisée, on passe sous une "porte sacrée" qui signale l'entrée d'un village. Il est habité par des gens de l'ethnie Khamu.
Nous sommes accueillis par une armée de gosses qui nous escortent jusqu'au centre du village.
Plus développé, plus accessible, avec l'électricité et l'eau courante. A l'entrée de l'école propre et ordonnée, les élèves portent tous le même uniforme impeccable aux couleurs de leur classe. Nous n'avons jamais vu d'enfants aussi soignés depuis des semaines. Ils sont d'un chic parfait.
Faisant aussi partie d'une ethnie minoritaire, les villageois, sont plus sociables avec les laotiens et les touristes. Bounma est accueilli par la population et échange quelques mots.
Après ce très agréable arrêt il faut repartir. Le sentier, tout en descente nous mène sur les berges de la Nam Ou. Entre des cascades et la forêt, Bounma sort sa machette, pour débroussailler le sentier; Il nous fait partager ses connaissances sur les plantes, les animaux (même les plus petits) et les papillons au fur et à mesure de la progression.
Dans un petit commerce, sur les bords de la rivière, on se désaltère avec une bière fraîche en attendant notre bateau.
Le niveau de l'eau inquiète les riverains et les pêcheurs ; la construction par la Chine d'un barrage en amont menace la qualité des eaux et la sécurité alimentaire des populations.
2h de navigation et nous accostons au débarcadère de Muang Khua. On quitte Bounma et le batelier au petit port.
Nous avions déjà des expériences de minorités ethniques aux Philippines, en Amazonie Péruvienne ou en Indonésie, mais ici on est dans des moments forts. Deux jours inoubliables.
Skype avec Manuéla, notre fille. Quel plaisir de prendre une bonne douche et de revêtir des vêtements propres !
Le repas pris en soirée à la terrasse du Saifon, le restaurant voisin est succulent, plein de saveurs. Courbaturés et fatigués, le gros orage qui s'annonce pour cette nuit ne va pas gâcher un sommeil réparateur.
Mardi 11 octobre 2016
Un haut-parleur, accroché à un poteau devant l'auberge, nous crache de la musique et des discours (consignes, nouvelles du jour) à plein volume vers 6h ce matin.
Associé à un orage de mousson énorme qui fracasse les toits des maisons, le réveil est brutal.
On profite du décalage horaire pour un skype avec Benjamin, notre fils, qui habite à Montréal.
Notre prochaine étape doit se faire en bateau sur la Nam Ou pour rejoindre Muang Ngoi.
Nous nous rendons donc au port. La cabane du gardien est fermée, le restaurant Saifon est ouvert... même décor de rêve pour prendre le petit-déjeuner.
Repus, on revient à l'embarcadère. Pas de touristes, le responsable nous fait une proposition. Si on est six voyageurs c'est 120.000 k/p, si on est deux ce sera 800.000 k. Nous ne sommes pas d'accord sur ce tarif là.
A 9h30, à part nous, personne pour effectuer le trajet. On signale au guichetier notre intention de prendre un mini-bus.
Sac sur le dos, on prend la direction de la station de bus. Le guichetier du bateau nous rejoint en moto et nous interpelle. Nouvelle négociation, nous nous entendons sur la somme de 300.000 k (33€).
Le prix est honnête et on tient absolument à faire cette "petite croisière". A 10h30 on s'installe dans le bateau.
Il n'existe pas pour l'instant de réseau routier entre Muang Khua et Muang Ngoi. Nous avons environ 3h de navigation dans une région sauvage à la végétation exubérante et luxuriante.
Pas de pont, seuls quelques petits villages et des parcelles de terre cultivées trahissent la présence des hommes.
La rivière est une ressource importante pour les villageois, tous sont agriculteurs et pêcheurs.
Dans un village, bref arrêt pour prendre deux passagers. Un homme tient dans la main le fût d'un bambou aux embouts fermés, ainsi enfermé, un animal fait un raffut pas possible.
Dans un autre village, le capitaine entasse sur le fond plat de l'embarcation de nombreux sacs de riz.
Les paysages de montagnes tropicales sont remplacés par les massifs karstiques. A l'approche de Muang Ngoi, le panorama est fantastique, on accoste sur un ponton vers 14h.
Le village, est à l'écart de tout, avec son unique rue principale est magnifique.
Dès la descente du bateau, le propriétaire suédois d'une guesthouse est le plus convaincant pour le choix de notre chambre.
On s'installe au River View, dans un bungalow, face à la rivière. Après-midi de récupération, le hamac tendu sur la terrasse est très accueillant.
Pas de marche aujourd'hui, simplement une petite balade. Ici, le temps semble suspendu sur un rythme local nonchalant. Le village est niché au coeur des montagnes karstiques et des pitons calcaires envahis par une jungle épaisse.
Mercredi 12 octobre 2016
Nuit très calme dans le village, pas de voiture, seulement quelques motos et pour le réveil... Des coqs, énormément de coqs braillards !
On déjeune au resto de l'auberge. Gabriel, nous donne des informations sur les randonnées. Le ventre "plein", nous sommes bien calés pour parcourir la boucle de 8 kilomètres que nous conseille notre suédois.
Le paysage est plein de charme dans une ambiance apaisante. Nous quittons la zone touristique du village, un chemin à la végétation luxuriante mène à un quartier très fleuri du village, habité uniquement par les locaux.
Les touristes et les commerces occupent la zone, qui borde la rivière.
Dans la cour de l'école, des enfants jouent au volley-ball, d'autres s'adonnent au plaisir du jeu de pétanque, avec précision et application... Nous partons à "l'aventure", un chemin en terre battue mène à des villages à quelques kilomètres, au milieu des rizières.
Après quelques centaines de mètres de marche, sur le chemin un gardien nous demande 10.00O k/p, A hauteur du cerbère on jette un coup d'oeil dans la grotte de Tham Kang.
Très petite, l'entrée de la cavité s'explore facilement, on en fait vite le tour... Pour aller plus loin, l'obscurité s'intensifie et il faut se dévêtir, la grotte est inondée. On rebrousse chemin.
Près d'un petit pont en bambou, une femme brode sur un métier à tisser, elle attend les touristes.
On lui préfère les brodeuses, plus discrètes, dans leur maison au village.
Le chemin de terre rouge serpente à travers des versants verdoyants. La vue sur les montagnes et les rizières est éclatante. Le soleil tape fort, pas de végétation pour s'abriter à l'ombre, mais ce petit désagrément ne ralentit pas notre ardeur.
La sérénité des lieux est seulement perturbée par le passage de quelques travailleurs qui se rendent dans les rizières sur leur scooter pétaradant !
Nous arrivons à Ban Na. C'est un village de l'ethnie Khamu. A ce moment de la journée il semble abandonné, toute la population est dans les rizières. Nous sommes accueillis par les "hellos" des écoliers qui s'amusent dans la cour de l'école.
Les villageois pratiquent l'élevage et la culture du riz, on les voit dans les champs.
Le riz est coupé traditionnellement avec la faucille et rassemblé en petites poignées pour faciliter le battage (le travail qui consiste à faire tomber le grain).
On se dirige vers le village de Huay Bo. Il faut jouer les équilibristes sur les parapets qui séparent les rizières. La récolte bat son plein. Les "sabaidee" se mélangent aux "hellos" avec de grands sourires.
Pour récupérer le sentier on doit franchir une rivière à gué. Gabriel nous a installé "Maps Me" sur le mobile. Nous nous situons très bien grâce à la technologie : heureusement car toutes les parcelles de riz se ressemblent.
Le village Khamu est très pauvre. Nous ne rencontrons que des personnes âgées et quelques enfants. Les maisons sont en bambou et feuilles de palmier tressées, l'ensemble à un grand charme.
Les villageois semblent craintifs, ne comprenant pas l'intérêt que procure leur misérable village aux yeux des étrangers. Pas de contact avec la population, à part quelques hochements de tête pour se saluer.
Sur le chemin du retour, des nuées de papillons de toutes les couleurs et de toutes tailles volètent sur les fleurs.
Bonne santé de la végétation, malgré la déforestation illégale des forêts primaires en faveur du Vietnam.
La végétation semble en bonne santé, malgré la déforestation illégale des forêts primaires en faveur du Vietnam.
7h de randonnée dans une ambiance sereine, au milieu des rizières couleur jade éclatant. Les paysages sont à couper le souffle.
On termine la journée au Temple Vat Okay Sayaram de Muang Ngoi sur les hauteurs de la rivière.
Jeudi 13 octobre 2016
Ce matin nous sommes saisis par la beauté du décor. A mesure que le soleil réchauffe l'atmosphère, les nuages se déchirent, découvrant la pointe des pics.
Dans la rue, les gargotes à petits prix sont un incontournable pour manger les plats locaux. Comme partout en Asie, les Lao mangent à toute heure de la journée.
On déjeune en compagnie d'un jeune couple de français chez Gabriel, puis on achète dans une baraque sur le ponton, les billets du bateau (25.000 k/p) pour Nom Khiaw.
A notre départ, l'embarcation au sièges en bois inconfortables est surchargée. Le pilote est à l'avant, le moteur à l'arrière. Les sacs à dos sont à nos pieds, coincés entre les sacs de riz et autres sacs de victuailles et poissons pêchés ce matin.
En chemin, le pilote s'arrête de nombreuses fois pour déposer où prendre des passagers, récupérer du chargement, parfois des animaux de la ferme.
Le contraste est saisissant de beauté entre la couleur caramel de la rivière, le vert de la végétation des forêts et le bleu du ciel.
On accoste au petit port avec soulagement puis on rejoint la station de bus en minivan (15.000 k/p) pour effectuer les 2 derniers kilomètres.
Nom Khiaw est une ville plus animée que le village quitté. C'est le carrefour routier et fluvial du nord du Laos. Nous retrouvons les bruits et les odeurs des cités asiatiques.
A la station des bus, le choix pour se restaurer est incomparable, tout se mange !
C'est l'affluence au guichet des minibus pour Luang Prabang. Peu de bus démarrent à cette heure tardive. Seuls de nombreux touristes se présentent pour faire le trajet. Nous obtenons malgré tout nos billets (37000 k/p).
Le minibus démarre en retard et en surcharge. Le voyage de près de quatre heures va être pénible. Nous avons les jambes ankylosées par la présence de nos sacs à nos pieds.
La route poussiéreuse est défoncée. De grands et nombreux travaux sont engagés par les chinois pour améliorer les échanges commerciaux avec le Laos et le Cambodge.
La région est superbe avec ses nombreuses rizières et plantations d'agrumes.
On croise souvent des camions accidentés ou en panne en bord de route. Comme dans tous les pays d'Asie, la débrouille est de mise pour reprendre la route.
Le conducteur nous dépose à la gare routière de Luang Prabang. On s'installe dans un tuk-tuk (20.000 k) avec les jeunes français pour rejoindre le centre ville.
On s'installe au Sanaphay, une maison familiale reconvertie en maison d'hôtes est impeccablement tenue par une famille.
Proche de notre hébergement, nous entrons dans l'enceinte du Vat Nong Sikhounmuang. Son nom veut dire "Pagode de l'étang".
Détruit par un incendie en 1774, Il fut reconstruit en deux temps. En 1804, puis, suite à des violentes intempéries, en 1965. Il est fermé entre la cérémonie de l'aumône du matin et le prière du soir à partir de 17h30.
La porte d'entrée sculptée et son toit coloré sont des plus éblouissants.
On se dirige dans un marché local pour se restaurer. Rassasié par un petit en-cas, nous poursuivons la balade en flânant dans des petites venelles fleuries. Nous prenons le temps d'admirer les vieilles bâtisses coloniales magnifiées par une riche végétation aux mille couleurs.
Dès nos premiers pas, nous sommes conquis par la ville à l'architecture coloniale et son atmosphère paisible.
Depuis son inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, en 1995, Luang Prabang est devenue un site protégé. La ville est considérée comme la capitale culturelle du Laos.
La partie du centre historique n'est pas très étalée. Nous allons pouvoir utiliser notre meilleur moyen de locomotion : la marche à pied... Pour cette première approche, le plan couleur du G.D.R est suffisant.
La longue Souvanhakampongon Road longe la rive du Mékong. Quel plaisir de déguster à l'heure du soleil couchant, sous les majestueux tamariniers, une gourmandise de la street food locale, un roti/laos : une crêpe préparée devant nous ,arrosée de chocolat, elle est délicieuse.
Nous sommes à l'embranchement du Mékong et de la rivière Nam Khan... Nous y reviendrons demain.
Quoi de mieux pour se fondre dans la vie locale que de s'attabler devant un étal de restauration dans un marché.
Une odeur de poisson cuisiné nous attire. Le "ping pa" après avoir mariné dans une sauce riche de piment, de gingembre, de citronnelle et d'ail est ensuite grillé sur un barbecue. Un régal !
Exposé sur un stand proche, c'est une farandole de fruits frais exotiques qui attend les gourmands... je suis très gourmand !
En rentrant à notre auberge, on déambule dans le marché de nuit installé devant le Palais Royal. Véritable serpent lumineux le long de la rue principale, il est très touristique, trop touristique. Des produits du Laos... mais aussi made in China.
Vendredi 14 octobre 2016
Nos hôtes nous gâtent ce matin au petit-déjeuner avec de généreux pancakes aux bananes et des fruits frais.
Le marché du matin est l'endroit incontournable pour les laotiens qui viennent s'approvisionner en produits locaux dès 5h du matin.
L'activité est dense sur le marché de 200 mètres de long ! Accroupies sur les trottoirs, les nombreuses marchandes proposent des produits thaïlandais cultivés sous serre et des produits du pays de saison. Du riz de différentes variétés et de couleurs, contenu dans des sacs.
Tout se mange au Laos, on trouve de nombreuses denrées atypiques et surprenantes pour un occidental.
Provenant de la chasse et de la cueillette, de la jungle et de la forêt... de la chauve-souris, des grenouilles, une multitude d'insectes grillés (des vers, des larves d'abeilles et des grillons), de l'écureuil.
Autre secteur particulièrement fréquenté par les gourmets celui de la viande et des poissons... Odeurs et mouches en supplément !
Des oeufs de différentes couleurs... les poules laotiennes mangent peut-être des crevettes !
Sur Sisavangvong Road, le Vat Maï, de son vrai nom Vat Maï Suwannaphumaham est le plus grand temple de Luang Prabang.
Construit près du Palais Royal, il se distingue par son toit impressionnant. Les laotiens à l'occasion du Nouvel An Lao viennent de tout le pays pour faire des voeux.
A proximité, des femmes sont accroupies sur les trottoirs au milieu de fleurs multicolores. Dès la pointe du jour, jasmin blanc, lotus rose et autres variétés de fleurs de différentes couleurs et senteurs, sont enfilées pour faire des colliers, des bouquets et des guirlandes d'offrande.
Ces compositions seront déposées au pied de bouddha et aux Maisons des Esprits. Mais également suspendues dans les voitures.
Nous faisons connaissance avec la street food de la ville. Nous restons dans le classique. Pour un prix dérisoire on se remplit le ventre avec des beignets et un jus de fruit frais maison, bien vitaminé (mangue/fruit de la passion).
Nous quittons toujours à pied le centre historique pour se diriger vers la rivière Nam Kham, un affluent du Mékong, située au bout de la péninsule tout au nord.
Les conducteurs de tuk tuk, sans trop de conviction, nous interpellent avec nonchalance. Malgré nos refus, ils gardent toujours le sourire. La marche à pied est l'unique moyen pour dénicher des pépites architecturales à chaque coin de rue.
Le Vat Xieng Thong est le temple bouddhiste incontournable à visiter. Datant du XVIesiècle, il est considéré comme le plus élégant et le plus beau du Laos. Nous réglons 20.000 K/p, le prix de l'entrée.
Les jardins fleuris et parfumés sont très bien entretenus. Les bâtiments représentent parfaitement l'architecture traditionnelle des temples bouddhistes avec des murs finement sculptés et des statues de divinités bouddhistes.
Sur le mur arrière du temple, on reste ébahit devant une superbe mosaïque de verre coloré représentant "l'arbre de vie" qui relate l'histoire de la fondation du temple.
Sur l'esplanade, une chapelle construite en 1962 abrite un char et une urne funéraire de 12 mètres de haut du roi Sisavang Vong décédé en 1959. Le char est porté par des serpents mystiques, les Nagas.
Retour vers le centre en longeant une rive de la rivière Nam Khan et les quartiers éloignés et préservés de la circulation et de l'agitation d'une grande ville.
Ce week-end, les fidèles fêtent le Lai Heua Fai.
C'est le "Festival des Bateaux en Feu". Dans chaque temple, les familles laotiennes et les moines construisent un bateau en papier, en bambou ou en feuille de palmier.
Certaines embarcations sont équipées de lanternes pour illuminer leur passage sur les flots du Mékong.
La recherche et la visite des nombreux temples nous permet de flâner aux quatre coins du Luang Prabang. Nous arrivons à hauteur du plus ancien temple, le Vat Visoun ( Visounnalath). Construit en 1513, il représente le premier modèle d'architecture. Des milliers d'arbres ont été utilisés pour son édification. Il abrite une importante collection d'objets religieux.
Dans un jardin superbe, une caractéristique du Vat est le That Pathum ou Stupa du Lotus, haut de 35 mètres. Son nom actuel est That Mak Mo.
Détruit par les chinois en 1887, il abritait des représentations anciennes de Bouddha.
il est séparé du Vat Aham par un portique
A côté du Vat Visoun, nous entrons dans les jardins du Vat Aham sous un portique. Dans le parc arboré, l'air rafraichissant nous fait plaisir.
Nous sommes accueillis par deux statues dorées, placées devant des arbres gigantesques.
Le petit escalier qui mène au Temple est encadré par 2 statues représentant des tigres. Dans la salle de prière, de belles fresques représentent la culture laotienne. Nous écourtons la visite, un groupe de personnes prient en compagnie d'un moine.
L'Etang de Boua Boua est situé dans un écrin de verdure. Calme et sérénité pourrait-être la devise du quartier, préservé des touristes.
Le site n'est pas répertorié dans les guides touristiques... ou si peu !
Ce sont des zones humides, un réseau de mares naturelles ou creusées. Nous prenons notre temps dans les jardins et les bassins, recouverts de nénuphards où se cachent de gros poissons.
Ce quartier joue un rôle important en cas d'inondation. On se "perd" avec plaisir dans les ruelles fleuries.
En fin d'après-midi, face au Mont Phousi, nous terminons notre balade par le Palais Royal. Construit entre 1904 et 1909, à l'époque du protectorat français.
En 1975 le royaume du Laos a été aboli par les communistes, une fois la famille royale envoyée en exil, le palais a été transformé en musée.
Délesté de 30.000k/p, Il faut suivre le règlement : je dépose mon petit sac à dos dans un casier prévu à l'entrée.
Les chaussures doivent être ôtées et déposées avant de pénétrer à l'intérieur.
Tenue correcte exigée. Les genoux, les bras et les épaules doivent être couverts.
La prise de photos et de vidéos est interdite.
Nous débutons la visite par le Musée National.
La plupart des appartements sont conservés. L'architecture mêle Beaux-arts français et style laotien. Les murs de la salle de réception du roi magnifiquement peints, représentent des scènes de la vie traditionnelle. Des vases en porcelaine, des statuettes et de l'argenterie s'offrent aux regards des visiteurs.
Le Temple Hawpha Bang.
Il abrite une statue bouddhiste en or, c'est la plus vénérée du pays.
La visite du Palais est terminée, nous sommes légèrement frustrés de ne pouvoir conservé un souvenir photo des différentes salles.
Nous traversons la rue, pour comme de nombreux touristes, grimper les nombreuses marches (300) du Mont Phousi. L'ascension demande un peu d'exercice et de souffle pour arriver là-haut, à 150 mètres d'altitude.
Dominant la haute colline, se dresse le That Chomsi, un stupa de 24 mètres dominé par une flèche dorée. Elle est visible de part et d'autre de la ville.
Nous profitons pleinement de la vue à 360° sur la ville, le Mékong et les montagnes.
Nous attendons que les derniers rayons soient mangés par les sommets pour profiter d'un magnifique coucher de soleil.
Retour à notre hébergement à la nuit tombée. Les temples sont décorés de bougies et des lanternes scintillent. Les moines répètent pour la procession des bateaux de la Fête des Lumières qui va débuter dans deux jours.
Samedi 15 octobre 2016
Nous avons mis la sonnerie du téléphone tôt ce matin, à 4h30. Réveil aux aurores pour assister à la tradition du Tak Bat.
Cette tradition de l'aumône remonte au 14ème siècle. La ville s'éveille en douceur, dans les rues, les habitants de Luang Prabang font des offrandes aux moines. La pratique dure une heure en moyenne, tous les moines retournent dans leur temple vers 6h30.
Nos hôtes avant de participer au rituel comme tous les matins nous ont préparé un léger petit-déjeuner.
Ils s'installent ensuite dans la rue face à la guesthouse. Ils ont les pieds nus, ils s'agenouillent sur des tapis et des tabourets et préparent leurs offrandes du riz et des gâteaux.
Nous restons à l'entrée du restaurant. Ce rituel est devenu un évènement touristique. Il convient pour les nombreux visiteurs de garder une certaine distance.
Dans le calme et le silence, au loin, dans la rue légèrement brumeuse, nous apercevons une file unique de moines à la robe safran qui s'avancent portant des bols pour recueillir les offrandes devant eux.
Les premiers rayons du soleil éclairent maintenant la rue, nous distinguons plus facilement les règles du rituel. Les moines sont alignés par ordre d'âge, les plus âgés commencent en premier. Les habitants et quelques touristes déposent de la nourriture, des fleurs et des bâtons d'encens dans les bols.
Prônant le détachement matériel, un moine ne vit que de l'aumône. Il ne gagne pas d'argent car il n'a pas le droit de travailler, se consacrant uniquement aux tâches spirituelles.
Les anciens sont passés, ils sont suivis par les plus jeunes, quelques novices ont à peine 10 ans. Les moines remercient les aumôniers en priant et en leur offrant une rédemption spirituelle. Les donateurs sont assurés d'avoir un bon karma !
Au milieu des donateurs, des enfants de familles démunies présentent des paniers et des bols aux moines, ceux-ci redistribuent à leur tour, quelques friandises et de la nourriture.
La cérémonie est terminée dans le quartier, les derniers moines nous tournent le dos, ils sont restés silencieux et imperturbables des plus âgés aux plus jeunes.
La vie peut reprendre son cours, les tuk-tuk reprennent possession de la chaussée.
Demain matin, le même défilé des robes oranges et la même implication des habitants.
Rassasiés par le déjeuner, envoûtés par l'atmosphère dégagée par la cérémonie, nous partons au hasard des rues découvrir la richesse culturelle et la rencontre les laotiens au caractère si enjoué.
Au petit bonheur, nous traversons un labyrinthe de rues et de ruelles. A peine le bourdonnement de la cérémonie terminé, des vendeuses sont calées sur les talons ou accroupies derrière de nombreux bouquets de fleurs multicolores tressés en couronne.
Le laotien remercie, pardonne ou veut se faire pardonner, trouver la santé et le bonheur en portant des offrandes dans les temples.
Nous retrouvons l'ambiance chaleureuse et colorée du marché du matin. Les produits frais sont étalés sur la chaussée... On remarque les mêmes que la veille aussi !
Des dizaines de femmes âgées aux sourires édentés proposent tous les jours des fruits et légumes colorés, de la viande fraîche ou rôtie. Des insectes grillés et des petits animaux vivants ou cuits façon barbecue !
Les parfums se mêlent aux odeurs. Un vrai lieu de vie...
Dans un quartier, au hasard de jolies rues fleuries, d'anciennes demeures coloniales françaises côtoient des maisons en bois.
Devant l'entrée des maisons, dans les cours et les jardins, un temple miniature appelé "maison des esprits" est installé. Censé protégé les propriétaires. C'est une manifestation du culte animiste. La taille et la richesse de la maison des esprits doit-être proportionnelle à la demeure protégée, nous en croisons faites en bois, d'autres plus élaborées, recouvertes de mosaïques.
Un peu de nostalgie de la présence française, une vénérable voiture de collection est stationnée devant une beau bâtiment d'époque.
Les moines aidés par des fidèles s'affairent dans les temples au fignolage des illuminations, "clou" de la fête demain.
En toute quiétude nous rentrons retrouver nos hôtes. La propriétaire prépare les offrandes pour le Tak Bat de demain matin. Riz et gâteaux, tous les matins de l'année !
Dimanche 16 octobre 2016
Dès 5h du matin, aux premières lueurs du jour, devant notre auberge nous assistons à la procession troublante du Tak Bat. Les généreux habitants, accroupis sur leurs genoux étalent les offrandes. Riz, gâteaux, friandises et enveloppes contenant de l'argent.
Vers 5h30, les moines drapés dans leur robe safran, les pieds nus, le bol accroché en bandoulière d'un côté et de l'autre un grand sac en toile, passent à la queue leu leu. Toujours le même rituel... Des plus âgés aux novices.
Dans un silence absolu, ils tendent leur sébile aux donateurs qui y déposent leurs offrandes.
Les moines partagent une petite partie de leur offrande à des enfants démunis.
Peu avant 7h, dès les premiers rayons de soleil, les bonzes disparaissent dans leur temple respectif. La cérémonie est terminée.
Notre séjour à Luang Prabang est terminé. Après un adieu sincère à la famille, on se rend à la gare routière en tuk-tuk (20.000 k).
Pas assez de clients pour remplir le bus local (les touristes prennent le véhicule VIP, plus confortable) à destination de Phonsavan.
Nous allons faire le trajet en deux parties. La première dans un vieux minibus local jusqu'à la ville de Pak Oum.
Dès les premiers kilomètres, la route est sinueuse avec de nombreux virages, parfois à flanc de ravins. Quelques beaux points de vue permettent d'oublier l'inconfort des sièges partiellement défoncés.
Le transport des voyageurs dans cette région montagneuse se fait dans des conditions rudimentaires. Pas de voitures de particuliers, nous croisons essentiellement des camions lourdement chargés.
On traverse de jolis villages, dont un en fête. Sur la chaussée des piments et des céréales sèchent au soleil.
Beaucoup de virages sur cette route, l'estomac de certains locaux n'y résistent pas peu habitués aux longues distances ou trop gourmands.
On distribue quelques cachets contre le mal des transports.
Pak Oum, est une ville du "bout du monde". A la station routière c'est la ruée de voyageurs locaux pour monter dans l'unique minibus au départ pour Phonsavan.
Le moteur va souffrir, le véhicule est en surcharge en passagers et en marchandises. A l'arrière, on partage un maigre espace avec un espagnol et quatre chinois.
Le conducteur démarre vers 14h. Toujours les mêmes paysages de montagne.
Quelques villages et des maisons isolées des minorités ethniques sont accrochés à flanc de falaise. Ici l'horizon se fait vaste, le temps semble s'être suspendu dans cette terre privilégiée ou les traditions sont fortement ancrées.
Ça tourne... et tourne encore... quelques passagers on le "mal de mer"... Nouvelle distribution de notre part de pastille de nautamine !
Le conducteur compréhensif effectue quelques arrêts sur le bas côté de la route. Fragile de l'estomac moi aussi, je suis fier, j'ai résisté au tangage du véhicule et aux odeurs nauséabondes... Je suis poli !
Enfin, la descente vers la plaine et les rizières. Fin du calvaire...
Le conducteur nous dépose dans le centre ville de Phonsavan à 17h.
Près du marché local on pose nos sacs dans une chambre du White Orchid Guesthouse.
Le "Lap" au poulet mangé en soirée est une grande déception. Très "hot" (épicé) et surtout composé d'abats, principalement les intestins... Pas trop nettoyés nous dira-t-on... Pour donner du goût !
C'est le plat national, nous espérons avoir plus de chance lors de nos prochaines dégustations, dans le sud.
Lundi 17 octobre 2016
Pas de petit-déjeuner continental, l'offre de restauration est limité aux plats locaux le matin. Nous trouvons notre bonheur dans une boulangerie... le propriétaire est sympathique, les produits excellents... Un petit goût de France au Laos.
Phonsavang, capitale de la province de Xieng Khouang a été détruite par les bombardements et les combats en 1970. Aucune trace ne subsiste de son passé architectural.
Nous nous empressons de faire un tour au marché. La halle couverte est bien achalandée. Les villageois des ethnies Hmong et Lao viennent vendre leur production. Les traditionnels fruits et légumes colorés sont présentés délicatement près des petits insectes, grillés à souhait et les larves de frelons à déguster. Tout un concentré de mystère gustatif !
Le secteur des poissons et de la viande est beaucoup plus odoriférant... mieux vaut regarder où on pose les pieds !
Dans la partie extérieure, au coeur du marché de plein air, nous prenons une grande bouffée d'oxygène entre les étals dédiés aux légumes tubercules et verts et aux fruits colorés !
Sous une halle ouverte, protégée du soleil et des intempéries par un toit, nous découvrons les animaux de la ferme.
Des vendeuses ont emballés des cochons dans des panières tressées avec des bambous.
Pour la première fois dans un marché, on remarque des vendeurs hommes.
Ils discutent devant des panières grillagées abritant des coqs de combat.
Pour visiter en toute autonomie la Plaine des Jarres nous partons louer un scooter pour la journée (10.000 k).
Muni de la carte de la région fournie par le loueur, on se dirige vers les différents sites des jarres, but de notre visite dans la région.
En rouge : direction le Vietnam, les villages et la cascade
En bleu : La Plaine des Jarres et les cratères
Nous partons pour une boucle de 25 kilomètres sur de la route bitumée et des pistes en terre battue.
La balade est des plus dépaysantes. Sous un soleil puissant, on traverse à petite vitesse des villages couleur ocre, des paysages verdoyants inondés de lumière où se mélange le vert des rizières et la couleur caramel des lacs.
Des centaines de jarres (imposantes pour celles encore en état et il y en a peu) sont disposées sur 3 sites différents dans des champs ou sur des collines. Elles sont en granit ou en grès et de tailles diverses. C'est un mystère archéologique encore non élucidé.
Sarcophages, récipients pour le vin ou le riz ? Aucune de ces hypothèses n'ont été confirmées.
C'est aussi l'occasion de voir la zone la plus bombardée au monde. La région, bastion des forces du Pathet Lao (organisation politique et paramilitaire indépendantiste laotienne) et des vietnamiens a subi de violents bombardements par l'aviation américaine de 1964 à 1973.
Bien après la piste qui mène à une ancienne base aéronautique, sur le chemin, un panneau confirme l'itinéraire que nous avons sur le plan. Nous bifurquons sur la piste en terre qui mène vers les sites 2 et 3.
Le chemin est rocailleux mais heureusement très sec, nous laissons le site n°2 à notre gauche pour découvrir à 10 kilomètres, Siang De, le site n°3, c'est le plus éloigné.
Il est entouré de rizières. Les jarres sont de toutes les tailles et se trouvent éparpillées dans les pâturages. Des couvercles comportant des sortes de hiéroglyphes sont posées au sol.
Nous reprenons notre exercice d'équilibre entre les trous et les bosses du chemin, pour rejoindre Nancout appelé aussi Phou Sala Tau, le site n°2.
Le secteur des jarres est plus petit que le précédent. Il se trouve sur deux collines ombragées. La-haut, le point de vue est superbe sur la plaine.
Ambiance bucolique et champêtre, mais attention ! il est recommandé de respecter le traçage au sol, seules les bandes où se trouvent les jarres ont été déminées.
Dernier site à visiter Bang An, le n°1. Il est situé à 6 kilomètres de la ville. C'est le plus grand et le plus riche.
Des centaines de jarres sont disséminées sur les flancs d'une colline. La plus imposante pèse 6 tonnes. Une archéologue française qui a travaillé dans les années 30 sur l'origine de la présence des jarres en a déduit qu'il s'agissait d'urne pour les morts.
Les os ensuite étaient brûlés dans une grotte à proximité... Nous avons visité la caverne, difficile de repartir convaincu.
Nous visitons le musée implanté sur ce site. Des schémas, des panneaux d'informations et quelques spécimens de bombes "balancées" par les américains, nous renseignent sur l'importance des bombardements dans cette région du Laos.
De nombreux cratères témoignent du pilonnage intense et nous laisse imaginer les atrocités de la guerre. Surtout ne pas s'égarer hors des circuits balisés.
Un important travail de "nettoyage', pour retrouver les bombes encore enfouies, entrepris par des ONG est actuellement en cours et ce, pour des dizaines d'années encore.
Des habitants ont détournés, par besoin ou dérision, des vestiges de la guerre en objets d'usage courant ou ornemental.
Nous traversons rapidement le centre de Phonsavan en début d'après-midi.
On prend la route qui mène à la frontière vietnamienne, pour aller voir une cascade. Le chemin de terre, tout en descente, est très abrupt, glissant et rocailleux. Le scooter "rame", je suis inquiet pour le retour, le pourcentage de la pente est trop important pour deux passagers... Nous stoppons, pas de visite de la cascade.
Hors circuit touristique, nous sommes dans la campagne profonde, misérable et poussiéreuse. Nous traversons de jolis villages agréables aux maisons en bois sur pilotis... Quelle beauté.
Sur le retour, on pose le scooter près de l'entrée d'un cimetière. On aperçoit des tombes catholiques, laotiennes, bouddhistes et des tombeaux animistes.
Dans la banlieue de Phonsavang, quelques belles maisons bordent la rue principale. Peut-être quelques dignitaires ou entrepreneurs.
Ce soir, le repas pris dans un resto indien me réconcilie avec la cuisine asiatique. Invitation au voyage gourmand et plaisir des papilles !
Contact skype ce soir avec Manuéla... Nous avons mille détails à lui raconter depuis notre dernier contact.
Mardi 18 octobre 2016
Départ ce matin en bus pour Vientiane, la capitale du pays
Suite du périple au LAOS dans la deuxième partie
VIENTIANE
TAKHEK
PAKSE
ILE DE DON FHONE
Souvenirs du Laos
Très beau pays. Avec des infrastructures d'accueil limitées à quelques grandes villes, le pays ne profite pas de la manne touristique, mais la nature et les paysages sont préservés du tourisme de masse...
Nous avons adoré le nord et ses ethnies isolées, indifférentes au progrès et à la consommation. Nous avons eu l'impression de remonter le temps !
Des paysages de forêt à couper le souffle. Luang Prabang, incontournable, rythmée par la culture bouddhiste, ses temples élégants et sophistiqués.
A découvrir rapidement, un voyage dans l'histoire dans un cadre réel et sûr, mais attention, les grands pays voisins, la Chine et la Thaïlande sont pressés... Le sol du Laos est riche, mais reste dépendant de ces deux pays.
Les laotiens :
Peu démonstratifs voire timides, mais toujours souriants. Une population attachante et discrète. Exceptionnelle rencontre avec les ethnies reculées du nord du pays, fortement attachées à leur clan et aux traditions ancestrales.
Les coups de coeur du nord du Laos :
La descente en bateau de la Rivière Nam Ou. Des paysages spectaculaires de montagnes verdoyantes, denses et des pics karstiques coniques. Les minorités ethniques qui semblent ignorer la modernité.
Luang Prabang. Son atmosphère sereine, sa ferveur bouddhique et son architecture préservée grâce au classement à l'UNESCO.
Le Plateau des Bolovens. Les chutes d'eau et les différentes plantations (caféiers, théiers, bananiers, hévéas)...